Carnet B

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Le Carnet B est un instrument de police français. C'est un fichier qui fut mis en place par le général Boulanger en 1886 et confié aux compagnies de gendarmerie départementale. Il s'agissait initialement d'une liste des étrangers suspectés d'activité d'espionnage (tandis qu'une autre liste des étrangers vivant en France et en âge de porter les armes était connu comme le Carnet A). Les personnes figurant sur ces deux carnets devaient être arrêtées ou internées en cas de mobilisation. Plus tard, on adjoint à ce Carnet B initial la liste des leaders anarchistes, syndicalistes et révolutionnaires qui devraient être arrêtés en cas de conflit car ils avaient exprimé l'intention d'empêcher l'effort de guerre.

Le syndicaliste Léon Jouhaux était sur cette liste. On y trouve aussi le député et futur président du Conseil Pierre Laval, le futur ministre du Front populaire Roger Salengro, ainsi que le Brestois Victor Pengam, dépeint ainsi :

«  propagandiste anarchiste et antimilitariste des plus militants. L'un des chefs du mouvement révolutionnaire (secrétaire général de l'Union régionale des syndicats et de la Bourse du travail de Brest). Poursuivi en janvier 1906 devant la cour d'Assises du Finistère pour excitation de militaires à la désobéissance (acquitté). Secrétaire général du nouveau syndicat anarchiste des ouvriers du port. Ouvrier à l'arsenal. Serait susceptible de faire du sabotage en cas de mobilisation. (...) Mesure à prendre en cas de mobilisation : à arrêter.[réf. souhaitée] »

La responsabilité de la guerre est immédiatement portée sur les Empires centraux. Afin de ne pas empêcher le ralliement des ouvriers à la guerre par la décapitation des syndicats, le gouvernement, encouragé par une minorité des préfets et le ministre de l'Intérieur Louis Malvy, annonce le 1er août 1914 la décision de ne pas procéder à l'application. des mesures prévues envers les pacifistes et anti-militaristes fichés dans le Carnet B Le 31 juillet, la CGT annonce son ralliement à la position socialiste.

[modifier] Article connexe

[modifier] Bibliographie

  • Bernard Devaux, Les Archives de la Sûreté rapatriées de Russie, pages 78 à 85 ;
  • Gazette des archives, 1997 ;
  • Jean-Jacques Becker, Le Carnet B. Les pouvoirs publics et l'antimilitarisme avant la guerre de 1914, Éditions Klincksieck, Paris, 1973 ;
  • Paul Paillole, Notre espion chez Hitler, Éditions Robert Laffont, Paris, 1985, pp. 207-208.