Sigillographie

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La sigillographie est l'étude des sceaux (en latin sigillum). Elle est considérée comme une des sciences auxiliaires de l'histoire. Sigillographie a pour synonyme sphragistique, terme utilisé surtout par les germanophones.

Sceau sur un exemplaire officiel d’un arrêt de la Cour internationale de justice
Sceau sur un exemplaire officiel d’un arrêt de la Cour internationale de justice

Celui qui appose son sceau est appelé sigillant.

Sommaire

[modifier] Définition et terminologie

La sigillographie, appelée autrefois sphragistique, est une discipline qui recense et étudie les sceaux de cire et bulles de métal.

Signet en argent
Signet en argent

Le sceau est une empreinte imprimée en relief sur une matière malléable, surtout la cire, par la pression d'un objet en pierre ou en métal. L'outil qui permet d'apposer le sceau est appelé « matrice de sceau » ; il est souvent réalisé en bronze ou en cuivre. Le sceau est utilisé comme marque personnelle d'autorité. Il rend crédible l'écrit. On en distingue différents types

  • Le sceau proprement dit ;
  • La bulle, aux mêmes usages que le sceau mais réalisée dans une matière métallique;
  • Le contre-sceau, empreinte de petites dimensions réalisée à l'avers du sceau ;
  • Le signet, empreinte de petites dimensions avec une seule face ;
  • Le cachet, utilisé à l'époque moderne pour fermer une lettre.

[modifier] Usage

Les sceaux servent à :

  • authentifier les documents - comme les signatures et timbres contemporains ;
  • clore des lettres - comme les scellés contemporains;
  • certifier des lettres - comme encore aujourd'hui les cachets de plis.

La valeur juridique médiévale du sceau est le fondement de la théorie juridique contemporaine de la signature.

Comme seing, ils mentionnent une origine et donnent une garantie. Pour ce faire ils donnent à voir des signes (appelés types) associés à un texte (appelé légende), deux termes issus de la numismatique.

Les sceaux et les bulles d'authentification des actes fournissent l'essentiel des matériaux dont les pourvoyeurs sont les dépôts d'archives et les bibliothèques. La sigillographie est de ce fait même liée à la diplomatique et l'héraldique particulièrement concernée par le sceau comme moyen d'identification, les trois quart du million d'armoiries médiévales étant connues uniquement par des sceaux monochromes.

[modifier] Technique

[modifier] Fabrication du sceau de cire

Le sceau de cire médiéval est obtenu à partir d'une galette ou boule brunâtre de cire naturelle d'abeille, agrémentée dès le XIIe siècle de colorants pour donner des cires marron — ou jaunes —, vertes ou rouges puis, par l'impression d'une matrice de métal — bronze le plus souvent —, gravée en creux et en taille directe par un artisan proche de l'orfèvre.

[modifier] Formes de sceau

Sceau ogival du chapitre de la cathédrale de Moulins
Sceau ogival du chapitre de la cathédrale de Moulins

Les formes les plus courantes sont :

  • rondes [1]
  • ogivales, dites alors « en navettes », plus appropriés pour les effigies en pied d'ecclésiastiques ou de femmes[2].

[modifier] Apposition du sceau

Les sceaux peuvent être soit plaqués à même le parchemin de l'acte[3] ou, dès le XIIe siècle, appendus [4]. Les sceaux appendus l'étaient au moyen de :

  • courroies de cuir,
  • simples languettes de parchemin rapportées, passant par une incision (doubles queues), dont une forme particulière est l'attache parisienne,
  • découpées dans la masse du parchemin supportant l'acte (simples queues),
  • fils de matériaux divers (lacs de soies, cordelette de chanvre).

Les sceaux appendus au bas du document présentent deux faces, l'avers qui recueille l'empreinte du sceau, et le revers qui reçoit celui d'un autre sceau, sceau dit biface s'il a même dimension, ou contre-sceau s'il a une dimension inférieure[5],[6].

[modifier] Les effigies et légendes

La légende nominative est souvent en latin[7] et plus rarement en langue vernaculaire[8]. Les effigies sont, elles, typées en fonction du rang social :

  • sceau de majesté, où le roi trône avec les signes de sa souveraineté[9],
  • sceau équestre, de guerre où un seigneur figure à cheval, portant ses armes[10],
  • sceau ecclésiastique, assis ou en pied, montrant le sigillant revêtu des ornements de sa fonction[11],
  • sceau féminin, en pied pour une dame de haut rang parée de ses atours[12],
  • sceau hagiographique, des institutions d'Eglise[13],
  • sceau monumental, des villes, représentant des monuments[14],
  • sceau héraldique, ou armorié, qui reste le plus répandu dans la société, utilise le codage monochrome des couleurs héraldiques - non utilisé dans le jeu pour des raisons techniques[15].

[modifier] Significations

[modifier] Signification de la couleur et de l'attache

La couleur de la cire et de l'attache étaient parfois porteuse de sens dans certaines chancelleries. Dans la chancellerie royale française :

  • les sceaux de cire verte, pendants sur lacs de soie rouge et verte, caractérisent les actes à valeur perpétuelle;
  • les sceaux de cire jaune sur simple queue, sont propres aux mandements et aux actes administratifs;
  • les sceaux de cire rouge scellent les lettres closes relevant de la sphère privée.
Chrysobulle de l'empereur Charles IV en majesté, 1356
Chrysobulle de l'empereur Charles IV en majesté, 1356

[modifier] Les bulles de métal

La bulle de métal est toujours appendue au document et toujours biface. Elle est produite en imprimant une boule de métal au moyen d'une sorte de tenaille. Les métaux sont de nature malléables donc de trois sortes :

[modifier] Les espèces du sceau

Seuls les grands sigillants peuvent avoir concurremment plusieurs sceaux, aux usages différents - comme le roi de France possédant un grand sceau, un sceau du secret, un signet, ... La taille du sceau pouvait varier selon son espèce de moins de deux à plus de dix centimètres de diamètre.

[modifier] Devenir d'un sceau

Le sceau d'une personne physique est par principe unique et doit être détruit à sa mort. Mais souvent, un changement de statut amène les sigillants à se doter d'un nouveau sceau, dont la figure et/ou la légende sont modifiés. Les découvertes archéologiques, ainsi que le fait que de nombreuses matrices de sceaux (outil servant à produire le sceau) soient conservées dans des collections publiques et privées, prouvent que seuls les sceaux-matrices des hautes autorités, des souverains et des princes étaient cassés.

[modifier] Anecdote

La sigillographie fait une apparition inattendue dans l'album de Tintin Le Sceptre d'Ottokar, à travers le personnage du professeur Halambique.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens Externes

[modifier] Notes et références

  1. Moulage du sceau de Jean de Vergy, chevalier, sire de Fouvent et sénéchal de Bourgogne (1276)
  2. Moulage du sceau d'Isabelle de Bourgogne, veuve de Rodolphe Ier de Habsbourg, roi des Romains et empereur d'Allemagne (1303)
  3. Sceau plaqué de Louis VI le Gros(1118)
  4. Sceau appendu de Philippe, comte de Boulogne et de Clermont(1226)
  5. Sceau d'Etienne III de Chalon, comte d'Auxonne (1197)
  6. Contre-sceau d'Etienne III de Chalon, comte d'Auxonne (1197)
  7. Sceau d'Eudes de Bourgogne(1187). Légende en latin : SIGILLUM ODONIS FILII DUCIS BURGUNDIE, traduction : sceau d'Eudes, fils du duc de Bourgogne
  8. Sceau de Jean de Vergy, chevalier, sire de Fouvent et sénéchal de Bourgogne (1276). Légende en français :S. JEHAN DE VERGE SENECHAU DE BOURGOINNE
  9. Moulage d'un fragment du sceau de Charles Ier d'Anjou, roi de Jérusalem et de Sicile (1282)
  10. Moulage du sceau d'Eudes de Bourgogne(1187)
  11. Moulage d'un fragment du sceau de Guy II de Genève, évêque de Langres (1267)
  12. Moulage du sceau d'Isabelle de Bourgogne, veuve de Rodolphe Ier de Habsbourg, roi des Romains et empereur d'Allemagne (1303)
  13. Sceau de l'abbaye de Saint-Martin de Pontoise (1177)
  14. Sceau de la ville de Cappy, (1228)
  15. Moulage du contre-sceau d'Hugues II de Bouville, seigneur de Milly-en-Gâtinais, chambrier du roi, chevalier (1299)