Wahhabisme

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Le wahhabisme désigne la doctrine de retour à l'islam des origines (suivi par le salafisme) enseignée par le théologien Mohamed ibn Abd al-Wahhab (1703 - 1792), et la forme rigoriste de l'islam sunnite à laquelle elle a donné naissance. Le terme est utilisé de manière péjorative par les musulmans rejetant le salafisme, laissant sous-entendre que Mohamed ibn Abd al-Wahhab aurait fondé une voie (en arabe, le minhaj) sans rapport avec les salafs, premiers musulmans des trois premiers siècles après Mahomet.

Le texte fondateur de l'enseignement de Mohamed ibn Abd al-Wahhab correspond à son ouvrage Kitab at-tawhid (en arabe, le Livre du monothéisme). Le terme de « wahhabisme » (wahhabiyyah en arabe) a été forgé très tôt par les détracteurs d'Ibn Abd-Al Wahhab, reprenant le nom d'une ancienne voie kharidjite.

L'enseignement de Mohamed ibn Abd al-Wahhab se donne pour but de purifier l'islam des innovations, appelées bida’, des déviances, des hérésies ou des idolâtries. Parmi les principes de cet enseignement, conformément au salafisme, on trouve notamment l'interdiction du culte des saints, de l'édification de monuments funéraires, ou même de mosquées luxueuses. Ces interdictions se basent sur le Coran et la Sunnah, interprétés à la lumière de la pratique des premiers musulmans, et rejetant les avis théologiques ultérieurs entrant en contradiction avec ces sources. Le fils de Mohamed ibn Abd al-Wahhab, Abdûllah ibn Mohamed ibn Abd al-Wahhab, dans son livre « Al-Hadiyya as-saniyya » [1], se défend ainsi des attaques accusant d'hérétisme l'enseignement salafiste de son père :

  • « Concernant les Usûl ud-dîn, nous sommes sunnites (« ahl as-sunna wal-jamâ'ah ») et suivons nos pieux prédécesseurs (« salaf »). Concernant les Furû', nous suivons l'école de Ahmad ibn Hanbal, et ne critiquons personne qui suit quelqu'un d'autre parmi les autres imams d'écoles… Nous ne prétendons pas être des mujtahid mutlaq, mais si, concernant une question donnée, l'avis de l'école hanbalite est différent de ce que dit un texte du Coran ou de la Sunna, clair, non abrogé et qui a été adopté comme avis par un des quatre imams, alors nous suivons ce que dit ce texte. » [2]

Le salafisme enseigné par Mohamed ibn Abd al-Wahhab, connut son essor après son alliance avec Mohammed ibn Saoud — patriarche des Séoud, alors seigneurs du Najd avant de devenir la famille régnante ayant par la suite donné son nom au pays. Le terme de « wahhabisme » est aujourd'hui utilisé péjorativement avec une connotation politique pour désigner l'islam rigoriste officiel en Arabie saoudite (on préférera le terme salafisme). Il est également utilisé dans les médias pour désigner l'idéologie sous-tendant la politique aussi bien intérieure qu'extérieure du pays.

Mohamed ibn Abd al-Wahhab réfute toute source de législation autre que le Coran. Cela explique que ni l'Arabie saoudite ni le défunt régime taliban n'avaient de constitution. En fait, conformément au salafisme, Ibn Abd al-Wahhab préfère la notion d'Oumma (communauté de croyants) à celui d'État-nation.

Sommaire

[modifier] Essor du salafisme après Mohamed ibn Abd al-Wahhab

Le salafisme vient d'une volonté de revenir aux textes sacrés, de limiter dans leur lecture toute interprétation humaine contredisant celle des salafs (théologiens prédécesseurs des 3 premiers siècles). Ibn Abd al-Wahhab prône un islam réformateur, il dénonce les coutumes locales et les superstitions qui ont appauvri et altéré la religion au fil des siècles. Il prône ainsi un retour à l'âge d'or de l'islam et donc à une interprétation du Coran basée sur celle des premières générations (notamment celle des 4 imams fondateurs des écoles de pensée islamiques). Il condamne la musique et la danse qui étaient initialement interdites dans l'Islam selon certains théologiens[3]. L'homme doit être contrôlé socialement pour être dans le droit chemin : celui de la soumission à Dieu. Il détruit des tombeaux et brise les idoles pour restaurer un monothéisme pur. Le radicalisme de la doctrine et de l'action inquiètent les premières populations locales. Ibn Abd al-Wahhab quitte alors le Sud de l'Arabie, et trouve refuge dans un village de Mohammed al Saoud, favorable à ses idées. Ils concluent un pacte instituant un État islamique suivant son enseignement, qui consiste en un prosélytisme religieux et en une expansion territoriale. En 1803 le premier État saoudien est fondé.

[modifier] Inde

L'Inde fut influencée au cours du XIXe siècle par le salafisme, introduit par Seijid Ahmed. La doctrine y connut un grand succès dans la région de Sitana au nord de Peshawâr. Elle s'opposa aux Britanniques en particulier et à la culture européenne en général. Les musulmans indiens adoptèrent le salafisme, qui gagna rapidement tout le nord de l'Inde et prospéra à Patna dans le Bihâr, où ses membres se révoltèrent. Le théologien indien Manzûr an-Nu'mânî[4]cite le colonisateur britannique qui utilise le terme péjoratif de "wahhabite" pour qualifier les musulmans indiens luttant pour leur indépendance : il savait combien ce terme était déjà perçu négativement dans des populations musulmanes, et le but était de discréditer ces musulmans indiens au sein même de leur entourage.

[modifier] Égypte

Les Frères Musulmans, une organisation égyptienne, reçurent ainsi, dans les années 1950, une aide financière provenant des Saoud et destinée à faire le contrepoids au nationalisme arabe laïc du leader égyptien Abdul Nasser. Dans les années 1950 et 1960, de nombreux militants de la confrérie se sont réfugiés en Arabie Saoudite, pour échapper à la répression Nassérienne.

[modifier] Afghanistan

Les talibans, qui ont pris le pouvoir dans le pays en 1996 étaient des musulmans fondamentalistes-soufis déobandis qui croyaient à la doctrine et aux traditions de l'école déobandi. Le régime qu'ils ont mis en place étant largement critiqué voire rejeté par le reste du monde, ils rencontrent des problèmes de financement qui les amènent à former une sorte de coalition stratégique avec Al-Qaida. En ce qui concerne les aspects extérieurs et la transparence (hijab, barbe...) les talibans ne présentent pas de différence notable avec les salafistes, c'est dans leur méthodologie qu'ils diffèrent d'eux.

[modifier] Europe

L'essor du salafisme a aussi atteint les Balkans et le Caucase, où les groupes salafistes tentent de récupérer des groupes de musulmans qui étaient sous la menace ou la domination de groupes non musulmans. L'exemple le plus manifeste de l'influence du salafisme peut s'observer en Tchétchénie où les exactions russes l'ont considérablement servi.

De nombreuses initiatives d'organisations saoudiennes ont visé à enseigner le salafisme aux musulmans de Bosnie-Herzégovine, de Serbie-et-Monténégro et en République de Macédoine, par le biais du financement de la reconstruction des mosquées, et d'hôpitaux.

[modifier] Salafisme et les frères musulmans

Beaucoup d'organisations militantes islamistes sont influencées par le salafisme, totalement ou partiellement. Cependant on notera que les islamistes chiites, comme ceux d'Iran ou du mouvement libanais Hezbollah sont des chiites n'ayant rien à voir avec le salafisme.

Un grand nombre de mosquées autour du monde ont été financées par des fonds saoudiens ou provenant d'autres nations pétrolières du Moyen-Orient. De la même façon, de nombreux imams ont été formés en Arabie Saoudite.

[modifier] Notes et références

  1. « Al-Hadiyya as-saniyya », p. 38-39.
  2. Cité par le théologien indien Manzûr an-Nu'mânî dans « Cheikh Muhammad ibn Abd il-Wahhâb ké khilâf propaganda aur Hindustân ké ulama-é haq par uss ké atharât », p.58
  3. * Parmi les paroles attribuées à Mahomet: « Il y aura parmi ma communauté des gens qui considéreront comme licites la soie, l’alcool et les instruments de musique ». (rapporté et commenté par Boukhari sous le numéro 5590, et communiqué par Tabarânî et Bayhaqî, chaîne de transmission authentifiée par l'historien et théologien Al-Albânî dans son ouvrage "as-Silsila As-Sahiha", n°91)
    • « Et, parmi les hommes, il en est qui, dénués de science, achètent de plaisants discours pour égarer hors du chemin d' Allah et pour le prendre en raillerie. Ceux-là subiront un châtiment avilissant.. » ( Coran, 31:6). Ibn Abbas affirme que le mot « Lahw » (terme utilisé en arabe dans le verset cité) signifie la chanson ; Mujâhid explique ce mot par "tambour " (Tafsir d’Ibn Kathîr 21/40). Hassan al-Basrî dit quand à lui que de verset à été révélé à propos de la musique et des flûtes (Tafsir d’Ibn Kathîr 3/451). Les trois théologiens sont du même siècle que Mahomet et de nombreux autres théologiens des premiers siècles l'ont ainsi interprété.
  4. Dans "Cheikh Muhammad ibn Abd il-Wahhâb ké khilâf propaganda aur Hindustân ké ulama-é haq par uss ké atharât", pp 79, 90-91.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

  • (fr) (en) Divers documents sur le site des Archives audiovisuelles de la recherche en sciences humaines et sociales

[modifier] Bibliographie

  • Bruno Étienne, Islam - Les questions qui fâchent, Bayard Culture


Courants et mouvements en Islam





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