Christophe Munzihirwa

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Mzee Christophe Munzihirwa Mwene Ngabo (1926, Burhale, R.D. Congo - 29 octobre 1996, Bukavu, R.D. du Congo) est un prêtre jésuite congolais. Archevêque de Bukavu depuis 1994, il fut assassiné le 29 octobre 1996.

Sommaire

[modifier] Jeunesse et formation sacerdotale

Né en 1926 à Burhale (Lukumbo), Munzihirwa étudia d’abord à l’école paroissiale et à l’école normale avant d’entrer au petit séminaire de Mugeri où il suivit le cours d’humanités gréco-latines. Se sentant appelé à devenir prêtre il continua sa formation au grand séminaire de Moba (anciennement Baudouinville) avant d’être ordonné prêtre le 17 août 1958.

[modifier] Devenu jésuite

D’abord actif dans une paroisse secondaire Munzihirwa fut rapidement nommé curé-doyen de Bukavu. Cependant, attiré par la vie religieuse et la spiritualité ignatienne il renonça à ce poste et entra dans la Compagnie de Jésus en 1963. Etant déjà prêtre, le jésuite eut une formation raccourcie. Les deux ans de noviciat furent suivis d’une formation complémentaire philosophique et théologique, d’abord Kimwenza (Kinshasa) et ensuite à Louvain en Belgique. Après un bref passage à Bukavu pour y relancer le collège dévasté par la rébellion katangaise, il revient en Belgique pour une licence en Sciences sociales (1967-69), à l’université catholique de Louvain.

[modifier] Engagement socio-pastoral

Rentré au Congo Munzihirwa s’occupe d’abord de la formation spirituelle et intellectuelle des jeunes jésuites tout en étant aumônier de la paroisse universitaire de Kinshasa, poste qu’il occupait lors des contestations estudiantines de 1971 qui aboutirent à l’enrôlement forcé de centaines d’entre eux dans l’armée nationale. Par solidarité avec les jeunes il se fit lui-même enrôler. En 1973, il travaille au centre d’action sociale (CEPAS) de Kinshasa et est animateur de l’association des dirigeants et cadres catholiques du pays. De plus en plus il s’engage dans le domaine social. Il entreprend une thèse de sociologie à l’Université de Lubumbashi en 1977 qu’il continuera à Louvain en Belgique.

[modifier] Recteur, provincial et puis évêque

En 1978 il est nommé Recteur du ‘Philosophat’ Saint Pierre Canisius de Kimwenza, à Kinshasa. Deux ans plus tard, en 1980, il est supérieur provincial des jésuites d’Afrique centrale. Son mandat de 6 ans à peine terminé Munzihirwa est choisi comme évêque coadjuteur du diocèse de Kasongo (1986). Quatre ans plus tard il y succède à Mgr Pirigisha (1990).

[modifier] Archevêque de Bukavu

Les temps sont troubles et la situation difficile dans la région des grands lacs. Tout en gardant sa charge à Kasongo, Munzihirwa est également nommé administrateur puis archevêque du diocèse de Bukavu en 1994. Comme archevêque de Bukavu il participe au synode spécial sur l’Eglise en Afrique réuni par Jean-Paul II à Rome en avril-mai 1994. A son retour de Rome il doit faire face à la tragédie de centaines de milliers de personnes qui arrivent au sud-Kivu, chassés du Rwanda par le génocide. Toute la région est déstabilisée et échappe au contrôle des autorités civiles. Pendant deux ans ‘Mzee’ Munzihirwa (le Sage: un titre qui lui fut donné spontanément par ses fidèles) visitait ces camps de réfugiés installés dans son diocèse. Il invitait ses fidèles à bien les recevoir tout en attirant l’attention des autorités et du monde international sur leur situation catastrophique et insistant courageusement sur la nécessité de trouver une solution juste au conflit qui bouleversait toute la région.

[modifier] Un pasteur assassiné

La démission complète des responsables civils et militaires de Bukavu et de la région fit que Munzihirwa restait la seule autorité à s’occuper du sort d’une population abandonnée aux bandes de militaires maraudeurs. Le 25 octobre, un ‘Comité de défense des intérêts de la population’ formé d’une vingtaine de personnes appartenant à la société civile se constitua autour de l’archevêque pour tenter de mettre fin au chaos, au pillage et aux meurtres. Un nouveau cri d’alarme fut lancé vers la communauté internationale. Le comité se réunit une seconde fois le 29 octobre, à 14.00 à l’archevêché. La situation est grave et dangereuse. Les rebelles sont proches de la ville, et les militaires de l’armée ‘régulière’ réquisitionnent ou volent les véhicules pour prendre la fuite. L’archevêque est chargé d’une mission auprès du gouverneur militaire de la ville : rendre possible le ravitaillement de la population et faire interdire l’enrôlement forcé des jeunes. Vers 18.00, la réunion étant terminée et profitant d’une accalmie (on n’entend plus de tirs) Munzihirwa quitte l’archevêché pour rentrer au collège jésuite Alfagiri où il passait généralement la nuit. A un croisement sur la route sa voiture est immobilisée par des tirs en rafales. Son escorte est abattue. Munzihirwa sort de la voiture et, croix en main, se dirige vers les militaires. Il est exécuté, de même que son chauffeur et un garde de corps.

[modifier] Bibliographie

  • CNOCKAERT, A.: In Memoriam: Mgr Christophe Munzihirwa, Bukavu, 1967.
  • KITUMAINI, J.M.V.: L'agir socio-politique de Mgr Chr.Munzihirwa (1994-1996), in N.R.Th., vol. 126, 2004, pp.204-217.