Areine

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Œil de l'areine de Richonfontaine, rue Mère Dieu, Liège 50° 38′ 50″ N 5° 34′ 36″ E / 50.647092, 5.576715
Œil de l'areine de Richonfontaine, rue Mère Dieu, Liège 50° 38′ 50″ N 5° 34′ 36″ E / 50.647092, 5.576715

Une areine (il existe plusieurs orthographes : arène, araine, ...), en région liégeoise, désigne une galerie creusée au pied d'une colline, destinée à évacuer l'eau et permettre l'exploitation de la houille. On parle aussi de galerie d'exhaure (à Liège, de xhorre).

Le débouché s'appelle œil de l'areine, il se situe au point le plus bas possible de manière à drainer un maximum d'eau. Le point de rencontre entre l'areine et une mine s'appelle steppement, les diverticules sont appelés rotices. Une areine couvre un district repérable grâce au niveau de sa 'mer d'eau' et est séparée des autres areines par des serres (zones d'exploitation interdites) ou des failles.

Sommaire

[modifier] Histoire

Les premières areines furent créées dès le XIIIe siècle et firent l'objet d'une législation complexe. Les houillères de la région liégeoise seraient exploitées depuis 1198.

Il y avait quatre franches areines qui servaient également à l'alimentation en eau de la ville :

  • l'areine du Val Saint-Lambert, qui fut 'abattue', après négociations avec les principaux intéressés (exploitants, areiniers, meuniers, ...) sur l'areine de la Cité en 1697 par le Conseiller Roland,
  • l'areine de Messire Louis Douffet,
  • l'areine de la Cité,
  • l'areine Richeronfontaine (parfois appelée Richonfontaine, 'richeri fons' 1244).

Les autres (une trentaine) étaient dites bâtardes, elles ne servaient qu'au démergement. À partir de 1687, la Société des Fontaines Roland assura (également) l'alimentation en eau de la ville à partir de captages par galeries drainantes dans la craie de Hesbaye du plateau de Ans.

Les exploitants de houille (qui creusaient des bures dans les collines) payaient un droit (le cens d'areine) au propriétaire de l'areine, souvent sous forme de sacs de houille (1/80 du produit brut des extractions (1,25 pour cent) sur la rive gauche et 1 pourcent sur la rive droite). Le payement de ce cens d'areine servait également plus ou moins de droit d'exploitation jusqu'à l'introduction d'un système de concessions par l'État après la Révolution française.

La mise en place de ce système d'exhaure ingénieux rendit les mines plus sûres. Auparavant, les premières exploitations extrayaient la houille proche de la surface et facilement accessible. Lorsque leurs travaux étaient envahis par les eaux, l'exploitation était abandonnée et on creusait un nouveau puits dans les environs. Il arrivait fréquemment que les mineurs soient victimes d'un coup d'eau en tentant d'exploiter des veines inférieures. L'eau accumulée au dessus de leur tête faisait brutalement irruption dans les galeries, ne leur laissant aucune chance.

Le système continua d'être utile après l'introduction des pompes à vapeur de Thomas Newcomen vers 1727 car il réduisait grandement la hauteur à laquelle il fallait remonter les eaux.

[modifier] Quelques areines

On a pu dénombrer une quarantaine d’areines entre Jemeppe et Vivegnis, sans compter celles de la rive droite de la Meuse et celles des mines du plateau de Herve

Pour la partie principale du bassin minier liégeois, entre Jemeppe et Oupeye, le baron Louis-Marie-Guillaume-Joseph de Crassier (7 février 1772 -- 13 mars 1851)[1], dans son Traité des arènes..., cite quinze areines principales, d'amont vers l'aval :

Seule celle de Richeronfontaine semble faire l'objet d'une préservation (elle a été redécouverte dans les années 1950s lors de la réhabilitation du quartier après les bombardements de la Seconde Guerre mondiale). La plupart sont probablement intégrées au réseau d'égouts actuel. Des travaux sont réalisés, début du XXI-ième siècle, afin d'éviter la dilution des eaux usées avant leur traitement en station d'épuration.

[modifier] Législation

La législation visait le règlement d'une taxe par les houilleurs aux areiniers, mais aussi la sécurité de l'alimentation en eau de la cité. Ainsi, il était interdit d'abattre l'eau des areines franches (en creusant plus bas) sous peine de vie et de confiscation des biens. Un tribunal spécial, la Cour des Voirs-Jurés de charbonnage assurait la surveillance des installations, statuait sur les (nombreux) conflits entre les exploitants, les propriétaires, les areiniers, ... et prenait acte dans des Records. Elle comptait quatre membres dès avant 1355. Ce nombre fut porté à sept en 1487. La cour se composait de mineurs judicieux et expérimentés qui passaient un examen et agissaient, sous l'autorité des Échevins de la ville de Liège, en toute indépendance. Elle fut abolie lors de la Révolution française de 1789.

De temps à autre, la législation fut remise à jour :

  • Paix de Waroux (12 octobre 1355).
  • Règlement de Heinsberg (15 juillet 1424),
  • Paix de Saint-Jacques (5 avril 1487).
  • En 1582, l'Édit de Conquête autorise celui qui parvient à exhaurer un gisement à l'exploiter lui-même (moyennant une redevance) si le propriétaire des lieux est dans l'incapacité de le faire lui-même.
  • L'édit du prince Ernest de Bavière (11 janvier 1600).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. H. Helbig dans Biographie nationale, t. IV, col. 490-493, Bruxelles, H. Thiry, 1873
  2. Eaux et fontaines, p. 284
  3. ?, L'areine de la Cité, les fontaines du marché et du palais à Liège dans Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, tome XV, Liège, Léon de Thier, 1880, pages 113-221.

[modifier] Sources et liens externes

  • [1] Traité des arènes construites au Pays de Liége, pour l'écoulement et l'épuisement des eaux dans les ouvrages souterrains des exploitations de mines de houille, de Crassier, 1827
  • Eaux et fontaines publiques à Liége depuis la naissance de la ville jusqu’à nos jours, ..., Théodore Gobert, 1910
  • [2] Descriptions des arts et métiers, faites ou approuvées par Messieurs de l'Académie royale des sciences de Paris, 1780
  • Étude historique, géologique et économique d'un site souterrain d'archéologie industrielle : l'areine de Richeronfontaine à Liège (Belgique) par Alphonse Doemen (dans Archéologie et histoire en milieu souterrain, actes du deuxième Congrès international de subterranologie, Mons (Belgique), 2-4 août 1997, 1998
  • (de) [3] Horst Kranz, Bergbau und Umwelt in Lüttich, Entstehung eines neuen Gewerbes im Mittelalter. ([4] plan et vues des XVIIième et XVIIIième de l'areine de Richonfontaine)
  •  ?, L'areine de la Cité, les fontaines du marché et du palais à Liège dans Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, tome XV, Liège, Léon de Thier, 1880, pages 113-221.
  • L'araine de Richeronfontaine, du puits de Païenporte au couvent des Frères Mineurs, Georges Gabriel dans: Studium et Museum - Mélanges", Remouchamps, Éditions du Musée de la Vie Wallonne, Liège, 1996, p.41-57. (traite essentiellement du Puits de Païenporte)
  • [5] Note sur la Cour des Voirs-Jurés de Charbonnage dans Annales des travaux publics de Belgique (1857)
  • [6] Notice sur la jurisprudence en pays de Liège concernant les mines de charbon de terre, ou houille dans Voyages Métallurgiques, ... de Gabriel Jars, 1774
  • [7] Travaux récents de l'AIDE (Association Intercommunale pour le Démergement et l'Épuration) pour mener les eaux de Gersonfontaine à la Meuse.
  • Huit siècles de houillerie liégeoise, histoire des hommes et du charbon à Liège, Claude Gaier, Éditions du Perron, Liège, 1988. ISBN 2-87114-031-6
  • [8] Le bassin minier de Liège, Claude GAIER, (2008?).
  • [9] Domaine de la Chartreuse —> areine des Chartreux, Fabrice Muller, (2007-2008).