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21 janvier 1944 : Operation Steinbock

Une activité intense avait régné toute la journée du 21 janvier 1944 sur les terrains d’aviation occupés par la Luftwaffe en France, Allemagne et Benelux. La nuit à peine tombée pas moins de 227 multimoteurs prirent l’air en direction de la Grande Bretagne. C’était le début de l’Opération Steinbock, ordonnée par Hitler pour répondre aux raids alliés dévastateurs sur Hambourg.

Les codes secrets allemands étaient parfaitement connus des services anglais et dès décembre 1943 les déchiffreurs de Bletchley Park avaient noté que les unités de bombardement de la Luftwaffe installées en Italie recevaient l’ordre de faire mouvement vers le nord. L’hiver russe n’étant pas propice à une grande offensive aérienne, tout laissait à penser que la Grande-Bretagne pourrait être la cible d’une opération majeure en préparation. Face aux 422 bombardiers (220 Ju 88, 35 Ju 188, 121 Do 217K et 46 He 177A-3 Greif, le plus moderne des quadrimoteurs allemands) et la centaine de chasseurs d’escorte Me 410 et Fw 190, l’ Air Defense Great Britain Command était un commandement intégré associant stations radar, batteries anti-aériennes de 93 et 133 mm, beaucoup étant équipées de radar Mk III et chasseurs de nuit. Les Groupes de Chasse no 10 et 11 du Fighter Command, chargés de la défense du sud de l’Angleterre, soit 7 squadrons, étaient équipés de bimoteurs de Havilland Mosquito (127 appareils) avec radars d’interception.

Quand les bombardiers firent leur apparition sur les écrans radar britanniques leur nombre sembla croitre extrêmement rapidement. En réalité, pour leurrer les opérateurs radar et rendre difficile le guidage des chasseurs de nuit depuis le sol, chaque bombardier larguait à intervalle régulier des sacs de « Düppel », languettes métalliques réfléchissant les émissions radar copiées sur les fameuses « windows » da la RAF. Arrivés au dessus de Londres les spécialistes du I/KG 66 marquèrent au moyen de fumigènes blancs les cibles vers lesquelles se dirigeaient les bombardiers avant de piquer vers le sol en direction du Kent, du Sussex ou de l’Essex pour tenter de rejoindre leurs bases continentales pour y être rapidement ravitaillés et rechargés en munitions. Le jour n’était pas encore levé le 22 janvier 1944 que 220 bombardiers allemands reprirent l’air en direction de Londres. Si l’on tient compte du nombre de bombardiers engages, l’efficacité de ces deux raids fut très médiocre : 245 destructions dues aux bombes selon la Défense Civile anglaise, dont 44 seulement à Londres. Les pertes de la Luftwaffe furent également faibles : 25 appareils perdus du fait de l’ennemi selon les archives allemandes. Les équipages de Mosquito revendiquant 16 victoires ou probables, les 9 autres bombardiers abattus furent probablement victimes de l’artillerie anti-aérienne. Côté allemand on comptait également 18 multimoteurs victimes de causes diverses : erreurs de navigation, crash à l’atterrissage sur des terrains à peine éclairés, … Après une semaine de mauvais temps un nouveau raid fut réalisé dans la nuit du 29 au 30 janvier, 285 bombardiers regroupés en une vague unique et un résultat sensiblement meilleur. Au total une centaine de personnes furent tuées et le double blessées durant les raids de janvier 1944. Au cours des deux premières semaines de février la Luftwaffe bombarda Londres cinq fois, sans beaucoup de succès, mais dans la nuit du 18 au 19 février 1944 eut lieu le raid le plus dévastateur sur la capitale depuis mai 1941, les équipages allemands se familiarisant avec leurs cibles et leurs défenses. On comptera encore 3 attaques sur Londres et des raids manqués sur Hull et Bristol en mars, quelques raids en avril et fin mai des attaques de faible envergure sur Weymouth, Torquay et Falmouth.

Connue sous le nom de ‘Baby Blitz’ en Grande Bretagne, l’Opération Steinbock a couté la vie à 1556 Britanniques, 2916 autres étant gravement blessés, au cours des 5 premiers mois de 1944. La Luftwaffe perdit environ 330 avions et leurs équipages, soit environ 1350 hommes.