République des Sept-Îles

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Επτάνησος Πολιτεία (el)
Repubblica Settinsulare (it)

(République des Sept-Îles)
1800 — 1807
Administration conjointe des empires russe et ottoman, puis administration française, puis Protectorat britannique
La République des Sept-Îles en 1801
La République des Sept-Îles en 1801
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Superficie ~2 700 km²
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Entité précédente
France
Entité suivante
Premier Empire

La « République des Sept-Îles » ou « République des Îles ioniennes » est le nom donné à l'entité rassemblant sept îles de la mer Ionienne (anciennement vénitiennes), situées entre la Grèce et l’Italie, formée en 1800, sous la protection de la Russie et de l' Empire ottoman, que la France s’était attribuées au traité de Campo-Formio en 1797.

Ne pas confondre avec l’Heptanèse qui était une région de Grèce à l'époque de la domination ottomane, composée des mêmes îles.

Les sept îles composant la République des Sept-îles étaient :

Sommaire

[modifier] La période « russe »

Le 21 mars 1800, les Russes et l'Empire ottoman, dans le traité de Constantinople, s’accordent pour former la république fédérative des Sept-Îles. Le tsar Alexandre Ier, que l’on dit très impliqué dans le projet de Constitution qu’il aurait écrit, devient le protecteur officiel de la jeune république, tandis que le Sultan Selim III en obtient la suzeraineté nominale en échange d’un tribut de 75 000 piastres à verser tous les trois ans.
En raison de leur importance stratégique, la Russie envoie un corps d'occupation dans les îles qui s'installe à Sainte-Maure, mais les canons dits « de terre » restent sous la responsabilité d'un fonctionnaire turc désigné spécifiquement par le Divan.

Kapodistrias
Kapodistrias

Dans les faits, les îles sont parfaitement autonomes. Leur exécutif est constitué par un Sénat de douze membres disséminés entre Corfou, Zante et Céphalonie, les trois principales îles, tandis qu’un prince-président, élu par le Sénat représente l’autorité suprême. La magistrature est aux mains de la noblesse, ainsi que tous les autres postes clés. Le clergé n’exerce qu’une autorité morale sur le pays. Une seule avancée de taille : le grec est désormais reconnu comme langue administrative, après des siècles de domination de l’ italien. La religion considérée comme dominante change aussi : le catholicisme romain est détrôné par l'orthodoxie grecque.
Ioánnis Kapodístrias, futur dirigeant de la Grèce indépendante est un des hommes qui gouvernent la République. Il est chargé d'organiser les îles de Céphalonie, Sainte-Maure et Ithaque.[1] On lui attribue aussi la constitution de 1803.

La République des Sept-Îles est reconnue par la République française, l'Espagne et l' Autriche dans le traité d’Amiens le 25 mars 1802. Mais, dès le 18 Vendémiaire An X (10 octobre 1801), l'une des dispositions d'une convention secrète - dont le but est de consolider la paix de Lunéville et de garantir la sécurité de l'Europe - signée par Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord pour la France et l'ambassadeur russe, le Comte de Markov, pour la Russie, reconnaît et garantit l’indépendance et la Constitution de la République des Sept-Iles-Unies, et convient qu’il n’y aurait plus de troupes étrangères dans ces îles.

Alors que les Turcs menacent d’intervenir pour rétablir l’ordre précédent, la situation devient assez grave pour que Talleyrand, ministre des Affaires étrangères, prenne lui-même la plume et expédie un rapport au Premier Consul, selon lequel la situation est plus que propice à une intervention française : les Russes ont perdu toute influence, les Turcs sont abhorrés, alors que les Britanniques ne possèdent de l’influence que dans les villes et non dans les campagnes. Talleyrand conclut son rapport par une phrase : la France est l’objet de tous les vœux.

Le 14 novembre 1803, une nouvelle Constitution est promulguée. D’apparence audacieuse, cette Constitution n’est finalement qu’une copie habile de la première, réservant tous les pouvoirs à la seule classe aristocrate. En effet, seule la noblesse dispose du droit de vote. Les restrictions sont cependant nombreuses : s'il faut être noble pour pouvoir voter, il faut aussi être né sur les îles, d'une union légitime, être chrétien et disposer d'un revenu foncier important (dont la quotité varie selon les îles) ; à défaut d'un revenu foncier, un diplôme universitaire est suffisant.[2]
Pendant ce temps, la diplomatie a pris le pas, mais reste tendue : Talleyrand a incité Bonaparte à temporiser, car intervenir à Corfou signifie la reprise d’un conflit européen. Aussi, on y a envoyé un ambassadeur, le général Romieux, lequel n’a que peu d’expérience en la matière.

Ses rapports sont désenchantés et il souffre d’avoir en face de lui un puissant parti russe. Les Russes ont en effet mis en place un subtil jeu d’alliance avec les populations locales : leur représentant diplomatique est le comte Georges Mocenigo, figure du parti aristocratique, né à Zante et d’origine vénitienne. Il compte des doges dans sa famille. La disparition de la Sérénissime lui a permis d’obtenir sans difficultés la nationalité russe. Cette nomination au poste de consul du tsar lui donne en fait tous les pouvoirs sur les îles et il gouverne de fait.

[modifier] La période « française »[3]

En 1806, la position russe est de moins en moins solide dans les îles. Ali Pacha de Janina songe alors à agrandir ses possessions en s'emparant des îles. Il envoie son secrétaire, Méhémet Guérini auprès de Napoléon à Tilsit afin d'obtenir l'aval de la France à ses projets. Au même moment, Napoléon propose au Tsar Alexandre Ier son soutien en échange des Îles ioniennes.
Finalement l'archipel revient à la France après le traité de Tilsit en 1807.
En août 1807, le général César Berthier arrive à Corfou et annonce au Sénat que les îles passent sous la protection de la France. Rien n'est changé dans le fonctionnement constitutionnel, administratif ou judiciaire de la République.

Berthier intègre alors dans ses troupes régulières quelques milliers d'Albanais chassés du continent par Ali Pacha. Le colonel Minot est chargé de commander ce « régiment albanais » qui a pour but de défendre les îles parce que l'Empereur s'était engagé à ce qu'aucun « soldat de ligne français, italien ou napolitain » ne le fasse. L'expérience est un échec, les Albanais plus habitués à la guerrilla des montagnes ont du mal à accepter la discipline militaire. Ils se mutinent même à de nombreuses reprises, notamment en octobre 1809, lorsque les Britanniques s'emparent des îles.

[modifier] La période « britannique »

Le drapeau des Îles ioniennes sous protectorat britannique
Le drapeau des Îles ioniennes sous protectorat britannique

Déçu par l'attitude française à Tilsit, Ali Pacha se tourne vers les Britanniques pour faire aboutir son projet de s'emparer des Îles ioniennes. On pense que Kapodistrias fut déterminant dans l'échec d'Ali Pacha et la mise en place du protectorat britannique.
En 1809, les Britanniques occupent les îles, à l’exception de Corfou, vigoureusement défendue par le général Donzelot jusqu’en 1814, date à laquelle le traité de Paris place les îles Ioniennes sous le protectorat britannique. En 1819, le Sultan Mahmoud II reconnaît ce protectorat en échange de la restitution de Parga.

« La république des îles Ioniennes avec 200 000 habitants, un revenu public de 2 millions de francs, et une milice nationale de 4 à 5.000 hommes, ne pourrait maintenir son indépendance ; mais l’Angleterre y entretient environ 2 400 hommes de troupes, et quelques frégates y viennent souvent montrer le pavillon britannique. On assure que le gouvernement anglais dépense jusqu’à 50 000 livres sterling à l’entretien des fortifications, et à la partie de la solde des troupes qui n’est pas à la charge des insulaires. A ce prix, il tient les clefs de la mer Adriatique, et surveille l’Archipel. »[4]

En effet, alors que le Sénat ionien espère du Congrès de Vienne rendrait à la République sa liberté, celle-ci est confié aux Britanniques qui y exercent une étroite surveillance. Elles prennent alors le nom de « République des îles Ioniennes » en français, « United States of the Ionian Islands » en anglais, « Ηνωμένον Κράτος των Ιονίων Νήσων » en grec moderne, « Stati Uniti delle Isole Ionie » en italien. On dit parfois aussi tout simplement l'« État ionien » (« Ιονικόν Κράτος »). Le général Campbell, premier représentant britannique dans les îles après le Congrès de Vienne annonce que la Couronne ne reconnaît pas l'existence d'un peuple ionien libre et met en place des tribunaux militaires pour étouffer toute opposition. Son successeur, Sir Thomas Maitland prend le titre de « Lord High Commissionner » (« Lord Haut Commissaire », on dit plus souvent tout simplement « Gouverneur ») et décide la dissolution du Sénat ionien.[5]
Il fait adopter une constitution de la République des Îles ioniennes par une Assemblée Constituante Ionienne en décembre 1817. Un Sénat (Gérousia) de six membres et une Assemblée (Boulè) de 42 députés gouvernent la République, mais toutes leurs décisions sont soumises au Gouverneur britannique qui dispose du droit de veto (d'où le surnom d'« Avorteur » donné à Maitland par les Grecs). Le Sénat est élu par les députés de l'Assemblée, mais son président est nommé par le Gouverneur. L'Assemblée est aristocratique et élue par les différentes îles en fonction de leur population. Le Gouverneur est chargé des Affaires Étrangères, de la police et de la santé publique. Il réside à Corfou et est représenté par un Résident dans chacune des six autres îles. Ce Résident dipose localement des mêmes pouvoirs que le Gouverneur.

Les Britanniques, les gouverneurs successifs principalement, ne sont pas très populaires dans les îles. Ainsi, Sir Thomas Maitland (1815-1824) est surnommé « King Tom » par les Britanniques eux-mêmes. Les Grecs, quant à eux, l'appellent « L'Avorteur » à cause de son attitude lors de la guerre d'indépendance grecque. Il décide en effet la neutralité des îles lors du conflit, mais fait emprisonner les patriotes grecs et ordonne même l'exécution de certains d'entre eux. Son successeur Sir Frederick Adam (1824-1835) se rend impopulaire à cause de ses dépenses somptueuses. Alors qu'il a épousé une Corfiote et qu'il encourage les arts (il soutient le poète zantiote Dionýsios Solomós par exemple), on lui reproche d'avoir presque mené la République à la faillite. Sir Howard Douglas (1835-1841) fut l'un des moins impopulaires, grâce à son action en faveur de l'économie locale et parce qu'il oblige ses fonctionnaires à apprendre le grec moderne.

La modernisation des îles (routes, ponts, écoles, université, hopîtaux, développement du commerce et de l'industrie) date de la période britannique.
Corfou, Zante et Argostoli sont chacune dotée d'un collège et d'un lycée. Lord Guilford fait ouvrir l'université de Corfou le 29 mai 1824. Une bibliothèque est créée à Corfou. Sir Howard Douglas permet la mise en place de la Banque Ionienne (qui existe encore de nos jours) afin d'encourager les prêts aux agriculteurs locaux. Le système judiciaire ionien est copié sur le système britannique. Les impôts directs disparaissent presque totalement, remplacés par des taxes sur les importations et les exportations.

Une première tentative britannique d'autonomisation de la République des îles Ioniennes a lieu sous le mandat de Lord Seaton (1843-1848). Il pense que les îles peuvent être rattachées au Royaume grec. Il encourage le développement de la vie politique : il accorde la liberté de la presse et organise des élections libres. Ses libertés ne conviennent à personne : le parti pro-anglais lui reproche d'accorder trop de pouvoir aux Grecs ; le parti grec trouve ses mesures insuffisantes et continue de considérer les Britanniques comme des oppresseurs. L'opposition grecque est menée par Andreas Mustoxidi.
Les événements de 1848 touchent les Îles ioniennes. Les radicaux, ou « Rhisospastes », menés par Vlacco et Nodaro cherchent à secouer le joug britannique. Le gouverneur Sir Henry Ward décrète l'état d'urgence et réprime tous les mouvements. Cependant, pour éviter tout renouvellement de ce phénomène, la constitution de 1817 est modifiée en 1851 afin d'accorder plus de pouvoirs aux institutions locales.[6]
La tâche n'est malgré tout pas aisée pour les gouverneurs suivants, quelles que soient leurs qualités (Gladstone, futur Premier Ministre est gouverneur des îles quelques mois en 1858). Le dernier gouverneur, Sir Henry Stow, est aussi impopulaire et aussi dictatorial que « King Tom ».

C’est en 1864 que le Royaume-Uni se retire de l’archipel, et le 21 mai celui-ci est dès lors rattaché à la Grèce. Cette rétrocession est plus ou moins un cadeau britannique pour le couronnement du nouveau roi de Grèce Georges Ier.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes

  1. Louis Lacroix, Les Îles de la Grèce., 1853, p. 638.
  2. Ibid., p. 639.
  3. Article « Îles ioniennes » du Dictionnaire Napoléon de Jean Tulard
  4. Malte-Brun, Précis de la Géographie universelle, 1837, tome IV, livre 120, t, p. 350.
  5. L. Lacroix, Les Îles de la Grèce, p. 640.
  6. L. Lacroix, Les Îles de la Grèce, p. 641.