Calade

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Une ruelle de Gordes avec sa calade
Une ruelle de Gordes avec sa calade

Une rue caladée, encaladée ou en calade, ou plus simplement une calade, désigne en Provence une rue en pente pavée (de galets du Rhône ou de la Durance) ou empierrée de pierres calcaires (des Monts de Vaucluse par exemple). Quand il s'agit de pierres, celles-ci sont posées verticalement, sur la tranche.

Le verbe calader signifie paver, empierrer. L'artisan spécialisé dans le caladage des chaussées était le caladier (en occitan caladaire). On dit aujourd'hui caladeur.

Dans les campagnes, le terme calade était également employé pour désigner les aires de battage empierrées de forme ronde ou carrée, les sols de cours de maisons, les sols d'écuries.

En dehors de la Provence, on le rencontre ou rencontrait dans le Languedoc (Gard, Hérault, Aude).

Sommaire

[modifier] Origines du mot

Calade est la francisation d'un terme de la langue d'oc, calada signifiant 1/ la pierre silencieuse qui sert à paver les rues; 2/ le pavé, la rue pavée[1].

Trois hypothèses ont été émises : le mot viendrait de l’occitan calar signifiant descendre, d’une racine gauloise cal- signifiant pierre, ou enfin du latin callis désignant un chemin piétonnier étroit.

[modifier] Le matériau

[modifier] Origine

Autrefois, pour calader, on employait un matériau de provenance locale pour éviter des frais de transport. Il s'agissait de déchets de carrière, de dépouille de chantier, de matériau de démolition, de pierriers. On faisait attention à éviter la pierre gélive.

[modifier] Rangement

A partir d'un tas de pierres en vrac, on faisait trois lots :
- les pierres d'ossature : caniveaux, bordures, séparations;
- les pierres appelées à servir de marches (pierres longues et plates, enfoncées profondément dans le sol pour résister à la poussée latérale);
- les pierres de remplissage, vouées à combler les vides entre les pierres d'ossature ou entre ces dernières et les marches.

[modifier] La mise en œuvre

Les pierres étaient posées sur du remblai ou, parfois, pour éviter qu'elles ne s'enfoncent, sur d'autres pierres posées horizontalement.

Elles étaient posées de chant, fortement serrées les unes contre les autres de façon à ce que leur surface de contact soit aussi grande que possible et, ce faisant, qu'elles se bloquent mutuellement. Les interstices restants étaient comblés avec de la menue pierraille.

Bâtie sans mortier, la calade n'est pas rigide, elle peut se déformer au gré des mouvements du sol ou sous le poids des charges qui y circulent. Elle n'est pas hermétique non plus, elle laisse s'évaporer l'eau en excès dans le sous-sol.

[modifier] Le pas-d'âne

Ce terme imagé du vocabulaire du caladage (et son synonyme « pas de mule ») désigne, dans une allée déclive, les vastes paliers encaladés successifs que séparent des marches très basses (hauteur : 16-17 cm) et dont la longueur est calculée de telle sorte que le nombre de pas (1 pas = 60 cm) soit impair et qu'ainsi on aborde la marche suivante de l'autre pied. On parle de « chemin pavé à pas d'âne ».

[modifier] Autres emplois

  • La Calade est un quartier de Marseille.
  • Les habitants de Villefranche-sur-Saône sont appelés Caladoises et Caladois en référence aux calades de cette ville.

[modifier] Bibliographie

René Sette, Fabienne Pavia, Calades. Les sols de pierre en Provence, Editions le Bec en l'air, 2002.

[modifier] Notes et références

  1. Louis Alibert, Dictionnaire occitan-français, nouvelle édition, Toulouse, Institut d'études occitanes, 1977.


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