Accueil de nouvelles populations rurales (France)

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Sommaire

L’accueil de nouvelles populations représente aujourd’hui un facteur déterminant pour le maintien et le développement des activités et de l’emploi dans les territoires ruraux, et constitue de plus en plus souvent un axe stratégique et structurant des projets de développement de ces territoires.

[modifier] Un impératif pour les territoires ruraux

L’installation de ces nouveaux arrivants s’affirme comme un véritable fait de société. Les territoires ruraux exercent une certaine attraction, mais elle est diverse en fonction de sa nature, son orientation et son intensité. La définition d’un projet de territoire incluant une dynamique d’accueil nécessite la mobilisation de l’ensemble des acteurs. Les territoires ruraux s'affichent volontiers comme territoires d'accueil, mais s'en donnent-ils réellement les moyens? Comment et bavec qui définir les capacités et objectifs d’accueil d'un territoire? Quelle population, actifs ou retraités? et dans quelles conditions? Quel environnement proposer ? Comment seront accueillis, aidées, intégrées ces nouvelles populations? Toutes ces questions, si elles ne relèvent pas forcément de la complexité, ne sauraient pour autant s'accommoder de réponses simples mais supposent, au contraire, la mise en place d'une véritable stratégie conertée au niveau local.

[modifier] Un espace rural de moins en moins agricole

Dans les années 1950, l'agriculture constituait la fonction économique dominante et structurante des espaces ruraux : avec 48 % des ménages ruraux en 1962, les agriculteurs étaient fortement représentés dans les instances décisionnelles locales et structuraient les sociétés rurales.Aujourd'hui, ils représentent environ 8 % mais continuent à exercer une inluence considérable sur les milieux décisionnels locaux du fait de leur enracinement et de leur statut de propriétaires fonciers. Les dernières municipales en France font apparaître que 18 % des maires[1][réf. nécessaire] sont des agriculteurs. Il est vrai que dans le même temps, 22 % sont des retraités, mais ils peuvent être issus de l'agriculture, ce qui augmente sensiblement leur proportion. Quoi qu'il en soit, cette représentation n'est pas proportionnée au pourcentage de la population active qu'ils représentent.

[modifier] La fin d'un "exode rural ou des campagnes de plus en plus attractives"

Dans la plupart des pays d’Europe, la population rurale a diminué depuis plus d’un siècle. On observe aujourd’hui dans nombre d’entre eux une croissance de cette population, accompagnée parfois d’une décroissance ou d’une stabilisation de celle des petites villes. En France, la population rurale s'est mise de nouveau à croître après 1975 et n'a pas cessé de progresser puisque de 1975 à 1990, la France rurale a gagné 1,5 million d’habitants, soit une croissance de 12 %. Une publication de Stratégies[2] fait apparaitre que 42 % des habitants des villes de plus de 100 000 habitants espèrent pouvoir un jour s'installer à la campagne (sondage Ipsos de mai 2003 pour le conseil général du Limousin) et 18 % ont même déjà planifié le calendrier de leurs démarches pour y parvenir

[modifier] Qui sont ces nouveaux arrivants ou néoruraux?.

Selon une étune menée dans le cadre du GAL Cévennes en 2003[3]; et croisée avec une étude menée en octobre 2002 auprès d'un échantillon de 500 élus nationaux, on sait qu'ils sont jeunes : 46 % ont entre 25 et 34 ans alors que cette classe d’âge représente 19% dans la population nationale.Ils appartiennent pour la plupart à des catégories socioprofessionnelles modestes mais ont cependant un niveau de formation qui suit celui de la moyenne nationale.

[modifier] Les motivations

Pour ce qui est de leurs motivations, en dehors du bénéfice d’une meilleure qualité de vie (motivation prioritaire et évidente pour 95 % des néo-ruraux et 97 % des maires) plusieurs autres facteurs se combinent pour expliquer la décision de quitter la ville pour la campagne : prendre un nouveau départ (38 %), retrouver ses racines (25 %), volonté de vivre dans une région que l'on aime (24 %) et même, pour 14 %, participer au renouvellement et développement du milieu rural.

[modifier] Les apports

La contribution à la vie des services de proximité et l’apport plus général de vie dans la commune et les associations, sont considérés à part égale par les maires (76 %) comme les deux avantages essentiels que procurent aux communes rurales l'installation de nouveaux citadins. Par contre, les néo-ruraux reconnaissent également comme principal avantage cet apport de vie (62 %) mais 53 % insistent ensuite sur l'apport économique que les nouveaux habitants peuvent apporter aux communes en y créant ou en y reprenant une activité. Un aspect, au contraire, peu valorisé par les maires (13 %).

L'apport de compétences, expériences et cultures nouvelles représente un autre avantage cité par un interviewé sur quatre, et ceci qu'il s'agisse des maires comme des néo-ruraux. Il y a donc des deux côtés le sentiment, partagé dans les mêmes proportions, que la diversité est gage d'enrichissement pour une commune.

[modifier] Des attentes parfois divergentes

Sur la base de leur expérience, les néo-ruraux interrogés expriment une forte attente d'intégration à la population locale. Ils attendent en priorité (58%) une aide de la part des maires sur ce point mais également pour la mise en œuvre d'une politique municipale pro active et en particulier :

  • obtenir l'adhésion de leurs administrés au fait qu’il soit nécessaire de faire venir de nouveaux habitants (38 %),
  • orienter les futurs candidats vers les bons interlocuteurs et les accompagner dans leurs démarches (34 %).

Sur ce même thème, l'opinion des maires de communes rurales est plus partagé : soit ils expriment une attitude plutôt défensive en estimant que leur rôle consiste principalement à faire prendre conscience aux citadins qu'il leur faut s'adapter aux réalités de la vie locale (37 %), [voire pour certains (16 %) à évaluer leurs réelles motivations], soit ils sont plus offensifs et considèrent alors qu’il est nécessaire avant tout d'aider les nouveaux venus à s'intégrer (34 %).

[modifier] Les conditions de réussite de la greffe

La volonté des nouveaux venus à aller vers les autres, à participer et s’investir dans la vie locale (associations, fêtes…) représente pour 51 % des élus et 52 % des néo ruraux la principale condition d'intégration. 19 % des néo ruraux attendent au contraire que la population locale aille vers eux, 16 % estiment qu'il s'agit d'un effort qui doit être partagé et 15 % admettent qu'il ne faut pas arriver en terrain conquis et respecter les habitudes locales. Les maires, et en particulier ceux qui sont sur la défensive, insistent davantage que les néo ruraux sur la nécessité pour les citadins de s'adapter aux contraintes de la vie locale.

[modifier] Les facteurs d'échec

Pour les néo ruraux les difficultés d'adaptation à la vie locale (47 %) tout comme celles d'intégration à la population locale (42 %) représentent les deux principaux facteurs d'échec des installations à la campagne. Viennent ensuite les difficultés pour trouver du travail (21 %) et le manque d'infrastructures commerciales, éducatives et/ou culturelles (11 %).

Les maires, s'ils rejoignent globalement l'avis des néo ruraux sur les deux principaux facteurs d'échec, insistent davantage (62 %) sur les difficultés des citadins à s'adapter à la vie rurale mais également sur le fait que les projets économiques de ces derniers sont parfois peu viables et peu réalistes (35 %).

[modifier] La position des autochtones

Les néo ruraux, sur la base de leur vécu, estiment à 56 % que les habitants de leur commune sont favorables au fait que des citadins viennent s'y installer, 30 % pensent qu'ils sont plutôt neutres et seuls 13 % déclarent qu'ils y sont plutôt opposés.

Même s'ils sont un peu plus nuancés, les maires partagent le même sentiment. Ils déclarent en effet que les habitants de leur commune sont soit favorables (53 %) soit neutres (36 %) à ce phénomène.

Ces résultats montrent au final qu'aujourd’hui un habitant de zone rurale sur deux exprime une attitude positive à l'arrivée de citadins dans sa commune, ce qui représente un facteur très positif, surtout lorsqu'on pense aux fortes demandes d'intégration exprimées par les néo ruraux.

[modifier] Quelles actions prioritaires pour faciliter l'installation durable de citadins ?

Trouver des logements vacants dans la commune (47 %), développer des activités culturelles et de loisirs (37 %) ainsi que des services de proximité pour les enfants en particulier, (36 %) représentent les trois actions prioritaires à mettre en œuvre aux yeux des néo ruraux pour attirer de nouveaux habitants (en dehors des retraités) dans leur commune.

Les maires sur-valorisent quant à eux le problème des logements (62 %) car ils sont certainement plus exposés à des demandes à ce sujet. Arrive ensuite, mais avec une importance deux fois moindre, le développement de services de proximité (33 %) puis la recherche de personnes motivées ayant des compétences utiles à la commune (cité par 24 %).

On peut noter que les élus sous estiment les attentes de leurs futurs habitants en ce qui concerne le développement d'activités culturelles et de loisirs : les néo ruraux sont en effet trois fois plus nombreux (37 % contre 12 % des élus) à considérer qu'il s'agit là d'une des deux actions prioritaires à mettre en œuvre. Il existe donc manifestement une véritable demande que peu de maires perçoivent . [même si par ailleurs 22% d'entre eux nous disent qu'il s'agit d'une des questions que les citadins leurs posent lorsqu'ils les rencontrent] Citons le maire d'un village ayant mis en place avec succès une politique active en ce sens "Nous avons la salle des fêtes la plus pourrie du Plateau des Mille vaches mais avec toutes les associations crées elle est occupée tous les jours ".

Il faut aussi souligner l'importance non négligeable accordée par 28 % des néo ruraux et 21 % des maires à l'identification des activités économiques non pourvues ou manquantes dans la commune.

[modifier] Un phénomène pris en compte par les outils du développement local

Dix huit GAL — Groupes d'action locale LEADER[4] — ont choisi comme thème fédérateur "l'accueil de nouveaux acteurs locaux et d'entreprises". L'éventail des territoires engagés sur ce thème est large et couvre des situations variées.

Il s'agit dans un cvas de contrer le déclin démographique du territoire (vieillissement de la population, solde naturel et migratoire négatif, ...), et dans l'autre d'assurer l'intégration dans de bonnes conditions de nouvelles populations qui arrivent "massivement" et spontanément.

Dans les 2 cas, on constate des préoccupations qui restent, pour l'essentiel, communes : logements/habitat, locaux et foncier d'entreprise, services (adéquation aux besoins/attentes, qualité, visibilité, ...), accompagnement des projets professionnels et de vie (emploi des conjoints, etc.), ...

La mise en œuvre d'une politique d'accueil ambitieuse nécessite également, outre une mobiliation des élus et des habitants, de revaloriser, en particulier pour les territoires en situation de déclin démographique, l'image du territoire auprès de ses habitants, de rétablir la confiance en soi, et de renforcer la capacité d'ouverture sur l'extérieur.

[modifier] Une expérience originale en Cévennes

Le Groupe d'action locale (GAL) Cévennes[5] a choisi cette thématique de l'accueil pour développer son programme LEADER + et a exploré la thématique du foncier qui, pour lui, constitue un frein majeur à l'accueil de nouvelles populations. Une pression foncière importante, les impératifs du seul parc national habité de France[6] et le manque de motivation des propriétaitres fonciers pour mettre leurs terres à disposition des candidats à l'installation ont conduit les responsables locaux à passé commande d'une étude[7] sur cette problématique du foncier.

Dans le même temps, les promoteurs du programme européen VIVRE[8] ont élaboré en partenariat avec des reponsables locaux la trame d'un Contrat de bon accueil[9] qui est en cours d'expérimentation sur des territoires Cévenols.

[modifier] Notes et liens externes

  1. http://www.inegalites.fr/spip.php?article561 http://www.inegalites.fr/spip.php?article561 http://www.inegalites.fr/spip.php?article561
  2. n° 1336 du 09/09/2004 (page 22) http://www.strategies.fr/archives/1336/133602201/tendances_les_urbains_se_mettent_au_vert.html
  3. http://www.espace-cevennes.com/
  4. Liaison entre actions de développement de l'économie rurale
  5. http://www.espace-cevennes.com
  6. http://www.cevennes-parcnational.fr/
  7. http://fonciercevennes.free.fr
  8. http://www.vivreurope.org
  9. http://fr.ekopedia.org/Contrat_de_bon_accueil