Baïanisme

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Le baïanisme est une doctrine catholique qui est à l'origine du Jansénisme et qu'il sert à désigner dans les ouvrages du temps . Il a été développé par Michel de Bay (1515-1589) dit Baius, principal du collège de Standock à l'université de Louvain, en Belgique, qui entreprit de reprendre l'étude de la théologie, uniquement à partir des Saintes-Écritures et de Pères de l'Église, tout particulièrement de la pensée d'Augustin d'Hippone (Saint Augustin) et en abandonnant la méthode de discussion scolastique de saint Thomas d'Aquin.

[modifier] Doctrine

Le baänisme revêt une forme doctrinale qu'on peut résumer aux points suivants :

  1. L'homme a été créé à l'état de perfection avec la grâce de Dieu, mais, depuis le péché originel, il est devenu une créature privée de sa propre nature parfaite, et qui n'est plus capable que de pécher et tend vers le Mal de façon naturelle. Cette vision de l'homme est proche de celle du calvinisme, bien que Baïus s'en défende.
  2. Depuis la chute, personne ne naît sans l'imperfection du péché, ce dont attestent les peines que Marie et les saints ont soufferts.
  3. L'homme a été créé par la libre volonté, c'est-à-dire la grâce de Dieu, mais non pas le Mal qui ne peut pas être l'oeuvre de Dieu ni comme créature directe, ni comme une nécessité inscrite dans l'homme. Le péché est un effet de la liberté de l'homme, c'est-à-dire de sa propre volonté. Il s'ensuit que l'homme a changé sa nature et qu'il subit maintenant la nécessité de ses envies et de ses émotions; qu'il n'a plus toute faculté de décider et d'agir et qu'il a perdu la grâce.
  4. La charité peut se rencontrer chez un homme qui n'a pas reçu la rémission de ses péchés, ou même chez celui qui n'a pas été baptisé ou qui est infidèle, en sorte que le péché ne peut pas être remis par une contrition parfaite, c'est-dire à la fois sincère et accompagnées des oeuvres de pénitence si l'on n'a pas reçu naturellement le baptème et la grâce.

[modifier] Condamnation

Les ouvrages de Baïus furent attaqués par des théologiens du Pays-Bas, et particulièrement par des franciscains qui lui reprochaient de contredire Dun Scott et qui tirèrent de ses livres dix-huit propositions qu'ils adressèrent pour avis à la faculté de théologie de Paris qui censura ces propositions.

Le cardinal de Granvelle, gouverneur des Pays-Bas, imposa le silence aux partisans de Baïus et à ses détracteurs et écrivit à Philippe II d'Espagne d'ouvrir une information.

Tous ses écrits furent examinés et il en fut tiré soixante-seize propositions afin qu'elles soient soumises au Saint-Siège.

Le pape Pie V condamna l'ensemble des propositions, sans nommer Baïus et tout en précisant que certaines d'elles pouvaient être soutenues si on s'en tenait à la lettre des termes et à l'intention de celui qui les avait prononcées.

Cette précision fut la cause que Baîus accepta de les rétracter, mais tout en précisant que c'était selon l'intention de la Bulle et de la manière dont la bulle les condamnait. Il s'ensuivit que la polémique s'amplifia, et que Jansénius qui avait été son élève, reprit les éléments principaux de sa doctrine pour composer l'Augustinus.

[modifier] Sources

  • Abbé Pluquet, Dictionnaire des hérésies, des erreurs et des schismes, 1768, chez Didot le Jeune, avec approbation et privilège, 2 in-12°.
  • Sylvestre de Sacy, V° "Baïus", in Biographie universelle, dir. Michaud , III, 245