Cluster (économie)

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Le cluster économique correspond à la notion française de pôle de compétence.

Lorsque le livre de Michael Porter, L'avantage concurrentiel[1], est traduit en français, son analyse fait déjà école dans le management et la stratégie d'entreprises. Il réactualise en la modifiant la notion de rente économique (gain des organisations par rapport au capital investi) de l'économiste David Ricardo (1817).

[modifier] Définitions

Pour Michael Porter l'élaboration de la stratégie d'une entreprise doit reposer sur un avantage concurrentiel déjà obtenu ou potentiel. Il classe ces avantages en deux grandes catégories avantage par les coûts et avantage par la différenciation[2]. Il développe ensuite sa théorie en se basant sur les types d'acteurs concernés par un produit dans un secteur industriel. C'est ainsi qu'il définit le modèle en diamant des cinq forces de la concurrence. Les acteurs concernés sont : les concurrents, les clients, les fournisseurs, les nouveaux entrants potentiels, les offreurs de produits de substitution. Ils sont en présence et luttent en permanence dans chaque secteur, exerçant des rapports de force qu'il s'agit d'identifier pour connaître les facteurs clés de réussite et construire une stratégie globale.

Appliqué aux phénomènes d'agglomération spatiale le modèle de Porter permet d'appréhender la concentration géographique comme la résultante d’un processus d'interactions entre les acteurs définis dans son modèle, par une augmentation de la productivité des firmes ou de l'industrie. Ces processus stimulent l'innovation et la productivité, en encourageant le transfert d'informations. Cela amène à définir les clusters qui, pour cet auteur, sont :

« Clusters are geographic concentrations of interconnected companies, specialized suppliers, service providers, firms in related industries, and associated institutions (e.g., universities, standards agencies, trade associations) in a particular field that compete but also cooperate »[3].

L'idée principale à retenir est qu’autour de l'agglomération spatiale d'entreprises, de fournisseurs et d'institutions, sont produites des externalités géographiques (des bénéfices liés à la localisation) qui profitent à l'ensemble des entités en présence au sein d’un système de compétition et de coopération. Il y a donc amélioration du système de production locale qui s'insère dans un système de valeurs globales. Les frontières du cluster se dessinent donc par rapport aux entreprises qui investissent localement. L'analyse d'un environnement économique (« business environment ») au travers des cinq forces de la concurrence de Porter, permet d'identifier les avantages qu'une entreprise peut avoir à se localiser à tel ou tel endroit. Le point d'entrée est alors les inputs (facteurs et conditions) qui déterminent localement l'efficacité du système. Il s'agit par exemple pour une entreprise, de sa capacité physique à accéder à l’information, ou de la présence d’unités de recherche universitaire. Ces inputs procurent aux clusters un avantage et une capacité d’innovation, dans la mesure où ils tendent à se spécialiser et à améliorer leur qualité en puisant dans les caractéristiques (culturelles, historiques, de savoir-faire ou de connaissances) du lieu. À terme, les clusters obtiennent par ce phénomène une forme de spécialisation peu transférable à d’autres lieux.

De ce point de vue, le processus de développement des clusters est un phénomène dynamique et rétroactif. Il est donc constitué, à l'instar de la théorie des pôles de croissance de François Perroux, de trois phases de développement, dont la première est la découverte, la seconde l’âge d’or, et la dernière la maturité [4]. Ces trois phases sont le résultat d'une évolution en fonction du temps et du nombre d'entreprises titulaires au sein du cluster.

Cette notion est devenue incontournable dans la littérature mais sa définition floue est souvent annoncée comme un problème pour l’avancée de sa conceptualisation. En effet, Michael Porter signale le fait que l’on n’a pas un idéal type de cluster mais plutôt un cluster par objet d’étude, en fonction de sa maturité d’une part et de la dominante industrielle d’autre part. C’est donc un concept flexible[5] dont l’étude doit faire preuve d’une méthodologie solide pour rendre les recherches consistantes[6]. Il n’en reste pas moins un concept fondateur du renouveau de la géographie économique anglo-saxonne alors que la géographie économique française, à la même période (1990 – 2000), avait du mal à se saisir du problème des phénomènes d’agglomération spatiale dans les secteurs industriels émergents[7].

[modifier] Références

  1. Michael Porter, L’avantage concurrentiel, InterÉditions, Paris, 1986, 647 p.
  2. Yan Le Hunchec, « Michael Porter - L’avantage concurrentiel », dans '
  3. Michael E. Porter, « Location, Competition, and Economic Development: Local Clusters in a Global Economy », dans ECONOMIC DEVELOPMENT QUARTERLY, 14, p. 16
  4. Mario A. Maggioni, The development of high-tech clusters: theoretical insight and policy implications, Institutions and Systems in the Geography of Innovation, Kluwer Academic Publishers, 2002 (ISBN 0792376145), p. 315-316
  5. Benneworth P., Henry N., « Where Is the Value Added in the ClusterApproach ? Hermeneutic Theorising, Economic Geography and Clusters as a Multiperspectival Approach », dans Urban Studies, 41, p. 1011-1023
  6. Cumbers A., Mac Kinnon D., « Introduction: Clusters in Urban and Regional Development », dans Urban Studies, 41, p. 959-969
  7. Benko G., Liptiez A, Géographie socio-économique ou économie géographique ?, La richesse des régions – la nouvelle géographie socio-économique, économie en liberté, 2000 (ISBN 2130504612), p. 9-29

[modifier] Voir aussi