Vincent van Gogh

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Vincent van Gogh

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Nom de naissance van Gogh . Prénoms : Vincent , Edward , Louis
Naissance 30 mars 1853
Groot Zundert, Pays-Bas
Décès 29 juillet 1890
Auvers-sur-Oise, France
Nationalité Pays-Bas Pays-Bas
Activité(s) Peintre
Maître Anton Mauve
Mouvement artistique Post-impressionnisme
Œuvres réputées Les mangeurs de pommes de terre, La chambre de Van Gogh à Arles, les Iris, Autoportraits
Influencé par Jean-François Millet
Illustration : Vincent van Gogh, Autoportrait au chapeau de feutre, 1887

Vincent van Gogh (en néerlandais, [vɪnˈsɛnt vɑn'xɔx] ; la prononciation d'usage en France est [vɛ̃sɑ̃ vɑ̃ gɔg]) (30 mars 1853 à Groot-Zundert aux Pays-Bas - 29 juillet 1890 à Auvers-sur-Oise) est un peintre et dessinateur néerlandais.

Son œuvre, presque inconnue à sa mort, annonce le fauvisme et l'expressionnisme.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Sa jeunesse (18531869)

Maison natale de Vincent van Gogh, dans le presbytère de Groot-Zundert, aux Pays-Bas
Maison natale de Vincent van Gogh, dans le presbytère de Groot-Zundert, aux Pays-Bas
La famille de Vincent van Gogh :En haut : son père, Theodorus van Gogh et sa mère, Anna Cornelia van Gogh (née Carbentus)En dessous, de gauche à droite : Vincent Willem, Anna Cornelia, Théo, Elisabetha Huberta, Willemina Jacoba et Cornelius Vincent
La famille de Vincent van Gogh :
En haut : son père, Theodorus van Gogh et sa mère, Anna Cornelia van Gogh (née Carbentus)
En dessous, de gauche à droite : Vincent Willem, Anna Cornelia, Théo, Elisabetha Huberta, Willemina Jacoba et Cornelius Vincent

Vincent van Gogh est le fils d'un pasteur calviniste, il naît le 30 mars 1853 à Groot-Zundert, un petit village néerlandais dans l'ouest du Brabant-Septentrional. Sa mère, Anna-Cornélia Carbentus, est la fille d'un relieur de la cour. La famille Van Gogh est d'ancienne bourgeoisie, déjà notable au XVIe siècle et XVIIe siècle. Vincent est l'aîné de six enfants. Il naît un an, jour pour jour, après le décès de son frère aîné qui est mort-né ; par tradition familiale, il porte le même prénom que son défunt frère. Il resta jusqu’à la mort un tourmenté, un isolé, un incompris et sa vie fut un échec total sur les plans de l’amour, de la famille et des contacts humains. Seul son frère Théo de quatre ans son cadet, l’aida moralement et financièrement sans jamais se lasser et lui permit ainsi d’accomplir son œuvre. Les 652 lettres que Vincent lui écrivit en font foi.

Quatre ans après la naissance de Vincent, son frère Théodore (Théo) naît le 1er mai 1857. Il avait également un autre frère appelé Cornélius et trois sœurs, Elisabeth, Anna et Willemina. Vincent van Gogh était un enfant sérieux, silencieux et pensif. En 1860, il va à l'école dans le village de Zundert où le seul professeur était catholique. À partir de 1861, van Gogh et sa sœur Anna suivent leur enseignement auprès d'une institutrice qui leur donne des cours à la maison jusqu'au 1er octobre 1864, date à laquelle il part pour l'internat de Jan Provily à Zevenbergen, une ville rattachée à la commune de Moerdijk. L'internat étant situé à une trentaine de kilomètres de la maison familiale, van Gogh vit assez mal cette séparation avec sa famille. En septembre 1866, il entre au collège Willem II à Tilburg mais en mars 1868, il quitte précipitamment l'école et retourne à la maison. À propos de ses premières années, van Gogh a dit : « ma jeunesse était sombre, froide et stérile... »[1]

[modifier] Marchand d'art et prédicateur (1869-1878)

Vincent van Gogh (1872)
Vincent van Gogh (1872)

En juillet 1869, à l'âge de quinze ans, il obtient un poste auprès du marchand d'art Goupil et Cie à La Haye grâce à son oncle Vincent ("cent") qui avait fait de bonnes affaires pour cette galerie d'art. Après sa formation, en juin 1873, Adolphe Goupil l'envoie dans l'une des succursales à Londres où il est logé dans le quartier de Brixton. C'était une période heureuse pour van Gogh : il réussissait dans son travail et, à l'âge de 20 ans, il gagnait déjà plus que son père[2].
Il tombe amoureux de la fille de son bailleur, Eugénie Loyer mais, lorsqu'il lui révèle finalement ses sentiments, elle le rejette en lui expliquant qu'elle s'est déjà secrètement engagée avec le locataire précédent. Van Gogh devient de plus en plus isolé et, dans le même temps, il développe un fervent intérêt pour la religion. Son père et son oncle l'envoient à Paris où il est choqué de la façon dont l'art est traité comme un produit et une marchandise, ce qu'il dénonce à certains clients, et provoque son licenciement le 1er avril 1876.

Il se sent alors appelé par une vocation spirituelle et religieuse. Il revient en Angleterre où, pendant quelque temps, il travaille bénévolement, d'abord comme professeur suppléant dans un petit internat donnant sur le port de Ramsgate[3]. Comme l'école doit par la suite déménager à Isleworth dans le Middlesex, van Gogh décide de s'y rendre. Mais le déménagement n'a finalement pas lieu, et van Gogh décide de rester sur place où il devient un fervent animateur du mouvement méthodiste et veut "prêcher l'Évangile partout".

À Noël de cette même année 1876, il retourne chez ses parents et travaille alors dans une librairie de Dordrecht pendant six mois. Toutefois, il n'est pas heureux à ce nouveau poste où il passe la majeure partie de son temps dans l'arrière boutique du magasin à dessiner ou traduire des passages de la Bible en anglais, français et allemand. Son compagnon de chambre de l'époque, un jeune professeur appelé Görlitz, expliqua plus tard que pendant cette période, van Gogh se nourrissait avec parcimonie, préférant ne pas manger de viande.[4]

Le soutenant dans son désir de devenir pasteur, sa famille l'envoie en mai 1877 à Amsterdam où il séjourne chez son oncle Jan van Gogh, amiral de la marine. Van Gogh se prépare pour l'université et étudie la théologie avec son oncle Johannes Stricker, un théologien respecté qui a publié la première "vie de Jésus" disponible aux Pays Bas. Toutefois, van Gogh échoue à ses examens et il quitte alors le domicile de son oncle Jan en juillet 1878. Il suit ensuite des cours pendant trois mois dans l'école protestante de Laeken, près de Bruxelles, mais il échoue à nouveau et abandonne alors ses études pour devenir prédicateur laïc.

[modifier] Borinage et Bruxelles (1879-1880)

Maison dans laquelle séjourna Vincent van Gogh à Cuesmes, Belgique
Maison dans laquelle séjourna Vincent van Gogh à Cuesmes, Belgique

Fin 1878, van Gogh obtient une mission d'évangéliste en Belgique, auprès des mineurs de charbon du Borinage, dans la région de Mons. Il y devient un prédicateur solidaire des luttes contre le patronat.

Sa traversée du Borinage commence dans la commune de Pâturages, en 1878. Il y est accueilli par un pasteur qui l'installe chez un colporteur au n° 39 de la rue de l'Église. Il part ensuite pour Wasmes, dans une maison que très vite, il juge trop luxueuse et qu'il ne tarde pas à quitter pour s'installer dans une simple cabane. Poussant le christianisme à sa conclusion logique, van Gogh choisit de vivre comme ceux auprès desquels il prêche, partageant leurs difficultés jusqu'à dormir sur la paille dans sa petite hutte au fond de la maison du boulanger chez lequel il réside. Il consacre tout aux mineurs et à leur famille. Il va même jusqu'à descendre à 700 mètres au fond de la mine. Lors d'un coup de grisou, il sauve un mineur. Mais ses activités ne tardent pas à être désapprouvées, on n'accepte pas sa fonction de « prêtre ouvrier » et cela le choque. Accusé d'être un meneur, Vincent van Gogh est contraint d'abandonner la mission qu'il s'était donnée. Il en gardera l'image de la misère humaine qui apparaîtra dans une partie de son œuvre.
Il se rend alors à Bruxelles puis revient brièvement au Borinage à Cuesmes, où il s'installe dans la maison située au n° 3 de la rue du Pavillon. Toutefois, sous la pression de ses parents, il revient chez eux à Etten. Il y reste jusqu'en mars 1880 au grand dam de ses parents qui sont de plus en plus préoccupés à son égard. Un conflit considérable naît alors entre Vincent et son père, ce dernier allant jusqu'à se renseigner pour faire admettre son fils à l'asile de Geel. Van Gogh s'enfuit de nouveau et se réfugie à Cuesmes où il loge jusqu'en octobre 1880 chez le mineur Charles Decrucq.
Il s'intéresse de plus en plus aux personnes l'entourant et aux scènes quotidiennes qu'il commence à représenter dans certains croquis. En novembre 1880, van Gogh écoute les conseils avisés de son frère Théo à prendre l'art au sérieux. Sur les recommandations de Théo, il se rend à Bruxelles, afin d'étudier la peinture avec l'artiste hollandais Willem Roelofs. Ce dernier réussit à le persuader (en dépit de l'aversion de van Gogh d'apprendre l'art dans une école) de s'inscrire à l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Il s'y inscrit le 15 novembre 1880 pour les cours du soir et étudie non seulement l'anatomie, mais aussi les règles de la composition et de la perspective.

[modifier] Le peintre

[modifier] 1880 - 1885 : aux Pays-Bas

Vue de l'atelier à La Haye, aquarelle
Vue de l'atelier à La Haye, aquarelle

Van Gogh commence son apprentissage en copiant des lithographies et des gravures sur bois en s’inspirant des œuvres de Jean-François Millet, artiste pour lequel il conserva jusqu’à la fin de sa vie une véritable vénération. Pendant cette période, il est soutenu matériellement par Théo, alors employé de Goupil et Cie à Bruxelles.
En 1881, à Etten, où ses parents résident, il dessine des portraits, des sujets paysans d’après nature mais surtout des paysages d’une grande richesse calligraphique et dignes de la tradition extrême-orientale.

En conflit avec son père, et éprouvant un second échec sentimental avec une proche cousine, il finit par quitter le domicile familial, et part s'installer pour un temps à La Haye au cours de Noël 1881. Il y reçoit des leçons de peinture de son cousin Anton Mauve et pratique alors essentiellement l’aquarelle et étudie la perspective. C'est au cours de l'été 1882 qu'il commence la peinture à l'huile.
Les vingt mois qu'il passe à La Haye (entre 1882 et 1883) semblent décisifs pour l’artiste, où il réalise sa volonté de rompre avec les conventions morales de son milieu social, et son impossibilité de mener une existence normale. De nombreuses lectures, Honoré de Balzac, Victor Hugo, Émile Zola ou encore Charles Dickens, viennent enrichir sa vision du monde, et le renforcent dans ses convictions sociales.

De septembre à décembre 1883, Vincent séjourne en solitaire dans la province de Drenthe, au nord des Pays-Bas, où il s'acharne à travailler pour accomplir sa destinée de peintre. C'est l'unique remède qu’il trouve à un profond sentiment de détresse. Au terme de cette nouvelle expérience, il décide de rejoindre sa famille installée depuis peu à Nuenen, dans le Brabant-Septentrional, dans le presbytère paternel.

C'est dans ce petit village du Brabant que le talent de van Gogh va définitivement se révéler; il y réalise de puissantes études à la pierre noire de paysans au travail, mais aussi quelque deux cents tableaux à la palette sombre et aux coups de brosse expressifs, qui viennent alors confirmer son talent de dessinateur et de peintre. L'ensemble de ses oeuvres de cette période aboutit aux Mangeurs de pommes de terre, œuvre majeure qui va révèler sa sensibilité inquiète et véhémente. Techniquement son œuvre présente encore bien des maladresses, néanmoins la période de Nuenen est rachetée par une inspiration sincère et sa volonté d'un témoignage humain exemplaire, révélateurs des idéaux de van Gogh et de sa problématique intérieure. À cette même époque, Zola était critique d'art et Joris-Karl Huysmans rêvait d'être peintre.

À Anvers de nouveau (de novembre 1885 à février 1886), il est impressionné par les Rubens et à la révélation des estampes japonaises, qu’il commence à collectionner dans cette ville. C’est aussi dans la capitale flamande que l'artiste inaugure sa fameuse série d’autoportraits, sur le registre de l’humour macabre.

[modifier] 1886 - 1888 : à Paris

Restaurant de la Sirène à Asnières (1887)
Restaurant de la Sirène à Asnières (1887)

Seule la connaissance du milieu artistique parisien pouvait véritablement permettre à van Gogh de renouveler et d'enrichir sa vision, ce qui motive son installation à Paris en 1886. Cette année là est celle de la dernière exposition impressionniste, et en 1887 devait avoir lieu la première rétrospective de l’œuvre de Millet. Il s'installe à proximité de son frère Théo qui dirige la succursale parisienne de Goupil depuis 1880.

À Paris dans les années 1886 - 1887, il fréquente un moment l’académie du peintre Cormon, où il fait la connaissance de Henri de Toulouse-Lautrec, de Louis Anquetin et d’Émile Bernard. Il rencontre également, par l’intermédiaire de son frère, presque tous les impressionnistes, en particulier Georges Seurat et Camille Pissarro, ainsi que Paul Gauguin. Dans la boutique du Père Tanguy, il devient l'ami de Paul Signac. Sous l’influence des estampes japonaises, ses compositions acquièrent peu à peu davantage de liberté et d’aisance, tandis qu’il s’essaie à la technique de l’aplat coloré. Pissarro l’initie également aux théories nouvelles sur la lumière et au traitement divisionniste des tons. La palette de l'artiste s’enrichit alors de couleurs vives et sa touche s’anime et se fragmente, ceci grâce également à Signac avec qui il travaille en 1887. C'est une période très fertile où son art s'oriente vers l'impressionnisme mais l'absinthe et la fatigue aggravent son état mental.

[modifier] 1888 - 1889 : à Arles

La chambre de Van Gogh à Arles (Trois versions de ce tableau. Arles - 1888,1889)
La chambre de Van Gogh à Arles (Trois versions de ce tableau. Arles - 1888,1889)
Champs recouverts de neige autour d'Arles (Arles - 1888, février)
Champs recouverts de neige autour d'Arles (Arles - 1888, février)

Le 2 février 1888, il s'installe à Arles[5] sur les conseils de Toulouse-Lautrec qui lui parle de la luminosité des paysages méridionaux. Van Gogh commençe en effet à prendre ses distances vis-à-vis de l'impressionnisme, trop allusif à son goût, pour retrouver l’unité structurelle de l’image et se concentrer sur l'expression et le symbolisme de la forme et de la couleur. Le prochain mariage de son frère Théo, qu'il ressent comme un abandon, semble bien être néanmoins une des raisons profondes qui décide van Gogh à quitter Paris.

Bien qu'il arrive dans la cité avec un temps de neige, une nouvelle page de son œuvre va s'ouvrir avec la découverte de la lumière provençale. Il parcourt à pied la région et peint des paysages, des scènes de moissons et des portraits.

Au début du mois de juin 1888, ayant reçu un billet de cent francs de son frère Théodore, il se rend en diligence aux Saintes-Maries-de-la-Mer pour un court séjour de cinq jours. Il y peint la fameuse barque « Amitié » et le village regroupé autour de l'église forteresse.

Les Tournesols (Arles - 1888, juin)
Les Tournesols (Arles - 1888, juin)
Portrait du docteur Rey                     (Arles - 1889, janvier)
Portrait du docteur Rey (Arles - 1889, janvier)

Parallèlement, Vincent qui habite la « maison jaune », rêve d'une communauté d'artistes unissant fraternellement leurs expériences et leurs recherches : Paul Gauguin vient le rejoindre dans ce but le 23 octobre 1888 et ils commencent à travailler ensemble comme par exemple sur la série de tableaux consacrés aux Alyscamps. Mais les deux hommes s'entendent mal : la tension et l’exaltation permanentes qu’impliquent leur démarche créatrice et une telle urgence de peindre débouchent sur une crise : le 24 décembre 1888, à la suite d'une dispute plus violente que les autres, van Gogh, en proie au délire tente de tuer son compagnon, puis, pour s’auto-punir, se mutile l'oreille gauche avant d'aller l'offrir à une prostituée (décembre 1888). Il est soigné par le docteur Rey dont il peint à cette époque le portrait. En mars 1889, après une période de répit pendant laquelle il peint entre autres l’Autoportrait à l'oreille bandée (janv. 1889), une pétition des habitants d’Arles entraîne son internement à l’Hôtel-Dieu.

[modifier] 1889 - 1890 : à Saint-Rémy-de-Provence

Nuit étoilée (Saint-Rémy-de-Provence - 1889)
Nuit étoilée (Saint-Rémy-de-Provence - 1889)

Le 8 mai 1889, hanté par l’idée du suicide mais pleinement conscient du mal qui le ronge, il quitte Arles, ayant décidé de lui-même d'entrer dans un asile près de Saint-Rémy-de-Provence où il reste une année. Son état varie de la dépression profonde aux phases de rémission et d’activité intense, qui entraînent de nouvelles modifications de son style : le graphisme et la touche dont les traits discontinus et sinueux donnent aux champs de blé, aux oliviers et à la voûte céleste des Alpilles et des Baux-de-Provence les mouvements mêmes de sa pathologie.

Van Gogh commence également à sortir de son anonymat : en janvier 1890 un article d’Albert Aurier dans le Mercure de France, souligne pour la première fois l’importance de ses recherches. Un mois plus tard, le peintre Anna Boch acquiert l’un de ses tableaux, La vigne rouge, exposé au Salon des XX à Bruxelles, pour la somme de quatre-cents francs.

[modifier] 1890 : à Auvers-sur-Oise

En mai 1890, l'artiste quitte le Midi et rejoint son frère Théo à Paris qui l'installe à Auvers-sur-Oise dans la modeste auberge Ravoux où il loue une petite chambre d'une grande sobriété, sous la surveillance du docteur Paul Gachet, ami de Paul Cézanne et des peintres impressionnistes, et lui-même peintre amateur.

Sa touche demeure mouvementée et fébrile, mais son coloris acquiert, sous la lumière d’Île-de-France, un regain de vivacité et de fraîcheur. Dans ce calme village du Vexin français, proche de la capitale, son activité artistique est intense, il produit pendant deux mois plus de soixante-dix tableaux. Cependant le répit est de courte durée : lorsque Théo lui fait part de son désir de retourner en Hollande, Vincent se sent de nouveau abandonné.

Le 27 juillet 1890, dans un champ où il peignait une ultime toile, il se tire un coup de revolver dans la poitrine. Ramené mourant à l'auberge Ravoux, il meurt deux jours plus tard, soutenu par son frère Théo et toujours inconnu du grand public. « Mon travail à moi, j'y risque ma vie, et ma raison y a sombré à moitié… » lit-on dans la dernière lettre (652F) à destination de son frère que Vincent portait sur lui le 29 juillet fatal.

Le symbolisme, quant à lui, recherchait dans le pouvoir du verbe « l'essence de la poésie c'est-à-dire la poésie pure, celle qui dira comment sont faits l'esprit et le monde en lui révélant la structure idéale de l'univers. (...) le Symbolisme invite la poésie à rejoindre la mystique. » (G. Michaud, Message poétique du Symbolisme, Nizet, 1947).

La quête de van Gogh est identique, comme il l'écrit à son frère Théo :

« Et dans un tableau je voudrais dire quelque chose de consolant comme une musique. Je voudrais peindre des hommes ou des femmes avec ce je ne sais quoi d'éternel, dont autrefois le nimbe était le symbole, et que nous cherchons par le rayonnement même, par la vibration de nos colorations. »

Vincent van Gogh emprunte et prépare ainsi tous les sentiers de l'art moderne, de l'impressionnisme à l'expressionnisme. Ce peintre mort le 29 juillet 1890 dans le dénuement n'a vendu qu'une seule toile ; aujourd'hui ses tableaux sont parmi les plus chers du monde.

[modifier] Ses problèmes de santé

Les tombes de Vincent et Théo van Gogh dans le cimetière d'Auvers-sur-Oise
Les tombes de Vincent et Théo van Gogh dans le cimetière d'Auvers-sur-Oise

Van Gogh s'est coupé le lobe de l'oreille gauche pendant une crise de délire, après une violente dispute avec Paul Gauguin le 24 décembre 1888. À plusieurs reprises, il a connu de réels problèmes mentaux, en particulier dans les dernières années de sa vie. Au cours de ses périodes de maladie, il ne peignait pas ou, tout au moins, n'était pas autorisé à le faire. Au fil des ans, il a beaucoup été question de l'origine de la maladie mentale de van Gogh et de ses répercussions sur son travail. Plus de 150 psychiatres ont tenté d'identifier sa maladie, et quelques 30 diagnostics différents ont été suggérés.[6]

Parmi les diagnostics qui ont été avancées on trouve la schizophrénie, le trouble bipolaire, la syphilis, l'intoxication par ingestion de peintures, l'épilepsie du lobe temporal[7] et la porphyrie aiguë intermittente. Chacune de ces maladies pourrait être responsable de ses troubles et aurait été aggravée par la malnutrition, le surmenage, l'insomnie, et un penchant pour l'alcool, en particulier l'absinthe.

Certaines théories médicales ont même suggéré que le goût de van Gogh pour l'utilisation de la couleur jaune pourrait être liée à son amour de l'absinthe. En effet, cet alcool contient une neurotoxine appelée Thujone qui, à forte dose, peut causer la Xanthopsie, c'est-à-dire un trouble de la vision amenant à voir les objets en jaune. Toutefois, une étude réalisée en 1991, a mis en évidence qu'un consommateur d'absinthe tomberait inconscient en raison de la teneur en alcool avant d'avoir pu ingérer suffisamment de Thujone. Une autre théorie suggère que le docteur Gachet aurait prescrit de la digitaline à van Gogh pour traiter l'épilepsie, substance qui pourrait entraîner une vision teintée de jaune et des changements dans la perception de la couleur d'ensemble. Toutefois, il n'existe aucune preuve directe que van Gogh ait pris de la digitaline, même si l'on remarque sur le tableau portrait du Dr Gachet avec branche de digitale la présence de quelques tiges de digitale pourpre, plante à partir de laquelle la digitaline est fabriquée.[8]

Il a récemment été avancé que la maladie de van Gogh serait liée à une intoxication par le plomb car il utilisait des peintures à base de plomb et parce que l'un des symptômes de l'intoxication par le plomb est un gonflement de la rétine qui peut conduire à l'apparition d'un effet de Halo qui apparait d'ailleurs dans plusieurs tableaux de van Gogh.[9]

[modifier] Son œuvre

[modifier] Le "style" de van Gogh

Van Gogh a dessiné et a peint des aquarelles alors qu'il allait à l'école, mais très peu de ces travaux ont survécu. En 1880, devenu adulte, il s'est consacré à l'art et il a commencé au niveau élémentaire en copiant le Cours de dessin de Charles Bargue. Durant ses deux premières années, il a cherché des commandes et au printemps 1882, son oncle, Cornelis Marinus (propriétaire d'une galerie d'art contemporain renommée à Amsterdam) lui a demandé de fournir des dessins de La Haye. Le travail de van Gogh ne s'est pas avéré à la hauteur des espérances de son oncle, mais celui-ci lui a tout de même offert une deuxième commande. Bien qu'il lui ait décrit en détail ce qu'il attendait de lui, il a de nouveau été déçu par le résultat.

La douleur, un dessin réalisé par van Gogh en 1882.
La douleur, un dessin réalisé par van Gogh en 1882.

Néanmoins, van Gogh a persévéré dans son travail. Il a amélioré l'éclairage de son atelier en installant des obturateurs variables et il a fait de nombreuses expériences de dessin avec une grande variété de matériaux. Pendant plus d'une année il a travaillé sur des figures simples, en réalisant notamment des études en « noir et blanc », travail qui ne lui a alors apporté que des critiques même si, aujourd'hui, ces études sont considérées comme ses premiers chefs-d'œuvre. À partir du printemps 1883, il s'est intéressé à des compositions plus élaborées, basées sur le dessin. Très peu de ces dessins ont survécu car, lorsque son frère lui a dit qu'ils manquaient de nervosité et de fraîcheur, van Gogh les a détruites et s'est tourné vers la peinture à l'huile.

La vieille tour, de van Gogh (1884)
La vieille tour, de van Gogh (1884)

Van Gogh s'est alors intéressé aux artistes renommés de l'école de La Hague (un groupe d'artiste qui, entre 1860 et 1890, était fortement influencé par la peinture réaliste de l'École de Barbizon) comme Johan Hendrik Weissenbruch ou Bernard Blommers qui lui ont apporté un soutien technique, mais aussi à des peintres comme Théophile de Bock et Herman Johannes van der Weele. Lorsqu'il s'est rendu à Nuenen, après un intermède à Drenthe, il a commencé à réaliser diverses peintures de grande taille qu'il a pour la plupart détruites. Les Mangeurs de pommes de terre, la vieille tour du cimetière de Nuenen et le cottage, sont les seuls qui ont survécu. Après une visite au Rijksmuseum d'Amsterdam, van Gogh se rend compte que ses peintures présentent beaucoup de défauts dus à un manque d'expérience et de technique. Il est alors allé à Anvers, et plus tard à Paris pour améliorer ses connaissances techniques.

Plus ou moins au fait des techniques et des théories impressionnistes et pointillistes, van Gogh est allé à Arles développer ces nouvelles possibilités. Toutefois, des idées plus anciennes sur l'art et la peinture sont réapparues, comme faire des séries de tableaux sur des thèmes similaires. Déjà en 1884 alors qu'il était encore à Nuenen, il avait travaillé sur une série de peintures qui devaient décorer la salle à manger d'un de ses amis vivant à Eindhoven. De même, à Arles, au printemps 1888, il a réalisé une série sur les vergers fleurissants dans des triptyques, ainsi qu'une série de portraits comme ceux de la famille Roulin. Enfin, lorsque Paul Gauguin a travaillé et habité à Arles côte à côte avec van Gogh, ce dernier a commencé à travailler sur la décoration de la Maison Jaune, probablement l'effort le plus ambitieux qu'il ait jamais entrepris.

Les peintures de la période où il a vécu à Saint-Rémy de Provence sont souvent caractérisées par des remous et des spirales. À diverses périodes de sa vie, van Gogh a également peint ce qu'il voyait de sa fenêtre, notamment à la fin de sa vie avec une grande série de peintures de champs de blé qu'il pouvait admirer de la chambre qu'il occupait à l'asile de Saint-Rémy.

[modifier] Liste de ses principaux tableaux

Arles - Nuit étoilée sur le Rhône (1888, septembre)
Arles - Nuit étoilée sur le Rhône (1888, septembre)

Très productif, van Gogh n'a jamais hésité à reproduire des œuvres d'artistes majeurs, quitte à se les réapproprier : Jean-François Millet (La Nuit, Premiers pas...), Eugène Delacroix (La Pietà), Rembrandt (Résurrection de Lazare).

[modifier] Galerie

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[modifier] Influence

Van Gogh a fortement influencé la peinture, en particulier les mouvements tels que le Fauvisme, l'Expressionnisme et, dans une moindre mesure, le Cubisme.

[modifier] Le Fauvisme

Le peintre sur la route d'Arles, 1888
Le peintre sur la route d'Arles, 1888

Van Gogh a eu une influence sur les peintres fauves en montrant une palette de couleurs remarquable, notamment dans sa période arlésienne. Durant cette période, van Gogh n'hésite plus à employer des couleurs vives et des juxtapositions de tons non conventionnelles avec, en particulier, l'usage des teintes complémentaires. Par cette utilisation de couleurs flamboyantes, van Gogh a été une des sources d'inspiration de plusieurs peintres fauves tels que De Vlaminck ou Derain. Ainsi, lorsque l'on observe les œuvres fauves, on retrouve les mêmes dispositions de couleurs que chez van Gogh, comme par exemple, dans la Partie de campagne ou La Seine à Chatou de De Vlaminck, la proximité du rouge et du vert.

[modifier] L'Expressionnisme

La veille tour, de van Gogh (1884)
La veille tour, de van Gogh (1884)

Par la dramatisation des scènes, la simplification, voire la caricature, qui caractérisent son œuvre des débuts à la fin, van Gogh annonce l'expressionnisme. En Allemagne et en Autriche, les expressionnistes comme Ernst Ludwig Kirchner, Erich Heckel, Wassily Kandinsky, Paul Klee, Gustav Klimt ou Oskar Kokoschka vont s'inspirer de la technique de van Gogh fondée sur la nervosité de la touche, l'exagération des lignes et des couleurs qui permet de rendre l'expression des sentiments et des émotions.

[modifier] Le Cubisme

Van Gogh n'a pas à proprement parlé influencé le cubisme qui est apparu au début du XXe siècle. Un seul de ses tableaux, Les livres peint en 1886, peut être considéré comme précurseur du cubisme. Cette œuvre assez atypique, est presque abstraite avec une composition qui obéit à un ordre plastique coloré, et composé uniquement de droites. Même si l'on ne peut pas affirmer que cette peinture ait directement influencé les artistes cubistes, par contre l'utilisation des couleurs par van Gogh dans ce tableau et dans d'autres est assez similaire à ce que feront les peintres du cubisme qui expriment leurs idées et sentiments par l'appui de la couleur et des lignes.

[modifier] Postérité

Van Gogh est devenu avec le temps probablement le peintre le plus connu dans le monde entier. Mais les raisons de sa notoriété diffèrent selon les publics concernés. Si pour les historiens de l’art, c’est avant tout un précurseur qui a ouvert à la peinture de nouvelles voies, il reste pour les amateurs d'art un maître à l’égal des Léonard de Vinci ou des Rembrandt en dépit d’une production très importante et d’une trajectoire artistique fulgurante en durée et par ses styles. Pour le grand public, son œuvre aujourd'hui universellement accessible dans les plus grands musées, et sa vie digne d’un héros romantique, l’ont transformé en mythe, celui du peintre incompris ou de l'artiste maudit.

[modifier] Notes et références

  1. Lettre de Vincent van Gogh à Theo van Gogh, Nuenen, 18 décembre 1883 (en)
  2. L'épouse de Théo fera remarquer plus tard que c'était l'année la plus heureuse de la vie de Vincent. Wilkie, pages 34-36
  3. Il a d'ailleurs fait quelques croquis de la ville
  4. "Il ne mangeait pas de viande, seulement un petit morceau le dimanche, et seulement après que notre propriétaire ait longuement insisté. Quatre pommes de terre avec un soupçon de sauce et une bouchée de légumes constituaient son dîner" — extrait d'une lettre adressée à Frederik van Eeden lorsqu'il préparait un article sur van Gogh, cité dans Van Gogh : Un art de l'auto-portrait ; Lettres révélant sa vie de peintre,, W. H. Auden, société graphique de New York, Greenwich, pages 37-39.
  5. Il s'installe initialement dans la vieille ville à l'intérieur des remparts, puis en septembre 1888, au nord de la place Lamartine, dans la Maison Jaune
  6. Dietrich Blumer (2002)"La maladie de Vincent van Gogh" American Journal of Psychiatry
  7. Psychiatric Aspects of Epilepsy, Vol. 2, Blumer Dietrich, Editor, Washington DC, American Psychiatric Press. Traduit de l'américain par Martine Stassart et Jean Mélon. L'épilepsie de Vincent van Gogh, Dietrich Blumer
  8. Paul Wolf (Novembre 2001). "Créativité et maladie chronique de Vincent van Gogh (1853-1890)". Western Journal of Medicine. Réédité le 7 octobre 2007.
  9. King Rosss, "The Judgment of Paris : The Revolutionary Decade that Gave the World Impressionism", New York: Waller & Company, 2006 ISBN 0-8027-1466-8. voir page 61.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie et sources

  • Vincent van Gogh, (Traduit du néerlandais par Louis Roëdland) Lettres à son frère Théo, Édition l'imaginaire Gallimard
  • Dieter Beaujean, Vincent van Gogh : vie et œuvre', Könemann 1999, (ISBN 3829029381)
  • Kathleen Powers Erickson, A la porte de l'Éternité : La vision spirituelle de Vincent van Gogh, 1998, (ISBN 0802849784)
  • Violaine Küss, Le batave du petit boulevard, Éditions Texte & Prétextes/Je Médite-Éditeur, (ISBN 0613163526)
  • Jean-Clet Martin, Van Gogh, L'œil des choses, Éditions Les Empêcheurs/Seuil
  • José Féron Romano, Van Gogh, la course vers le soleil, Éditions du Jasmin
  • Ken Wilkie, A la recherche de Van Gogh, 1991

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Vincent van Gogh.

[modifier] Cinéma

La vie, l'œuvre et la personnalité de Vincent van Gogh ont inspiré de nombreux films, parmi lesquels :

[modifier] Musique

  • Don McLean : Vincent – Song (1971)
  • Grigori Frid : Lettres de van Gogh, mono-opéra en deuxsième parties pour baryton - clarinette, percussion, piano, cordes op. 69 (1975)
  • Bertold Hummel : 8 fragments de lettres de Van Gogh pour baryton et quatuor à cordes op. 84 (1985) [1]
  • Einojuhani Rautavaara : Vincent, opéra en trois actes (1986-1987)
  • Einojuhani Rautavaara : Vincentiana, symphonie N° 6 (1992): I Tähtiyö (Starry night) II Varikset (The crows) III Saint-Rémy IV Apotheosis
  • Henri Dutilleux : Correspondances pour soprano et orchestra (2002-2004): I. Danse cosmique (P. Mukherjee) II. A Slava et Galina... (A. Solschenizyn) III. Gong (R. M. Rilke) IV. Gong II (R. M. Rilke) V. De Vincent à Théo... (V. van Gogh)


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