Western

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour le film de Manuel Poirier, voir Western (film).
Pour une définition du mot « western », voir l’article western du Wiktionnaire.

Le paysage typique du western : Monument Valley
Le paysage typique du western : Monument Valley

Le western est un genre cinématographique dont l'action se situe presque toujours en Amérique du Nord lors de la conquête de l'Ouest. Il se situe dans le registre du film historique, bien qu'il appartienne au domaine de la fiction.

Sommaire

[modifier] Au cinéma

Apparu dès les premières années du cinéma muet, le western, genre essentiellement lié au cinéma américain, connaît son apogée entre les années 1930 et les années 1960, où la très grande majorité d'entre eux ont été produits. Si nombre de westerns sont alors confiés à des réalisateurs de « séries B » (Budd Boetticher, Ray Enright, Samuel Fuller…), plusieurs grands noms de l'histoire du cinéma s'y illustrent : Robert Aldrich, Michael Curtiz, Cecil Blount De Mille, Edward Dmytryk, John Ford, Howard Hawks, Fritz Lang, Anthony Mann, Nicholas Ray, King Vidor, Raoul Walsh, William Wellman…, donnant au genre ses lettres de noblesse.

Dans les années 1960, le genre perd de la vitesse aux États-Unis, les grandes productions, en dépit de budgets de plus en plus importants, ne parvenant pas à enrayer le déclin. Le renouveau du western vient alors paradoxalement d'Europe, avec le réalisateur italien Sergio Leone qui lui insuffle une nouvelle jeunesse avec ce qui deviendra le western spaghetti. Faisant la synthèse d'influences multiples — les truands caricaturaux viennent tout droit de la série B américaine, comme par exemple Sept hommes à abattre de Budd Boetticher, la théâtralisation des situations porte la marque des films d'Akira Kurosawa, Sergio Leone pillant le scénario de Yojimbo pour réaliser l'un de ses premiers films : Pour une poignée de dollars (1964), sans le mentionner au générique, ce qui déclencha un mini-scandale au Festival de Cannes — le réalisateur italien établit les codes et usages de cette sous-catégorie en réalisant quelques uns des meilleurs films du genre, bientôt dévoyé dans de multiples productions vite oubliées. Le « western spaghetti » divise les spectateurs, entre ceux qui en louent le comique grinçant, et les zélateurs du western américain pour qui il n'est qu'une médiocre parodie.

D'autres productions européennes (en Espagne, en Tchécoslovaquie, en France même où l'on vit Fernandel à cheval) montrent l'universalité du western.

Aux États-Unis, plus récemment, des réalisateurs comme Clint Eastwood ou Sam Peckinpah, ont réalisé des westerns dits « crépusculaires », où l'héroïsme manichéen des premiers cow-boys a cédé la place à des personnages ambivalents, qui s'affranchissent sans difficulté de la frontière ténue entre le bien et le mal. Les dernières grandes réussites du genre, Pat Garrett et Billy le Kid de Sam Peckinpah en 1973 et Impitoyable de Clint Eastwood en 1992, dressent paradoxalement un constat d'échec et d'impasse du western.

Plusieurs acteurs ont connu la gloire ou tout simplement lancé leur carrière grâce au western. On peut citer parmi eux Gary Cooper, Henry Fonda, John Wayne, James Stewart, Randolph Scott, Clint Eastwood ou Kevin Costner. Certains, comme Karl Malden ou Lee Marvin y incarnèrent avec succès de sordides crapules.

On reproche souvent au western de propager une vision blanche de l'Amérique. Dans les films des premières décennies, en effet, les Amérindiens sont le plus souvent représentés de façon caricaturale, comme des êtres cruels et sans intelligence dont le bon cow-boy doit se débarrasser. Par son manichéisme, le genre a longtemps servi de justification au génocide des Indiens d'Amérique. Il s'agit, pour partie, d'une idée reçue car, dès 1925 avec La Race qui meurt (The Vanishing American), de George B. Seitz, les Indiens sont montrés comme des victimes de la Conquête de l'Ouest. Suivront, dans les années 1950, plusieurs westerns qui s'attachent à réhabiliter les Indiens ou montrer les difficultés d'« amours mixtes » : Au-delà du Missouri de William Wellman, La Flèche brisée de Delmer Daves et La Porte du diable d'Anthony Mann, tous sortis en 1950, sont les précurseurs de films qui s'avèrent progressivement de plus en plus engagés en faveur des Indiens, comme La Dernière chasse de Richard Brooks (1955), Les Cheyennes de John Ford en 1964, Soldat bleu de James Nelson en 1970, Little Big Man d'Arthur Penn, jusqu'à Danse avec les loups de Kevin Costner en 1990. Ces films portent aussi la marque d'un panthéisme parfois naïf, mais souvent lyrique et inspiré (Jeremiah Johnson de Sydney Pollack, 1972), qui est aussi un des éléments fondateurs du mythe, celui de la difficile osmose entre l'homme et la nature (La Captive aux yeux clairs, d'Howard Hawks, 1952).

Le manichéisme apparent est souvent l'articulation de l'action (le bon shérif contre les bandits, les cultivateurs contre les éleveurs, les gens de la ville contre ceux du cru, l'homme de loi contre le shérif véreux, l'armée contre les civils, etc.), mais elle permet de ce fait de toucher à l'universalité des situations, ce qui a contribué à populariser le genre au-delà de son territoire d'origine. Si certains acteurs (Gary Cooper, Henry Fonda, John Wayne) incarnent presque systématiquement la panoplie du redresseur de torts, bien vite d'autres acteurs endosseront un costume plus ambigu, comme Richard Widmark, Kirk Douglas ou Joel McCrea. Partagé entre fascination et répulsion, le western met aussi en scène la violence de manière ambivalente, comme le soulignent le sadisme de Wilson (Jack Palance dans L'Homme des vallées perdues et plus encore le rapport fétichiste aux armes et à leur pouvoir qu'entretiennent les protagonistes de Warlock (L'Homme aux colts d'or) d'Edward Dmytryk (1959).

Le système du western repose essentiellement sur le concept américain de frontier que le mot français frontière traduit imparfaitement (la ligne-frontière correspond à boundary alors que la frontier est la limite de l’écoumène, marquée par l'esprit pionnier et une loi très relative). Le Far West (ouest lointain) est considéré comme une terre aride, hostile, où la loi n'a pas encore réussi à s'imposer. Ces idées, constitutives du western, ont souvent été réutilisées par ailleurs au cinéma, souvent dans le film policier (Assaut de John Carpenter est le remake de Rio Bravo d'Howard Hawks), ou de science-fiction (Outland reprend la trame du Train sifflera trois fois), soit carrément à l'échelle d'une série telle que Star Trek.

Enfin, le western est très perméable aux autres genres du cinéma. Il y a ainsi des westerns contemporains (Un homme est passé de John Sturges ou Seuls sont les indomptés de David Miller), des westerns en forme de comédies musicales (La Kermesse de l'Ouest de Joshua Logan), des westerns comiques (Go West avec les Marx Brothers) ou proches du film noir : La Fille du désert (Colorado Territory, 1949) de Raoul Walsh et le remake de La Grande évasion (High sierra, 1949) du même réalisateur, un des classiques du genre avec Humphrey Bogart. Pour les réalisateurs hollywoodiens, le western constituait un passage obligé, comme le rappelait Fritz Lang, et même pour les acteurs, certains n'hésitant pas à passer derrière la caméra, comme Marlon Brando avec La Vengeance aux deux visages (« One-Eyed Jacks », 1961), John Wayne avec Alamo (1960) et, bien sûr, Clint Eastwood.

[modifier] Origines et mythe

Du Dernier des Mohicans de Fenimore Cooper aux romans de Gustave Aimard ou de Karl May, le western a d'abord des origines littéraires. Il puise aussi dans l'histoire de l'Amérique elle-même, glorifiant l'épopée des pionniers ou évoquant la douloureuse Guerre de Sécession, sans négliger les Guerres indiennes. Surtout, le western mythifie certains personnages qu'il fait entrer dans la légende : Jesse James, Billy the Kid, Calamity Jane, Wild Bill Hickock, et bien d'autres. Certains, comme Buffalo Bill sont encore vivants au moment où des réalisateurs comme John Ford font leurs débuts, transmettant ainsi leur histoire et leur expérience à ceux qui mettront en images un West qui combine légende et réalité. À la fin de L'Homme qui tua Liberty Valance, une phrase résume l'essence du western : « Quand la légende devient réalité, imprimez la légende ! »

[modifier] Quelques westerns célèbres

The Great Train Robbery
The Great Train Robbery

[modifier] Les classiques

[modifier] Les spaghetti

[modifier] Westerns « crépusculaires »

[modifier] Les tentatives de retour

[modifier] Bandes dessinées

On compte aussi de nombreuses bandes dessinées dont l'action se situe à la même époque et qui peuvent donc se rapporter au genre western. Il est à noter que nombre d'entre elles s'inspirent directement de westerns qui leur sont antérieurs :

[modifier] Curiosité

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

[modifier] Bibliographie

  • Le Western, sources, mythes, auteurs, acteurs, filmographies, sous la dir. de Raymond Bellour, Union générale d'Editions, Paris, 1966
  • Jean-Marc Bouineau, Alain Charlot, Jean-Pierre Frimbois - Les 100 chefs-d'oeuvre du western, 221 p. (Marabout, 1989) - (ISBN 2-501-01167-8)
  • Walter C. Clapham - Panorama du western
  • L. Staig, T. Williams - Le western italien

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Forums sur le western