Stratégie

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Voir « stratégie » sur le Wiktionnaire.

La stratégie - du grec stratos qui signifie « armée » et ageîn qui signifie « conduire » - en Italien stratégia est :

«La stratégie est de la compétence du gouvernement et de celle du haut-commandement des forces armées.» Charles de Gaulle


Contrairement à la tactique dont l'enjeu est local et limité dans le temps (gagner une bataille), la stratégie a un objectif global et à plus long terme (gagner la guerre). En effet, il appartient à la politique le choix de la paix ou de la guerre et l'attribution des ressources mises en œuvre par des stratégies militaires sur le champ de bataille ou diplomatiques dans des négociations

En fait, les militaires considèrent, dans cet art de combiner ses moyens et ses ressources en fonction des contingences, trois niveaux :

  • le niveau stratégique, ou plus couramment aujourd'hui politico-militaire, au plus haut niveau de l'État, dans un dialogue itératif entre responsables politiques, diplomatiques et militaires ;
  • le niveau opérationnel, entre le haut-commandement militaire et le commandant d'un théâtre d'opération ;
  • le niveau tactique, qui est celui, local, du commandant d'unité engagé dans une action particulière.

La stratégie consiste à la définition d'actions cohérentes intervenant selon une logique séquentielle pour réaliser ou pour atteindre un ou des objectifs. Elle se traduit ensuite, au niveau opérationnel en plans d'actions par domaines et par périodes, y compris éventuellement des plans alternatifs utilisables en cas d'évènements changeant fortement la situation.

On entend par forces stratégiques, les forces, qui mettent en œuvre la dissuasion nucléaire, dotées d'armes nucléaires stratégiques (emploi politique), délivrées par des bombardiers stratégiques ou des missiles balistiques stratégiques.

L'établissement d'une stratégie exige : d'une part, l'estimation de probabilités de réalisation des éventualités susceptibles d'être retenues ; d'autre part, l'adoption d'une règle ou d'un indicateur de préférence permettant de classer les résultats escomptés par la mise en œuvre de différents scénarios.

La stratégie se présente sous deux formes : le niveau d'organisation et le mode de conduite.

Sommaire

[modifier] Niveau d'organisation et mode de conduite

  1. Comme mode de conduite, la stratégie est une façon d'agir dans l'incertitude en incluant l'incertitude dans la conduite de l'action. Alors, elle est proche des ruses et stratagèmes. De cette manière, la stratégie se distingue de l'exécution d'un programme, d'une recette ou de ce qui est prédéterminé. Gregory Bateson, dans La Nature et l'Esprit, Seuil, Paris, 1984, a distingué deux types de comportement en illustrant avec un tireur au fusil ou à l'arc : celui qui se fie au dispositif de visée pour tirer, et celui qui ajuste son tir par rétroaction en corrigeant son tir suivant par rapport au précédent. Le premier type a été nommé « calibrage » qui est l'exécution d'un programme et le deuxième a été nommé de « rétroaction » qui est la stratégie dans des approximations de plus en plus fines pour atteindre la cible.
  2. Comme niveau d'organisation, il y a le niveau de la politique qui choisit entre la guerre ou la paix et leur attribue des ressources nécessaires et qui orientent et délimitent les stratégies possibles de guerre ou de paix avec les ressources attribuées par le niveau politique.

Le niveau de la stratégie est celui qui choisit, oriente et délimite les batailles militaires ou diplomatiques possibles à l'intérieur d'une guerre ou d'une négociation de paix choisie par le niveau politique.

Le niveau opératif est celui qui relève du commandant d'un théâtre d'opération.

Le niveau tactique est celui qui choisit, oriente et délimite les combats possibles à l'intérieur d'une bataille.

L'exemple classique de contraste entre résultats tactiques et stratégiques est la "victoire à la Pyrrhus". Au IIIe siècle av. J.C., Pyrrhus, roi d' Épire, tente de conquérir l'Italie. Il remporte une série de victoires tactiques sur les Romains, mais en subissant des pertes énormes qui lui auraient inspiré le mot fameux: "Encore une victoire comme celle-là et nous sommes perdus". Incapable d'exploiter son succès, il doit évacuer l'Italie.

L'exemple inverse est le raid de l'escadrille Doolittle contre le Japon en 1942. Tactiquement, c'est un échec cuisant: toute une escadrille perdue pour des dégâts insignifiants. Stratégiquement, le raid Doolittle restaure le moral ébranlé des Américains et incite le Japon à modifier sa stratégie navale, d'une façon qui aboutira au désastre japonais de Midway.


  • C'est de cette façon que Georges Clemenceau a pu dire : « La guerre est une affaire trop sérieuse pour être confiée à des militaires. »

En termes de mode de comportement, Gregory Bateson (Gregory Bateson, 1984, p.201, op. cit.) distingue le "calibrage" de la "rétroaction" attribué respectivement à l'exécution d’un programme ou d’une recette et à la stratégie. Le premier mode est un comportement exhibé à partir des règles de conduite adopté a priori, c'est-à-dire un réglage a priori. Le deuxième se rapporte à des ajustements successifs a posteriori. Il suffit d'observer la circulation des personnes qui ajustent mutuellement leurs pas, leurs cadences et leurs itinéraires sinueux dans la foule asiatique très dense et dépourvue de heurts et d'accrochages, en contraste à la foule occidentale où les règles de circulation en ligne droite n'évitent pas de fréquents accrochages.

La configuration et la conduite du type stratégique semblent être représentatives du tourbillon du "Chii", alors que la géométrie cristalline et le réglage a priori le sont du "programme" ou de la "recette" avec le déterminisme causal. La différence entre un “programme” et une “stratégie” est semblable à celle entre l'obus d'artillerie et le missile autoguidé. La trajectoire parabolique de l'obus d'artillerie est entièrement déterminée et prédictible par les conditions initiales de vitesse, de température, d’humidité et d'angle de tir, mais l'atteinte de la cible est incertaine par ses manœuvres d'évitement pendant l'envolée de l'obus. Le missile autoguidé, lui, est indépendant des conditions de départ et ajuste son vol aux conditions atmosphériques de vent, de température et aux changements de position de la cible qui tente de s'échapper par des ruses et stratagèmes.

La trajectoire du missile autoguidé est incertaine et l'atteinte de sa cible est certaine, tandis que la trajectoire de l'obus est certaine et connue et l'atteinte de sa cible est incertaine. Le missile autoguidé est doté de caractéristiques équifinales (Ludwig von Bertalanffy, 1968, p. 132, General System Theory. Foundations, development, applications, 3è éd. George braziller, N-Y) où l'équifinalité est un concept forgé par Ludwig von Bertalanffy qui dit que l'atteinte d'un objectif peut être obtenue à partir de différents points de départ, à travers différentes voies et avec différents moyens.

En d'autres termes, l'état final peut être atteint à partir de différents états initiaux et quels que soient les voies et moyens. Dans la perspective de l'explication cybernétique, la combinaison des principes d'équifinalité et d'organisation au hasard des circonstances favorables ("Order from Noise") fonde les processus stochastiques qui présentent un caractère aléatoire associé à un processus de sélection, de sorte que seuls certains résultats auront la possibilité d'être durables. En termes d'une explication cybernétique, la configuration et le comportement du type de stratégie présentent une grande souplesse, comme une large capacité de fournir une variété (de genres) et une diversité (de niveaux) de "réponses appropriées" aux contraintes de l'environnement et du contexte, ainsi qu'à celles des états et des composantes internes du système.

Dans la terminologie de Bateson (Gregory Bateson, Vers une écologie de l’esprit, tome 2, p. 256, Seuil, Paris 1980), la “souplesse” est à la “rigidité” ce que la “polyvalence” est à la “spécialisation”, la “stratégie” au “programme””. Elle est une "potentialité non engagée de changement". En tant que telle, la souplesse du comportement du type de la “stratégie” est très proche de la redondance qui est le déploiement d’une multitude de versions différentes d’un même schéma organisateur.

Sun Tzu en anglais et français : suivre ce lien

[modifier] Enveloppement stratégique

L’enveloppement stratégique consiste à attaquer au niveau supérieur des règles de conduite plutôt que d’affronter directement les forces vives. Ce fabliau, ou conte moral, connu de tous les pratiquants de Kendo (la voie du sabre) ou escrime à la japonaise, illustre cette idée d’enveloppement stratégique.

  • "[…] Un jour, un homme d'armes sans attaches passa par un village. Fatigué et affamé, il entra dans la taverne du village pour se reposer, se restaurer et trouver bonne compagnie de commerce agréable ou quelque fortune.
  • Nenni, point !
  • Une sombre brute épaisse, l'homme des tavernes, lui chercha querelle sous forme d'un duel au sabre pour le lendemain au lever du soleil sur la place du village.
  • Décontenancé, notre voyageur se renseigna et apprit qu'il a affaire au meilleur sabreur de tous les temps et de toutes les régions environnantes. Affolé, il demanda conseil. Le maître d'armes lui expliqua le delai trop court pour lui faire acquérir l'expertise nécessaire et l'envoya voir un moine du monastère proche. Le moine lui conseilla, au duel, de se mettre en garde à sa façon habituelle et de rester parfaitement immobile, les yeux fermés, et de marmonner sa prière favorite. Éberlué et n'ayant rien compris de ce mystère opaque, notre voyageur protesta et le moine lui conseilla de suivre strictement et rigoureusement sa prescription comme condition de survie, pour sortir de ce mauvais pas, et de prospérité future.
  • À l'heure du duel, notre homme dégaina, se mit en garde, ferma les yeux, marmonna sa prière et se tint parfaitement immobile.
  • Stupéfait, le meilleur sabreur de tous les temps et de toutes les régions avoisinantes se mit à penser, ce qui lui arrivait parfois, semble t-il. Ou bien cet homme est complètement fou, ou bien il est suicidaire, ou bien il est très fort.
  • S'il est fou, cela n'ajoute rien à ma gloire de le tuer. S'il est suicidaire, ce serait fou de ma part de l'aider. S'il est très très fort, je risquerais de me faire tuer.
  • Dans le doute et là-dessus, notre homme des tavernes s'enfuit à toutes jambes et on ne l'a jamais plus revu dans les régions avoisinantes.
  • Notre voyageur s'installa dans le village, s'y prospéra et eut une belle et longue lignée".(Thanh H. Vuong, "Stratégies technico-commerciales asiatiques", dans Études Internationales, Vol. XXII, No.3, pp. 552, septembre 1991).

Ce fabliau exprime, sur un autre registre, la philosophie de Sun Zi sur l'art de la guerre où le sommet de l'excellence est de subjuguer l'adversaire sans combattre et, comme dans les vers de Corneille, le combat cessa, faute de combattants.

Alors, ce qui est de la première importance est d'attaquer la stratégie de l'adversaire. Ce qui est difficile dans l'art de la manœuvre est de transformer l'infortune en avantage et de faire du chemin le plus tortueux la route la plus directe. La dernière appréciation est en forme d'injonction qui constitue un enveloppement stratégique consistant à attaquer au niveau supérieur des règles de conduite plutôt que les forces vives qu'elles organisent. Avec l'occupation américaine de l'archipel japonais et la Guerre de Corée qui a déplacé le front chaud de la guerre froide de l'Extrême-Occident à l'Extrême-Orient, le Japon se trouva en première ligne pour les fournitures militaires dont les industries japonaises profitèrent. Elles profitèrent aussi de l'enseignement américain pour la production de masse et le contrôle de qualité. Alors, l'envelopement stratégique consista à battre le maître sur son propre terrain en attaquant les règles de vente et de production.

Ce fabliau d'entrée raconte la politique, la stratégie et la tactique asiatiques où le combat cessa faute de combattants, sans gagnants ni perdants, pour le bénéfice de tous ("To subdue the ennemy without fighting ") et l'enveloppement stratégique ("To attack the e-nemy's strategy ") en attaquant les raisons de se battre de l'adversaire à travers l'art du recadrage de la situation, de telle manière qu'elle apparaisse totalement différente dans la nouvelle perspective ainsi installée. cette manœuvre de recadrage est ainsi exposée par Sun Tzu ("Nothing is more difficult than the art of manœuvre. What is difficult about manœuvre is to make the most devious route the most direct and to turn misfortune to advantage ").

Cet enveloppement stratégique, à travers le recadrage, est aussi et surtout le passage de la force des armes au contrôle économique où la défaite militaire allemande et japonaise de 1945 fut principalement liée bien plus à la puissance industrielle américaine qu'à sa puissance militaire et où 45 ans plus tard l'Allemagne et le Japon sont devenus les créanciers et les garants incontournables de la prospérité américaine, elle-même, garante de la prospérité mondiale par son dollar, comme unité monétaire du commerce international, gardant encore un pouvoir déjà vidé de sa puissance. Le pouvoir est au niveau symbolique des règles de jeu et la puissance est au niveau des manœuvres et stratégies de jeu.

Après la décision d'entrée en guerre des États-Unis en 1941, et jusqu'en 1944, les États-Unis convertirent leur industrie en économie de guerre, et durent inventer des méthodes d'organisation afin de produire les nombreux avions, bateaux, chars nécessaires au débarquement de juin 1944. Ce fut le plus grand projet de l'Histoire. Les États-Unis et le Canada furent ainsi les arsenaux des Alliés et détinrent les trois quarts de la richesse mondiale sur une planète Terre aux trois quarts dévastée. Les experts en renseignement furent employés après la guerre à la conception des premiers ordinateurs.

Pour continuer à avoir l'aide de ses anciennes colonies d'Amérique, l'Angleterre de Churchill a inventé l'idée et le mot de "guerre froide" et de "rideau de fer", tournant l'ancien allié russe en ennemi et les anciens ennemis allemands et japonais en vitrine de la "démocratie" libérale et capitaliste. Ce qui leur a permis d'engager la lutte pour le contrôle économique des anciens vainqueurs, à l'abri des dépenses militaires ruineuses dans la nouvelle course aux armements et d'être au premier rang des fournisseurs dans cette course.

Pour le Japon, l'enveloppement stratégique est dans le passage des technologies électromécaniques aux technologies informatiques et le déplacement de l'importance relative de la matière-énergie à l'information (comprenant la formation professionnelle permanente), des ressources naturelles aux ressources humaines, de la production à la conception.

L'enveloppement stratégique est la mise en place de nouvelles règles de jeu qui organisent un tout autre jeu, comme l'histoire du film La kermesse héroïque où la bourgade flamande - au lieu de se préparer à se battre et, par là, faisant appel aux règles du jeu de la vaillance, de l'héroïsme et de l'expertise militaires des troupes espagnoles; vaillance, héroïsme et expertise militaires qui font défaut aux commerçants et bourgeois de la petite bourgade florissante et qui sont en excès auprès des troupes espagnoles - fait appel à la galanterie espagnole proverbiale et à la noblesse castillane bien connue pour l'aider, la secourir et la protéger en simulant une désertion complète de tous les hommes de la place. Non seulement la bourgade ne fut pas rasée jusqu'au sol, mais encore les troupes espagnoles l'aidèrent à prospérer.

  • "[..] Shape them and make them believe they are shaping you " pourrait être un pastiche de Sun Zi pour décrire l'enveloppement stratégique qui s'applique à cette histoire de la bourgade flamande (Thanh H. Vuong, "Stratégies technico-commerciales asiatiques", dans Études Internationales, Vol. XXII, No.3, pp. 554, septembre 1991.).

En d'autres termes, l'enveloppement stratégique est l'installation de nouvelles formes de relation qui transforment l'infortune en avantage, comme l'Extrême-Orient surpeuplé qui a transformé cette surpopulation en richesse des ressources humaines en axant sa production sur l'expertise (Lii) et la détermination (Chii) de sa main-d'œuvre plutôt que sur la machinerie et en axant ses produits sur une forte teneur en valeur ajoutée de travail plutôt que sur la matière première ; c'est-à-dire que l'investissement dans le capital humain - à travers l'éducation, les politiques sociales, les modalités d'emploi et les conditions de travail - a la primauté sur l'investissement dans l'immobilisation où la conception orientée vers la vente est plus importante que la production déplacée au rang de la "logistique" de soutien, comme l' "intelligence" (dans la signification militaire anglo-saxonne de connaissance de l'environnement, du contexte et des états internes du système).

"Westerners have dozens of books to choose from if they want to learn about Japanese philosophy and military tactics… But when the Japanese, especially those in business, want information on the subject, many turn to an ancient Chinese, not Japanese, military manual, The Art of war." Boardroom Reports, peut-on lire sur la jaquette du livre de Sun Tzu The Art of War traduit par U.S. Marine Brigadier General Samuel B. Griffith, 11ème édition, Oxford university Press, 1982

Depuis la fin des années 1980, les États-Unis ont développé une stratégie militaire et économique appuyée sur l'utilisation partagée de technologies de l'information très puissantes, spécialement dans les secteurs aéronautique et informatique, avec une forte coopération entre le gouvernement et les consortiums industriels. Cette stratégie concerne la plupart des secteurs économiques, et vise à obtenir une suprématie sur le capital de connaissances des entreprises, des laboratoires, et des universités, en employant des méthodes d'ingénierie des connaissances, et d'influence.

[modifier] Entre plan et stratégie

Icône de détail Article détaillé : Planification stratégique.

Alors que l’idée du plan est l'œuvre d'un raisonnement linéaire qui privilégie la relation objectifs - contraintes, c'est-à-dire qu'on veut atteindre les objectifs tout de suite en éliminant tous les obstacles par la contrainte ; le raisonnement stratégique est de nature complexe, il renverse les données du problème : ce sont les ressources qui seront déterminantes, et non pas les objectifs. C'est en fonction de ces ressources qu'il faut sinon déterminer, du moins ajuster les objectifs.

La réflexion sur les ressources porte sur les vertus de ce qui existe et sur les moyens d'en tirer partie. Elle consiste en la valorisation et la mobilisation des ressources humaines, la fertilisation des réussites et des innovations, l'optimisation de l'emploi des capacités financières et des moyens matériels, la saisie de toutes les occasions et de toute conjoncture favorable, avec la minimisation des coûts et l'économisation des énergies. Quant aux contraintes et aux obstacles, on essaye de les aménager, de les contourner, mieux encore, de les transformer en ressources.

[modifier] Quelques outils et méthodes pour définir sa stratégie

Nous diviserons les approches permettant à une équipe de définir sa stratégie en quatre grandes familles :

A. les approches technocratiques B. le croisement des objectifs par interviews et caucus C. les pilotages par tableau de bord ou information synthétique dont le benchmarking D. Les diagnostics courts.

Les approches technocratiques se fondent essentiellement sur une description des évolutions prochaines du marché. Elle est un compromis, une articulation, parfois même une synergie entre la perception des spécialistes internes et les anticipations de bureaux experts. Le point fort de cette méthode est de se centrer sur le marché et ses évolutions. Son point faible tient dans la crédibilité des informations et la part des croyances composant l'information générée par les experts.

Le croisement des objectifs par interviews et caucus consiste à demander à un service en interne ou à un bureau de consultance externe de faire le tour d'un certain nombre de personnes clefs de l'oganisation pour récolter et croiser les opinions, les priorités, les signaux faibles ou forts et les objectifs que les uns et les autres souhaiteraient voir budgétiser pour les 3 ou 5 ans à venir. Des réunions ou séminaires stratégiques servent de lieu de négociation, d'intégratrion, de priorisation des pistes dégagées lors de la collecte des informations. Le point fort de cette approche est de s'appuyer sur la culture et les connaissances acquises de l'équipe. Son point faible est de croiser les subjectivité avec tout les jeux de pouvoirs et le poids de l'orgueil des uns et des autres.

Les pilotages par tableau de bord sont fondé sur des outils d'aide à la décision qui intégrent de plus en plus de variables expert (A) ou subjectives (B). La stratégie s'établit alors sur base de scénarios qui font l'objet de réflexion plus ou moins précises, partagées et validées. Ces outils permettent de se comparer à soi-même, à d'autres acteurs du marché ou de cibler des écarts entre la situation actuelle. L'atout de ces méthodes est d'objectiver l'information utilisée et de permettre des variations de solutions assez nuancées. Son point faible tient dans la validation des choix de construction de l'outil qui sert de base à l'ensemble du pilotage.

Les diagnostic courts sont des méthodes qui jouent sur les progrès les plus récents des approches essentiellement systémiques. Elles sont particulièrement utiles dans des environnements instables ou à forte composantes humaines (groupes d'experts ou de bénévoles). On signalera parmis ces méthodes l'approche Hoschin [1] ou le DCA-Stratégie de l'IFEAS [2] / manuel complet sur [3]

[modifier] Quelques grands stratèges

  • Sun Zi (ou Sun Tsu) : stratège chinois qui vivait à l'époque des Royaumes Combattants (475-221 av. J.-C.). Œuvre : «L'art de la guerre». Il analyse la guerre comme un acte central pour l'État, dont la paix dicte le sens. Pour Sun Tsu, l'habileté suprême est de vaincre sans combattre. "To subdue without fighting" (traduction anglaise du USMC Brig. General Samulel B. Griffith - référence à l'UNESCO). Les versions françaises viennent de ce texte et souffrent d'un contresens fondamental vis-à-vis la philosophie confucéenne de la guerre chez Sun Tzu. "To subdue" vient de l'ancien français "soduire", signifiant à la fois "séduire" et "soudoyer" (cf. "Webster's Collegiate Dictionary" et "Encyclopedia Britannica"). http://classiques.uqac.ca/classiques/granet_marcel/granet_marcel.html
    Pour Sun Tzu, la guerre est l'art de la tromperie (War is the art of deception). Il est à noter que Napoléon ne respectera jamais le précepte de Sun Tsu de construire des ponts d'or à l'ennemi en fuite, préférant au contraire les cannonner copieusement à ce moment-là afin de les éliminer des batailles futures (source : Guerre et paix).
  • Antoine de Jomini : ce général d'origine suisse participa à de nombreuses campagnes dans la Grande Armée puis devint général en chef dans l'Armée russe; il était un des meilleurs Stratèges et penseurs militaires de son époque. En 1806, il avait déjà compris comment l'Empereur ferait pour abattre l'Armée autrichienne, pratiquement au détail près. Il est l'un des rares généraux de l'époque à avoir saisi l'essence même des Opérations Militaires; sans les rattacher à la période ou aux techniques. Sa pensée est toujours d'actualité.
    Elle inspire notamment l'armée américaine. Son obsession pour les lignes d'opération et les lignes stratégiques est cependant la cause d'un certain vieillissement de son œuvre.
  • Carl von Clausewitz : général prussien (1780- 1831). Œuvre De la guerre. Tirant les leçons des guerres de la Révolution et de l'Empire, il est le théoricien de la guerre totale, même si celle-ci, dans son œuvre, est présenté plus comme un concept (celui de "la montée aux extrêmes") que comme une réalité effective. Un contemporain de Jomini, mais dont les conceptions stratégiques et philosophiques transcendent à beaucoup d'égards son époque. Pour Clausewitz, la guerre est avant tout la continuation de la politique par d'autres moyens. Sun Tzu et Clausewitz sont considérés aujourd'hui par la plupart des experts comme les deux plus grands théoriciens de la stratégie.
  • Alfred Mahan : Cet officier de Marine a écrit plusieurs ouvrages sur la stratégie maritime, qui ont si fortement inspiré les États Unis qu'ils ont ensuite axé une grande part de leur stratégie sur les écrits de Mahan. Certains pensent que leur opération pour prendre le canal de Panama fut déclenchée notamment grâce aux révélations de Mahan. C'est un disciple de Jomini, qui a traduit pour les questions maritimes les principes de L'Art de la Guerre.
  • Liddell Hart : théoricien anglais des formations de blindés mises en œuvre par Heinz Guderian durant le Blitzkrieg. Charles de Gaulle avait également écrit un ouvrage (Vers l'armée de métier) où il recommandait le même système d'attaques de blindés accompagnés d'une couverture aérienne, et qui ne sera pas pris en considération.

[modifier] Théorie des jeux

En théorie des jeux, une stratégie désigne un ensemble de choix d'action décidé a priori.

Représentons un jeu par un arbre de décision : à chaque nœud, un joueur ou le hasard doit décider d'une action. Un joueur peut décider par avance de la meilleure action à entreprendre à tous les nœuds qu'il peut rencontrer. L'ensemble de ces actions compose une stratégie.

À partir d'une représentation en arbre d'un jeu fini, on peut donc dénombrer les stratégies de chaque joueur. Cela permet de représenter alors le jeu sous forme matricielle, où on associe la combinaison des stratégies directement au gain à envisager pour chaque joueur.

Dans certains jeux où la coordination est incertaine, ou si la connaissance de la stratégie retenue peut permettre à un adversaire de retenir la solution la plus coûteuse, le fait d'adopter fermement une et une seule stratégie (dite alors pure) peut être sous-optimal. Les théoriciens ont alors imaginé la possibilité de stratégie mixte, c'est-à-dire où un joueur décide arbitrairement et aléatoirement de ses probabilités d'action sous l'hypothèse que son adversaire en fait autant.

Une stratégie mixte est nécessaire pour résoudre avec pertinence de nombreux jeux comme celui de la distinction ou d'approfondir des situations au type du jeu du rendez-vous.

John von Neumann a démontré que dans des jeux à somme nulle, il n'existe qu'une seule situation d'équilibre mixte : lorsque l'un des joueurs dévie du point-selle en changeant ses probabilités, il se défavorise automatiquement, favorisant ainsi son adversaire. Bien que ces calculs aient permis d'optimiser la formation des convois navals pendant la deuxième guerre mondiale, ces "stratégies" n'ont rien à voir avec la stratégie au sens militaire du terme. Elles optimisent simplement la logistique (voir Recherche opérationnelle).

[modifier] Théorie des contextes

Dans la hiérarchie des niveaux de contrainte ou de dépendance de la Théorie des contextes d’Anthony Wilden, le niveau politique est celui du choix entre la paix et la guerre et de l’attribution des ressources à la paix ou la guerre. Alors, la politique oriente, délimite et organise les stratégies militaire et diplomatique pour réaliser les buts de guerre ou paix. La stratégie, à son tour, oriente, délimite et organise les batailles dans lesquelles se trouvent des combats tactiques.

Le maréchal Rommel volait de victoires tactiques en victoires tactiques vers la défaite stratégique de la bataille d’Afrique du Nord (par manque d'effectifs : 160 chars allemands contre 600 britanniques pour la bataille de Médine).

La défaite de l’Axe en Afrique du Nord a conduit directement aux débarquements en Sicile et en Italie, annonciateurs du débarquement en Normandie du commencement de la fin pour l’Axe. Une stratégie sans politique est la perte d’une guerre, comme la Première Guerre d’Indochine d’Indépendance du Viêt Nam et la Deuxième Guerre d’Indochine de réunification du Viêt Nam ou Guerre du Viêt Nam. Ces guerres ont été conduites dans la hiérarchie de contrainte ou de dépendance, de la politique à la stratégie jusqu’aux combats tactiques à l’intérieur d’une bataille choisie et organisée par une stratégie militaire.

Une approche écosystémique à la stratégie consiste à s'éloigner pour mieux percevoir, à relier pour mieux comprendre et à situer pour mieux agir.

[modifier] Diplomatie, management, politique économique

En diplomatie, on parle de plan pour une doctrine ou une feuille de route destinée à guider les relations internationales dans un domaine donné, dans le cadre plus général d'une politique internationale.

Le développement d'une entreprise suppose diverses stratégies : stratégie marketing (le marché étant parfois comparé à un terrain de bataille), stratégie financière… On devrait dans ce cas plutôt parler de tactique, mais le terme est moins noble et est plutôt utilisé pour décrire des politiques de court terme, alors que la stratégie relève du long terme. Les grands cabinets de conseil en stratégie fournissent des services spécialisés en cette matière au senior management de grandes entreprises.

De même, la politique économique se réfère au concept de stratégie de développement. Si une telle stratégie veut englober toutes les dimensions de la société civile (exigences des parties prenantes, analyse du contexte de l'entreprise, prise de responsabilité, perception précoce et conscience face aux risques…), elle ne peut se limiter aux aspects strictement économiques de la stratégie, mais doit au contraire intégrer les aspects environnementaux et sociaux dans une vision globale de la gouvernance de type développement durable.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes