Théorie des systèmes sociaux

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La théorie des systèmes sociaux est une théorie sociologique développée par le sociologue et penseur allemand Niklas Luhmann à partir des bases de la théorie de Talcott Parsons dont il a suivi les cours à Harvard durant l'année 1961.

Sommaire

[modifier] Ce qu'il faut entendre par 'système' aujourd'hui

Toutes les révolutions ne sont pas des bifurcations radicales de l'histoire. Il suffit parfois d'adopter une perspective nouvelle, de remplacer un ancien paradigme par un nouveau pour que le changement s'opère dans la continuité et que les théories du passé se fondent dans une super-théorie qui les transcende sans pour autant les reléguer aux oubliettes. La théorie des systèmes, remarque Luhmann, en est déjà à sa deuxième réécriture, à son deuxième changement de paradigme.

[modifier] La différence entre système et environnement

Le premier de ces changements est tout à fait radical. D'après Luhmann, on le doit principalement au scientifique allemand Ludwig von Bertalanffy. Puisque suivant Luhmann, l'identité d'un système ne peut être définie que par une différence, celui-ci voit dans la théorie de Bertalanffy un effort de redéfinition où une différence d'ordre supérieur remplace l'ancienne. Traditionnellement, le système était défini par la différence entre le tout et la partie. Malheureusement, cette définition introduisait une contradiction insurmontable pour l'ancien paradigme : le système devenait à la fois la totalité et l'unité des éléments – nécessairement homogènes – le composant ; il était condamné à osciller inlassablement entre l'un et le pluriel. Il fallait repenser la différence constitutive du système. Pour Bertalanffy, la seule différence candidate au titre de différence constitutive du système est celle qui à la fois le rattache et le démarque de son environnement. En somme, le système n'est et ne reste système, il ne se structure et ne se re-construit sans cesse que parce qu'il a su se différencier d’un environnement qui lui est propre. C'est donc « la relation à l'environnement [qui] est constitutive de la formation du système ».

Ce que l'on avait traditionnellement pris pour la différence à l'origine du système peut alors être relu à la lumière de la nouvelle comme n'étant qu'une différenciation interne du système et l'on peut affirmer avec Luhmann que « la différenciation du système en sous-systèmes fonctionnels, par exemple, [n'est rien d’autre] que l'établissement de nouvelles différences système / environnement à l'intérieur du système d’origine. » Dans ce nouveau paradigme, il reste ainsi possible d'affirmer, comme ont pu le faire les tenants de la théorie de la Gestalt, que le système est, à l’image des compositions végétales de Giuseppe Arcimboldo, « plus que la simple somme de ses parties » – c'est-à-dire, de façon tout à fait arithmétique, un tout constitué de l'ensemble de ses éléments plus l'ensemble des relations qui relient ces éléments entre eux. Toutefois, il faudra désormais ne pas perdre de vue que la cohérence interne du système n'est que le reflet, la répétition de ce qui différencie l'ensemble de son environnement externe.

Puisque l'environnement est particulier à un système donné, cela implique qu'il existe, non pas un, mais autant d'environnements que de systèmes. Chaque système, en définissant ce qu'il n'est pas, définit ce qu'il est de telle sorte que le monde (Welt), c'est-à-dire tout ce qui existe, est la somme du système (System) et de son environnement (Umwelt). Autrement dit, l'environnement du système est ce qui reste du monde après que le système s'est lui-même extrait ou isolé de ce dernier. L'environnement d'un système recèle logiquement tous les autres systèmes existants et donc chaque changement d'un système implique un changement de l'environnement d'autres systèmes forçant par là-même le système à s'adapter sans cesse à un environnement en perpétuel changement. Cette capacité de l'environnement de provoquer une réaction du système est indépendante de lui et ne peut être rattachée à aucune capacité subjective d'action. « L'environnement reçoit son unité à travers le système et seulement par rapport au système. Il est délimité par des horizons ouverts, non par des frontières pouvant être traversées ; donc il n’est pas lui-même un système. Il est différent pour chaque système, puisque chaque système s'exclut seulement lui-même de son environnement. Il en découle que l'environnement n'a aucune auto-réflexion ou capacité d’action. »

[modifier] Observations de premier et second ordre

A ce point, Niklas Luhmann nous met en garde de voir dans cette différence un quelconque caractère ontologique. La différence système/environnement, bien que constitutive du système, est le simple produit d'une observation qui en tant que telle ne peut prétendre à aucune objectivité : l'observation, qu'elle soit auto-observation par le système ou externe au système n'est rien de plus que le « management d'une distinction – par exemple, celle entre système et environnement ». Cette fonction de l'observation nous l'héritons de la théorie du constructivisme. Dans cette théorie, la réalité (ce que Albert Schutz dans sa phénoménologie désigne par le concept de "Lebenswelt" et que l'on peut traduire par "monde de la vie"), bien que partagée socialement, est nécessairement subjective. Elle n'est accessible au système que par le moyen de l'observation qui est déjà en soi une sélection dans la réalité, donc une interprétation. La réalité telle que nous la connaissons est toujours-déjà une construction, (ce qui ne veut pas dire qu'une réalité première n'existe pas). L'observation telle que Luhmann la comprend et l'applique lui-même dans son livre "Soziale Systeme" est l'opération qui permet au système de décrire en différenciant. Elle est l'union de ces deux moments consécutifs. La différenciation opérée par le système lors de l’observation est celle qui sépare ce qui est observé de ce qui ne l’est pas. Or l’observation, comme toute sélection est une opération contingente, c’est-à-dire que bien qu’elle actualise et potentialise à la fois une partie de la réalité, cette sélection ne porte aucun degré d’objectivité en soi et ce ne peut être qu’une sélection parmi d’autres possibles. Le système en somme choisit ce qu’il veut observer et, ce faisant, projette le reste dans une ombre opaque, à la manière du projecteur qui, en éclairant les acteurs sur la scène du théâtre, laisse les spectateurs dans l’obscurité la plus totale. Il nous faut donc assumer l’expression de la tautologie suivante : le système ne peut voir que ce qu’il peut voir et ne peut pas voir ce qu’il ne peut pas voir ! Le monde ne peut donc être observé en même temps dans sa totalité ; il est bien trop complexe comparé au système pour que ce dernier ne puisse se dispenser de faire un choix dans ce qu’il en veut percevoir. Ce qui n’est pas observé par le système, la face négative de la forme produite par l’observation est ce que George Spencer Brown a choisi de désigner par l’expression d’ « espace non marqué » (unmarked space) et ce que Luhmann appelle « tâche aveugle » (blinde Fleck).

Luhmann distingue deux niveaux d'observation : l'observation de premier ordre et l'observation de second ordre. En fait l'observation de second ordre n'est rien de plus que le redoublement de l'observation de premier ordre à un niveau supérieur ; elle consiste en l'observation par un système de l'observation de premier ordre opérée par le système observé. Ainsi, lorsque Luhmann décrit le système par la différence système/environnement, il devient un système d'observation de second ordre, c'est-à-dire un système qui observe l'observation de premier ordre conduite par un autre système. L'observation de premier ordre, quant à elle, permet au système de différencier ce qui lui appartient (référence du système à soi ou Selbstreferenz) de ce qui appartient à son environnement (référence du système à ce qui est étranger au système ou Fremdreferenz). On comprend maintenant que seul l’observateur de second ordre est à même de révéler les distinctions opérées par un système étranger et donc que lui seul est capable de voir à la fois les deux moitiés de la forme produite par l’opération d’observation conduite par ce système, c’est-à-dire de percevoir la différence « espace marqué/ espace non marqué » dans son unité. Il n'y a pas de troisième niveau d'observation : l'opération qui consiste à lire Luhmann, par exemple, ne saurait constituer un nouveau niveau puisque le lecteur ne fait pas autre chose qu'observer Luhmann observer les systèmes, ce qui est la définition de l'observation de second ordre.

Dire que toute observation est nécessairement menée par - c’est-à-dire à l'intérieur du - et pour le système, implique que les systèmes, du moins les systèmes sociaux (mais aussi les systèmes vivants ), sont capables d'auto-observation, ou plus généralement d'auto-référence.

[modifier] L'autopoïèse

La second changement de paradigme dans la théorie des systèmes est directement lié à la découverte de l'auto-référence de certains systèmes. Toute la théorie des systèmes sociaux de Niklas Luhmann est une tentative d'application à la sociologie de cette nouveauté théorique héritée de la biologie. L'auto-référence, c’est-à-dire la capacité du système d'utiliser récursivement l'image qu'il a de lui-même, est la condition de l'émergence de la notion d'autopoïèse des systèmes. Cette notion renouvelle et étend celle de l'auto-organisation qui se voyait jusque-là limitée à la "seule" structure du système. Les systèmes autopoïétiques tels que décrits par le cognitiviste chilien Humberto Maturana « sont des systèmes définis comme unités, comme réseaux de productions d'éléments, qui, par leurs interactions, génèrent et réalisent récursivement le réseau qui les produit et constituent, dans l'espace dans lequel ils existent, les frontières du réseau en tant qu'éléments participant à la réalisation du réseau. » Le changement paradigmatique qu'implique cette définition de certains systèmes comme systèmes autopoïétiques est toute entière incluse dans le mot "frontière" : la théorie de Bertalanffy, elle, ne s'intéressait et ne pouvait s'intéresser qu'aux systèmes ouverts. « Les systèmes fermés étaient définis comme un cas limite: comme des systèmes pour lesquels l'environnement n'a pas d'importance (…) ». Considérer l'auto-référence du système, c'est permettre au système de se différencier de son environnement en traçant, de l'intérieur, la frontière qui les sépare ; c’est inaugurer la fermeture opérationnelle du système face à son environnement. On voit bien d'une part que la présence d'un environnement est indispensable à la constitution du système auto-référentiel puisque, sans lui, pas de différence possible, ni au niveau supérieur du système en tant que totalité, ni au niveau interne de la différenciation du système en éléments (ou sous-systèmes) constitutifs ; et d'autre-part que la question de la « (…) distinction entre systèmes "fermés" et "ouverts" est remplacée par la question de comment la fermeture auto-référentielle peut créer l'ouverture . »

[modifier] La communication comme élément de base des systèmes sociaux

Le concept d'autopoïèse des systèmes sociaux, nous l'avons dit, est un concept issu de la biologie (ou plus précisément des sciences cognitives, sciences qui s'occupent de l'étude des processus d'acquisition du savoir). Le concept fut pensé au départ dans le but de définir ce qu'est la vie ou ce qui fait que certains systèmes sont vivants. Il a donc pu sembler logique à certains de vouloir définir les systèmes sociaux comme des systèmes autopoïétiques. Car, enfin, « la conscience ou la vie sociale existeraient-elles sans la vie (biologique)? Et puis, si la vie est définie comme autopoïèse, comment pourrait-on refuser de décrire les systèmes psychiques et les systèmes sociaux comme des systèmes autopoïétiques? »

Malheureusement, une utilisation littérale du concept d'autopoïèse dans le champ des sciences sociales s'est très vite heurtée à deux problèmes majeurs. Le premier a trait à la difficulté de l'application du modèle de reproduction biologique à un système social (ou psychique). En effet, comme le dit Yves Barel, « [il] arrive qu'on reproche à la reproduction sociale d'être une métaphore, une extension abusive de la reproduction biologique, parce que la reproduction biologique aboutit à la création d'un autre individu biologique, spatialement distinct de son ou de ses géniteurs. A la vérité, dit-on, une société ne se reproduit pas parce que, normalement, elle ne donne pas naissance à une société "physiquement" distincte (sauf exception, du type de la colonisation grecque ou phénicienne, par exemple). Une société ne se reproduit pas, elle dure, elle se transforme, croît, décroît… ». Ensuite on voit mal où l'on pourrait placer le fameux "élément frontière" qui fait du système un système opérativement clos.

Yves Barel, dont le thème de recherche est le paradoxe dans le système, propose de contourner le problème en émettant « l'hypothèse intéressante de phénomène d'auto-reproduction sans partition spatiale. » Barel se fonde sur le prémisse que c'est le redoublement qui est le phénomène central de l'auto-reproduction et que, ce faisant, il est indépendant d'une partition spatiale qui, dès lors, devient secondaire puisqu'elle « n'est [selon Barel] que le déclencheur ou le point d'aboutissement du redoublement » . Pour lui, c'est bien la même société qui se reproduit par le renouvellement des individus qui, en mourant, laissent la place à de nouveaux individus, et ainsi de suite . Certes cette régénération de la société se fait « dans un 'espace' biophysique (la population humaine de cette société) en perpétuel déplacement » , mais l'espace géographique, lui, ne change pas.

Cette tentative d'explication est certes méritoire mais elle n'est somme toute qu'une accommodation de la théorie au problème posé. Bien qu'elle semble pouvoir résoudre la partie "auto-reproduction" du problème, elle laisse malheureusement la question de la "fermeture opérationnelle du système" dans l'ombre.

La solution de Luhmann au problème de l'utilisation du concept de l'autopoïèse pour les systèmes sociaux emprunte un tout autre chemin. Les tentatives de résolution du problème de l'incompatibilité de la théorie de la reproduction autopoïétique des systèmes et de la nature même des systèmes sociaux (et psychiques) ont été jusque là des échecs car, explique-t-il, elles ont toutes attribué à la théorie de l'autopoïèse, telle qu'elle avait été définie pour le champ de la biologie, une valeur générale qu'elle n'avait pas. Car s'il existe bien des systèmes autopoïétiques vivants, il faut faire la supposition qu'il en existe d'autres dont la vie n'est pas le mode de reproduction. Et ce n'est donc qu'en faisant l'effort – car il s'agit bien d'une gymnastique contre-intuitive de l'esprit – d'abandonner le postulat aristotélicien selon lequel les systèmes sociaux et psychiques sont des systèmes vivants que l'on pourra résoudre le problème de la reproduction autopoïétique de ces systèmes particuliers. Partant de là, Luhmann définit les systèmes sociaux et psychiques comme des systèmes autopoïétiques non-vivants dont le mode d'auto-reproduction n'est pas la "vie", mais le médium "sensLien vers un homonyme? ( en allemand, "Sinn" ; en anglais, "Meaning"). Bien entendu, systèmes sociaux et psychiques, n'utilisent pas le sens de la même façon. Selon Luhmann, l'élément de base des systèmes sociaux est la communication ; tandis que le système psychique, lui, est constitué de pensées qui elle même produise (ou permette la production) de la pensée. « [Les] éléments [des systèmes sociaux] sont des communications qui sont récursivement produites et reproduites par un réseau de communications et qui ne peuvent exister en dehors d'un tel réseau. Les communications ne sont pas des unités 'vivantes', ne sont pas des unités 'conscientes', ne sont pas des 'actions' ». Parler de système social c'est donc parler d'un système de communication, composé exclusivement de communications. Cette théorie va à l'encontre de tout ce que l'on a pu supposer habituellement : la communication, par exemple, n'est plus à mettre au compte d'êtres humains, d'individus ou de sujets qui se transmettent des informations, puisque, suivant Luhmann, « (…) seule la communication est capable de communiquer ».

Dire que les systèmes sociaux sont des systèmes de communication c'est, d'autre part, reconnaître l'inscription de ces systèmes dans le temps. La nature événementielle de la communication explique ce que présuppose le concept d'autopoïèse, à savoir la nécessité du système à se reproduire sans cesse. En effet, l'événement, par définition, est à la fois unique et éphémère : il ne se produit qu'une fois… pour aussitôt disparaître. Le système de communication qu'est tout système social fait donc face à un danger continuel : celui de disparaître aussi vite qu'il est apparu. « Du fait, la dissolution continuelle du système devient une cause nécessaire de sa reproduction autopoïétique. Le système devient dynamique dans un sens très basique. Il devient agité de l'intérieur. L'instabilité de ses éléments est une condition de sa durabilité. » Il faut aussi remarquer ce que la volatilité des éléments du système a de positif pour le système : cette propriété temporelle de la communication évite au système une surcharge pondérale qui lui serait fatale. Ainsi, on imagine mal un système social dont la totalité des communications serait stockée au fur et à mesure de leur production : « après un temps très court la masse des éléments atteindrait des proportions intolérables et sa complexité serait si grande que le système serait incapable de sélectionner un modèle de coordination et produirait le chaos ».

[modifier] L'interpénétration

La grande nouveauté de la théorie des systèmes de Luhmann se situe avant tout dans le fait qu’elle trace une stricte différence entre système social et système psychique. Elle rompt avec la notion de sujet, ce sujet compris comme uni et autonome et que l’on avait affublé de la faculté de penser et de celle de communiquer. Dans la nouvelle théorie, chacun de ces systèmes, de par leur nature autopoïétique, est un système circulaire opérativement clos : tout ce qui ne fait pas partie du système est dès lors relégué à l'environnement du système. En d'autres termes : les systèmes psychiques et sociaux font respectivement partie de l'environnement de l'autre. Or, nous l’avons dit, l'environnement du système n'est pas un concept résiduel, il est aussi important pour le système que le sont ses propres éléments . C'est particulièrement vrai dans le cas de la relation existant entre le psychisme humain et le système social . « Nous parlons de 'pénétration' si un système met sa propre complexité (et avec cela son indétermination, contingence et l'obligation de sélectionner) au service de la construction d'un autre système. » Systèmes sociaux et psychiques s’excitent l’un l’autre, ils s’irritent, c’est-à-dire que les manifestations d’un changement de structure de l’un seront perçues par l’autre comme une perturbation à laquelle il devra réagir à l’intérieur de ses limites par une modification de sa propre structure. Par perturbation il faut entendre – le verbe est de circonstance ! – ce que le père de la cybernétique de second ordre, Heinz von Foester nomme le ”bruit” (noise) . Selon un principe qu’il a mis en évidence, les systèmes sont capables de s’auto-organiser à partir d’une perturbation, d’un bruit . Les systèmes sociaux et psychiques ne font pas exception à la règle puisqu’il semble bien que « les systèmes sociaux naissent sur la base du bruit que les systèmes psychiques créent dans leurs tentatives de communiquer ». L’irritation provoquée par l’un de ces deux systèmes aboutit inévitablement à un changement d’état de l’autre. Il se fascinent l’un l’autre.

Cette « intimité entre systèmes », pourrait-on presque dire, qu’est l’interpénétration, est le fruit d’une co-évolution des deux types de systèmes ; celle-ci a abouti au développement commun d’une seule et même base d’autopoïèse : le médium ”sens” . En effet, bien qu’il faille strictement différencier systèmes psychiques et sociaux par le fait qu’ils ne reproduisent pas la même chose, à savoir respectivement de la conscience et de la communication, il faut voir dans ces reproductions deux modes différents de la reproduction basée sur le même médium du ”sens”. Ce que l’on nomme ”interpénétration” définit donc une relation qui lie entre eux, non plus n’importe quel système à son environnement, mais deux systèmes opérant du sens. Cette relation est structurelle et l’on parle aussi de couplage structurel.

[modifier] La réduction de la complexité opérée par le sens

On ne peut séparer la question du sens de celle de la complexité. Il faut comprendre la notion de complexité comme l’expression d’un rapport entre le nombre d’éléments (du système ou de l’environnement) mis en présence et celui de leurs relations entre eux. « (...)Nous appellerons complexe une collection d’éléments interconnectés lorsque, à cause de la limitation immanente à la capacité de connexion des éléments, il n’est plus à aucun moment possible de connecter tout élément avec tout autre élément » La différence entre le système et son environnement est donc avant tout une question de degré d’organisation de la complexité, car seul le système est capable d’ordonner sélectivement les relations entre ses éléments. En fait de capacité, il faudrait plutôt parler de stratégie puisque face à un environnement dont le degré de complexité est toujours supérieur au sien, le système doit et ne peut augmenter sa propre complexité que par le biais de la sélection. Cette tentative constante de rééquilibrage de sa propre complexité à celle de son environnement permet au système de mieux pouvoir réagir aux différents états de ce dernier. Il y a dans ce processus une part importante de chance puisque « complexité, dans ce sens, veut dire être forcé de sélectionner ; être forcé de sélectionner veut dire contingence ; et contingence veut dire risque. » En s’efforçant de sélectionner, le système doit faire un choix parmi de nombreuses possibilités , choix qui lui est toujours potentiellement fatal.

Cette sélection complexifiante est pour les systèmes autopoïétiques que sont les systèmes psychiques et le systèmes sociaux celle du sens ou plutôt le sens est ce qui force la sélection, ce qui sépare le système de son environnement. Bien entendu, « tous les systèmes ne traitent pas la complexité et l’auto-référence sous la forme du sens ; mais pour ceux qui le font, c’est la seule possibilité. Le sens devient pour eux la forme du monde et conséquemment recouvre la différence entre système et environnement. Même l’environnement leur est donné sous la forme du sens, et leurs frontières, qui les séparent de l’environnement, sont des frontières constituées par le sens, référant ainsi avec aussi bien que sans. » Ce n’est qu’à travers la différenciation de l’actualité - c’est-à-dire ce qui ”est”, en regard à tout un champ du possible - et de la potentialité - ce qui aurait pu être, autrement dit, et pour reprendre la terminologie de Ferdinand de Saussure, le paradigme entier auquel l’occurrence réalisée appartient – que le sens se constitue. Le sens n’est donc jamais quelque chose donné en soi : il est toujours le produit d’une actualisation de la sélection, il n’émerge qu’au moment où le choix, nécessairement contingent, a été fait, autrement dit, au moment du traitement de sa forme. « Dans une formulation quelque peu différente, on pourrait dire que le sens dote une expérience ou action actuelle de possibilités redondantes. » Une chose n’a de sens que si elle aurait aussi pu être autrement, autrement dit, que pour autant que les autres choix l’entourent à la manière d’un horizon, c’est-à-dire d’un au-delà toujours-à-la-fois-présent, mais potentialisé. Bien entendu, une occurrence pourra à son tour se voir potentialisée au profit de l’actualisation suivante, il n’y a pas consommation du sens dans son actualisation mais toujours reproduction de la forme ”sens actuel/ sens potentiel”. « Le sens est en conséquence – en forme, non en contenu – la traduction de la complexité, une forme de traduction qui en effet, où qu’elle se fixe, permet l’accès à un point donné mais qui identifie simultanément chacun de ces accès comme une sélection et, si l’on peut dire, le tient pour responsable ». Il faut ajouter enfin à cela que le sens est « une catégorie que l’on ne peut nier, une catégorie dépourvue de différence » . Oublions l’humour in-sensé des Monty Python : le non-sens, cette catégorie qui serait vide de sens ne peut exister. Toute négation est elle-même toujours porteuse de sens. Il ne suffit donc pas de nier une chose pour que cette chose se voit dépouillée de tout sens ; tout au plus son sens se verra changé. Il s’ensuit que « les systèmes liés au sens ne peuvent donc jamais vivre quelque chose ou agir d’une manière qui soit libre de sens » .

[modifier] De la communication

Nous l’avons vu, la communication est l’élément constitutif des systèmes sociaux. Elle est l’événement dont le caractère éphémère pousse les systèmes sociaux à se dynamiser de l’intérieur, à vibrer d’une continuelle autopoïèse, se recréant sans cesse par l’auto-référence. Il reste à nous pencher plus avant sur le concept de communication tel que le comprend Luhmann et tenter de répondre aux questions suivantes : pourquoi la communication existe-t-elle ? Quel est son but premier ? De quoi est-elle constituée ? Pourquoi faut-il parler de communication plutôt que d’action ? Et enfin quels types de systèmes sociaux permet-elle de différencier ?

[modifier] Le problème de la double contingence

La première de ces questions nous amène à parler d’un concept que Luhmann emprunte au grand sociologue américain de l’action, Talcott Parsons : la notion de double contingence. La double contingence telle que définie par la sociologie de l’action est, pourrait on dire, l’état de paralysie potentielle qui résulte d’une situation où deux « boîtes noires » - c’est-à-dire ici deux interactants dont les opérations (leurs pensées) internes respectives ne peuvent être connues ni de l’un ni de l’autre - rendent leur comportement contingents du comportement de l’autre. La situation resterait à jamais bloquée si par malheur l’on ne pouvait sortir de cette indétermination, du cercle auto-référentiel du « je ferai ce que tu veux si tu fais ce que je veux [ou encore comme] (...) interdétermination auto-conditionnante : je ne me permets pas d’être déterminé par toi, si tu ne te permets pas d’être déterminé par moi » . En somme la double contingence est le produit de l’attribution à l’autre d’une liberté de choix. Mais si Luhmann s’accorde avec Parsons sur le fait de voir dans la double contingence un problème dont seule la résolution est la condition de la possibilité d’action, il choisit de se détacher de la solution que ce dernier propose. Pour Parsons, il est possible de résoudre ce problème grâce à un consensus de valeur qui serait basé sur un héritage culturel historique, c’est-à-dire toujours déjà donné. Pour Luhmann cependant, « il faudrait poser la question de ce que sont réellement ces sujets d’action (acteurs, agents) désignés en tant qu’ego et alter si ce qui constitue leur "organisme" (plus tard "système comportemental") et "personnalités" est seulement différencié à l’intérieur du système d’action et n’est pas donné par avance au système. Et il faudrait demander comment la contingence doit être comprise si tout ordre déterminé émerge seulement dans la problématique de la double contingence. » Selon Luhmann il faut reprendre la définition de la contingence telle qu’elle avait été proposée par Aristote, à savoir ce ‘quelque chose’ qui pourrait aussi être ‘autre chose’. Généralisée au problème de la double contingence, « la double contingence n’émerge comme un problème motivant ( et donc motivant la constitution des systèmes sociaux) que lorsque ces systèmes sont vécus et traités d’une façon spécifique, à savoir, en tant que possibilité à l’ouverture sans fin de la détermination de sens qui interdit l’accès de l’extérieur. » Par motivante, Luhmann entend que l’opacité de la conscience de deux systèmes psychiques qui se rencontrent est la condition même de l’établissement d’un système social, donc de la communication. « En provoquant des ‘décisions indécidables’ le problème de la double contingence remplit une fonction catalytique dans l’émergence d’un ordre social qui change constamment et dont l’instabilité est la seule source de la stabilité » Seule la communication est capable de réduire les possibilités de comportements de deux systèmes psychiques auto-référentiels ne pouvant que s’observer l’un l’autre. Ce qui ne veut pas dire que la communication résout le problème de la double contingence : le système de communication ou système social qui s’installe n’est système que parce qu’il y a indétermination totale. Jamais aucun des systèmes connaissant cet état de double contingence ne pourra correctement pronostiquer le comportement de l’autre, mais chacun d’eux a pour motivation de combattre cette situation qu’il vit comme inacceptable. La communication leur permet seulement d’asymétriser par anticipation du comportement de l’autre ce que la situation de double contingence, le fait de considérer l’autre comme alter ego, avait capturé dans la symétrisation. « Ils restent séparés ; ils ne se fondent pas en un ; ils ne se comprennent pas mieux qu’avant. En tant que système dans un environnement, ils se concentrent sur les input et output qu’ils peuvent observer en l’autre et apprennent auto-référentiellement de leur perspective d’observateur. Ils peuvent essayer d’influencer ce qu’ils observent par leur propre action et peuvent en apprendre plus par le feedback. De cette façon un ordre, qui est conditionné par la complexité des systèmes qui le rendent possible mais qui ne dépend pas du calcul ou du contrôle de cette complexité, peut émerger. Nous appelons cet ordre émergent un système social. » Dire que la double contingence est le moteur de l’action, ce qui force à l’action, c’est accepter l’idée que l’ordre social, la normalité, repose sur une improbabilité.

[modifier] L’unité complexe de la communication

La théorie des systèmes auto-référentiels en posant le prémisse de la fermeture opérationnelle des systèmes impose une redéfinition de ce qui agît, de ce qui communique. Il ne peut plus s’agir d’êtres humains, d’individus ou de sujets : « (...) seule la communication peut communiquer et [...] ce n’est que dans un tel réseau de communication que sera produit ce que nous entendons sous le terme d’action". » Cet effort de redéfinition ne s’arrête pas là. Il faut selon Luhmann en finir avec une idée de la communication en tant que transport linéaire d’information entre un émetteur et un récepteur. Cette définition empruntée à la théorie de l’information de Shannon et Weaver ne tient plus face à la nécessité de considérer des systèmes opérationnellement clos. La communication pour Luhmann est, au même titre que la vie ou la conscience, « une réalité émergente, un fait sui generis. Elle émerge à travers une synthèse de trois sélections différentes – à savoir

  • la sélection d’une information,
  • la sélection de l’acte de communication [(Mitteilung)] de cette information
  • et la bonne ou mauvaise compréhension sélective de cet acte de communication et de son information. »

Autrement dit la communication n’est possible que comme unité de trois sélections successives : celle de l’information à communiquer, celle de la façon dont cette information est ou va être communiquée et celle de la compréhension comme acte de différenciation des deux sélections précédentes. « Par la compréhension, la communication saisit une différence entre la valeur du contenu de l’information et les raisons pour lesquelles ce contenu est communiqué. Elle peut, ce faisant, insister sur l’un ou l’autre côté, c’est-à-dire porter son attention sur l’information même plus que sur le comportement expressif ou inversement. Elle dépend en revanche toujours de ce que les deux soient reçues en tant que sélections et qu’elles soient par là différenciées. » Ni l’information ni l’acte de communication (Mitteilung) ni la compréhension n’existent en dehors de la communication.

En ce qui concerne la communication, chacune de ces sélections présuppose circulairement (et non pas causalement) les deux autres. Sans acte de communication, l’information ne peut être que perception (ce qui est le fait, non plus d’un système social, mais d’un système psychique) et un acte de communication sans information ne peut produire que du bruit. Enfin, par la sélection que conduit l’acte de compréhension, le système social se donne la possibilité de s’auto-régénérer, de veiller à la continuation de la communication, de la possibilité de greffer une nouvelle communication sur celle qui vient de se produire. Il ne faut donc pas comprendre l’acte de compréhension comme le traitement psychique d’une information communiquée mais comme l’opération qui permet au système social de reconduire son autopoïèse. La compréhension (ou mécompréhension, cela n’a pas d’importance dès lors que celle-ci permet le greffage d’une nouvelle communication, fût-elle la communication d’une incompréhension ) ne peut être le fait que d’un système de communication et non celui de l’activité d’un communicateur. « Peu importe ce que les participants [de la communication], chacun dans sa propre conscience auto-référentiellement close, peuvent penser de celle-ci : le système de communication se construit une compréhension ou mécompréhension propre et crée à cette fin des processus d’auto-observation et d’auto-contrôle. » Niklas Luhmann, à la suite de Gregory Bateson, ne comprend donc pas l’information comme une donnée, un ensemble de bits transportable d’un point A à un point B mais comme « une différence qui fait la différence » . Ego ne peut qu’observer la différence particulière qu’a dû opérer Alter entre la sélection d’une information et celle d’un acte de communication. Pour ce faire Ego ne dispose que de son propre système de référence : il ne peut qu’essayer de se mettre à la place de Alter, de le considérer comme un alter ego, un autre soi. En échange Alter ne peut qu’observer la façon dont Ego traite l’information, quelles sélections il opère en retour et quelle sera sa réponse. Une information n’est signifiante que pour un système particulier et chaque système a la possibilité de comprendre l’information différemment.

[modifier] La relation entre communication et action

La théorie générale des systèmes autopoïétiques de Luhmann appliquée aux systèmes sociaux se devait de se désolidariser d’une sociologie dite de l’action qui de Weber à Parsons en passant par Habermas et son concept d’ « action communicative » avait considéré – et à bien des égards continue de considérer – l’action comme unique candidate à la place d’unité élémentaire des systèmes sociaux. Cette sociologie de l’action avait vu en la communication une sorte d’action particulière. Or Luhmann remarque que « seule la communication est nécessairement, et de façon inhérente, sociale. L’action ne l’est pas. » Il faut renverser la relation entre action et communication : non seulement seule la communication permet de concevoir les systèmes sociaux comme autopiétiques, mais toute action implique déjà en elle la communication ; « (...) elle implique au moins la communication du sens de l’action ou de l’intention de l’acteur, et elle implique aussi la communication de la définition de la situation, et de l’attente d’être compris et accepté, etc. » Il n’est à aucun moment question de nier l’importance du concept d’action pour le système, il suffit juste d’en redéfinir la fonction. C’est par le concept de l’action que le système attribue la responsabilité de la sélection de la communication qui a été opérée. En d’autres termes, ce n’est qu’en définissant qui a dit quoi que la communication est capable de continuer à communiquer, de faire avancer le processus d’autopoïèse du système social. Communication et action sont complémentaires : elles servent respectivement les deux opérations indispensablement distinctes du systèmes que sont l’autopoïèse et l’auto-observation. Mais pour distinctes qu’elles soient, celles-ci n’en sont pas moins complémentaires puisque le système doit se servir de cette attribution de la responsabilité de telle ou telle action afin de pouvoir se reproduire correctement. « Sans cette technique d’utilisation d’un modèle simplifié de lui-même, le système ne pourrait pas communiquer sur la communication et ne pourrait pas sélectionner ses éléments de base par rapport à leur capacité de s’adapter aux demandes de l’autopoïèse. »

[modifier] Les trois types de systèmes sociaux

L’évolution socioculturelle de la société, d’une société primitive à la société moderne telle que nous la connaissons aujourd’hui, a impliqué une différenciation des systèmes sociaux. Là où « interaction, organisation et société [étaient] structurellement mêlées les unes aux autres et se limit[aient] les unes les autres » , il faut compter aujourd’hui avec l’indépendance croissante de ces trois systèmes sociaux de base. Il ne faut pas voir en cette trichotomie le fait de l’observation subjective du sociologue mais plutôt le résultat d’une différenciation basée sur trois utilisations différentes des procédés d’autosélection et de délimitation du système.

Les systèmes d’interactions sont les plus simples des trois. Ils se mettent en place dès que « les personnes présentes se perçoivent l’une l’autre. Cela comprend la perception de la perception de soi. Leur principe de sélection et, en même temps, leur principe de délimitation est la [co-]présence » Ce principe de sélection a pour conséquence l’exclusion des personnes absentes hors du système au profit de l’inclusion des personnes présentes. « (...)[O]n ne peut parler qu’avec les présents, mais pas des présents ; et inversement seulement des absents et non avec eux. » La thématisation de l’environnement du système, c’est-à-dire la substitution symbolique à l’intérieur du système d’un élément externe au système tel qu’une personne absente, n’est rendue possible que par le média de la langue (Sprache). Pour des raisons évidentes de compréhension, le système d’interaction ne permet qu’à une seule des personnes présentes de prendre la parole à la fois. La communication en face à face implique donc un ordre d’intervention qui s’étend dans le temps. Il en est de même pour les thèmes discutés : puisque l’interaction permet de ne traiter qu’un thème à la fois, le changement de thème ne peut se faire dès lors que dans une relation chronologique, c’est-à-dire au prix d’un temps supplémentaire. Cette linéarité séquentielle condamne ce type de système à ne pouvoir traiter les communications d’ordre plus complexe. « En résumé les systèmes qui opèrent selon ces limitations structurelles, ne peuvent pas atteindre de complexité très élevée : ni dans leurs propres possibilités, ni dans leur relation avec leur environnement. » . C’est en cela que l’on a pu parler de système simple.

Il faut comprendre l’interaction comme un simple épisode du processus sociétal. Les interactions sont une césure, une parenthèse, dans la continuité de l’autopoïèse du système englobant de la société. « Elles ne sont possibles que sur la base de la certitude qu’il y a eu communication sociétale avant que l’épisode ne commence, de telle sorte que l’on peut présupposer les sédiments d’une communication ultérieure ; et elles ne sont possibles que parce que l’on sait que la communication sociétal restera possible après la fin de l’épisode. »

Luhmann définit le système de la société comme «le système social englobant toutes les actions communicatives pouvant s’atteindre réciproquement. » Toute communication se fait nécessairement dans les limites de la société, qui est la société à l’échelle du monde, et participe forcément de l’autopoïèse du système de la société. Ceci a pour conséquence l’impossibilité pour la société telle que la comprend Luhmann de communiquer avec son environnement : la société est un système hermétiquement clos, elle est « le système social autopoïétique par excellence ». La société est donc plus que la simple somme de ses interactions, elle est un système d’ordre supérieur qui permet les communications entre absents aussi bien que les communications en face-à-face. « Ses propres frontières sont les frontières de la communication possible et pleine de sens, elles sont avant tout les frontières de l’accessibilité et de la compréhension. » .

Enfin, il faut considérer l’existence d’un troisième type de système intermédiaire, celui de l’organisation. Il nous suffira ici de savoir que ce dernier se différencie des deux autres en ce qu’il se constitue autour de règles d’appartenance au système dans des conditions particulières fixées par ces règles.

[modifier] Bibliographie

  • Mémoire de maîtrise d'Arnaud Talaia en Culture Européenne des Médias (Weimar) et, Information et Communication (Lyon)intitulé "La rumeur de la rumeur", 2003, sous la supervision de Prof. Dr. Phil. Lorenz Engell
  • Luhmann, Niklas (1984), Soziale Systeme: Grundriss einer allgemeinen Theorie, Suhrkamp Verlag, Frankfurt am Main
  • Luhmann, Niklas (1995): Social Systems, Stanford University Press, p.53, traduit en anglais de l’allemand, Soziale Systeme: Grundriss einer allgemeinen Theorie, Suhrkamp Verlag, Frankfurt am Main, 1984
  • Luhmann, Niklas (2003), 1986
  • Luhmann, Niklas, Was ist Kommunikation ?, in: Soziologische Aufklärung 6 : Die Soziologie und der Mensch, pp. 113-124
  • Luhmann, Niklas, Die Gesellschaft der Gesellschaft, Suhrkamp Verlag, Frankfurt, 1997
  • Luhmann, Niklas, Interaktion, Organisation, Gesellschaft, in: Soziologische Aufklärung 2 : Aufsätze zur Theorie der Gesellschaft, Westdeutscher Verlag, pp.9-20
  • Knodt, Eva M., Foreword, in: Niklas Luhmann (1995), 1984
  • Habermas, Jürgen, Theorie des kommunikativen Handelns, Frankfurt, Suhrkamp, 1981
  • Bateson, Gregory, Steps to an Ecology of Mind, San Francisco, 1972
  • Glaserfeld, Ernst, Knowing without Metaphysics: Aspects of the Radical Constructivist Position, téléchargé sous http://www.platon.ee.duth.gr/~soeist7t/lessons2.htm
  • Maturana, Humberto R (1981): Autopoiesis , pp21-30, in: Milan Zeleny (ed.), Autopoiesis: A theory of Living Organization, New York: North Holland, cité par Niklas Luhmann, The Autopoiesis of Social Systems, in: F.Geyer and J, van der Zouwen (eds.), Sociocybernetic Paradoxes, Sage, London, 1986, 172 ff. que l'on peut lire intégralement sur internet sous http://platon.ee.duth.gr/~soeist7t/Lessons/lesson6_2.htm
  • Barel, Yves (1989): Le paradoxe et le système, nouvelle édition augmentée, Editions Presses Universitaires de Grenoble, 1979
  • Foester, Heinz (von), ” On self organizing Systems and their Environment ”, in: MC.Yovits and S.Cameron (eds.) : Self Organizing Systems, London, 1960, pp.31-50

[modifier] Liens externes


Autres langues