Antonius Primus

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Marcus Antonius Primus est un Sénateur d’origine gauloise qui vécut au Ier siècle de l’Empire romain, originaire de Tolosa (Toulouse), surnommé Beccus (bec de coq) dans sa jeunesse[1]. Il assura l'Empire à Vespasien par son activité militaire, et remporta sur les partisans de Vitellius la victoire de Crémone en 69.

[modifier] Biographie

En 61 sous Néron, il impliqué dans une affaire de faux testament et est condamné, probablement exclu du Sénat ou exilé[2].

En 68, Galba le réintègre au Sénat, et lui donne le commandement de la VIIe légion Galbiana, nouvelle unité basée en Pannonie. Après l’assassinat de Galba en 69, Antonius aurait envoyé des courriers à son successeur Othon, demandant un commandement plus important contre son soutien face à Vitellius, courriers que Othon laissa sans suite[3].

Il prend parti pour Vespasien contre Vitellius avec les autres gouverneurs de Mésie et de Dalmatie [3]. Partisan d’une offensive sans attendre l’armée de Vespasien qui est en Orient, il descend sur l’Italie avec quelques détachements et de la cavalerie, occupe Aquilée, puis Padoue, Este, Vicence et Vérone. Il outrepasse ainsi les consignes écrites de Vespasien qui ordonnait se s’arrêter à Aquilée pour l’attendre, mais coupe la route venant du col du Brenner aux éventuels renforts de Germaine qu’espère Vitellius[4]. Peu à peu, cinq légions des armées danubiennes se regroupent à Vérone. Antonius se montre seul capable d’en assurer le commandement après avoir calmé deux séditions de soldats qui s’en prenaient à leurs chefs. [5]. En face de lui, Caecina, à la tête de huit légions, tergiverse : il parlemente, puis annonce subitement son ralliement à Vespasien, ses soldats s’insurgent et l’emprisonnent et se replient en direction de Crémone. Antonius les suit, et les affronte dans une bataille de rencontre improvisée et confuse, qui se prolonge de nuit. Tacite soulignera la vaillance et la qualité de commandement de Primus dans cette bataille : « Antonius n'omit dans ce désordre aucun des devoirs d'un habile capitaine et d'un intrépide soldat. Il court à ceux qui chancellent, retient ceux qui lâchent pied ; partout où le danger redouble, partout où s'offre quelque espoir, il ordonne, combat, encourage, toujours en vue à l'ennemi, en spectacle aux siens[6] ».

Vainqueurs à l'aube et désireux de faire du butin, les soldats d'Antonius s'emparent de la cité de Crémone dans un dernier effort, et Antonius leur laisse libre cours pour la piller et l'incendier pendant qautre jours, [7].

Antonius participe à la reconquête de Rome au profit de Vespasien qui ne l’aime pas et le fait exiler, dès le pouvoir conquis. Supplanté par Mucien dans la faveur de Vespasien, il se retira dans sa ville natale et y mourut loin des affaires et cultivant les lettres. Le poète Martial lui fera une dédicace vers l’année 96.

[modifier] Jugement sur le personnage

Tacite fait un rude portrait d’Antonius Firmus dans sa narration de l’année 69 : « doué de courage physique, beau parleur, maître dans l’art de provoquer la jalousie envers les autres, tirant son pouvoir des discordes et des séditions, pillard, prodigue, homme détestable en temps de paix, mais qui, en temps de guerre, n’était pas à dédaigner »[3].

Victor Duruy, en historien du XIXe siècle, reprend Tacite à la lettre : «  Antonius Primus, homme taré et mauvais citoyen, mais soldat plein de courage et de résolution qui savait commander et se faire obéir »[8]

Pourtant, le poète Martial qui bénéficia de l’estime d’Antonius pour ses poésies[9] lui dédia une de ses épitres vers l’année 96, à l’époque de ses soixante ans (soit quinze olympiades). Le contraste est grand entre ce portrait d’un vieil homme paisible et l’image du personnage donnée par Tacite :
« L'heureux Antonius Primus compte quinze olympiades passées dans de tranquilles loisirs ; il reporte sa pensée vers les jours, les années qu'il a paisiblement traversés. Si proche qu'il 'en soit, il ne craint pas les eaux du Léthé. Il n'est pas un moment de sa vie dont le souvenir lui soit importun ; il n'en est pas un qu'il n'aime à se rappeler. Ainsi l'homme de bien agrandit son existence ; c'est vivre une seconde fois que de pouvoir jouir de sa vie passée »[10].

[modifier] Notes

  1. Suétone, Vie de Vitellius, 18
  2. Tacite, Annales, livre XIV, 40
  3. abc Tacite, Histoires, livre II, 86
  4. Tacite, Histoires, livre III, 6
  5. Tacite, Histoires, livre III, 11
  6. Tacite, Histoires, livre III, 17
  7. Tacite, Histoires, livre III, 29-34
  8. Victor Duruy, Histoire des Romains, neuvième période, chapitre LXXVI, Vitellius
  9. Martial, épitres, Livre IX, épitre 100
  10. Martial, Livre X, épitre XXIII