Armée rouge japonaise

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Armée rouge japonaise
Nihon Sekigun, Japanese Red Army
Classification
Communiste / Socialiste
Objectifs
Révolution mondiale
Statut
En sommeil
Victimes
30 morts / 110 blessés / 15 attentats
Fondation
Date de formation 1971
Pays d'origine Japon
Fondateur Fusako Shigenobu
Force
Nombre 40 membres
100 sympathisants
Zone d'opération Japon, Asie, Moyen-Orient, Europe
Dernière attaque 14 avril 1988
Financement
Attaques de banques
Filiation
Chefs principaux
Fusako Shigenobu, Yukiko Ekita, Osamu Maruoka
Groupes Reliés
Ligue communiste japonaise
Fraction armée rouge
Brigade internationale anti-impérialiste
Front populaire de libération de la Palestine

L'Armée rouge japonaise (日本赤軍, Nihon Sekigun, JRA, acronyme international pour Japanese Red Army) est un groupe terroriste d'extrême gauche japonais fondé par Fusako Shigenobu en février 1971 après s'être séparé de Ligue communiste japonaise - Fraction armée rouge.

Le groupe avait environ 40 membres et une centaine de sympathisants à son apogée et était l'un des groupes terroristes les plus craints dans le monde.

Le JRA avait des liens étroits avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Dans les années 1980, la JRA n'était plus active au Japon et était presque entièrement dépendant du FPLP pour son financement, son entraînement et son armement.

Les objectifs de la JRA était de renverser le Gouvernement japonais et sa monarchie et de commencer une révolution mondiale.

La JRA est aussi connu en tant que Brigade internationale anti-impérialiste, Nippon Sekigun, Nihon Sekigun, Brigade de la guerre sainte et Front démocratique anti-guerre.

Sommaire

[modifier] Historique

En 1971, L'Armée rouge unie (Rengo Sekigun ou United Red Army) est créée par la fusion des restes de la Fraction armée rouge et d'un groupuscule, le Keihin Joint Struggle Commitee against the US-Japan Security Treaty (Keihin Anpo Kyoto). Les premiers apportaient des capitaux financiers tandis que les autres, anciens membres expulsés du Parti communiste, apportaient des armes.

Après le célèbre détournement en mars 1970 d'un avion de la JAL vers la Corée du Nord, et suite à la vague d'arrestations, notamment celle de Fusako Shigenobu, le mouvement se déploie au Moyen-Orient. Relâchée en 1971, Fusako part au Liban où le groupe trouvera un appui auprès du Front populaire de libération de la Palestine. Pendant un temps, le mouvement prendra le nom d'Armée Rouge Arabe. C'est sous ce nom que sera revendiqué le massacre de l'aéroport de Lod en Israël.

En 1972, le mouvement pratique une purge violente de ses membres (14 de ses membres en sont victimes) avant de subir un large coup de filet des forces de police japonaises : la plupart des membres sont arrêtés. Par la suite, le sectarisme prononcé du mouvement entache sa légitimité et nuit au recrutement de nouveaux membres. À partir de 1974, c'est le nom d'Armée rouge japonaise qui prédomine.

Les actions terroristes et sanglantes du mouvement durent de 1970 à 1977 avec bien souvent face à eux un gouvernement japonais prêt à toutes les concessions.

À partir des années 1980, en raison du manque de soutien, le mouvement renonce au terrorisme et s'engage dans la propagande. Mais ses membres continuent de s'entraîner militairement au Liban. En 1982, lors de l'attaque israélienne au Liban, l'Armée rouge perd ses bases de Beyrouth et doit se retirer dans la plaine de la Bekaa. À partir de 1986, sous le nom de Brigade internationale anti-impérialiste, des membres de l'Armée rouge revendiquent les attaques des ambassades occidentales.

Depuis les années 1990, le mouvement semble être en sommeil et certains évoquent l'hypothèse d'un déplacement vers l'Asie, et notamment la collaboration avec la guérilla communiste philippine, la Nouvelle armée du peuple. Les autorités japonaises surveillent tout signe de réapparition du mouvement.

[modifier] Idéologie terroriste

L'Armée Rouge Japonaise est un groupe terroriste d'extrême gauche. Son idéologie est dérivée principalement des théories marxistes-léninistes. Cependant sa particularité est d'y avoir mélangé une dose de nationalisme japonais en y intégrant des éléments culturels propres, comme l'éthique samourai. Cette influence est en parti dû au chef du mouvement, Fusako Shigenobu, dont le père, professeur de sciences était militant d'un groupuscule d'extrême droite avant de devenir membre du Parti communiste japonais.

Proche du Parti communiste japonais, l'Armée rouge japonaise militait avant tout pour des revendications sociales au plan national, dans le cadre d'une vaste révolution mondiale.

[modifier] Actions terroristes

Dans les années 1970 et 1980, L'Armée rouge japonaise a commis un très grand nombre d'attentats dans le monde entier :

  • 31 mars 1970 : l'Armée rouge détourne un Boeing 727 d'un vol intérieur de la Japan Airlines à l'aéroport international de Tokyo. 8 membres de l'Armée Rouge brandissent des katanas et portent une bombe. L'avion a dû voler jusqu'à Fukuoka puis vers l'aéroport de Gimpo de Séoul, où tous les otages ont été libérés. Enfin, l'avion s'est rendu en Corée du Nord, où les terroristes ont libéré l'équipage. Tanaka est l'un des neuf membres de l'Armée Rouge à avoir été accusé de ce détournement mais il est le seul à avoir été condamné. 3 des complices de Tanaka meurent plus tard en Corée du Nord et 5 continuent d'y vivre. Selon l'Agence nationale de la police japonaise, un autre complice serait mort en Corée du Nord.
  • 30 mai 1972 : massacre de Lod Airport. L'attaque à la grenade et au pistolet-mitrailleur de l'aéroport israélien Lod Airport de Tel-Aviv a tué 26 personnes et en a blessé 80 autres. Deux des trois terroristes se sont tués eux-mêmes avec les grenades. Certains pensent que cet acte a inspiré par la suite les attaques suicides palestiniennes.
  • Juillet 1973 : les membres de la JRA dirigent des combattants du FPLP dans le détournement d'un avion de ligne japonais de la compagnie Japan Airlines (JAL) au-dessus des Pays-Bas. Les passagers et l'équipage sont libérés en Libye, où les terroristes font exploser l'avion.
  • Janvier 1974 : incident de Laju. L'Armée rouge attaque une raffinerie de Shell à Singapour et prend 5 otages. Simultanément, le FPLP investit l'ambassade japonaise du Koweït. Les otages sont échangés pour une rançon et un sauf-conduit pour le Yémen dans un avion de la compagnie Japan Airlines.
  • 13 septembre 1974 : l'ambassade de France de La Haye aux Pays-Bas est attaquée. L'ambassadeur et 10 autres personnes sont prises en otage et trois policiers hollandais sont blessés par balles. Après de longues négociations, les otages sont libérés contre la libération d'un membre emprisonné de la JRA (Yatuka Furuya), 300 000 dollars et l'utilisation d'un avion. L'avion emporta les terroristes tout d'abord à Aden, au Sud-Yémen, où ils n'ont pas été acceptés puis en Syrie. La Syrie ne cautionna pas ces prises d'otage et força le groupe terroriste à abandonner leur rançon.
  • Août 1975 : l'Armée rouge prend plus de 50 otages lors de la prise du consulat des États-Unis et de l'ambassade de Suède à Kuala Lumpur, capitale de la Malaisie. Parmi les otages se trouvent l'ambassadeur américain et le chargé d'affaires suédois. Les terroristes obtiennent la libération de 5 de leurs membres emprisonnés et s'enfuient avec eux par avion.
  • Septembre 1977 : l'Armée rouge pirate le vol 472 de la Japan Airlines au-dessus de l'Inde et le force à atterrir à Dacca au Bangladesh. Le gouvernement japonais libère six membres emprisonnés et paye une rançon de 6 millions de dollars.
  • Décembre 1977 : un membre de l'Armée rouge pirate le vol 653 de la Malaysia Airlines. Parmi les passagers se trouvait l'ambassadeur cubain à Tokyo, Mario Garcia. Le Boeing 737 s'écrasa en tuant tous les passagers après que le terroriste eut tué les pilotes et se fut suicidé.
  • Mai 1986 : l'Armée rouge attaque au mortier les ambassades du Japon, du Canada et des États-Unis à Jakarta en Indonésie.
  • Juin 1987 : l'Armée rouge attaque au mortier les ambassades des États-Unis et d'Angleterre à Rome en Italie.
  • Avril 1988 : l'Armée rouge attaque à la bombe un club pour militaires américains (USO) à Naples, en tuant 5 personnes.
  • Le même mois, Yu Kikumura est arrêté avec des explosifs sur l'autoroute New Jersey-Turnpike apparemment dans l'intention de commettre un attentat lié à celui contre l'USO. Il est condamné sur cette base.
  • L'Armée rouge lance une série de 17 attentats sur des bâtiments appartenant à des grandes compagnies, dont Mitsui & Co. et Taisei Corp, en blessant 20 personnes. 8 personnes sont tuées dans l'attentat à la bombe du bâtiment du siège de Mitsubishi Heavy Industries Ltd. à Tokyo.

[modifier] Membres

  • Haruo Wako, ancien leader, arrêté en février 1997.
  • Osamu Maruoka, ancien leader, arrêté en novembre 1987. Son arrestation dévoile l'existence d'une organisation entre le Japon et les Philippines, le Front démocratique anti-guerre.
  • Fusako Shigenobu, fondatrice et leader. Arrêtée en nomvembre 2000 à Osaka. Cette arrestation a été surprenante car l'on pensait qu'elle vivait au Liban. Shigenobu est accusée d'avoir orchestré les attaques, les enlèvements et les détournements d'avion. Elle a aidé à la planification de l'attentat de Lod Airport. Elle fut surnommée par les journalistes la « terroriste la plus crainte dans le monde ». La justice japonaise l'a condamnée à 20 ans de prison en février 2006. [1]
  • Yu Kikumura a été arrêté avec des explosifs sur le New Jersey-Turnpike et a été condamné à 22 ans de prison aux États-Unis.
  • Yoshimi Tanaka a été condamné à 12 ans de prison pour un détournement d'avion qui s'était terminé en Corée du Nord.
  • Yukiko Ekita, une vieille activiste de la JRA, a été arrêtée en mars 1995 en Roumanie et a été extradée au Japon. Elle a été condamnée à 20 ans de prison pour des meurtres et des violations de la loi sur les explosifs lors d'une série d'attentats à la bombe contre des grandes compagnies en 1974 et 1975. Le procès de Ekita commença en 1975 mais fut suspendu lorsqu'elle sortit de prison en 1977. Sa libération faisait partie des négociations avec la JRA lors du détournement d'un avion japonais vers le Bangladesh.
  • Kozo Okamoto était l'un des membres impliqués dans l'attaque de l'aéroport israélien de l'aéroport de Lod en 1972, aujurd'hui appelé Aéroport International Ben Gourion. Il a été emprisonné en Israël après cette attaque. En mai 1985, il a été libéré lors d'un échange de prisonniers entre les forces palestiniennes et israéliennes. Il a par la suite été emprisonné 3 ans au Liban pour avoir produit de faux visas et de faux passeports. Les autorités libanaises lui ont donné asile en 1999 car il combattait Israël.
  • Masao Adachi, Kazuo Tohira, Haruo Wako, et Mariko Yamamoto ont aussi été emprisonnés au Liban puis envoyés en Jordanie. Comme les autorités jordaniennes ont refusé de les laisser entrer, ils ont été envoyés au Japon. En janvier 2005, Yamamoto a été arrêté pour vol dans un supermarché à Tokyo.
  • Le gouvernement japonais espère pouvoir faire extrader de Corée du Nord de nombreux autres membres qui y ont trouvé refuge. Cette question est au cœur des difficultés diplomatiques entre Pyongyang et Tokyo.

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources

  1. « Fondatrice de l'Armée rouge japonaise condamnée à 20 ans », 7sur7, 23.02.06.

[modifier] Références

[modifier] Bibliographie

  • Les Fanatiques : Histoire de l'armée rouge japonaise, Michaël Prazan, Seuil, 2002, ISBN : 2020486865