Cursus publicus

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Le cursus publicus est le service de poste impérial qui assurait les échanges au sein de l’Empire romain. L’organisation de ce service commence sous Auguste :

« Pour que l’on pût facilement et plus vite lui annoncer et lui faire connaître ce qui se passait dans chaque province, il fit placer de distance en distance sur les routes stratégiques, d’abord des jeunes gens à de faibles intervalles, puis des voitures. Le second procédé lui parut plus pratique, parce que le même porteur de dépêche faisant tout le trajet, on peut en outre l’interroger en cas de besoin »
    — Suétone, La vie des douze Césars, Auguste XLIX

Le cursus publicus fonctionne grâce à une série de gîtes d'étape (mansiones) et de postes relais intermédiaires (mutationes) le long des voies romaines. Une mansio est un établissement où l'on peut se restaurer et passer la nuit, une mutatio (littéralement : changement) est un établissement plus important où l'on trouve des montures fraîches. L’entretien des gîtes et des postes est à la charge des municipalités sur le territoire desquelles ils sont implantés. Le fonctionnement est concédé par contrat à des particuliers ou à du personnel réquisitionné ; au IIe ou IIIe siècle ces établissements peuvent être dirigés par des militaires, comme les "bénéficiaires" (soldats du rang chargés de mission). L’État romain finance par l’impôt le matériel, le remplacement des bêtes et les fonctionnaires qui gèrent l’ensemble.

Stratégique pour les liaisons entre l’empereur, l’administration des provinces romaines et les unités militaires, ce service prend rapidement de l’importance et assure la circulation des correspondances d’État, des personnalités officielles et des impôts perçus. Les particuliers ne peuvent en faire usage qu’avec une autorisation écrite, rarement accordée.

Pour pouvoir bénéficier des prestations disponibles sur le réseau, comme l'hébergement et la remonte, les militaires et les fonctionnaires envoyés en mission reçoivent de l'empereur un "diplôme" ou ordre de mission. Régulièrement, les empereurs légifèrent contre les trafics de diplômes et contre les abus, comme les diplômes délivrés par des gouverneurs de province en toute illégalité.

L’empereur Nerva en 96 ou 97 décharge les villes italiennes des frais d’entretien des postes, et les mit au compte des finances impériales.

L’empereur Hadrien (117-138) confie la gestion du cursus publicus à un fonctionnaire impérial spécial, le praefectus vehiculorum, ou a vehiculis, de rang équestre, placé sous les ordres du préfet du prétoire.

Au début du IIIe siècle, l’empereur Septime Sévère étend l’activité du cursus publicus à l’acheminement de l’annone militaire, c'est-à-dire le ravitaillement des armées. Le personnel de convoyage et les animaux de traits supplémentaires sont mobilisés selon les besoins par réquisitions ou corvées.

Au IVe siècle, la réorganisation administrative de Dioclétien et Constantin Ier rattache la gestion du cursus publicus au maître des offices et à ses agentes in rebus. Les textes de l’époque évoquent des fraudes et des abus dans les réquisitions et la désorganisation de l’économie quotidienne qu’elles engendrent, ainsi que la plainte des municipalités provinciales sur les lourdes charges qu’elles supportent. Les successeurs de Constantin tentent d’y remédier par des mesures ponctuelles (limitation du nombre des ordres de mission accordés, suppression des réquisitions arbitraires). La Notitia Dignitatum (vers 400) précise même pour chaque poste de haut-fonctionnaire le nombre d'ordre de mission annuels auxquels cette dignité donne droit.

Malgré ces vicissitudes, le cursus publicus assure ses missions jusqu’au début du Ve siècle. En 414, le bon fonctionnement de l’annone militaire permet ainsi au patrice Constance III de fixer les Wisigoths en Aquitaine, en échange de livraisons de ravitaillement. Quelques décennies plus tard, la disparition du cursus publicus en Occident suit la dissolution de l’Empire d'Occident.

En Gaule, le souvenir de la présence d'une mansio, mot latin qui a donné le français maison, est perpétué par le toponyme "Maison-Rouge".

[modifier] Sources

  • La vie des douze Césars, Suétone
  • La paix romaine, Paul Petit, PUF, collection nouvelle Clio, 1971
  • Histoire générale de l’Empire romain, Paul Petit, Seuil, 1974
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