Ballades de Chopin

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Les quatre ballades pour piano de Frédéric Chopin ont été composées entre 1831 et 1842.

Bien que la ballade était une forme lyrique existante depuis le Moyen Âge (en tant que pièce vocale accompagnée), le terme fut ensuite surtout utilisé pour désigner le genre poétique du même nom, genre que les poètes romantiques remirent au goût du jour durant le XIXe siècle. C'est de cet héritage littéraire que Chopin s'inspire vaguement (Chopin n'avait pas pour habitude de s'inspirer d'œuvres littéraires pour ses pièces musicales, contrairement à Schumann ou Liszt) pour la composition de ces ballades, première ballades purement instrumentales de l'histoire, ou en tous cas les premières à porter ce nom. En effet, la ballade est un genre formellement très libre qu'un novice pourra comparer à une fantaisie voire à un nocturne. Si l'on extrapole, on peut dire que c'est un mélange des deux, mais il est impossible d'en donner une définition précise et rigoureuse, et il semble que si Chopin les a appelés ainsi, c'est, selon Schumann, pour rendre hommage à son compatriote, le poète polonais Mickiewicz, illustre compositeur de ballades poétiques.[réf. nécessaire] Hypothèse qui reste néanmoins peu probable pour les raisons évoquées précédemment.

Il n'y a pas de réel lien entre les quatre ballades qui ne se ressemblent véritablement sur aucun point.

Sommaire

[modifier] Ballade n°1 en sol mineur, op.23

Composée en 1831 et 1835 à Vienne et Paris, et éditée en 1836 sous le titre d'éditeur « La favorite » (sans consulter Chopin). Elle est dédié au Baron de Stockhausen, ambassadeur de Hanovre.

La ballade préférée de Chopin, qui plaisait également beaucoup à Schumann. Liszt voyait en elle une « odyssée de l'âme de Chopin », ballade au ton majoritairement plaintif mais sans mièvrerie aucune. Elle sonde tous les sentiments, bonheur, mélancolie, tristesse, allégresse, et passe de l'un à l'autre avec brio avant d'en revenir au ton initial, sombre, grave et déchirant. Son exécution requiert une solide technique.

Cette ballade connut un regain de popularité auprès du grand public suite à sa présence dans le film Le pianiste de Roman Polanski.

[modifier] Ballade n° 2 en fa majeur, op.38

Composée entre 1836 et 1839, à Nohant et Majorque, et éditée en 1840 sous le titre d'éditeur « La gracieuse » (sans consulter Chopin). Elle est dédiée à Schumann, qui lui-même avait dédié ses Kreisleriana à Chopin.

Ballade alternant rêveries douces et envolées sauvages et passionnelles : pleine de contrastes, il était logique qu'elle plaise énormément à Schumann, dont le langage musical en était empli. Néanmoins, d'après son propre témoignage, il l'aurait trouvée, lors de la première audition, plutôt fade, car Chopin aurait omis toutes les parties dramatiques pour ne garder que les thèmes tranquilles de l'œuvre.[réf. nécessaire] Selon lui, encore, elle aurait été inspirée à Chopin par un poème de Mickiewicz, Le Switez, mais c'est peu probable. Heinrich Probst (l'éditeur allemand de Chopin) voulait l'intituler « Ballade Polonaise » ou « Ballade des Pèlerins » en Allemagne.

[modifier] Ballade n°3 en la bémol majeur, op.47

Composée en 1840 et 1841 à Paris et Nohant, et éditée à Paris en 1841 et à Londres en 1842. Elle est dédiée à Pauline de Noailles, une élève de Chopin. Sa première audition publique eut lieu le 21 février 1842 dans les salons Pleyel à Paris. Chopin lui-même en était l'interprète.

Ballade différant des précédentes et de la suivante par son caractère chantant et sa fraîcheur poétique, même si comme de coutume chez Chopin on y discerne quelques éclairs ténébreux et des relents d'angoisse, effacés par la gaieté du final.

Une interprétation se base sur un poème de Mickiewicz, "Ondine", racontant l'histoire désespérée d'un chevalier amoureux d'une déesse païenne. La fin heureuse traduirait alors l'idéal ne pouvant jamais être atteint.

[modifier] Ballade n°4 en fa mineur, op.52

Composée en 1842 à Paris et Nohant, et éditée en 1843. Elle est dédiée à la baronne Nathaniel de Rothschild.

Un des sommets de l'écriture harmonique chopinienne, et un des grands chefs-d'œuvre du répertoire pianistique romantique. Chopin y superpose deux thèmes, l'un triste et le second plus serein, en évitant tout antagonisme, on y retrouve l'alternance de sentiments divers traversés par un art absolu de la polyphonie.