Crache ton venin

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Crache ton venin

Album par Téléphone

Sortie

2 Avril 1979

Enregistrement

1979

Durée

35:59

Martin Rushent

Albums de Téléphone

Téléphone (Anna)
(1977)

Au cœur de la nuit
(1980)

Crache ton venin est le deuxième album du groupe Téléphone sorti le 2 avril 1979. Il consacre définitivement Téléphone comme plus grand groupe rock ayant alors jamais existé en France.

Il a été produit par l'Anglais Martin Rushent (collaborateur des Buzzcocks). Le son est particulièrement bien travaillé, en particulier le mixage des deux guitares électriques faussement jumelles : celle aux accents rythmiques, funky et tranchants de Jean-Louis Aubert et celle aux circonvolutions acides, stridentes et organiques de Louis Bertignac. L'auditeur peut le percevoir dès le morceau d'ouverture "Crache ton venin" où la puissance est déployée progressivement par les guitares, appuyée par la frappe mate du batteur Richard Kolinka et par l'élasticité féline de la basse de Corine Marienneau. Grâce à ce son strictement rock - 2 guitares 1 basse 1 batterie - Téléphone met tout le monde d'accord en dépassant les débats "clochemerlesques" agitant le microcosme de la critique d'alors en pleine ébullition post punk (punk contre rockab, new wave contre progrock...) et réussit à capter l'air du temps, jusqu'alors largement expiré par les grosses machines anglo-saxonnes. Si les quatre se sont largement abreuvés aux sources des années 50 et 60 (Chuck Berry, Beatles, Rolling Stones 1964-1969)et dans le mainstream seventies (Rolling Stones 1970-1976, Who, Led Zeppelin), l'album "Crache ton Venin" satisfait aussi bien aux critères du punk rock (Regarde moi, J'sais pas quoi faire) qu'aux canons de la pop (La bombe humaine, Fait divers). La jeunesse de France ne s'y trompera pas, les concerts de la tournée printanière de 1979 étant marqués par une communion inédite entre un groupe français et son public. Le film "Téléphone Public" de Jean Marie Perrier en témoigne largement.

Les textes, souvent gentiment critiqués pour leur obnubilation adolescente (J'suis parti de chez mes parents), peuvent néanmois être considérés comme des miniatures de symbolisme urbain (« Je suis un électron bombardé de protons, le rythme de la ville, c'est ça mon vrai patron » – La bombe humaine), avec dans le lot, des chefs d'œuvres descriptifs du mal-être générationnel et de la crise existentielle des 15-25 ans (« Elle avait à peine avalée ses quinze ans, qui d'ailleurs lui restaient coincés dedans, elle avait grandi arrosée par l'argent, on pousse vite chez ce genre de gens, elle s'appelait fait divers » – Fait divers).

La pochette a été conçue par Jean-Baptiste Mondino, également auteur du clip d'un Autre Monde. On y voit les quatre membres du groupe debout. Elle est constituée d'un calque coulissant, où sont imprimés leurs vêtements. Quand on le retire, on voit les membres du groupe nus. Les trois hommes cachent leur sexe en croisant les jambes.

(P) Pathé C070 14737