Virginia Woolf

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Virginia Woolf
Virginia Woolf par George Charles Beresford, en 1902
Naissance 25 janvier 1882
Décès 28 mars 1941
Activité Écrivain
Nationalité Royaume-Uni Britannique
Œuvres principales Mrs. Dalloway, Les Vagues

Virginia Woolf (25 janvier 1882 - 28 mars 1941) est une femme de lettres anglaise et une féministe[1]. Pendant l'entre-deux-guerres, elle fut une figure marquante de la société littéraire londonienne et un membre du Bloomsbury Group.

Sommaire

[modifier] Biographie

Née Adeline Virginia Stephen à Londres de Sir Leslie Stephen et Julia Stephen Duckworth (dite aussi Julia Prinsep - née Julia Jackson : 1846–1895), elle fut éduquée par ses parents à leur domicile du 22 Hyde Park Gate, Kensington dans une ambiance littéraire de la haute société.

Les parents de Virginia étaient tous deux veufs lorsqu’ils se marièrent : ainsi leur maison regroupait les enfants de trois mariages différents. Les enfants de Julia et de son premier époux Herbert Duckworth : George Duckworth (1868–1934) ; Stella Duckworth (1869–1897) ; et Gerald Duckworth (1870–1937). La fille de Leslie et de sa première épouse Minny Thackeray, Laura Makepeace Stephen fut diagnostiquée handicapée mentale et vécut avec eux avant d’être placée dans un asile en 1891 jusqu’à la fin de ses jours. Enfin, les enfants de Leslie et Julia : Vanessa (1879–1961) ; Thoby (1880–1906) ; Virginia et Adrian (1883–1948).

Portrait de Julia Jackson (Stephen), par Cameron (1867).
Portrait de Julia Jackson (Stephen), par Cameron (1867).

Sir Leslie Stephen, en plus qu'écrivain, éditeur et alpiniste, était aussi veuf de la fille aînée du romancier William Makepeace Thackeray. Julia Stephen était descendante d’une famille (les sœurs Pattle) déjà connue pour son implication dans la vie intellectuelle de la société victorienne, comme le salon[2] tenue au milieu du XIXe s. par sa tante Sarah Prinsep (mère du peintre préraphaélite Val Princep). D'ailleurs la mère de Virginia posa comme modèle, dès son plus jeune âge, pour des artistes de l'époque (comme plusieurs membres féminin de la famille). Ainsi Henry James, George Henry Lewes, Julia Margaret Cameron (une autre tante célèbre de Julia[3] morte en 1879) et James Russell Lowell (le parrain de Virginia) faisaient entre autre partie des connaissances de ses parents.

Outre cette atmosphère culturelle, Virginia avait accès à la vaste bibliothèque de son domicile du 22, Hyde Park Gate, qui lui permit de découvrir les classiques et la littérature anglaise (à la différence de ses frères qui suivirent une éducation traditionnelle).

Dans ses mémoires, ses souvenirs d’enfance les plus vifs ne sont pourtant pas à Londres, mais à St Ives en Cornouailles où sa famille passait tous ses étés jusqu’en 1895. Les souvenirs de vacances en famille, les impressions laissées par le paysage et le phare Godevry (Godrevy Lighthouse), furent des sources d’inspiration notables de ses romans, en particulier "Voyage au Phare" ("To the Lighthouse").

La mort de sa mère, décédée de la grippe, et celle de sa demi-sœur Stella deux ans plus tard, entraînèrent Virginia dans sa première dépression nerveuse. La mort de son père en 1904 provoqua son effondrement le plus inquiétant, elle fut brièvement internée.

Les spécialistes actuels estiment que ses dépressions et les périodes récurrentes de déprimes étaient aussi dues aux abus sexuels dont elle et sa sœur Vanessa furent victimes de la part de leurs demi-frères George et Gerald (auxquels Woolf fait allusion dans ses essais autobiographiques "A Sketch of the Past" et 22 Hyde Park Gate). Les diagnostics modernes parleraient de trouble bipolaire, une maladie qui aurait marqué sa vie et son œuvre et conduite peut-être au suicide.

Après la mort de son père, Virginia, Vanessa et Adrian vendirent le 22 Hyde Park Gate et achetèrent une maison au 46, Gordon Square dans Bloomsbury. Ils y firent alors la connaissance de Lytton Strachey, Clive Bell, Saxon Sydney-Turner, Duncan Grant et Leonard Woolf (un ancien étudiant de Cambridge, membre des Cambridge Apostles tout comme Strachey). Ils formèrent ensemble le noyau du cercle d'intellectuels connu sous le nom de Bloomsbury Group.

Virginia Woolf épousa l'écrivain Leonard Woolf en 1912. Elle le surnommait durant leurs fiançailles "le Juif sans le sou". Plusieurs biographes ont supposé que leur mariage n'avait jamais été pleinement consommé, et que la sexualité de Virginia Woolf était principalement tournée vers les femmes. Cependant, les époux avaient des liens très forts, et en 1937 Woolf décrivait dans son journal le fait d'être une épouse comme un énorme plaisir et son mariage comme complet. Ils travaillaient ensemble comme éditeurs : ils fondèrent en 1917 la Hogarth Press, qui publia la plupart des œuvres de Virginia Woolf.

L'ambiance du groupe de Bloomsbury encourageait les rencontres et les liaisons, et en 1922, Woolf rencontra Vita Sackville-West. Après un essai, elles entamèrent une liaison qui dura tout le long des années 1920. En 1928, Woolf s'inspira de Vita Sackville-West pour Orlando, une biographie fantastique dans laquelle le héros éponyme traverse les siècles et change de sexe. Nigel Nicolson, fils de Vita Sackville-West, l'a appelé "la plus longue et la plus charmante lettre d'amour de la littérature."[4] Après la fin de leur liaison, les deux femmes restèrent amies.

Parmi ses plus grandes amies, on compte Madge Vaughn (la fille de John Addington Symonds, qui inspira le personnage de Mrs. Dalloway), Violet Dickinson, et la compositrice Ethel Smyth. Elle était aussi très proche de sa sœur Vanessa Bell.

En 1941, Virginia Woolf se suicide. Elle remplit ses poches de pierres et se jette dans la rivière Ouse, près de Monk's House, sa maison de Rodmell. Elle laisse une note à son mari : « J'ai la certitude que je vais devenir folle : je sens que nous ne pourrons pas supporter encore une de ces périodes terribles. Je sens que je ne m'en remettrai pas cette fois-ci. Je commence à entendre des voix et ne peux pas me concentrer. Alors je fais ce qui semble être la meilleure chose à faire. Tu m'as donné le plus grand bonheur possible... Je ne peux plus lutter, je sais que je gâche ta vie, que sans moi tu pourrais travailler. »

[modifier] Œuvre

Elle commence l'écriture comme activité professionnelle en 1905, initialement pour le supplément littéraire du Times. En 1912, elle épouse Leonard Woolf, fonctionnaire et théoricien politique. Son premier roman, The Voyage Out (La Traversée des apparences), est publié en 1915. Elle continue à publier des romans et des essais en tant qu'intellectuelle, qui rencontrent un succès aussi bien auprès de la critique que du grand public. La plupart de ses œuvres seront publiées à compte d'auteur à la Hogarth Press. Elle est considérée comme l'une des plus grandes romancières du XXe siècle et des plus grandes innovatrices dans la langue anglaise. Dans ses œuvres, elle expérimente avec acuité les motifs sous-jacents de ses personnages, aussi bien psychologiques qu'émotifs, ainsi que les différentes possibilités de la narration et de la chronologie morcelées. Selon Edward Morgan Forster, elle a poussé la langue anglaise « un peu plus contre les ténèbres » ; l'influence de ses réalisations littéraires et de sa créativité est encore sensible aujourd'hui.

[modifier] Travaux récents

Récemment, des études sur Virginia Woolf se sont concentrées sur les thèmes féministes et lesbiens dans son travail, comme dans l'anthologie d'essais critiques publiée en 1997 : Virginia Woolf: Lesbian Readings, publiée par Eileen Barrett et Patricia Cramer. Louise A. DeSalvo propose un traitement de l'abus sexuel incestueux que subit V. Woolf quand elle était jeune dans Virginia Woolf: The Impact of Childhood Sexual Abuse on her Life and World. Son imaginaire est aussi étudié pour sa profondeur de vue dans des thèmes comme le syndrome commotionnel, la guerre, les classes et la société britannique moderne. Les plus connues de ses œuvres non romanesques, notamment Une chambre à soi et Trois Guinées, traitent de l'avenir de l'éducation féminine et du rôle des femmes auteurs dans les canons littéraires occidentaux.

En 2002, The Hours, un film fondé sur la vie de Virginia Woolf et sur l'effet de son roman Mrs. Dalloway, a été nominé pour l'Academy Award du meilleur film. Celui-ci était adapté du roman de même titre de Michael Cunningham, publié en 1998 et prix Pulitzer. The Hours était le titre provisoire de V. Woolf pour Mrs. Dalloway. Beaucoup de spécialistes de V. Woolf sont hautement critiques sur la peinture que donne le film de V. Woolf et de ses œuvres. Selon eux, ni le roman, ni le film ne sauraient être considérés comme un exposé correct ou une critique littéraire de Mrs. Dalloway

[modifier] Liste des œuvres

[modifier] Notes et références

  1. Voir ses essais, comme Four Figures, portant sur Mary Wollstonecraft (1932).
  2. Réseaux d'intellectuels dit aussi cercle de Little Holland House à Kensington (Londres). Voir aussi la pièce de théâtre Freshwater : A Comedy de Virginia Woolf (rédigée avant 1923, puis revu en 1935) imaginant la vie culturelle à la résidence de sa tante Julia Margaret Cameron et prélude du Bloomsbury Group.
  3. Julia Stephen rédigeât la biographie de sa tante Julia Margaret Cameron, dans la première édition du Dictionary of National Biography (1886).
  4. Virginia Woolf "Famous GLTB People".
  5. à noter que Pierre Bourdieu a fait une analyse de cette oeuvre dans son ouvrage La domination masculine

[modifier] Bibliographie

  • (en) Quentin Bell, Virginia Woolf, A biography, 2 vol., London, Hogarth Press, 1972 (James Tait Black Memorial Prize)
  • (fr) Quentin Bell, Virginia Woolf, une biographie, 2 vol., Stock, 1973
  • (fr) Geneviève Brisac, Agnès Desarthe, " V.W. Le mélange des genres" : Editions de l'Olivier / Le Seuil, 2004
  • (fr) Jane Dunn, Virginia Woolf et Vanessa Bell : une très intime conspiration, Paris, Autrement, coll. « Littératures », 2005. 397 p., 23 cm. ISBN 2-7467-0750-0. Titre original : Vanessa Bell and Virginia Woolf : a very close conspiracy
  • (en) John Lehmann, Virginia Woolf and Her World (1975)
  • (en) John Lehmann, Thrown To The Woolfs (1978)
  • (fr) Frédéric Monneyron, Bisexualité et littérature. Autour de D.H. Lawrence et Virginia Woolf, L'Harmattan, 1998
  • (fr) Monique Nathan, Virginia Woolf par elle-même, Paris : Éditions du Seuil, coll. « Ecrivains de Toujours », 1958

[modifier] Voir aussi

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[modifier] Liens externes