Auschwitz ou le grand alibi

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Auschwitz ou le grand alibi est un article publié en 1960 dans Programme communiste, la revue du Parti communiste international (PCI), plusieurs fois réédité sous forme de brochure. La paternité de ce texte est généralement attribuée à Amadeo Bordiga lui-même.

[modifier] Thèse

Selon le ou les auteurs de cet article, les nazis n'ont pas tant exterminé les Juifs parce qu'ils étaient Juifs, que parce qu'ils constituaient une fraction importante de la petite bourgeoisie, classe condamnée à disparaître « par l'avance irrésisti­ble de la concentration du capital. » L'antisémitisme moderne aurait été créé par cette même petite bourgeoisie pour se préserver en tant que classe, quitte à sacrifier une partie de ses membres. Le grand capital allemand, confronté à la crise économique, y aurait vu une aubaine : « il pouvait liquider une partie de la petite bour­geoisie avec l'accord de la petite bourgeoisie ; mieux, c'est la petite bourgeoisie elle-même qui se chargeait de cette li­quidation. »

Les nazis tentèrent tout d'abord de se débarrasser des Juifs en les expulsant, mais aucun autre pays n'était prêt à les accueillir, puisqu'eux aussi étaient confrontés au même genre de problème avec leurs petites bourgeoisies. La guerre aggravant encore la situation, le grand capital allemand aurait alors été contraint d'organiser leur mise à mort.

Après la guerre, les « démocraties anti-fascistes » se seraient servi de la Shoah comme d'une propagande destinée à démobiliser la classe ouvrière, en lui faisant croire qu'il existe une différence de nature entre elles et le fascisme, et en lui faisant oublier, par l'exhibition des reliques de l'Extermination, que celle-ci découle de la même logique du capitalisme à laquelle elles aussi obéissent. Dans cette perspective, les exhortations à combattre le fascisme au nom de la démocratie seraient un leurre destiné à faire oublier au prolétariat que son véritable ennemi est et demeure le système capitaliste : c'est en ce sens qu'Auschwitz, pris comme symbole de la barbarie nazie, serait le « grand alibi » des démocraties capitalistes[1].

[modifier] Réception

Les thèses d'Auschwitz ou le grand alibi ont été contestées et dénoncées par plusieurs organisations d'extrême gauche, notamment celles qui se proposent comme principal objectif la lutte contre l'extrême droite[2].

Par ailleurs, Pierre Guillaume, qui fut proche des milieux bordiguistes, en fit la première pierre de l'œuvre négationniste à laquelle il devait se consacrer par la suite (et désavouée par le PCI). Ce qui a fait dire à certains (notamment Valérie Igounet et, de façon plus mesurée, Pierre Vidal-Naquet) que cette brochure constituerait le texte fondateur du négationnisme de gauche[3].

Ces conclusions sont vivement contestées par le PCI[4].

[modifier] Notes et références

  1. « Auschwitz ou le grand alibi », Programme communiste, 1960.
  2. « Nouvelles attaques contre Auschwitz ou le grand alibi », Le Prolétaire, n°454, juillet-août 2000.
  3. « 2. De la Vieille Taupe et des cannibales », extrait des Assassins de la mémoire de Pierre Vidal-Naquet sur le site anti-rev.org
  4. « Nouvelles attaques contre Auschwitz ou le grand alibi », Le Prolétaire, n°454, juillet-août 2000.