Académie Ranson

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L' Académie Ranson est fondée en 1908 à Paris par le peintre Paul-Elie Ranson (1864-1909). Plusieurs des Nabis y enseignent. Au début des années 1930 s'y rassemblent autour de Roger Bissière un large groupe des jeunes artistes qui seront parmi les plus actifs dans la nouvelle Ecole de Paris.

Sommaire

[modifier] Historique

Paul-Elie Ranson, Pommier aux fruits rouges, 1902
Paul-Elie Ranson, Pommier aux fruits rouges, 1902

Dès 1815 l'Académie suisse, tenue par un ancien modèle, est créée à Paris. À l'origine aucun cours n'y est en fait donné, les peintres, tels Cézanne, Guillaumin, Monet ou Pissarro venant s'y rencontrer et travailler librement. D'autres académies indépendantes ouvrent bientôt, répondant au besoin d'une formation plus libre que celle assurée par l'École des Beaux-Arts et offrant aux femmes comme aux étrangers la possibilité de dessiner d'après modèle. À la fin du siècle l'Académie Julian, la plus célèbre, est fréquentée par ceux qui s'appelleront les Nabis, Maurice Denis, Paul-Elie Ranson, Ker-Xavier Roussel, Paul Sérusier, Édouard Vuillard. Ce sont ces peintres qui fondent en 1908 l'Académie Ranson, six ans après l'ouverture de l'Académie de la Grande Chaumière.

Avec la mort prématurée de Paul Ranson en 1909, l'Académie est dirigée dès ses débuts par l'épouse de son fondateur, France Ranson. Elle est installée d'abord rue Henri Monnier dans le 9e arrondissement, puis elle rejoint rapidement le quartier de Montparnasse, au 7 de la rue Joseph Bara. Maurice Denis et Sérusier y donnent bénévolement leurs cours, Roussel ; Félix Valloton et Vuillard y viennent plus ou moins régulièrement, ce qui contribue à entretenir sa notoriété. Maurice Denis dira que c'est un "centre très vivant d'expansion et de vulgarisation de nos théories". Concetta, ancien modèle de Degas pour "Les repasseuses" et de Rodin pour "Le Baiser", veille à sa bonne tenue. Les élèves y séjournent pour des durées très variées, d'une semaine à un an, participant aux bals costumés qui y sont organisés. À partir de 1914, tandis que les professeurs se trouvent dispersés par la guerre, l'Académie Ranson survit malgré une baisse de sa fréquentation. Après 1918, Maurice Denis et Paul Sérusier étant occupés à d'autres activités, de nouveaux professeurs apparaissent - assez souvent d'anciens élèves : Yves Alix, Gabrielle Faure, Gustave Jaulmes, Paul Sérusier, Paul Véra, Jules-Émile Zingg, puis Roger Bissière, Louis Latapie, Dimitrios Galanis, Amédée de la Patellière.

En 1931 France Ranson confie la direction de l'Académie à Harriet Von Tschudi Cérésole, originaire du Canton de Glaris en Suisse, elle-même élève depuis 1929 et sculpteur. Un atelier de fresque est alors confié à Bissière, un atelier de sculpture à Charles Malfray, assisté de Frédéric Littmann, qui organise pour ses élèves des visites à Maillol. "Cosmopolites, les ateliers accueillent toutes les classes sociales. Le coût élevé des inscriptions pour les plus aisés permet de ne pas toujours faire payer les moins fortunés [...] D'autre part Harriet Cérésole organise de nombreuses expositions. En développant ainsi une activité proche du mécénat, elle soutient les jeunes artistes. Des amitiés se nouent entre les élèves, Manessier, Le Moal, Vera Pagava, Stahly, Wacker, Étienne Martin, Zelman, Klinger [...]", analyse Alexandra Charvier. Réunions et expositions rassemblent élèves, anciens élèves et amis de Bissière extérieurs à l'Académie, tel Jean Bertholle.

De 1939 à 1944 l'Académie demeure ouverte pour quelques élèves puis, rachetée en 1944 par un sculpteur, elle ne fonctionne plus pendant plusieurs années. Elle ouvre à nouveau en 1951 avec de nouveaux enseignants, Roger Chastel, Marcel Fiorini, Lucien Lautrec, Gustave Singier, le graveur Henri Goetz, mais faute de moyens financiers elle ferme définitivement en 1955.

[modifier] Professeurs de l'Académie Ranson

[modifier] Élèves de l'Académie Ranson

[modifier] Anecdote

En 1993 Jean Bertholle peint, en une allusion à son Hommage à Delacroix, un Hommage à Fantin-Latour (50,5 x 142 cm). Il y figure librement, réunis en une sorte de banquet, ses compagnons, au début des années 1930, de l'Académie Ranson, les uns déjà disparus, les autres âgés de quelque cinquante ans de plus. On reconnaît notamment, de gauche à droite, Bertholle lui-même, Reichel, Bissière, Le Moal, Seiler, Étienne Martin, Manessier. Bertholle y ajoute symboliquement la présence de son ami Zoran Mušič qui, arrivé à Paris en 1952, n'a jamais fréquenté l'Académie.

[modifier] Bibliographie

 : source utilisée pour la rédaction de cet article

  • Sandrine Nicollier, L'Académie Ranson, 1908-1918, Mémoire de troisième cycle de l'École du Louvre, sous la direction de Guy Cogeval, Paris, 1997.
  • Michel-Georges Bernard, Jean Le Moal, Ides et Calendes, Neuchâtel, 2001 ["L'Académie Ranson, 1935-1936", pp. 31-41].
  • Alexandra Charvier, L'Académie Ranson, creuset des individualités artistiques, 1919-1955, Mémoire, Université Paris I, Panthéon-Sorbonne, Paris, 2003.
  • Alexandra Charvier, L'Académie Ranson dans le Paris artistique de l'entre-deux-guerres, dans "La Gazette de l'Hôtel Drouot", Paris, 16 janvier 2004 (pp. 116-117).
  • Alexandra Charvier, L'Académie Ranson à la croisée des chemins, dans "La Gazette de l'Hôtel Drouot", Paris, 12 mars 2004 (pp. 248-249).
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