Œil Oudjat

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pendentif gravé d'un Oudjat (Louvre).
Pendentif gravé d'un Oudjat (Louvre).
D10

Dans l'imagerie de l'Égypte antique, l'Œil Oudjat est un symbole protecteur représentant l'Œil du dieu faucon Horus.

Sommaire

[modifier] Origine

En translittération de l'écriture hiéroglyphique, irt signifie « œil » et wḏȝ, le verbe signifiant « se préserver[1] » ou le mot « protection[2] ». Irt oudjat, ou plus communément oudjat, en transcription signifient donc « œil préservé », l'Œil d'Horus en l'occurrence.

Les égyptologues considèrent généralement que la figuration de l'Œil Oudjat est un hybride d'œil humain et d'œil de faucon : elle combine des parties de l'œil humain, conjonctive, pupille et sourcil, avec vraisemblablement les taches en dessous de l'œil du faucon.

[modifier] Symbolique

D'après le mythe, Horus, fils d'Isis et d'Osiris, aurait perdu un œil dans le combat mené contre son oncle Seth pour venger son père que ce dernier avait assassiné. Au cours du combat, Seth lui arracha l'œil gauche, le découpa (en six morceaux, d'après une version de la légende) et jeta les morceaux dans le Nil. À l'aide d'un filet, Thot repêcha tous les morceaux sauf un. Il suppléa miraculeusement le 6e fragment manquant pour permettre à l'œil de fonctionner de nouveau, rendant ainsi à Horus son intégrité physique.

L'Œil Oudjat avait une fonction magique liée à la prophylaxie, à la restauration de la complétude et à la vision de « l'invisible ». Il fut représenté sur les sarcophages et sur les pectoraux. Les innombrables amulettes en forme d'Oudjat protégeaient leurs porteurs. Lors de la momification, les embaumeurs le plaçaient sur les incisions qu'ils avaient pratiquées. L'Œil Oudjat était aussi peint sur les proues des bateaux, leur permettant de « voir » et de tenir leur cap.

[modifier] Arithmétique

En arithmétique égyptienne, les parties constituantes de l'Oudjat servaient à écrire les fractions ayant 64 comme dénominateur commun[3] et servant à mesurer les capacités et les volumes[4] :

L'Oudjat (vue de droite à gauche)
L'Oudjat (vue de droite à gauche)
Hiéroglyphe Signification Valeur
D11
partie de la conjonctive 1/2 (soit 32/64)
D12
pupille 1/4 (soit 16/64)
D13
sourcil 1/8e (soit 8/64)
D14
partie de la conjonctive 1/16 (soit 4/64)
D15
larme (?) 1/32 (soit 2/64)
D16
tache du faucon (?) 1/64

L'addition des six fractions, 32/64 + 16/64 + 8/64 + 4/64 + 2/64 + 1/64, donne 63/64, la fraction manquante étant sans doute ajoutée magiquement par Thot.

Cette notation était employée pour indiquer les fractions du boisseau, le heqat, mesure de capacité des céréales.

Exemple:

M34 M33 S38 N29
t
U9 D11 D12 D15

orge heqat : 1/2 + 1/4 + 1/32 ( i. e. 25/32 boisseaux d'orge).

Le heqat valait environ 4,785 litres.

[modifier] Notes

  1. Papyrus de Kahun, 29, 41-42 : Griffith, The Petrie Papyri, Hieratic Papyrus from Kahun and Gurob, Londres, 1897-1898
  2. Coffin Texts IV, 246/247a-250/251b, B9Cb
  3. James P. Allen, Middle Egyptian, Cambridge University Press (2004), p. 102
  4. L'unité de base pour mesurer le grain ou les produits de consistance analogue est une mesure de capacité nommée ẖȝr (khar), sac, valant quatre quadruples-heqat