Bataille de Bagrévand

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La bataille de Bagrévand est une bataille qui oppose les Arméniens révoltés aux troupes du calife abbasside le 25 avril 772 ou 775[1]. Elle se solde par une défaite arménienne.

Au cours du VIIIe siècle, l'Arménie est occupée par les Arabes, qui y maintiennent une administration oppressive. La fiscalité est écrasante et la répression extrèmement sévère. La révolte gronde parmi la population exaspérée. Le naxarar Artavazd Mamikonian décide d'en prendre la tête en 771 (ou 774). Feignant la loyauté envers le calife, il se présente à Dvin pour obtenir des armes et des munitions, prétendant recruter des auxiliaires pour le compte du calife. Ainsi armé, il massacre l'officier du fisc et sa troupe et lui confisque l'argent. Mais ne pouvant songer à vaincre les armées arabes, il se réfugie avec d'autre naxarars en Géorgie.

Avec le concours de Smbat VII Bagratouni, les Arabes poursuivent Artavazd, lui reprennent une partie des fonds, mais échouent à le capturer[2]. Le gouverneur arabe profite de la révolte pour redoubler les impôts. Mouchel Mamikonian se réfugie dans les montagnes et tient en échec les troupes qui cherchent à le capturer, tuant même à l'occasion des officiers du fisc. Dans une opération de guérilla, il parvient même avec une troupe de quelques centaines d'hommes à battre la garnison de 4000 hommes de Dvin, lors d'un affrontement à Bagavan.

Cette réussite incite tous les naxarars à se joindre à la révolte. Évitant d'assiéger Dvin, les Arméniens mettent le siège devant Erzurum pendant l'hiver 771-2 (ou 774-5), mais sans succès. Les révoltés ne peuvent compter que sur eux-mêmes, l'empereur byzantin Constantin V étant occupé à combattre les Bulgares. Smbat Bagratouni, qui a rejoint la révolte, prêche la soumission aux Arabes.

Au printemps 772 (ou 775), le calife Al-Mansur, décidé à en finir avec la révolte, envoie une armée de trente mille hommes, commandée par le général 'Amr. Prévenus, les princes arméniens refusent de croire la nouvelle, persuadés qu'il s'agit d'une manipulation pour les démobiliser, et continuent à guerroyer isolément. Ainsi Hamazasp Arçrouni attaque Ardjech, tenue par une garnison arabe, et ne tient pas compte des messagers qui lui annoncent l'arrivée d'une armée arabe importante. Sa troupe est littéralement anéantie le 15 avril 772 (ou 775).

Dix jours plus tard, une troupe de cinq mille hommes occupée à assiéger à nouveau Erzurum se porte à la rencontre de l'armée arabe. La rencontre a lieu à Bagrévand. Après un petit succès arménien, les troupes arabes se ressaisissent. L'infanterie arménienne composée principalement de paysans tombe rapidement, mais la chevalerie se bat avec fougue et sans reculer, mais sans succès. Le soir, trois mille hommes gisent sur le champ de bataille. Parmi les tués figurent Smbat Bagratouni, Mouchel Mamikonian et Vahan Gnouni.

Forts de leur victoire, les Arabes occupent militairement l'Arménie, prenant les places fortes les unes après les autres, persécutant les religieux et pillant les églises. Les Mamikonian disparaissent politiquement dans la tourmente, et les Bagratouni s'emparent de leurs domaines, dont le Taron, mais doivent renoncer à leurs domaines de l'Arménie médiévale. Les Arçrouni, n'ayant pas participé à la bataille car vaincus dix jours avant, et ayant fait exécuter deux frères Mamikonian réfugiés dans le Vaspourakan, rentrent en grâce très rapidement. Les maisons Kamsarakan et Gnouni sortent également de la révolte amoindries et ne tardent pas à disparaître.

[modifier] Sources

[modifier] Notes et références

  1. La bataille est mentionnée par les chroniqueurs arméniens qui n'en donnent toutefois pas l'année. Actuellement, les historiens hésitent entre :
  2. Artavazd Mamikonian se réfugie à Byzance ; il devient stratège des Anatoliques en 778 et est le grand-père de l'impératrice Théodora.