Demoiselles du téléphone

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le terme « Demoiselle du téléphone », caractéristique de la téléphonie française, remonte à une période où le Réseau téléphonique commuté n'était pas automatisé.

En attendant l'installation de l'automatique sur l'ensemble du territoire français (qui n'est effective qu'à la fin des années 1970), les centraux téléphoniques hébergent un personnel nombreux et qualifié. Les plus célèbres figures de ce microcosme sont les « demoiselles du téléphone », ainsi appelées parce que cette catégorie de personnel était recrutée exclusivement parmi des jeunes filles célibataires, dont l'éducation et la morale sont irréprochables[1]. Elle perdaient généralement leur emploi lorsqu'elles se mariaient[réf. nécessaire].

Leur fonction est de prendre les demandes d'appel des abonnés, puis de les mettre en relation. Leur poste de travail est constitué d'un tableau à fiches jack et de câbles appelés dicordes, servant à connecter les abonnés entre-eux. Les téléphones ne disposent pas d'un cadran mais seulement d'une manivelle pour faire venir le courant. L'abonné est alors connecté au central de téléphone auquel il est relié et donne à l'opératrice le numéro qu'il veut appeler ainsi que le central dont il dépend (par exemple, « le 22 à Asnières »). Deux cas de figure peuvent alors se présenter :

  • soit le correspondant est sur le même central et l'opératrice connecte directement la ligne ;
  • soit le correspondant dépend d'un autre central et l'opératrice branche alors la ligne sur un autre central où une autre « demoiselle du téléphone » prend le relais.

Ces demoiselles sont aussi des cibles parfaites pour les clients mécontents du service. On leur reproche leur mauvaise humeur ainsi que la lenteur d'établissement des communications. Dans le contexte du début du siècle, les abonnés sont surtout des gens fortunés qui ne supportent pas que le « petit personnel » ait autant d'influence sur leurs affaires. Pourtant, des concours d'efficacité sont organisés pour améliorer la qualité du service : on met en compétition des opératrices pour assurer le maximum de connexions à l'heure. Les records sont de l'ordre de 400 établissements de connexion à l'heure, qui correspond à une communication toutes les dix secondes.

Fernand Raynaud en a fait un sketch comique, Le 22 à Asnières[2].

[modifier] Notes

  1. À Paris, les demoiselles du téléphone étaient logées dans un internat au 41 rue de Lille.
  2. Le 22 à Asnières-sur-Seine, correspondait à un abonné réel, qui fut bien souvent dérangé par la suite.