1 Dywizja Pancerna

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

L'histoire de la 1re division blindée polonaise est typique de celle des soldats polonais ayant servi sous les ordres anglo américains en Europe de l'Ouest. Sa contribution a été particulièrement notable dans la bataille de Normandie.

1. La création. En 1939, une forte proportion de polonais, militaires ou civils parviennent à fuir la Pologne pour la France ou la Grande-Bretagne, ''via la Hongrie ou la Roumanie. Après la défaite française, certains Polonais qui ont participé à la campgne de 1940, ou engagés de la dernière heure, se retrouvent en Grande-Bretagne. C'est la cas de son futur commandant, Stanislaw Maczek, qui après avoir combattu vaillamment sur Montbard s'enfuit en Afrique du Nord avant de passer en Angleterre. Dès 1940, le gouvernement polonais en exil que dirige Sikorski veut mettre en place des unités nationales qui combattront à l'ouest sous commandement britannique. C'est le cas pour la 1re division polonaise, formée de Polonais de Pologne mais aussi d'autres tout droit venus de la diaspora des Etats-Unis, du Canada, d'Argentine, du Brésil, d'Australie, de Belgique et bien sûr de France (une petite poignée d'entre eux est d'ailleurs originaire du Calvados!!)

2. Composition La 1re division polonaise qui deviendra 1re division blindée polonaise est placée sous les ordres du général Maczeck. Elle est formée à la britannique, une brigade blindée, une brigade d'infanterie motorisée, une forte artillerie ainsi que les services auxiliaires de maintenance, du génie, de transmission et d'approvisionnement. La division s'entraîne durant près de quatre ans en Ecosse. En 1944 elle compte plus de 13 000 hommes. C'est une unité de tradition, son insigne; un casque ailé, rappelle les hussars polonais qui furent de redoutables combattants durant près de trois siècles contre les Cosaques et les Turcs.

          détail:
                Commandant: général Stanislaw Maczeck
                10e régiment de chasseurs à cheval; reconnaisance blindée (lieutenant-(colonel Maciejewski)
                10e brigade de cavalerie (colonel Majewski)
                   - 1er régiment blindé (lieutenant-colonel A. Stefanewicz)
                   - 2e régiment blindé
                   - 24e régiment de lanciers
                   - 10e régiment de dragons (major W. Zgorselski)
                3e brigade d'infanterie(colonel Wladyswladec)
                   - 8e bataillon de chasseurs à pied "chemises sanglantes"
                   - 9e bataillon de chasseurs à pied "chasseurs des Flandres"
                   - 1er bataillon de chasseurs de Podhale (bataillon vétéran de Narvik)
                artillerie divisionnaire (colonel Noël)
                   - 1er régiment d'artillerie
                   - 2e régiment d'artillerie
                   - 1er régiment d'artillerie antichar
                   - 1er régiment d'artillerie antiaérien

La division reçoit du matériel et de l'équipement britannique (armes individuelles, artillerie et mortiers,Bren Carriers, Scout Cars, chars Cromwell attribué au régiment de reconnaissance, sherman Firefly) et américains (chars Sherman, Half-Tracks)

3. Campagnes et faits d'armes

    '.La Normandie'

La division débarque en Normandie à la fin du mois de juillet 1944. Elle est rattachée au IIe CA Canadien (Simmonds) de la Ire armée Canadienne (Crerar). Le 4 août, elle est engagé dans l'opération "Totalize" aux côtés de la 4e DB Canadienne (Kitching). Mais elle subit plusieurs pertes dues à la résistance opiniâtre d'éléments allemands et notamment de formations de la 12. SS Panzer-Division "Hitlerjugend". Cependant, une intervention énergique du 24e lanciers réussit à sortir la force Worthington (4e DB) de l'encerclement. Les 17 et 18 août, alors que les Canadiens combattent pour la libération de Falaise, la 1re DB Polonaise libère les bourgs de Jort et Morteaux-Couliboeuf. Montgomery la détourne alors de son prochain objectif, Trun, laissé alors aux Canadiens, pour se porter dans le secteur de Chambois-Coudehard, non loin d'Argentan. Le but recherché est alors de faire jonction avec le Ve CA américain de Gerow (80e DI, 90e DI et 2e DB française) qui vient du Sud. Cette jonction permettra d'encercler les restes de la VIIe armée allemande (Hausser) qui tente de s'extraire de la poche de Falaise. Montgomery dit à Maczek : "vous êtes le bouchon de la bouteille, tâchez de tenir bon."

Maczek scinde alors sa division en trois groupes de combat. 1°) le groupement Stefanewicz (1er RB, 9e et 10e Chasseurs) qui doit se porter sur le Mont-Ormel (nom de code "Maczuga" ce qui signifie massue), point culminant de la région qui permet de tenir les colonnes allemandes sous le feu. 2°) le groupement Koszutski (8e Chasseurs, 2e RB) pour le secteur de Coudehard. 3°) Le groupement Zgorselski (10e dragons, 10e chasseurs à cheval et 24e lanciers) en direction de Chambois.

La 1ere DB entame alors sa pression sur les troupes allemandes dès le 19 août. D'ailleurs, un des groupements de combats, mal guidé par un civil français qui a cru comprendre que les Polonais voulaient se diriger vers Champeaux (au lieu de Chambois), se retrouve en plein dans le QG de la 2e Panzer-Division!! Un rude combat s'engage, finalement remporté par les Polonais. Pendant ce temps, le groupement Stefanewicz atteint le Mont-Ormel en attendant les blindés canadiens encore aux prises avec des arrières gardes allemandes à Saint-Lambert-sur-Dives, dont le Pont sur la Dives est l'unique point de passage avec le gué de Moissy de ce petit fleuve, certes, mais très encaissé. Le même jour, le capitaine Waters du 358e Régiment de la 90e DI US se présente dans Chambois où il apperçoit deux officiers qu'il croit être britanniques. Ce sont en fait le Major Zgorselski et l'un de ses subordonnés. La Poche de Falaise est alors "physiquement" fermée. Américains et Polonais vont passer les deux jours suivant à repousser avec acharnement des contre-attaques venues du camp d'en face. Néanmoins, le groupement Stefanewicz (environ 2 000 hommes) est toujours isolé sur son promontoir dominant le "Couloir de la Mort" au milieu de 100 000 allemands en retraite. Apprenant cela, Hausser en relation avec von Kluge, Eberbach (Ve Panzer-Armee), Bittrich (IIe corps blindé SS) et Meindl (IIe corps de parachutistes) ordonne de forcer le passage par une contre-attaque conjointe. Le IIe Corps de parachutistes (353e DI et 3e divisions de paras) lancera une contre-attaque depuis l'extrémité est de la poche sur Coudehard, tandis ques des "Kampfgruppen" des 2e SS 'Das Reich' (Baum) et 9e SS "Hohenstauffen" (Bock) forceront le secteur Polono-Canadien. Le 21 août, après une minutieuse et efficace préparation d'artillerie, les restes du SS-Panzer-Grenadier Regiment 4 "Der Führer" (2e SS), appuyés par des blindés s'élancent sur les pentes du Mont-Ormel en chantant "Deutschland über alles" (authentique). Un combat digne de la Grande Guerre s'engage alors. Isolé, les Polonais de Stefanewicz (qui ne tarde pas à être blessé)repoussent plusieurs fois les Waffen-SS. Cependant, les munitions commencent à manquer, les Polonais se battent alors au couteau, à la baïonette, au casque, à mains nues voire même à la bouteille. Un officier de Chasseurs va jusqu'à ordonner à ses hommes de ne tirer qu'à bout portant sur les allemands. Dans les sous-bois on voit même se produire des duels à la grenade d'arbre en arbre! Toutefois, unetroisième contre-attaque engage alors les restes du IIe corps de parachutistes sur Coudehard. Cette fois-ci, avec la pression combinée des Panzer SS les Polonais doivent lâcher prise sur plusieurs secteurs. Sur le Mont-Ormel, Stefanewicz, alarmé dit à ses officiers: "Messieurs c'est la fin, il est inutile de se rendre aux SS. Mourrons pour la Pologne et la civilisation." Le 22 au matin, les chars canandiens du 22e RB (Canadian Grenadier Guards) dégagent enfin Saint-Lambert-sur-Dives et parviennent aux pieds des coteaux du Mont-Ormel. C'est alors,que, n'y tenant plus, les chasseurs à pied s'élancent en hurlant dans une furieuse contre-attaque qui brise l'isolement. Des soldtas canadiens affirment que des fantassins polonais leur sont tombés dans les bras en pleurant. La bataille de Normandie est terminée. La 1ere DB polonaise a perdu près de 2 000 hommes depuis le début de son enggagement. Sur le Mont-Ormel, on a relevé plus de 100 tués, près de 1 000 blessés et seulement une soixantaine d'hommes étaient encore en état de combattre. Les Canadiens n'ont pas tardé à parler de "Polish battlefield"(champ de bataille polonais).

Le "bouchon" a tenu bon, mais la lenteur des Canadiens mais aussi les réticences de Bradley de lancer ses unités plus au nord ont permis aux meilleures unités allemandes et à un nombre non négligeables d'officiers supérieurs de s'échapper (Meindl, Hausser...)

Le sacrifice des Polonais n'a cependant pas été vain, puisqu'il a permis aux alliés de faire définitivement sauter le verrou normand. S'ils ont perdu des effectifs, les hommes de Maczek ont aussi rendu coup pour coup à l'ennemi, de par leur ardeur au combat, leur courage et l'esprit de revanche qui les animait. Pour ce fait d'armes, le général Maczek sera fait grand officier de la Légion d'honneur de part le souhait du général de Gaulle.

     . Nord de la France, Belgique et Hollande

Fin août, toujours incorporée à la Ire armée canadienne, la division passe la Seine, libère Abbeville (Maczek y sera fait citoyen d'honneur) et se dirige vers la Belgique où elle délivre Ypres. Durant l'hiver 1944-1945, elle est faiblement engagée face à l'opération allemande "Wacht am Rhein". C'est lors d'un accrochage que meurt le prince André Poniatowski, descendant du maréchal de Napoléon. En mars-avril 1945, la division participe à la libération de la Hollande et termine la guerre par la prise de Wilhemshaven, où elle reccueille d'ailleurs un nombre important de prisonniers polonais.

4. Après la guerre. Les accords de Potsdam ont stipulé que la Pologne serait placée dans la zone soviétique avec un gouvernement communiste. Les polonais ayant combattu à l'ouest se retrouvent déchus de leur nationalité. Ils ne peuvent d'ailleurs pas participer au défilé de la victoire à Londres. On sait maintenant qu'un nombre important de soldats de la 1re division blindée ont pu retourner en Pologne. Le reste, la plus grande majorité, choisit l'exil dans plusieurs pays d'Occident. Beaucoup ont connu une difficile réinsertion, à l'image du général Stanislaw Maczek qui, mis prématurément à la retraite, termina sa vie active comme vendeur de journaux et comme Barman à Edimbourg. Les soldats de la division tombés au combat reposent désormais dans le cimetière d'Urville-Langannerie, dans le Calvados entre Caen et Falaise et au cimetière de Breda.

Aujourd'hui, la 1re division blindée est devenu une unité de référence aux sein des nouvelles forces armées polonaises.

Sources: Le mémorial de Montormel (Orne) Georges Bernage, Le couloir de la mort, Heimdal, 2007, Bayeux