Assur (dieu)

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Sceau-cylindre et son empreinte, représentant une scène mythologique : Assur attaquant un monstre est acclamé par une déesse. Stéatite, Assyrie, IXe-VIIIe siècle av. J.-C.
Sceau-cylindre et son empreinte, représentant une scène mythologique : Assur attaquant un monstre est acclamé par une déesse. Stéatite, Assyrie, IXe-VIIIe siècle av. J.-C.

Assur est la divinité tutélaire de la ville d'Assur, et de l'Assyrie.

À l'origine, Assur est peut-être la divinisation de l'éperon rocheux sur lequel est bâtie la ville d'Assur, et sur lequel se trouve justement son temple. Le caractère propre à Assur est difficile à définir ; c'est peut-être à l'origine une divinité de la fertilité.

Dès les premiers temps de la cité-état d'Assur, dans la première moitié du IIe millénaire av. J.-C., Assur est présenté comme le véritable roi de la ville, le souverain humain n'étant qu'un prince (rubūm), ou, plus révélateur, le « vicaire d'Assur » (iššiak Aššur). Si à partir de la seconde moitié du IIe millénaire les rois assyriens prennent le titre de « roi » (šarru), cette relation ne change pas, comme le marque le fait que, à chaque couronnement d'un nouveau roi, on proclame « Assur est roi ! », pour signaler que le dieu est le véritable maître du royaume. Il existe donc une relation particulière entre le dieu et l'Assyrie. Le roi n'est que l'exécutant des volontés d'Assur, et effectue les conquêtes pour la gloire de ce dieu, souvent sous ses injonctions, et bien sûr sous sa protection. Assur est donc devenu une sorte de « divinité impérialiste » au fur et à mesure que l'Assyrie a affirmé ses ambitions à la domination universelle.

Assur a été identifié aux principales divinités du panthéon mésopotamien, en premier lieu Enlil, roi des dieux. Il fut aussi identifié à Anshar (par similitude phonétique), divinité primordiale de la tradition mésopotamienne. Il prend ensuite des traits de Mardouk, dieu de Babylone, quand celui-ci devient prépondérant à la fin du IIe millénaire. Au VIIe siècle av. J.-C., une version de l'Enuma Elish est écrite à Assur, substituant Assur à Mardouk, et on transposa la fête du Nouvel An babylonienne à Assur. Un autre texte, l'Ordalie de Marduk, raconte comment Mardouk est jugé par un tribunal des dieux présidé par Assur.

Il y a donc eu un courant cherchant à affirmer la suprématie d'Assur sur Mardouk en même temps que l'Assyrie imposait sa domination sur Babylone. À l'apogée de l'empire assyrien aux VIIIe-VIIe siècles, Assur est une divinité supérieure aux autres, et il semble même que parfois les autres divinités tendent à être considérées comme des parties d'Assur. Par un jeu d'écriture courant en Mésopotamie, on a appuyé cet aspect en jouant sur le nom d'Anshar, qui est marqué par des signes cunéiformes ayant à la fois une valeur phonétique et une valeur idéographique : AN (= DINGIR, « le dieu ») et ŠAR (= 3600 = « la totalité », « l'infini »), et Assur devient « le dieu de la totalité ».

Le culte d'Assur est pourtant resté limité à l'Assyrie, et il ne se répandit jamais en dehors de ce pays, duquel il était trop indissociable. Son culte perdure après la chute de ce royaume en 612, la ville d'Assur vénérant toujours un dieu nommé Assor selon les sources grecques de l'époque hellénistique. Il disparaît ensuite avec la ville quand celle-ci est abandonnée.