Ahmed Gragne

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Monument à Mogadiscio
Monument à Mogadiscio
Statue équestre d'Ahmed Gragne à Mogadiscio
Statue équestre d'Ahmed Gragne à Mogadiscio

L’imâm Ahmed al Ghazi (né en 1506 et mort en 1543), surnommé Gragne (le Gaucher) par les Éthiopiens, serait un somali Gadabursi. Il devient sultan de Harrar (Saylac - Adal) en 1535.

Vers 1520, le sultan de l’Adal Abou-Bakr ibn-Mohammed est aux prises avec l'agitation de la population musulmane nomade somali et danakil. Le gouverneur Aboun-ben-Adash rétablit l’ordre en exterminant les voleurs, réprimant le jeu, les beuveries, les danses rythmées par les tambours. Par sa rigueur, il gêne le Sultan d’Harrar Abou-Bakr qui le fait tuer à Zeïla en 1525. Abou-Bakr laisse le pays en proie au désordre et au banditisme, ce qui favorise la prédication de l’imâm Ahmed al Ghazi. Son mariage avec une fille de Mahfouz lui ouvre les portes du pouvoir. Grange tue le Sultan et met sur le trône son propre frère, ce qui lui assure une autorité absolue sur l’Adal.

En 1527, Ahmed Gragne refuse de payer le tribut au négus David II. La trêve est rompue entre chrétiens et musulmans. Attaqué par l’armée éthiopienne du gouverneur du Bali, Ahmed Gragne la défait aussitôt, puis reforme ses troupes avec la masse des Somali fanatisés et entreprend la guerre sainte (djihad) contre l’Éthiopie jusqu’en 1542.

Ahmed Gragne est victorieux des Éthiopiens à Chémbéra-Kourié en mars 1529, mais ses troupes refusent de pénétrer plus profondément dans le pays. En 1531, Il reprend l’offensive contre l’Éthiopie. Grâce aux armes à feu turques, il réussit, en deux ans, à contrôler les trois quarts du pays : il occupe le Daouaro et le Choa, l’Amhara et le Lasta, soumet au passage Bali, Hadya et Sidamo et efface la chrétienté du Cambata. Il dévaste les hauts-plateaux éthiopiens, brûle les églises, pille les villes et les monastères. Seules les provinces du Tigré, de Bégameder et du Godjam sont épargnées. En 1533, Gragne lance toutes ses forces contre les provinces du nord. Il envahie le Tigré et rencontre une résistance dans la province de Seraye,qui fait partie du royaume du Medri Bahri, menée par l'Adkamé Melaga qui résistera jusqu'à la fin de la guerre sainte de Gragne.

Devenu sultan de Harrar, il achève la conquête de l’Abyssinie, à l’exception de quelques régions montagneuses où se sont réfugiés le négus David II et ses partisans. Le pays est dévasté à tel point que les envahisseurs eux-mêmes souffrent de la famine.

Les Portugais interviennent en Éthiopie en 1541 pour secourir le négus Claudius, successeur de David II. Ils remportent un premier succès en franchissant l’Amba-Sénéïti, puis arrivent début avril 1542 au sud de Macallé où ils se retranchent devant le gros des troupes de Grange. En deux batailles au nord de l’Amba-Alagui, ils débandent les musulmans, surpris par les armes à feu, et blessent l’Imâm Ahmed Grange. Mi-avril, ils atteignent la plaine d’Ofala, au sud du lac Achangui, alors que la saison des pluies arrive.

Pendant ce temps, Gragne refait ses troupes et y adjoint 900 mousquetaires et dix canons reçus d’Arabie du pacha des Turcs de Zébid. Il reprend l’offensive avant la saison sèche (29 août 1542) et met les Portugais en déroute : deux cent survivants se replient vers le Sémien avec la reine et le Patriarche catholique Bermudez. Leur chef, Don Christophe de Gama, fils de Vasco de Gama, resté en arrière, est pris, torturé et tourné en dérision avant d’être décapité.

En octobre, le négus Claude réussi à joindre à ses troupes ce qui reste des Portugais, tandis que Gragne, sûr de son succès, a congédié ses alliés turcs et regagné ses quartiers près du lac Tana. L'année suivante, les troupes de Gragne sont surprises et décimées par l’empereur Claude à Ouaïna-Dega, près du lac Tana, où il est lui-même tué d’une balle de mousquet par le Portugais Pero de Lian (février 1543). Privés de leur chef, ses soldats se dispersent et sont taillés en pièce dans leur fuite vers l’Adal.

Nour-ibn-al-Ouazir succède à Ahmed Gragne, encouragé par la veuve de l'imâm.

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