Dictionnaires statistiques, topographiques, historiques et politiques

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Le mot statistique - au singulier - conservait au début du XIXe siècle le sens que lui avait donné l'Allemand Archenwell qui avait créé ce néologisme au milieu du XVIIIe siècle, celui de « science de l'État ».

Au moment où, vers 1810, a commencé le mouvement des Dictionnaires statistiques départementaux, cette notion est très différente de celle de statistiques - au pluriel - que l'on utilise actuellement au sens que lui a donné Jean Antoine Nicolas de Caritat de Condorcet: une représentation du monde par des tableaux de chiffres, et la mise en évidence de variations et de changements qui indiquent les mouvements de l'histoire. A cette époque, qui suit les bouleversements de la Révolution, c'était au contraire la stabilité du monde que l'on s'efforçait de retrouver, c'était l'idée d'état, ou d'État, de ce qui se tient, de ce qui est établi, et de ce qui est stable, par delà les transformations et les révolutions, qui est exprimée par la vogue du mot statistique, un peu comme la notion de sociologie "statique" qu'Auguste Comte oppose à la sociologie "dynamique".

De là cette entreprise pour établir des Dictionnaires statistiques, portant le plus souvent comme sous-titre : Topographiques, historiques, archéologique, politiques: elle satisfaisait aussi bien la visée des administrateurs jacobins qui ne savaient plus sur quoi fonder une politique, que le mouvement réactionnaire des notables qui aspirent à un retour à une tranquillité politique et sociale qu'on ne savait plus sur quoi tabler.

C'est un ancien sous-préfet de Normandie, N ?, membre de l'Académie celtique, qu'on voit pour la première fois former le projet d'établir pour chaque département, sous le nom de Dictionnaire statistique, une monographie qui ferait sa description sous tous ses aspects : historique, topographique, archéologique, linguistique, historique, politique, monumental, etc.. L'idée n'était pas nouvelle, elle reprenait sous cette nouvelle appellation de statistique , le projet des Mémoires des intendants qu'avait compilé en dictionnaire Jean-Aymard Pigagnol de La Force (1673-1753). Cependant, avec cette nouvelle étape, elle se systématise dans un programme d'enquête qualitative plus exhaustif et plus scientifique qui est très semblable de celui proposé en par Joseph-Marie de Gérando.

[modifier] Postérité

Au point de vue des données numériques, le Ministre de l'Intérieur publie en 1852 une Statistique générale de la France 1834-1852, et prend le Décret du 1er janvier 1852 qui crée dans chaque chef-lieu de canton une commission de statistique don les données seront centralisées au Ministère de l'Intérieur.

Au point de vue des données qualitatives, un certain nombre de ces ouvrages a vu le jour après un travail approfondi de recherche documentaire et archéologique de tout ce qui est immuable en matière de coutumes, d'institutions, d'administration, de topographie, de langues, de monuments, d'agiographie, de mythes et de folklore. Les dénombrements y sont peu nombreux, essentiellement démographiques, géographiques, administratifs, mais très peu économiques.

[modifier] Dictionnaires statistiques départementaux

  • Dictionnaire statistique, ou Histoire, description et statistique du département du Cantal, par Jean-Baptiste de Ribier du Châtelet, ouvrage revu et augmenté par la Société Cantalienne, 1852-1857, à Aurillac, en 5 volumes in-8°. Rééditions 1990, 2005.
  • Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, suivi d'une biographie et d'une bibliographie, par Julien-Rémi Pesche, 1829
  • Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté et des hameaux qui en dépendent, par A Rousset, 1853
  • Dictionnaire géographique statistique et historique du Canton de Vaud, par , in-8°, Lausanne, 1824

[modifier] Sources

  • Introduction à la science de la description des États, 1748, par V Achenwall (en allemand);
  • Idéal d'une statistique générale du monde, 173, par Gatterer (en allemand);
  • Arithmétique politique, 1774 et 1779, par Arthur Young, Londres, 2 volumes (en anglais);