Bernadette Malgorn

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Bernadette Malgorn est une haute fonctionnaire française, actuellement secrétaire générale du ministère de l'intérieur.

Sommaire

[modifier] Biographie

Née le 19 juin 1951 à Nantes de parents militaires, elle est d'origine finistérienne.

Elle fait ses études universitaires à Rennes : licence de sciences économiques, licence d'histoire-géographie, maîtrise d'histoire.

Elle sort de l'ENA en 1975 et entame une carrière administrative :

- administratrice civile au ministère de l'intérieur,

- sucessivement directrice de cabinet des préfets de Saône-et-Loire, de Val-de-Marne, puis d'Ille-et-Vilaine,

- première assistante du représentant de la France à la Cour des Comptes des Communautés Européennes,

- secrétaire générale pour les affaires régionales en Lorraine,

- directrice adjointe du cabinet de Philippe Séguin, ministre des affaires sociales et de l'emploi,

- chargée de mission auprès du ministre de l'aménagement du territoire et des reconversions,

- sous-préfète de Dieppe,

- secrétaire générale de la préfecture de région Lorraine, préfecture de Moselle,

- préfète du Tarn-et-Garonne de 1991 à 1993,

- directrice de cabinet de Philippe Séguin, président de l'Assemblée nationale,

- le 26 septembre 1996, elle devient préfète de la zone de défense Est, préfète de la région Lorraine, préfète de Moselle.

- le 25 juin 2002, elle est nommée préfète de la région Bretagne, préfète de la zone de défense Ouest, préfète d'Ille-et-Vilaine.

- elle est depuis le 20 juillet 2006 la secrétaire générale du ministère de l'intérieur (et donc chef du corps préfectoral).

Elle a par ailleurs été nommé en 2004 présidente du Conseil d'administration de l'Observatoire national des zones urbaines sensibles et en outre est membre du Conseil d'Orientation pour l'Emploi.

Par décret du 21 mars 2008, elle est promue officier de la Légion d'honneur (chevalier du 27 avril 1997).

[modifier] Politique d'ordre public à Rennes

Elle applique depuis son arrivée à Rennes une politique en rupture avec les précédents préfets. Elle lance une croisade contre l'alcoolisation des jeunes, change la réglementation des débits de boissons et tente d'empêcher le tapage nocturne par l'envoi de compagnies de CRS dans le centre-ville.

Rennes est une ville étudiante et jeune. La tradition festive des étudiants dure depuis des décennies, toujours accompagnée de flots d'alcools. Le jeudi soir est traditionnellement très agité, c'est la dernière soirée en ville pour beaucoup de jeunes étudiants qui rentrent pour le week-end dans leur ville d'origine. La fameuse "rue de la soif" (rue St Michel) et la place Sainte Anne sont le centre des sorties. Il y a toujours eu beaucoup de tolérance avec ces débordements alcoolisés. Tradition bretonne peut-être, mais aussi intérêt économique. Le centre-ville est quadrillé de bars, restaurants, kebabs, discothèques. Les sorties étudiantes génèrent un énorme chiffre d'affaire.

Cependant, depuis quelques années, de plus en plus de riverains se plaignent : le nombre d'étudiants a augmenté, l'alcoolisation est systématique, les tapages nocturnes s'amplifient et la fête dure de plus en plus tard. De plus, une importante partie des jeunes préfère faire la fête dans la rue, les consommations en bar sont devenues très chères (elles ont a peu près doublé en dix ans) et il n'existe aucun lieu gratuit en centre-ville.

Passé une heure du matin, heure de fermeture des bars de jour c'est pire. Il y a très peu de bars de nuit en centre-ville, les autorisations administratives étant délivrées au compte-goutte. Ces bars sont très chers, 4 à 5 euros pour une simple bière. Ils sont toujours bondés et souvent très enfumés.

Dans ces conditions, la fête continue dans la rue et surtout sur la place Ste Anne. Après 1 heure, la place devient un lieu de fête en plein air, bruyant et jonché de canettes de bières.

Le bruit et les excès exaspèrent une partie des riverains qui font pression sur la municipalité et la préfecture pour chasser les fêtards. La préfète Bernadette Malgorn choisit depuis deux ans la voie de la répression pour résoudre le problème :

- Durcissement de la législation sur les débits de boissons, entre autre en amputant les heures d'ouverture de certains établissements.

- Arrêté interdisant le transport d'alcool le jeudi soir dans le centre ville.

- Envoi massif de CRS pour rétablir l'ordre.

Depuis 2003, de nombreux affrontements opposent donc le jeudi soir fêtards et CRS.

En décembre 2005 l'interdiction par la préfète de la Rave provoque une manifestation de raveurs qui dégénère en émeute.

La Rave "Trans off" a pourtant lieu depuis 10 ans en contrepoint des officielles Transmusicales et le collectif qui l'organise a reçu l'accord de la mairie de Rennes. Un terrain est même prêté par la mairie en bordure de Rennes. Comme en 2001. A l'époque il n'y avait pas eu d'incidents.

La préfecture interdit l'événement pour raison de sécurité, raisons sanitaires... Ainsi la préfecture invoque « le manque d'accès pour les secours » ou « le danger lié à la proximité avec les étangs d'Apigné » ou les ravers pourraient se noyer... La préfète déclare à Europe 1 : "Les organisateurs potentiels nous montraient qu'ils étaient incapables de nous garantir le nombre de 'sons', est-ce qu'il y en aurait 10 ou est-ce qu'il y en aurait 30, c'est-à-dire est-ce qu'il y aurait 10.000 ou 30.000 personnes". "Si on avait eu réellement 30.000 'teufeurs' qui se concentraient sur l'agglomération rennaise, moi en tant que responsable de l'ordre public, je n'étais pas en capacité de faire face à une telle situation"

[modifier] Le conflit avec Edmond Hervé et la ville de Rennes

La politique de fermeté de Bernadette Malgorn est à l'opposé de la municipalité socialiste d'Edmond Hervé qui joue la carte de la prévention depuis des années : soirées sans alcools et gratuites (soirées Dazibao), correspondants de nuit, politiques urbaines, etc.

Le conflit est de plus en plus ouvert entre préfecture et mairie depuis le déploiement de CRS dans le centre-ville.

Suite à l'interdiction de la Rave par la préfecture qui a débouché sur des violences urbaines, le maire Edmond Hervé parle "d'erreur".

Les voeux de Jean-Marie Goater conseiller municipal de Rennes à la préfète montrent bien l'ambiance : http://lesverts-rennes.ouvaton.org/article.php3?id_article=112

[modifier] Chronologie sommaire

[modifier] Juillet 2004 : durcissement de la réglementation des bars de nuit.

> Par arrêté, la préfète Bernadette Malgorn modifie les horaires de fermeture des bars de nuits dans l'objectif de faire baisser l'alcoolisation des rennais. Les établissements estampillés bars d'ambiance doivent fermer leur porte dès 3 h du matin, et non plus 4 h, comme avant.

> L’heure d’ouverture est décalée de 5h à 6h30 : ainsi les bars et les restaurants ne pourront ouvrir que 1h30 après la fermeture des discothèques évitant ainsi le phénomène des « afters ».

> La possibilité pour les maires d’accorder une heure supplémentaire aux discothèques le week-end est supprimée.

[modifier] Automne 2004 : envoi systématique de CRS dans le quartier Ste Anne le jeudi soir

Affrontements réguliers et de plus en plus violents.

[modifier] 25 novembre 2004 : première utilisation d'un canon à eau contre les fêtards

[modifier] Janvier 2005 Nouvel arrêté préfectoral

Interdiction de se déplacer une bouteille à la main dans les rues du centre ville du jeudi 21h00 au vendredi 06h00. La police confisque les bouteilles d'alcool aux fêtards.

[modifier] Février 2005, Expulsion manu militari

Évacuation sur ordre de la préfecture du squat/salle de concert "l'écluserie", en pleine trêve hivernale, par -2°C. Destruction du bâtiment dans l'heure qui suit. La trêve hivernale, selon la préfecture, "ne vaut pas pour les squats".

A noter que les associations de riverains protesteront contre cette expulsion. Le bâtiment en question était truffé d'amiante et les émanations produites lors de la destruction ont elles aussi provoquées la colère des riverains.

[modifier] Octobre à Novembre 2005, "liaisons dangereuses" entre Ouest France et la préfecture ?

Ouest France publie une série de reportages entre le 15 octobre et le 19 novembre portant sur «la Bretagne face à ses démons». Ils sont présentés comme des articles, mais sont en fait rédigés par la préfecture et le service commercial de Ouest-France : Precom. Les jeunes sont encore une fois visés à travers leurs "démons" : alcool (15 octobre), tabac (22 octobre), cannabis (5 novembre), «la fête et ses dérives» (19 novembre). Une page entière à chaque fois. Ouest France ouvre ses colonnes à la "propagande" de la préfecture contre de l'argent à quelques jours de la traditionnelle Rave des Transmusicales. Un journaliste de Ouest-France interrogé par Libération déclare : «Cette histoire est déplorable dans son principe mais aussi dans une période où la préfète mène une politique répressive vis-à-vis des jeunes et où on a plus que jamais besoin de notre indépendance».

Sources :

- http://liberation.fr/page.php?Article=346192

- http://liberation.fr/page.php?Article=347611

- http://www.ouest-france.fr/dossiers/addictions_detail.asp?idDOC=272521&idCLA=7701

[modifier] Citations de Bernadette Malgorn

Dans Le Monde du 16/01/06 ("La préfète et la rue de la soif")

"C'est assez hallucinant. Vous avez là des gens tout à fait normaux. Pas des SDF ni des marginaux, même s'il y en a quelques-uns. Non, des gens normaux : étudiants des écoles d'ingénieurs, en maîtrise ou en doctorat, qui viennent avec des sacs remplis de bouteilles. Ils commencent par des canettes pour se mettre en forme et poursuivent avec des alcools forts, comme du pastis sans eau, du rhum, de la vodka, du gin... On se rassemble, on discute. C'est quelque fois agrémenté de tam-tam, mais le sujet n'est pas là. Ces gens ingurgitent tout cela, se déshabillent, font partout... Il y a des accouplements en plein air, des hurlements... On casse tout ce qui se trouve sous la main."

"La lutte contre les consommations excessives d'alcool et de drogue n'est pas une politique de droite, mais une politique durable de l'État"

" Il y a ici un phénomène d'alcoolisation massive, donc un problème de santé publique", argumente la préfète, qui souligne aussi que les fêtes de la "rue de la soif" sont, avant tout, "illégales", puisque jouées sur la voie publique : "Quand un pauvre clochard se fait prendre par les pandores, on parle d'infraction. Pourquoi n'en serait-il pas de même avec des jeunes un peu plus éduqués ?"

[modifier] Sources

Article du Monde : "La préfète et la rue de la soif" http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3230,36-731132@45-100,0.html

Interview par Info du jour lors de son départ de Lorraine  : http://www.infodujour.com/scripts/act_det.php?actID=2226

Nouvelle réglementation pour les bars de nuit : http://www.breizhoo.fr/informations/actualite-378-nouvelle-reglementation-pour-les-bars-de-nuit.html