André Laude

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On a écrit d’André Laude qu’il était un « soleil noir de la poésie ». Noir d’une existence. Noir du refus anarchiste de se soumettre. Noir du désespoir qui a souvent accompagné son existence et qui a contribué à sa fin. Soleil de la révolte qu’il a toujours porté très haut. Soleil de l’éclairage qu’il a donné de l’œuvre des autres : amis et compagnons trop méconnus, artistes emprisonnés et bâillonnés. Soleil des mots qu’il a aimés.

Sommaire

[modifier] Sa vie

Il est né en 1936 à Aulnay-sous-Bois. Il est le fils d'Olga Katz, juive et polonaise qui disparut à Auschwitz, et d'un père occitan dont on ne sait rien de plus. On comprendra que son enfance ait été fortement marquée par la guerre. Le reste de son existence pourrait n’être qu’une suite de dates de rencontres littéraires, de collaborations à des journaux et des revues, de publications. Il fut critique littéraire au Monde et aux Nouvelles Littéraires, chroniqueur photo au Nouvel Observateur et au Point, il anima des débats à la FNAC. Pour le reste, il prit toujours le plus grand soin à masquer les parts de son existence comme s’il voulait brouiller les pistes d’une identité difficile à trouver et d’une personnalité difficile à assumer.

André Laude est mort à Paris le 24 juin 1995, durant le 13ème marché de la poésie qui se tient place Saint-Sulpice.

[modifier] Son œuvre

André Laude n’avait qu’une seule passion : la poésie. Il connaissait des milliers de vers par cœur et était à lui tout seul une anthologie.

Voici ce qu’il en disait :

« L’activité poétique pour moi a toujours été liée à l’expérience vécue. J’ai toujours eu pour objectif de rapprocher l’expérience vécue du texte écrit. Je ne conçois pas une poésie qui soit seulement le produit d’une activité mentale. Elle est le produit d’une activité générale qui met en cause l’esprit, les sens, le sexe, la peau, et aussi l’histoire de l’individu, l’histoire collective. Toute mon expérience poétique s’articule autour de cette perspective : la poésie doit changer la vie.  »

L’engagement poétique de Laude c’est la volonté de bouleverser l’ordre établi. Ordre social et ordre culturel. Il fera ses apprentissages de poète dans la mouvance du groupe surréaliste des années 50, puis tous ses engagements à caractère politique appartiendront à des courants d’ultra gauche : mouvement anarchiste, marxistes révolutionnaires et autres groupes d’extrême gauche. Il fut également un compagnon de route des situationnistes durant de nombreuses années. Il se revendiquera toujours comme un poète révolutionnaire qui prône le désordre contre l’aliénation et l’exploitation. Par là il redonne à la poésie engagée des lettres de noblesse. Celles qu’avaient su lui donner les poètes lorsqu’ils mêlaient dans leur existence, l’écriture, la littérature et l’aventure politique ou journalistique.

Dans le langage il perçoit encore l’aliénation de la culture dominante et il veut y insuffler sa violence pour tenter de donner aux mots ce qu’il pense être leur vrai sens.

Des mots pour tout dire. Dire l’amitié. Dire la ville, particulièrement celles de certains quartiers de Paris. Dire la mémoire qui pour lui se référait à l’Occitanie et à la Bretagne, civilisations dont il s’est toujours réclamé parlant de quête et de civilisations natales pour lui. Dire aussi le monde hispanique qui fut toujours très important dans son univers.

Sa poésie exprime en permanence une révolte dans laquelle il s’est tant engagé qu’il en est mort.

[modifier] Citations

  • « si j’écris c’est pour que ma voix d’un bond d’amour »
  • « atteigne les visages détruits par la longue peine le sel de la fatigue »
  • « c’est pour mieux frapper l’ennemi qui a plusieurs noms. »

[modifier] Bibliographie

  • Occitanie, premier cahier de revendications, itinéraire pour une libération, P.J. Oswald, 1972
  • Corneille, le roi-image, éditions S.M.I., 1973, collection L'Art se raconte
  • Éléfantaisies, comptines, illustrations de Béatrice Tanaka, L'École des loisirs, 1974, collection Chanterime
  • Le bleu de la nuit crie au secours, image de Corneille Subervie, Rodez, 1975
  • Testament de Ravachol Plasma, 1975
  • Vers le matin des cerises, éditions Saint-Germain-des-Prés, 1976
  • Animalphabet, couverture et illustrations de J. Ghin, éditions Saint-Germain-des-Prés, 1977
  • 19 lettres brèves à Nora Nord, éd. le Verbe et l'empreinte, 1979
  • Enfantasques, illustrations de Mariette, éd. le Verbe et l'empreinte, 1979
  • Rue des Merguez, Plasma, 1979
  • Comme une blessure rapprochée du soleil, La Pensée Sauvage, 1979
  • Liberté couleur d'homme, essai d'autobiographie fantasmée sur la terre et au ciel avec figures et masques, Encre, 1980, collection Brèches
  • 53 Polonaises, illustré par Roman Cieslewicz, Actes Sud, 1982
  • L’Œuvre de chair Écrits des Forges, 1988
  • Rituels 22, La Table Rase, Le Noroït, 1989
  • Journaux de voyage, Albatroz, 1990, collection Poésie palmipède
  • Feux, cris et diamants, Albatroz, 1993, collection Poésie palmipède