Domonymie de Bruxelles

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À Bruxelles, comme dans toutes les villes européennes, chaque maison avait un nom, c’est-à-dire avait également une âme.

Maison de la Porte Rouge (Maison de Bruegel), à Bruxelles, dessin par Léon van Dievoet, 1939.
Maison de la Porte Rouge (Maison de Bruegel), à Bruxelles, dessin par Léon van Dievoet, 1939.

Il en fut ainsi jusqu'à la Révolution française, c'est alors que les Jacobins, désireux de créer une société uniforme, ont non seulement fait détruire les blasons des façades mais également supprimé les noms des maisons.

Pour nos ancêtres, une maison, dès qu'elle recevait un nom lors du placement du bouquet sur le toit, devenait un être animé, un templum, dont il était désormais interdit de démolir les murs sans recevoir une malédiction.

Contrairement à d'autres villes comme Bâle, où l'étude des domonymes (du grec domos, maison, et onoma, nom) a fait l'objet d'intéressantes publications dès le siècle pénultième, cette étude est encore fort restreinte pour Bruxelles, mais s'avère riche d'enseignements.

Sommaire

[modifier] Histoire des noms de maisons

Au Moyen Âge, les Lignagers habitaient des poorte (en latin porta), qu'on appelle également steen ou herberg. Il s'agissait de fortes maisons en pierre calcaire dont la partie principale consistait en une puissante tour, munie d'un assommoir capable de balayer des dizaines d'assaillants d'un coup, d'une herse, et d'une forte porte cochère, élément qui a donné à cet édifice le nom de poorte. Un bel exemple de ce type d'habitation bruxelloise, étrangement construit hors les murs, est toujours visible à Haeren-Bruxelles, il s'agit de la poorte de la famille lignagère Madoets. Ce beau modèle de poorte est appelé improprement « castrum de Haeren » alors qu'un castrum désigne une immense forteresse, il s'agit en fait de la porta de Haeren. C'est d'après le nom de ce genre de bâtiment que les bourgeois se nomment poorter.

Ces porta avaient déjà chacune un nom : la "Poorte van Coeckelberg", la "Poorte van den Galoyse", "de Gouden Poorte", la "Priemspoorte", la "Raempoorte" (à Overmolen), la "porta" des t'Serclaes, dit "le Palais", la "Slozenpoorte" (au Sablon), la "Poorte van de Tafelronde", la "Poorte van Vianen".

Mais outre ces impressionnantes demeures, chaque autre maison avait son nom.

[modifier] Exemples de domonymes bruxellois

Grâce à la publication par Michel Vanwelckenhuysen et Albert Mehauden de leur livre La Ville de Bruxelles. Ses habitants, leurs métiers et leurs adresses vers 1767, (Bruxelles, 1998), où sont repris par adresse le nom des diverses maisons de Bruxelles, il est désormais plus facile de les identifier.

Par exemple, impasse des Trois Pigeons: le "Wit Duyfken", "'t Swijnken", ou, au marché au Fromage: "Het Swert", "De Kat", "Witte Roose", ou l'"IJzeren Draeck", belle et grande maison construite en 1709, d'où pendait un dragon de fer, et située à droite de l'allée du Dragon (impasse grotesquement rebaptisée impasse de la Poupée!)

Ou bien, par exemple, place de la Vieille Halle au Blé : "Den Haemer", le "Gulden Cam", la "Wit Cruys" et ainsi à l'envi.

Il reste à espérer un regain d'intérêt pour cette étude onomastique particulière, mais surtout qu'un jour un édile intelligent et doté d'une âme sensible et poétique puisse rendre leurs noms et leurs enseignes à nos demeures bruxelloises, et rappeler à elles leur âme envolée. Et l'on verra alors, la vie reprendre ses droits dans le centre délabré de la capitale de l'Europe.

[modifier] Noms de Maisons célèbres

[modifier] Grand-Place

  • le Roi d'Espagne, n°1-2
  • la Brouette, n°3
  • le Sac, n°4.
  • la Louve, n°5
  • le Cornet, n°6
  • le Renard, n°7
  • L'Étoile, n°8.
  • Le Cygne, n°9.
  • l'Arbre d'Or, n°10.
  • la Rose, n°11.
  • le Mont Thabor, n°12.
  • la Renommée, n°13.
  • l'Hermitage, n°14.
  • la Fortune, n°15.
  • le Moulin à Vent, n°16.
  • le Pot d'Étain, n°17.
  • la Colline, n°18.
  • la Bourse, n°19.
  • Le Cerf volant, n°20 (Maison de Gilles van den Eynde).
  • Joseph, n°21.
  • Anne, n°22.
  • l'Ange, n°23.
  • La Chaloupe d'Or, n°24-25.
  • le Pigeon, n°26-27.
  • La Chambrette de l'Amman, n°28.
  • Le Heaume (architecte: Pierre van Dievoet), n°34.
  • le Paon, n°35.
  • le Petit Renard, n°36.
  • le Chêne, n°37.
  • Sainte-Barbe, n°38.
  • l'Âne, n° 39.

[modifier] Maisons rue du Marché aux Herbes

  • L'Agneau Blanc, n° 42, ornée de charmantes sculptures par Pierre van Dievoet, rares et uniques sculptures d'époque à Bruxelles mais qui se délitent irrémédiablement et bien tristement dans cette indifférence typique des autorités chargées des beaux-arts à Bruxelles.