Alison Des Forges

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Alison Des Forges est une historienne, consultante de l'organisation Human Rights Watch. Elle s'est surtout fait connaître pour ses travaux sur l'Afrique des grands lacs et plus particulièrement sur le Rwanda et la République démocratique du Congo. Elle est notamment la rédactrice du rapport sur le Génocide au Rwanda, conjoint avec la Fédération internationale des droits de l'homme, Leave None to Tell the Story: Genocide in Rwanda, traduit en Français sous le titre Aucun témoin ne doit survivre. Ce rapport, sorti en 1999, après de longues et volumineuses enquêtes, est considéré comme une référence sur ce sujet.

  • Alison Des Forges, Leave None to Tell the Story: Genocide in Rwanda, New York: Human Rights Watch, 1999, 789 pages. ISBN 1-56432-171-1
  • Alison Des Forges Aucun témoin ne doit survivre, Karthala, Paris (version française de l'ouvrage précédent) ISBN 2-86537-937-X

La version anglaise est disponible sur Internet : Leave None to Tell the Story

Ses travaux, ont été fortement contestés par l'historien Bernard Lugan, ainsi que par des journalistes comme Charles Onana et Pierre Péan. Bernard Lugan souligne que Mme Des Forges a précisé, dans une lettre aux parlementaires français, que les accusations de torture contre les soldats français, qu'elle avait évoquées dans son audition, après avoir lu celle d'un ancien ministre, n'étaient pas fondées, et que, au contraire, leur arrivée aurait coincidé avec la fin des sévices infligés aux prisonniers [1]. Bernard Lugan observe (François Mitterrand, l'armée française et le Rwanda, éd. du Rocher, 2005) que Mme Des Forges publie son accusation dans des ouvrages à fort tirage, et revient dessus dans une lettre que fort peu de gens liront.

De son côté, Filip Reyntjens a approuvé les recherches d'HRW sur les crimes du FPR, tout en soulignant son désaccord sur les interprétations historiques de cette association [2], une accusation reprise à leur compte par MM. Lugan et Onana.

Mme Des Forges a révélé son indépendance d'esprit, au fil des années, par ses critiques répétées contre le nouveau régime rwandais, notamment à la suite des guerres au Congo[3] et aux élections de 2003[4] ou le procès contre l'ancien Président de la République rwandaise, Pasteur Bizimungu [5].

Sur la question de l'attentat du 6 avril 1994, Alison des Forges s'est intéressée à toutes les pistes. En 1999, elle concluait « Nous savons peu de chose sur les auteurs de l'assassinat de Habyarimana »[6]. En 2007, elle a émis de fortes réserves sur l'ordonnance de soit-communiqué du juge Jean-Louis Bruguière [7]. Mme Des Forges s'est prononcée néanmoins pour le respect des décisions de l'ordonnance du juge Bruguière en soulignant qu'il était plausible que le FPR soit l'auteur de l'attentat, et a regretté que le TPIR n'ait pas mené d'enquête sur l'attentat, qu'elle juge d'une « importance capitale » dans la compréhension du génocide des Rwandais tutsis et de la guerre civile[8].

[modifier] Notes

  1. Annexe au compte rendu de l’audition de Mme Alison DES FORGES : [...]Je vous écris concernant l’aide apportée des experts français aux agents du Centre de Recherche Criminelle et de Documentation au Rwanda dont j’ai fait allusion au cours de mon témoignage devant la mission d’information le 16 juin.
    [...]j’ai pris connaissance de cette aide seulement par le témoignage de Monsieur Gasana, que j’ai lu quelques heures auparavant. Personne parmi les membres de la mission n’ayant pu se rappeler d’une telle mention par Monsieur Gasana, j’ai cru me tromper. Mais en lisant le document déposé devant vous par Monsieur Gasana " Déclaration faite le 10 juin par James K. Gasana, ex-Ministre rwandais de la Défense, devant la mission d’information " je trouve le passage en question à la page 9.
    " Des experts français ont aidé à former les agents du Centre de Recherche Criminelle et de Documentation dans les techniques d’enquêtes ".
    [...]J’ai fait depuis une petite enquête qui m’a convaincu qu’il y a eu un changement important dans le fonctionnement de ce Centre. Bien connu comme lieu de torture pendant une certaine période, le Centre n’avait plus cette réputation sinistre après l’installation du gouvernement de coalition en 1992. D’après des témoins bien informés, l’amélioration dans le fonctionnement du Centre, y compris la fin de l’emploi de la torture, coïncidait avec la présence des experts français sur place. [...]Veuillez apporter cette clarification à l’attention de Monsieur Myard et aux autres membres de la mission et les assurer que ma mention du rôle des experts français est provenue du souci de la vérité, pas d’un quelque complot contre la réputation de la France.[...]Voir lettre en annexe à la fin de l'audition de Madame Des Forges
  2. (Serge Desouter et Filip Reyntjens, Les Violations des droits de l'homme par le FPR/APR, université d'Anvers, Working Papers, 1995, p. 3, note 1)
  3. Le Conflit R.D. Congo-Rwanda, document d'information, 4 décembre 2004
  4. Rwanda : le FPR cherche à éliminer l'opposition, communiqué, 8 mai 2003
  5. Billets d'Afrique N° 127 - juillet-août 2004
  6. Aucun témoin ne doit Survivre, Karthala, page 218
  7. Voir dépêche de la fondation Hirondelle du 7 mars 2007 « L'ordonnance du juge Bruguière est empreinte de “sentiments politiques” selon HRW »
  8. « Le mandat du TPIR couvre l'attentat contre Habyarimana (Des Forges) », Agence Hirondelle, 6 mars 2007

[modifier] Liens internes