Renouveau du conte

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le renouveau du conte est un mouvement artistique scénique apparu dans les années 70 qui revisite l'art de raconter des histoires à un auditoire.

Le phénomène du renouveau du conte a été amorcé en France et aux États-Unis à peu près à la même époque et tous les pays occidentaux ont suivi petit à petit le même cheminement.

Sommaire

[modifier] Histoire de la renaissance d'un art de la parole

[modifier] Prémisses du mouvement en France

Des courants de pensées nés pendant la période de l’Occupation dans l’école des cadres de la jeunesse à Uriage entre 40 et 42, ont théorisé et mis en pratique l’importance des liens entre culture populaire et éducation. Cette pensée conduite par Joffre Dumazedier et les réseaux Peuples et Culture, traverse largement tous les mouvements d’éducation populaire. Les événements de mai 1968 sont l’occasion de fortes revendications liées à la critique d’une société de consommation où les rapports interpersonnels semblent disparaître. Les milieux artistiques et culturels accompagnent ce mouvement et remettent en cause un rapport culturel distant face aux cultures populaires.

Au début des années 70, la traduction du livre de Bruno Bettelheim, « The uses of Enchantement », pose la question de l’utilisation des contes à des fins pédagogiques et même thérapeutiques.

Dans ce contexte, les bibliothèques, sous l’impulsion de Geneviève Patte, (créatrice de la Joie par les livres en 1965), s’emparent des activités autour du conte en portant un fort intérêt au racontage et accueillent les conteurs du « renouveau du conte ».

Les bibliothèques, héritières de "L'Heure Joyeuse" (créée à Paris en 1924), investissent le temps de l'heure du conte et engagent un lien qui deviendra permanent entre la nécessité de défendre la littérature écrite et celui du maintien, du soutien et du développement de la littérature orale.
À cette même époque, autour de Bruno de la Salle à la BPI du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, naît un noyau d'artistes dont l'objectif premier est de raconter des histoires. De là, une première génération de conteurs s'engage dans un travail de rencontres, de réflexion et d'élargissement, amenant des artistes originaires d'autres arts à rejoindre ce premier mouvement.

[modifier] Grandes étapes du renouveau de la profession de conteur

En France, on peut découper cette renaissance de la pratique du conte en trois étapes:

[modifier] La première génération (1970 - début des années 1980)

De 1975 à 1980, à Vannes, Clamart, Montpellier, Grenoble, Avignon, Chevilly-Larue, Créteil, dans des festivals, des rencontres, des séminaires, des programmations, des concours de conteurs amateurs et professionnels, apparaissent les premières tentatives de construction d'un champ artistique. S'ils font vivre dès l'origine une vision contemporaine du récit, ils s'attachent à faire le lien avec la tradition orale. Ils posent les problématiques de leurs pratiques artistiques et cherchent à y répondre. L’émergence tâtonnante et isolée de ce mouvement se cristallisera aussi autour des artistes de l’immigration et la nécessité se fera sentir dans les années 80, de prendre en compte les espaces culturels des pays d’origine des populations immigrées. Deux artistes-conteurs encore en exercice, et par ailleurs formateurs de nombreux autres conteurs et conteuses, sont particulièrement importants dans cette période : Henri Gougaud et Bruno de la Salle. Ils rendent compte de leur parcours, de leur réflexion sur le conte et de leur expérience artistique depuis 1960 dans l'ouvrage d'entretiens paru en 2002 : Le Murmure des Contes.

[modifier] La deuxième génération (milieu des années 1980, années 1990)

Le colloque des Arts et Traditions Populaires en 1987, «Le renouveau du conte en France» animé et organisé par Geneviève Calame-Griaule, sera l'occasion première de mettre à jour le foisonnement qui existe en France comme à l’étranger, de croiser des expériences, d'inscrire dans la durée des projets culturels et artistiques et d'engager les conditions de connaissance et de reconnaissance d'un réseau national et international. De nombreux artistes font du conte un véritable art de scène. Parmi les plus importants d'entre eux : Michel Hindenoch, Abbi Patrix, Pépito Matéo, Muriel Bloch ... Ils expérimentent, travaillent souvent en compagnie de musiciens, se situent au carrefour de la tradition et de l'innovation, faisant véritablement du conte un art vivant. Des festivals naissent en France et donnent de nombreuses occasions de diffusion des conteurs. Les premières expériences de travail collectif se font jour.

[modifier] La troisième génération (de la fin des années 1990 à aujourd'hui)

Les impulseurs du mouvement continuent toujours de se produire et de créer, mais ils sont rejoints par une multitude d'artistes issus d'horizons divers, le conte s'impose dans des lieux et festivals qui ne lui étaient pas destinés, prend parfois des tours plus proche du théâtre de rue, du clown, du café-théâtre même.

Aujourd'hui, coexistent contes traditionnels revisités et créations issues de collectages, d'observations, de ce que Pépito Matéo appelle "une artchéologie du quotidien".

[modifier] Rencontre avec les autres arts du spectacle

[modifier] Voir aussi sur Wikipédia

[modifier] Bibliographie

  • Geneviève Calame-Griaule (dir.). Le Renouveau du conte  : actes du colloque international au Musée national des arts et traditions populaires du 21 au 24 février 1989. Paris : CNRS Editions, 1999. 449 p.
  • Henri Gougaud et Bruno de La Salle. Le Murmure des contes. Paris : Desclée De Brouwer, 2002. (ISBN 2-220-05221-4).
  • Soazig Hernandez, Le monde du conte, contribution à une sociologie de l'oralité. Paris: L'harmattan, collection Librairie des Humanités, 2006, 317p.
  • Maria Patrini. Les Conteurs se racontent. Genève Suisse : Slatkine, 2002. (ISBN 2-05-101890-1).
  • Magdalena Gorska. Richard Edwards (dir.). Conteur en France : aujourd’hui une profession ? Thèse professionnelle. Varsovie, 1996.
  • Bruno de La Salle, Michel Hindenoch, Emmanuelle Gougis et Sophie Thirouard. Raconter aujourd’hui ? : enquête réalisée par le Centre de Littérature Orale entre novembre 1984 et mars 1985. Vendôme (Loir-et-Cher) : CLiO, 1985.
  • Elise Lebert et Jacques Bonniel (dir.). Les Conteurs : émergence d’une profession. DESS développement culturel et direction de projets Université Lyon 2, 2000.
  • Henri Touati. L'Art du récit en France : problématique, état des lieux 2000. Etude réalisée à la demande du Ministère de la Culture, Sous la responsabilité de l’AGECIF.
  • Bruno de La Salle, Pascal Fauliot, Michel Hindenoch et Emmanuelle Gougis. Pratique et enjeu de l'oralité contemporaine. Vendôme (Loir-et-Cher) : CLiO, 1984.
  • Vaber Douhoure et Bernadette Bost (dir.). Le Renouveau du conte : l'exemple du conte spectaculaire. Grenoble : Université Stendhal Grenoble 3, 2004.
  • Pourquoi faut-il raconter des histoires ? Tomes 1 et 2, Editions Autrement, Paris, propos recueillis par Bruno de La Salle, Michel Jolivet, Henri Touati et Francis Cransac (recueil d'interventions de personnalités de l'oralité et du récit pendant les rencontres au Théâtre du Rond-Point en 2004 pour le tome 1, en 2005 pour le tome 2)

[modifier] Liens externes