Collège apostolique

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[modifier] Dans l'Église Catholique

La collégialité est sacramentelle

Pour l'Église Catholique, le Christ, en instituant les Douze, "leur donna la forme d’un collège, c’est-à-dire d’un groupe stable, et mit à leur tête Pierre, choisi parmi eux" [1]

Cet exercice collégial des ministères ordonnés est de nature sacramentelle et non organisationnelle [2]. Tout évêque exerce son ministère au sein du collège épiscopal, en communion avec l’évêque de Rome, successeur de St Pierre et chef du collège. Les prêtres exercent leur ministère au sein du presbyterium du diocèse, sous la direction de leur évêque.

Pour elle, cette collégialité est moyen et condition de l'unité demandée par le Christ lors de la dernière Cène (Jean 17,21-22). C'est ce que réaffirme le Décret sur l’Œcuménisme du Concile Vatican II "C’est au seul collège apostolique, dont Pierre est le chef, que le Seigneur confia, selon notre foi, toutes les richesses de la Nouvelle Alliance, afin de constituer sur la terre un seul Corps du Christ auquel il faut que soient pleinement incorporés tous ceux qui, d’une certaine façon, appartiennent déjà au Peuple de Dieu" [3]

Cette collégialité fonde aussi la nature apostolique de l'Église [4].

Rôles et pouvoirs respectifs

Le Pape

Le Pape, évêque de Rome et successeur de St Pierre, est le principe perpétuel et visible de l'unité. Il en est aussi le fondement [5]. Il a un "pouvoir plénier, suprême et universel qu'il peut toujours librement exercer" [6].

Les évêques collectivement

Le collège ou corps épiscopal n'a d'autorité qu'uni au Pape. A cette condition, il est "lui aussi le sujet d’un pouvoir suprême et plénier sur toute l’Église, pouvoir cependant qui ne peut s’exercer qu’avec le consentement du Pontife romain" [7]. Ce Collège "exerce le pouvoir sur l’Église tout entière de manière solennelle dans le Concile Œcuménique" [8].

Les évêques individuellement

"Les évêques sont, chacun pour sa part, principe et fondement de l’unité dans leurs Églises particulières". Comme tels ils "exercent leur autorité pastorale sur la portion du Peuple de Dieu qui leur a été confiée" [9].

[modifier] Position de certains fidèles de la Fraternité Saint Pie X, au sein de l'Eglise Catholique

Certains catholiques traditionnalistes, contestent cette vision de la collégialité et réfutent l'égalité des rôles entre le Pape et les évêques qui en découlerait. Ils pensent qu'au contraire, Jésus a fondé son Église sur saint Pierre[10] et lui en a confié la direction. En effet, lorsqu'Il dit "Pierre pais mes agneaux, pais mes brebis"[11], Jésus-Christ lui confie non seulement l'ensemble des fidèles - les agneaux- , mais aussi les clercs majeurs adultes dans la foi que sont les évêques.

La notion même de collège telle qu'elle a pu s'élaborer en droit constitutionnel[12] au cours des siècles, serait complètement étrangère tant à la lettre qu'à l'esprit de l'Évangile.

Ils contestent que les Apôtres auraient été envoyés par Jésus en formant le groupe des Douze et non individuellement. Ils s'appuient pour cela sur l'histoire de l'Église. Elle nous apprend précisément qu'ils sont tous partis évangéliser des régions différentes de la Terre, chacun dans une direction, parce que la tâche était trop grande pour qu'ils ne se séparent pas.

Ils rappellent qu'après sa Résurrection et avant l'Ascension, Jésus confirme Pierre dans la charge pastorale suprême [13], et confie aux Apôtres la mission même qu'il avait reçue du Père [14] D'autre part, le jour de la Pentecôte, [15] c'est Pierre qui s'adresse le premier, et apparemment le seul, à la foule, parce qu'il est Pierre. Les textes ne citent personne d'autre. C'est donc de Simon-Pierre, et non d'un quelconque collège, que les païens et les juifs reçoivent l'enseignement de la Bonne Nouvelle de la Résurrection de Jésus.

Ils s'appuient enfin, pour la définition du collège apostolique, sur la manière dont a été traitée l'obligation pour les chrétiens issus du paganisme d'observer ou non certaines normes de la Loi ancienne [16]. Alors, dans la communauté d'Antioche, "il fut décidé que Paul, Barnabé et quelques autres des leurs monteraient à Jérusalem auprès des Apôtres et des anciens pour traiter de ce litige" Pour examiner cette question, les Apôtres et les anciens se réunirent, se consultèrent et délibérèrent, guidés par l'autorité de Pierre ; finalement, ils prononcèrent la sentence suivante : "L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d'autres charges que celles-ci, qui sont indispensables".[17]

[modifier] Notes et références

  1. Constitution dogmatique "Lumen Gentium" sur l'Église - § 19
  2. Catéchisme de l'Église Catholique (CEC) 1992 - § 877
  3. Décret "Unitatis redintegratio" sur l'Œcuménisme - § 3
  4. CEC 1992 - § 857
  5. Lumen Gentium § 23)
  6. Ib - § 22 et Décret "Christus Dominus" sur la charge pastorale des évêques - § 2 et § 9
  7. Lumen Gentium § 22 et Codex Juris Canonici, canon 336
  8. Codex Juris Canonici canon 336, § 1
  9. Lumen Gentium § 23
  10. Matthieu XVI, 18
  11. Jean XXI, 15-17
  12. Corps de personnes revêtues d'une même dignité ou chargées d'une même fonction, comme par exemple de voter la loi ou d'élire un chef
  13. Jean XXI, 15-17
  14. Matthieu XXVIII, 19-20 - Marc XVI, 15 – Actes I, 7
  15. Actes II, 1-36
  16. Actes XV,1-29
  17. Idem, verset 28