American Tabloïd

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American Tabloïd est le premier volet de la trilogie Underworld USA de James Ellroy, paru en 1995 — le second étant American Death Trip (The cold Six Thousand) et le troisième, encore à paraître, American Madness.

Dans ce premier volet comptant quelques 800 pages et allant du 22 novembre 1958 au 22 Novembre 1963 (date de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy à Dallas), Ellroy nous dévoile les coulisses du pouvoir à travers les destins croisés de trois hommes : Pete Bondurant, Kemper Cathcart Boyd et Ward Junior Littell. Tous trois, entretenant des liens divers avec la mafia, Jimmy Hoffa des Teamsters, la famille Kennedy, la CIA, le FBI et son légendaire patron John Edgar Hoover, mettent en lumière de façon inattendue la corruption régnant à cette époque aux États-Unis, la poursuite des intérêts de ces différents groupes ou individus (à noter, par exemple, le récurrent: "Le grand Pete cherche une femme. Expérience du chantage souhaitée.") ainsi que les liens troubles qui unissaient ces différentes parties. C'est donc avec un plaisir coupable que nous (re)découvrons l'échec de l'épisode de la Baie des Cochons et que nous voyons, en creux, se dessiner l'attentat contre John F. Kennedy.

Pour reprendre le mot d'une critique, American Tabloïd est «plein comme un œuf». Il est donc conseillé de se constituer une petite fiche de lecture afin de ne pas perdre le fil de l'histoire.

A l'instar des autres volumes de la trilogie (dont le dernier est à paraître), la noirceur est au rendez vous. Personne n'est épargné, de JFK à la CIA, des grands parrains de la mafia au FBI... Tout cette période de l'histoire américaine est dépeinte comme un champ de bataille, une lutte permanente d'influences, un gros gâteau moisi où tout est permis. Le tout apparaît comme un reflet maléfique des valeurs morales, puritaines et bienfaitrices que l'on a coutume d'attacher aux "happy days" des années 50-60 américaines. Volontiers accentués, déformés voire carrément inventés, les faits dépeints dans American tabloïd - qui reste avant tout un roman - ont pour principal mérite de mettre KO la vision manichéenne d'une époque. Bien que l'auteur ait toujours entretenu l'ambiguïté quant à la part de vérité et de fiction, ce livre ne se veut pas exclusivement le fruit d'une enquête et ne se base pas systématiquement sur des preuves.

Aussi, il apparait comme une bouffée d'oxygène face aux théories de complot diverses, pour ne garder que l'essentiel de ces dernières : le plaisir de se laisser embarquer par l'imagination et les délires d'un auteur.

[modifier] La part du réalisme

Même si l'imagination romanesque d'Ellroy est assez débridée, le canevas général de American Tabloïd respecte globalement les faits historiques. Les liens entre Kennedy et la mafia via Sinatra, ses problèmes de dos qui empêchaient JFK d'avoir des relations sexuelles trop longues, le financement de la baie des cochons par la vente de drogue ou le revirement de Castro ne sont que quelques exemples de faits avérés même si l'auteur prend la liberté d'y mêler ses personnages.