Château des Ormes

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Le château des Ormes (Vienne) se situe sur la RN 10 entre Tours et Poitiers.

[modifier] Histoire

En 1729, Marc-Pierre de Voyer de Paulmy d'Argenson achète alors la baronnie des Ormes, avec toutes ses dépendances aux consonances si champêtres, lieux dits Mousseau, La Motte de Grouin, Morte-Veille, La Chevalerie, La Garenne de Séligny, Villiers, Châtre, La Pouzardière, Salvert, Lesteigne, La Fontaine de l'Epinele, Le Grand et Le Petit Coupé.

Le domaine se compose par ailleurs d'une écluse sur la Vienne, "fuie et moulin, d'un four banal, de droits de foires et marchés, mesures, étalages et halle, droit de patronage et présentation à l'église, port, passage et pêcheries affermées ainsi que haute, moyenne et basse-justice".

Son fils Marc-René, s'y intéresse dès son plus jeune âge et en 17..., naissent les premiers projets avec 108 hectares de terre réservés aux prés et aux pacages, et l'idée d'un grand parc qui passera de 215 à 910 hectares, comprenant 564 hectares de bois ; en 1766, il y introduisit la culture du trèfle et du sainfoin.

Il restera aussi l'homme qui fit transformer le corps central du château; l'ancienne demeure acquise par son père présentait à sa mort en 1764, l'aspect irrégulier de maints bâtiments agrandis à travers les siècles : sept pavillons contigus, celui du centre formant dôme et le six autres alternativement terminés en cônes tronqués ou aigus.

La cour d'honneur abritait une statue en marbre de Louis XV, façonnée par Pigalle, ainsi que 7 canons et un obusier anglais donnés par Louis XV suite à la bataille de Fontenoy où s'illustra Marc-Pierre.

Marc-René décida de conserver les très beaux communs formant les ailes latérales ; la construction débuta en 1769 et les travaux de décoration intérieure se poursuivaient encore en 1778.

C'est Charles de Wailly, architecte protégé par d'Argenson, qui conçut les travaux conduits par Pascal Lenot.

Il s'agissait d'un édifice "à l'Italienne" formé d'un rez-de-chaussée et d'un étage, précédé vers la cour d'une colonnade dorique sans base. Du milieu de la façade s'élevait une colonne creuse haute de 50 pieds à laquelle on montait par un escalier extérieur en colimaçon. Cette colonne terminée par une plate-forme où l'on avait érigé un paratonnerre était d'une structure excessivement hardie et se balançait comme un grand arbre au moindre coup de vent.

Marc-René d'Argenson va aussi modifier l'aspect extérieur de la propriété ; la vaste cour, plantée de tilleuls séparant le château de la route d'Espagne, va laisser place à un jardin anglais planté de platanes et de peupliers d'Italie, rares à cette époque.

La belle terrasse en pierres de taille dominant la Vienne va devenir une épaisse muraille en pierres dures, assortie d'une tour ronde, communément appelée la "Tourelle", formant épi sur la Vienne.

La construction fut repensée au début du XXe siècle par l'architecte parisien Coulomb, qui fit reconstruire la partie centrale pour le compte de Marc-Pierre d'Argenson, député de la Vienne dans les premières années du siècle dernier, en harmonie avec les deux pavillons qui subsistaient du XVIIIe siècle, auxquels elle s'harmonise.

C'est alors que le grand fronton allégorique XVIIIe de l'avant-corps du pavillon central du château fut déposé et remonté sur la façade de "La Bergerie", édifice bâti par De Wailly en face de l'allée d'arrivée du château, et sa copie le remplaça,

"La Bergerie", bien qu'appartenant à la commune aujourd'hui, faisait partie de l'ensemble initial.

Une basse-cour, des granges, une ferme viennent compléter cet ensemble, dont l'envergure n'a pas découragé ses nouveaux propriétaires, le docteur Sydney Abbou et son épouse. Châtelains de l'an 2000, décidés à ouvrir au public une demeure conséquente, ils ont eu un coup de cœur pour les Ormes, classé monument historique pour l'essentiel. Ses 7 000 m² sont à restaurer et à remeubler entièrement.

Collections mobilières du château :

- l'énorme bibliothèque, qui occupait deux étages du château, de Marc-Pierre Voyer d'Argenson (1696-1764), ministre de La Guerre de Louis XV, favori de Mme de Pompadour, qui, disgracié, y fut exilé - de la Cour - par le roi en 1757; il fut l'ami et le protecteur des Encyclopédistes qui lui dédièrent leur ouvrage. En 1803 ces livres furent légués à la Bibliothèque de l'Arsenal à Paris, dont elle constitua le fonds principal;

- la série des "Batailles de Louis XV", toiles peintes par Pierre Lenfant (1704-1787), "dessinateur des camps et armées du roi" fut vendue aux enchères publiques en 1975, dans le cadre de la succession du marquis d'Argenson;

- la célèbre tenture de "L'Histoire de Don Quichotte", tapisseries des Gobelins, offerte par le Roi à son ministre, fut remise à l'Etat pour le musée du Louvre en dation ds les mêmes conditions;

- une ou plusieurs grandes "chancelleries" en Gobelins du début du XVIIIe s.; le catalogue de 1954 et le dépliant de visite (2004) du musée Nissim de Camondo à Paris indique que celle acquise par le grand collectionneur Moise de Camondo, tissée vers 1680 pour le chancelier Michel Le Tellier, marquis de Louvois, fut modifée vers 1720 pour le "marquis d'Argenson (1652-1721), nommé en 1653 chevalier protecteur de Saint-Marc de Venise, puis chancelier de France de 1718 à 1720" (n°45, p.18), et indique que d'autres exemplaires appartiennent au marquis d'Argenson, son descendant;

- une autre "chancellerie" - classée Monument Historique - orna le château de Vaux-le-Vicomte (77) puis fut vendue;

- un objet unique appartenant à l'histoire des Etats-Unis d'Amérique, la maquette de la future ville de New-York - témoignage oral du général Charlet, de Jaunay-Clan (86);

- le riche fonds d'archives familial, comprenant entre autres des correspondances manuscrites de Mme de Pompadour et des Encyclopédistes à leurs ancêtres, a été vendu aux enchères publiques à Poitiers ds les années 2000; de nombreux documents historiques de valeur patrimoniale, furent alors préemptés par des institutions publiques, dont les Archives de France.

Trumeaux et cheminées sont demeurés en place, les tapisseries, un mobilier de marbre et des tableaux, son entreprise de restitution.

Avec sa grande galerie, son salon en rotonde orné de boiseries qui domine la Vienne, son "cabinet de curiosités" orné d'oiseaux naturalisés, le château s'ouvre cette année au public.

Liste des châteaux français
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46°58′31″N 0°36′6″E / 46.97528, 0.60167