Antonius Felix

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Judée, Galilée et Samarie au 1er siècle
Judée, Galilée et Samarie au 1er siècle

Marcus Antonius Felix était le frère de Pallas, et comme ce dernier un affranchi de Antonia Minor, dont il prend le nom (Flavius Josèphe en l'appellant Claudius Felix le considère comme affranchi de Claude[1]). Il devient un des favoris de l'empereur romain Claude, fils de Antonia Minor. Claude lui confia le commandement de cohortes, puis le nomma nommé procurateur de Judée [2], [3] en 52.

Suétone dit qu'il fut le mari de trois reines[2]. La première Drusilla était sans doute fille de Ptolémée de Maurétanie et arrière-petite-fille de la grande Cléopâtre et de Marc Antoine[4]. La deuxième était Drusilla, une princesse juive, fille du vieux roi Hérode Agrippa Ier, que Felix fit divorcer pour l'épouser, et qui lui donna un fils nommé Agrippa[5]. La troisième est inconnue.

Selon Tacite, Félix « exerce le pouvoir d'un roi avec l'esprit d'un esclave », accumulant débauches et cruautés[4]. En 52, il laisse les violences se développer entre les Samaritains, sous sa juridiction, et les Galiléens, sous la juridiction du procurateur Ventidius Cumanus. Comme Felix et Cumanus ne parviennent pas à ramener l'ordre avec leurs soldats, Claude missionne le gouverneur de Syrie Quadratus pour sévir contre les fauteurs de troubles, et aussi contre les procurateurs irresponsables. Selon Tacite, Quadratus ménage Félix en le nommant juge, et ne condamne que Cumanus[6]. Flavius Josèphe donne une version un peu différente : Cumanus est envoyé à Rome pour comparaître devant Claude, puis exilé, et Felix lui succéde alors comme procurateur de Judée[7].

Felix doit réprimer les brigandages endémiques, et les prophétes qui agitent le pays et menacent de créer une situation insurrectionnlle. Selon Flavius Josèphe, il paie des sicaires pour assassiner le grand prêtre Jonathan, qui critiquait constamment sa mauvaise gestion de la Judée. Après cet attentat, les sicaires multiplient leurs actions violentes[8].

C'est devant lui que comparut Paul de Tarse, appréhendé à Jérusalem, accusé d'impiété et menacé d'exécution sommaire par ses adversaires[9]; Ne pouvant obtenir une accusation précise et légale contre Paul qui avait de plus la qualité de citoyen romain, il le retint deux ans en prison à Césarée, lui permettant de recevoir les visites de ses proches[10]. Selon les Actes des Apôtres, Felix et son épouse Drusilla se seraient entretenus plusieurs fois avec Paul, interrompant les rencontres lorsque Paul aborda les questions de moralité. Toujours selon les Actes, Felix aurait retenu Paul pour plaire aux Juifs, ce qu'on peut interpréter comme une mesure de prévention contre un assassinat ou une émeute possible, et dans l'espoir de monnayer sa libération.

En 60, des émeutes opposent à Césarée des Juifs et des Syriens, que Felix réprime durement avec ses soldats. Une délégation des Juifs de Césarée rencontre Néron et accuse Felix d'injustices envers les Juifs, mais ce dernier est protégé par son frère Pallas, encore influent. Il est remplacé par Porcius Festus[11].

[modifier] Notes

  1. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques, livre XX, VI
  2. ab Suétone, Vie de Claude, 28
  3. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques, livre XX, VII, 1 ; Aurelius Victor, Épitomé, IV
  4. ab Tacite, Histoires, livre V, 9
  5. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques, livre XX, VII, 2
  6. Tacite, Annales, livre XII, 54
  7. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques, livre XX, VI, 2 et VII, 1
  8. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques, livre XX, VIII, 5
  9. Actes des Âpotres, 23 : 24 à 35
  10. Actes des Âpotres, 24 : 21 à 27
  11. Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques, livre XX, VIII, 7 à 10

[modifier] Références

  • Emil Schürer, History of the Jewish People (1890-1891)
  • Sir W. M. Ramsay, St Paul the Traveller
  • Carl von Weizsacker, Apostolic Age (Eng. trans., 1894)

[modifier] Lien externe