Djamuqa

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Djamuqa ( 1162 - 1205 ) ( parfois écrit Djamouqa ou Djamuka ) était un Mongol de la tribu des Djadjirat. Il fut le cousin éloigné et ami d'enfance de Temüdjin ( qui devint plus tard Gengis Khan ), par la suite un frère d'arme et finalement chef de sa tribu ainsi qu'un adversaire redoutable.

Sommaire

[modifier] Rencontre avec Témüdjin

Le père de Temüdjin, Yésugaï, entretenait des relations avec les Djadjirat et Témüdjin l'accompagna un jour. Djamuqa fit connaissance avec Témüdjin alors que ce dernier avait alors 11 ans. Ils se mirent à jouer tous les deux près de l'Onon, s'échangèrent des cadeaux pour ensuite devenir frères par serment.

[modifier] Retrouvailles avec Témüdjin et guerre contre les Merkit

Quelques années passèrent par la suite. Djamuqa était alors déjà un chef charismatique et avait le support de près d'une douzaine de tribus mongoles. Témüdjin, quant à lui, vivait ses années de misère. Son père était décédé et sa tribu était faible. Un jour, les Merkit eurent vent du mariage de Témüdjin et Börté, sa première femme. Ils attaquèrent probablement durant les premières heures d'un matin d'automne le campement de Témüdjin, et enlevèrent Börté, la mère de Belgutäi, ainsi que l'ancienne concubine de Yésugaï, Qo'aqtchin. La raison de cette attaque était expliquée par le fait que Yésugaï avait volé Hö'élun, la femme de Yéké-tchilédu, un allié Merkit, il y avait de cela une vingtaine d'années.

Toghril, Khan des Kéräit qui aimait bien Yésugaï, vint en aide à son fils, Témüdjin, lorsque celui-ci lui demanda assistance. Toghril demanda alors à son tour à Djamuqa s'il voulait combattre à leurs côtés. Ce dernier accepta car il se souvenait de Temüdjin et de leur amitié d'enfance. Avec de nombreuses tribus prêtes à combattre pour lui, Djamuqa rassembla près de douze milliers de cavaliers. Toghril, assisté de son frêre Djaqagambou, commandait les Kéräit et Djamuqa les Mongols. Tous réunis, les guerriers qui se préparaient à combattre les Merkit étaient environ dix fois plus nombreux que ceux des trois tribus Merkit qui les opposaient. Le regroupement des guerriers prit du temps, probablement à cause de l'hiver tenace.

Ils se retrouvèrent tous dans les monts Kenteï vers la fin du printemps ou le début de l'été. Peu après avoir ensuite traversé par radeau la rivière Khilko, ils attaquèrent les campements des Qa'at Merkit ainsi que les Oudouyit Merkit. Deux des trois chefs des tribus Merkit qui avaient fait l'affront à Témüdjin avaient appris qu'une force immense s'approchait de leur camp et avaient fui à dos de cheval avant le combat. Environ trois cents Merkit furent tués. La majorité des survivants, dont les enfants, devinrent des esclaves et les femmes furent rendues aux guerriers de la coalition de Témüdjin, Djamuqa et Toghril. Le guerrier Merkit Tchilgär-bökö, qui avait gardé captive Börté depuis son enlèvement, s'échappa et se cacha dans la forêt environnante. Témüdjin retrouva Börté ainsi que Qo'aqtchin plus tard dans la soirée. La mère de Belgutaï, rongée par la honte d'avoir été prise par les Merkit, s'enfuit. Djamuqa s'était particulièrement démarqué durant cette bataille et avait gagné en estime chez de nombreux hommes qui l'avaient vu combattre. Quelques guerriers mongols le suivirent à ce moment.

[modifier] Témüdjin chez Djamuqa

Témüdjin suivit également Djamuqa qui devint son hôte pour quelque temps aux rives de l'Onon, là où sa tribu se trouvait. Les différentes sources ne sont pas toutes d'accord quant à la longévité du séjour de Témüdjin chez Djamuqa. Après quelques mois, Djamuqa devenait jaloux de Témüdjin pour diverses raisons. Djamuqa était d'accord avec le fait que les chefs supérieurs des armées mongoles devaient être des nobles ce qui contrariait Temüdjin qui était lui, le fils d'un noble mais qui appuyait tout de même le fait que des non-nobles puissent être dans les hauts rangs militaires. Également, Témüdjin jouissait d'une popularité supérieure probablement causée par sa descendance, sa compétence et son sérieux alors que Djamuqa était d'avantage impulsif et imprévisible. Un soir Témüdjin le quitta sans crier gare et plusieurs Mongols qui avaient jusqu'à maintenant suivit Djamuqa décidèrent de partir avec lui. Cela incita très probablement Djamuqa à se méfier de Témüdjin.

[modifier] Début des hostilités entre Djamuqa et Témüdjin

Les différentes sources telles que L'Histoire Secrète, l'historien mongol Sanang Setchèn et les écrits de Marco Polo diffèrent sur la réelle date de l'obtention du nom de Gengis Khan par Témüdjin, mais il est probablement certain que ce dernier choisit de le prendre par crainte de voir Djamuqa, ainsi que d'autres chefs de tribus, y accèder. Djamuqa, lorsqu'informé, y attacha peu d'importance. Cependant, il est probable que cela puisse l'avoir choqué, lui et les autres chefs de tribus.

La guerre entre Djamuqa et Gengis Khan débuta avec une histoire à priori banale, lorsque Taïtchar, frère de Djamuqa, captura des chevaux à un Djalaïr nommé Djötchi-darmala qui était un allié de Gengis Khan. Taïtchar fut poursuivi et tué par Djötchi par une flèche qui se logea dans le dos du voleur. Djamuqa demanda aux tribus et alliés qui le suivaient encore de se réunir avec ses propres Djadjirat. Le nombre exact d'hommes impliqués durant cet évènement est différent d'une source à l'autre. Djamuqa et ses alliés tentèrent de poser un piège à Gengis Khan aux environs de la rivière Senkour, mais ce dernier avait un réseau complexe d'espions et d'éclaireurs même chez les alliés de Djamuqa et avait été informé de la tentative et déjoua leurs plans. Là encore, les sources sont différentes sur les noms de ceux qui ont rendu les informations à Gengis.

Gengis décida d'aller aux devant de ses ennemis. Il était alors en l'année 1198. Il rassembla un peu moins de 2000 cavaliers et se posta devant des marécages. Ses ennemis devaient traverser les marais s'ils voulaient se battre au corps-à-corps. Il envoya une série d'attaques de flèches aux hommes de Djamuqa pour réduire leur nombre et se replia. Selon L'Histoire Secrète, Djamuqa aurait capturé et fait bouillir des vassaux de Gengis Khan dans des marmites. Il aurait également décapité Tchaga'an-ou'a, un compagnon de Gengis. Djamuqa était particulièrement cruel avec ses adversaires. Cela eu par contre un effet négatif sur ses troupes et des chefs mongols qui étaient jusqu'à maintenant alliés au chef Djadjirat. Plusieurs chefs et guerriers quittèrent Djamuqa dont Qouyouldar et Djurtchédaï, chefs des Mangghout et des Qongqotat qui étaient des cousins éloignés de Gengis Khan. Ils admiraient l'effort que Gengis avait fourni pour sauver ses troupeaux et campements ainsi que la position précaire dans laquelle il s'était trouvé. Après quelque temps, Djamuqa avait vu ses forces diminuer alors que celles de Gengis étaient maintenant dotées de trois tribus puissantes ( les Djurki, Ourou'out et Mangghout ) augmentaient. En vérité, il est fort plausible que l'attaque de Djamuqa ait rendu Gengis Khan plus fort.

[modifier] Réconciliation forcée

En 1199, Djamuqa reçu une invitation de Toghril avec qui il avait combattu les Merkit pour sauver la femme de Gengis Khan quelques années plus tôt. Toghril voulait se venger des Naïman qui l'avaient renversé il y avait environ cinq ans et il possédait un atout majeur ; les Naïman étaient séparés par deux rois qui se détestaient. Il était donc possible d'en attaquer un alors que l'autre ne ferait rien. Toghril demanda également Gengis Khan à ses côtés. Lorsque les deux ennemis se rencontrèrent, Toghril les força à se pardonner mutuellement et à redevenir alliés, ce qu'ils firent non sans douter l'un de l'autre. Ils ne redevinrent jamais les amis qu'ils étaient jadis.

Ils attaquèrent Gutchugudun Bouyirouq, le roi des Naïman du sud. Les Naïman possédaient un large territoire derrière eux, ce qui laissait présager à une longue poursuite avant de passer à une attaque définitive. Toghril, suivit par Djamuqa et Gengis Kham, eut beaucoup de mal à les poursuivre et parcourut des centaines de kilomètres. À un certain moment, Toghril réalisa qu'il n'était pas en position de rattraper les Naïman et rebroussa chemin. Cependant, Köksé'u-sabraq, le général de Gutchugudun, se mit à poursuivre Toghril qui voyait ses hommes très fatigués. Djamuqa mentionna à Toghril que Gengis Khan était venu à son aide seulement parce qu'il avait été en obligation de le faire et qu'il le trahirait au premier moment venu. Son stratagème fonctionna. Durant la nuit, Toghril fit allumer de nombreux feux de camp pour faire croire au général de Gutchugudun, ainsi qu'à Gengis Khan, que son armée allait passer la nuit à cet endroit alors qu'en vérité, lui et Djamuqa abandonnaient Gengis à l'ennemi. Au matin, Gengis se rendit compte qu'il avait été délaissé et réussit néanmoins à quitter les Naïman. Les Naïman choisirent de suivre Toghril et l'attaquèrent. Toghril envoya un messager à Gengis Khan qui mit les Naïman en déroute alors que les Kéraït se trouvaient dans une position très désavantageuse. Toghril lui promit de ne plus jamais oublier ce qu'il fit et lui offrit son aide pour quoi que ce soit.

[modifier] Combats dans les monts Khingan

Peu après, en 1201, Djamuqa, probablement très amer de la dernière prouesse de Gengis Khan, se fit proclamer " Khan universel " ( Gur Khan ) par un Qurultay, pour clairement définir son opposition à Gengis Khan. De nombreuses tribus se sont alliées à lui et ses Djadjirat durant ces moments, dont une partie des Merkit qu'il avait lui-même combattus auparavant. Tous ensemble, ils auraient alors formé une armée de plus de 20 000 hommes. Gengis Khan quant à lui demanda de l'aide de Toghril qui accepta. Vers l'automne 1201, les forces de Djamuqa affrontaient celles de Gengis Khan et Togril. Les forces de Djamuqa étaient supérieures en nombre mais le combat défensif de ses ennemis dans les monts Khingan fut difficile. La pluie tombait énormément et de nombreux guerriers des deux côtés glissaient et chutaient dans des ravins. Djamuqa se replia avec quelques tribus sur les plaines environnantes mais il vit aussi d'autres fuir le combat.

L'Histoire Secrète indique que cette bataille ( nommée la bataille de Köyitèn ) fut livrée en un seul combat alors que d'autres sources prétendent que deux batailles eurent lieu à environ un an d'intervale ( soit en 1201 et 1202 ). Ce qui suit serait la deuxième bataille ( ou la deuxième partie de l'unique bataille, tout dépendant des sources ):

Plus tard, le combat reprit. Djamuqa voyait maintenant ses forces réduites et était à présent celui qui possédait le moins d'hommes. Il avait tout de même l'aide des Naïmans du Sud dirigés par Gutchugudun, les Oïrats, les Merkit et ses propres tribus. Il avait perdu les Tatars et six autres tribus moins importantes. Gutchugudun prit le commandement de l'armée puisque Djamuqa avait fait piètre figure durant la première bataille. Comme ils l'avaient fait, Gengis Khan et Toghril étaient retranchés dans les monts Khingan. Une neige intense couvrit l'endroit et il fut très difficile, spécialement pour les forces de Gutchugudun et Djamuqa, de combattre. Après la défaite, Djamuqa, mécontent, pilla ses alliés et trouva en Ilqa, le fils de Toghril, un nouvel allié. Il espérait de cette manière forcer Toghril à quitter Gengis Khan mais aussi de profiter de la puissance potentielle des Kéraïts qu'Ilqa pourrait éventuellement posséder.

[modifier] Les dernières années de Djamuqa

Toghril était très vieux et n'était plus capable de commander les Kéraïts. Ilqa reçut pleins pouvoirs sur les Kéraït. Djamuqa avait conseillé à Ilqa de tuer Gengis Khan dans les plus brefs délais. En 1203, Ilqa tenta d'assassiner Gengis Khan sans succès. Ilqa ne perdit pas de temps et planifia une attaque qui devint la "bataille des sables brûlants". Les pertes des Kéraïts furent plus importantes que celles des mongols de Genghis Khan bien que ce fut une bataille sanglante. Gengis Khan envoya deux ambassadeurs aux Kéraïts pour demander la paix et la réconciliation entre lui et Djamuqa. Ilqa refusa. Djamuqa quant à lui réalisait qu'il perdait de plus en plus de terrain, il fuit Ilqa avec Altan et Qoutchar pour se rendre chez les Naïmans du nord. Gengis Khan gagnait de plus en plus de sympathisants et l'unification des mongols approchait. Il vainquit les Naïmans du nord et tua son roi, Taï-Bouga. Djamuqa fuit encore une fois.

[modifier] Mort

C'est en 1205 que Djamuqa fut livré par les cinq derniers guerriers qu'il avait encore. Gengis Khan détestait les traitres et les fit exécuter lorsqu'ils lui apportèrent Djamuqa. Selon l'Histoire Secrète, il aurait aussi ordonné la mort de leurs enfants et petits-enfants. Gengis Khan hésita durant quelques moments avant d'exécuter Djamuqa car il avait été un bon ami. Sa mort est un débat entre historiens. La plupart sont d'accords pour dire qu'il est décédé d'une " belle mort ", par asphyxie, selon sa demande, pour qu'il puisse vivre sous forme d'esprit. Rashid al-Din prétend que le neveu de Gengis Khan lui aurait fait couper les bras et les jambes.

[modifier] Références

[1] Dominique Farale, De Gengis Khan à Qoubilaï Khan: La grande chevauchée mongole ISBN 2-7178-5162-3