Corcyre

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Corcyre (en grec ancien Κέρκυρα / Kérkyra, puis Κόρκυρα / Kórkyra), aujourd'hui Corfou, est une île de la mer Ionienne au nord-ouest de la Grèce.

[modifier] Histoire

Identifiée par Thucydide à la Schérie des Phéaciens de l'Odyssée[1], Corcyre est une colonie d'Érétrie. En 733, elle est conquise par Corinthe, qui devient sa métropole. La révolte des Corcyréens, en 664, provoque la chute des Bacchiades à Corinthe et la prise de pouvoir du tyran Cypsélos. Corcyre reste cependant sous la tutelle corinthienne.

En 435 commence ce qu'à la suite de Thucydide, on appelle l'« affaire de Corcyre »[2]. Épidamne, colonie de Corcyre, fait appel à sa métropole contre ses anciens oligarques qui, alliés avec des troupes de brigands, harcèlent le territoire de la cité. Les oligarques de Corcyre déclinent cette demande l'aide. Épidamne se tourne alors vers Corinthe, métropole de leur métropole : celle-ci accepte, en partie par hostilité pour Corcyre. Furieux, les Corcyréens affrontent Épidamne, puis Corinthe, parvenant à remporter un double succès. Cependant, Corinthe ne s'avoue pas vaincue et prépare sa revanche. Par prudence, Corcyre décide alors de se tourner vers Athènes.

L'Assemblée athénienne commence par rejeter la proposition d'alliance corcyréenne, ne souhaitant pas rompre la trêve de trente ans conclue avec la cité péloponnésienne. Cependant, le lendemain, l'Assemblée change d'avis : forte de 120 navires, Corcyre est la seconde flotte grecque, derrière Athènes. En outre, elle occupe une position stratégique, sur la route de la Grèce vers la Sicile. Alliée à Corcyre, pensent les Athéniens, Athènes serait invincible. L'Assemblée vote donc une alliance défensive (συμμαχία / symmakkhía) : elle envoie trente navires, en deux temps, avec l'ordre de n'intervenir qu'en cas d'invasion de Corcyre. Avec l'aide de la première escadre athénienne, les Corcyréens affrontent les Corinthiens sur mer, aux îles Sybota : ils sont vaincus. Corinthe se retire prudemment face à l'arrivée de la seconde flotte athénienne, qui laisse elle-même repartir les Corinthiens. Avec celles de Mégare et de Potidée, l'affaire de Corcyre constitue l'une des causes de la guerre du Péloponnèse.

Pendant la guerre, Corcyre reste aux côtés d'Athènes. Cependant, déchirée par l'affrontement interne entre oligarques et démocrates, elle vit en 427 une guerre civile qui conduit à un grand massacre[3]. Corcyre demeure l'alliée d'Athènes jusqu'en 410, date à laquelle, tombée sous l'hégémonie de Sparte elle entre dans la Ligue du Péloponnèse. En 373, elle peut rejoindre la seconde Confédération athénienne.

En 300, elle est brièvement aux mains du conquérant Agathocle de Syracuse avant de passer sous domination illyrienne vers 237[4] : Démétrios de Phalère y installe une garnison. Cependant, lorsque les troupes romaines interviennent contre les Illyriens, Corcyre fait aussitôt sa soumission (deditio) à Rome. Par la suite, elle est utilisée comme base navale.

Voir aussi : Histoire de Corcyre

[modifier] Notes

  1. Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 25, 4).
  2. Ibidem (I, 24-55).
  3. Ibidem (III, 72-85)
  4. Polybe, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne] (II, 1, 9)
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