Rue des Rosiers

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4 Arrt.
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Rue des Rosiers
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Arrondissement(s) 4e arrondissement
Quartier(s) Saint-Gervais
Début 131, rue Malher
Fin 40, rue Vieille du Temple
Longueur 303 m
Largeur 11 m
Dénomination Arr. du 5 novembre 1850
Géocodification Ville de Paris : 8335

DGI : 8370

(?)  Visite virtuelle
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La Rue des Rosiers est une rue du centre de Paris, qui parcourt une partie du 4e arrondissement d'est en ouest. Elle mesure 303 mètres de long. Métro Ce site est desservi par la station de métro : Saint-Paul.

Sommaire

[modifier] Notoriété

C'est une des rues qui composent le quartier traditionnel juif ashkénaze, souvent surnommé le Pletzl (la "petite place" en yiddish). Elle compte de nombreux magasins, commerces alimentaires, librairies et restaurants typiques. La rue est connue pour ses falafels: cinq restaurants s'y font une concurrence effrénée.

Depuis les années 1980, des boutiques de luxe (vêtements, parfums, accessoires) ont pris place et modifient lentement l'aspect de la rue (au grand dam de quelques nostalgiques, qui pétitionnent et manifestent). Des travaux de voirie réalisés en 2007 (pavage, plantations, éclairage) participent du même mouvement de rénovation, et rendent à la rue le calme des petites rues du Marais. Un jardin public est en construction, qui est accessible par le n°10 de la rue, et qui permet de rejoindre la rue des Francs-Bourgeois (n° 31 à 35). Il est le résultat de la réunion de plusieurs jardins d'hôtels particuliers (Hôtels de Coulanges, de Barbes et d’Albret). La rue est piétonne le dimanche, depuis 2006 (arrêté préfectoral). Du coup, comme la rue des Francs-Bourgeois voisine, elle est très passante. Le reste du temps, elle est peu empruntée, même par la circulation automobile (dos d'âne, pavés, limitation à 30 km/h).


[modifier] Histoire

La rue semble avoir été créée au XIIIe siècle, le long des remparts de Philippe Auguste. Des rosiers poussent alors contre les hauts murs, et lui donnent son nom. Le mur d'enceinte est encore visible par endroit, dans la cour du n°8 par exemple.

Dès le XIIIe siècle, une synagogue est construite, mais la présence juive est bannie dans tout le pays à partir de 1394, et la présence juive disparaît jusqu’à la Révolution française.

La communauté juive, si elle est ancienne, a connu un peuplement important récent: entre 1881 et 1914, environ 20000 personnes se sont implantées dans le quartier, après avoir fui les persécutions en Roumanie, Autriche-Hongrie et Russie. Cet afflux de réfugiés explique la prédominance de la communauté ashkénaze, ainsi que la forte image du Pletzl au XXe siècle.

Prêtant à confusion, une "rue des Rosiers" existait dans la Commune de Montmartre; elle est devenue la rue du Chevalier-de-la-Barre.

[modifier] Mémoire et identité

Le quartier Saint-Gervais, dont la rue des Rosiers est l'épicentre, c'est, selon Anne Grynberg :

« Tout un univers d'immigrés issus de la yiddishkeit (culture du monde yiddish) avec lequel beaucoup de Juifs gardent toujours un lien, fort encore ou bien ténu, qui les conduit à venir le dimanche arpenter les rues du quartier, à se presser à la veille des fêtes pour acheter rue des Rosiers ou rue des Écouffes des produits traditionnels qu'ils pourraient trouver beaucoup plus près de chez eux, à faire un détour pour déguster un morceau de strudel aux pommes cher aux Juifs de Pologne, une brik qui rappelle l'Algérie, ou un falafel, emblématique de la nourriture israélienne... Car mémoire et identité se mêlent et en dehors des emplettes qu'on pourrait évidemment faire ailleurs, on hume comme un parfum d'enfance - de son enfance, de celle de ses parents voire de ses grands-parents -, on croise des gens qui s'apprêtent à célébrer la même fête, on se dit "Shabbat Shalom" le vendredi.[1] »

Une chanson, "La rue des Rosiers", interprétée par Pia Colombo dans les années 1960 se fait l'écho de l'atmosphère de l'époque d'immédiat avant-guerre (cf. extrait ci-dessous). Son auteur, Silvain Reiner, en raconte la genèse de manière poignante (cf. témoignage dans Je chante).

« C'était en plein Marais
Une rue où grouillait
La vie belle et sa rage
Une rue qui sentait
Le hareng qu'on fumait
Et la folie des sages
Un bonjour se chantait,
Se riait, se criait,
Bonjour à la française
Un beau jour une affaire
Un beau jour une misère
Doux comme un lit de fraises
La rue des oubliés
La rue des émigrés
La rue des retrouvailles...[2] »


[modifier] Faits marquants

Au nº4 se trouvait un hammam réputé. Vendu dans les années 1980, c'est devenu une boutique dont seule la façade rappelle l'ancienne destination. Des commerces de mobilier (Capellini en 2007) et de vêtements (H&M en 2008?) s'y sont installés.

Au nº4bis se trouve une école privée d'enseignement professionnelle, l'École de travail. À l'origine, en 1852, il s'agissait d'un foyer pour apprentis. Aujourd'hui, occasionnant moult pétarades de motocyclettes débridées à la fin de la journée, l'école prépare à deux baccalauréats professionnels (Comptabilité, Énergétique), cinq BEP (Métiers de l'électrotechnique, Équipements techniques énergie, Maintenance de véhicules particuliers, Métiers de la comptabilité, Vente action marchande) et trois CAP (Préparation réalisation ouvrages électriques, Installations sanitaires, Maintenance de véhicules particuliers). Un mémoire d'ethnologie, rédigé par Frédéric de Goldschmidt en 2003, y est consacré.

Au nº7 se trouvait le restaurant Goldenberg, connu pour sa cuisine traditionnelle. Jusqu'en 2003, sur la vitrine, les impacts de la Fusillade de la rue des Rosiers ont été conservés. Le 9 août 1982, un violent attentat antisémite y avait fait six morts et vingt-deux blessés.

Au nº17 se trouve la seule synagogue de la rue.

Au nº22, il y avait autrefois un restaurant populaire, « Au Fourneau économique », où l'on y mangeait pour presque rien (en 1914, pour 2 sous, soit 2 centimes d'euros, on avait une portion de viande, ou un bouillon, ou un plat de légumes). On apportait son pain si l'on en voulait.

Le 16 juillet 1942, dans la nuit, la police française fait une descente, et rafle les personnes de confession juive, avant de les remettre aux autorités nazies. Entre 1943 et 1944, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui disparaissent. Une plaque commémorative apposée sur l'école (nº4 bis) en témoigne aujourd'hui.

Un célèbre passage du film Les aventures de Rabbi Jacob de Gérard Oury, en 1973, se déroule rue des Rosiers - en réalité dans une reconstitution en studio.

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources et références

  • Gaston Bonheur, 1966. "Rue des Rosiers", chanson enregistrée par Régine, sur disque 30 cm La fille que je suis (Pathé 2 C062-10.700; réédition Sony sur compilation collection "Or").
  • Jeanne Brody, 2002. Rue des Rosiers, une manière d'être juif. Préface de Nancy L. Green. Essai. Paris: Autrement, 133 pages. ISBN 978-2862605265
  • Jean Gaido-Daniel, (années 1980?). "Rue des Rosiers", chanson enregistrée par lui-même sur disque 33 tours (production Quelque Part, réf. 19549).
  • Frédéric de Goldschmidt, 2003. L’École de travail, rue des Rosiers. Maîtrise d’ethnologie, Université de Paris VII, année 2002-2003. En ligne sur www.frederic.net/
  • Michèle Kahn, 2000. Le Shnorrer de la rue des Rosiers. Roman. Paris: Bibliophane-Daniel Radford, coll. "Le temps d'un livre", 192 pages. ISBN 978-2869700543
  • Jacques Lanzmann, 2004. Rue des Rosiers, tome 2. On a retrouvé David. Roman. Paris: LGF, 242 pages. ISBN 978-2253109624
  • Jacques Lanzmann, 2002. Rue des Rosiers. Roman. Paris: Éditions du Rocher, 242 pages. ISBN 978-2253067016
  • Léo Malet, 1999. Du Rebecca, rue des Rosiers, 4e arrondissement. Nestor Burma. Roman. Paris: Fleuve noir, 261 pages. ISBN 978-2265068254
  • Silvain Reiner, 1967. "La rue des Rosiers", chanson enregistrée par Pia Colombo, sur disques AZ (1967, 45 tours EP 1143 ou 30 cm LPS 25), Pia Colombo à l'Olympia.


[modifier] Références

  1. Anne Grynberg, Mémoire et identité juives, dans Vivre et survivre dans le Marais, éditions Le Manuscrit, 2005. ISBN 2748151321
  2. "La rue des Rosiers" (1967), interprétée par Pia Colombo, écrite par Silvain Reiner et Joël Holmès
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