Roman libertin

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Illustration de l’Histoire de Juliette du marquis de Sade
Illustration de l’Histoire de Juliette du marquis de Sade

Le roman libertin est un genre littéraire du XVIIIe siècle.

Ce genre prend ses racines dans la tradition libertine européenne, d’abord dans l’antiquité gréco-romaine avec Sapho, Aristophane, puis Ovide, Catulle, et chez les Italiens avec l’Arétin et Baffo, et ensuite en France. Elle s’est continuée jusqu’à nos jours.

Essentiellement anticléricaux, érotiques, les romans libertins attaquaient l’ordre établi.

Ses auteurs incluent Crébillon fils (le Sopha, conte moral, 1742), Diderot (les Bijoux indiscrets, 1748), le marquis de Sade (la Philosophie dans le boudoir, 1795, la Nouvelle Justine, 1797, l’Histoire de Juliette, 1797-1801, etc.), Choderlos de Laclos (les Liaisons dangereuses, 1782). Restif de la Bretonne en est aussi un romancier prolifique. Nerciat est l’un des plus prolifiques avec ses deux chefs-d’œuvre : les Aphrodites (1793) et le Diable au corps (posthume). Ses œuvres : Lolotte, la Matinée libertine, le Doctorat impromptu, Félicia ou mes fredaines, Julie philosophe, Contes saugrenus, Monrose.

D’autres titres célèbres sont Histoire de Dom Bougre, portier des Chartreux de Gervaise de Latouche (1741), Thérèse philosophe de Boyer d’Argens (1748), Margot la ravaudeuse (1750) de Fougeret de Monbron, Angola, histoire indienne de La Morlière ou Pauliska, ou La Perversité moderne, mémoires récents d'une Polonaise (1798) de Révéroni Saint-Cyr.

Les précurseurs des auteurs libertins sont Théophile de Viau et Saint-Évremond, eux-mêmes inspirés par Épicure et le Satyricon de Pétrone.

L’historien Robert Darnton a beaucoup étudié ce genre. Gaétan Brulotte, dans son remarquable ouvrage, Œuvres de chair, en fait une analyse puissante. Alexandrian est essentiel avec les Libérateurs de l’amour et son Histoire de la littérature libertine.

Cette littérature, proscrite, persécutée par les tribunaux, respire la plus authentique liberté. Les auteurs ne cherchent pas à faire belle figure honorable, mais à dire vrai le désir humain et ses incroyables fantasmes. Cette littérature est la plus libre qui soit et fuse dans toutes les directions de la psyché humaine.

[modifier] Références

  • Marc André Bernier, Libertinage et figures du savoir : rhétorique et roman libertin dans la France des Lumières, 1734-1751, Paris, L’Harmattan, 2001 ISBN 9782747509473
  • Patrick Wald Lasowski, Le Grand Dérèglement. Le roman libertin du XVIIIe siècle, Gallimard, 2008. ISBN 9782070119387
  • Ludovic Michel, La Mort du libertin : agonie d’une identité romanesque Paris, Larousse, 1993 ISBN 9782035200235
  • Jean-François Perrin, Philip Stewart, Du genre libertin au XVIIIe siècle, « Colloque international La Littérature libertine au XVIIIe siècle », 2002, Université Stendhal-Grenoble 3, Paris, Desjonquères, 2004 ISBN 9782843210716
  • English Showalter, Transformations du genre romanesque au XVIIIe siècle, Hamilton, McMaster University, 2001
  • Faire Catleya au XVIIIe siècle : lieux et objets du roman libertin, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 1996 ISBN 9782760624900
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