Plotin

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Plotin
Plotin

Plotin est un philosophe né en 205 après J.-C. à Lycopolis, en Égypte, et mort en 270 à Rome. Il est l'auteur des Énnéades qui contient l'essentiel de sa philosophie. Il est considéré comme le fondateur de la pensée néoplatonicienne.

Sommaire

[modifier] Biographie

Les connaissances que l'on a de la vie de Plotin sont principalement rapportées par Porphyre de Tyr, un de ses disciples. À l'âge de 28 ans, Plotin part étudier la philosophie à Alexandrie, auprès d'Ammonius Saccas, auprès duquel il restera 11 années. À 39 ans, il décide d'étudier les philosophies orientales et indiennes, et rejoint donc l'armée de Gordien III qui marche sur la Perse. Mais cette armée est vaincue et Gordien tué, si bien que Plotin doit, non sans difficultés, se réfugier dans la ville d'Antioche. Il s'installe ensuite à Rome, en 247 sous le règne de Philippe l'Arabe, et y enseigne la philosophie durant de nombreuses années, s'attirant la protection de l'empereur Gallien. Il semble fonder une école philosophique en Campanie, près de Naples. Il meurt à Naples en 270. Son disciple, Porphyre, qui joua un très grand rôle auprès de Plotin puisque c'est lui qui engagea son maître à écrire, s'est absenté, malade, en Sicile. À son retour, il édita l'œuvre du maître, puis continua de développer et publier la philosophie de Plotin.

[modifier] Doctrine

Plotin enseigne qu'il existe un « Un », suprême, totalement transcendant, y compris des concepts d'être et non-être. Ces notions (« être » et « non-être ») sont dérivés des objets de notre expérience humaine, mais Lui, l'« Un » infini et transcendant est au-delà de ces objets, et donc au-delà des considérations et catégorisations qui en sont dérivées; au-delà de langage, il est ineffable. L'être, ou l'existence est un attribut, et l'Un se trouve au-delà de ces attributs, puisqu'Il est à leur source.
L'Un n'est pas « n'importe quel existant », ni la somme de ceux-ci, mais précède tous les existants.

De l'Un a émané le reste de l'univers en tant que séquence d'êtres inférieurs. Si des sectateurs de Plotin, notamment Jamblique, ont tiré de là des centaines d'êtres intermédiaires comme émanations intermédiaires entre l'Un et l'humanité, la doctrine de Plotin est beaucoup plus simple.

L'Un ne contient ni division, ni multiplicité, ni distinction, ni changement. Dès lors, aucun attribut ne peut lui être assigné, pas plus que la pensée, car elle implique une distinction entre le penseur et l'objet de sa pensée. De même, ni la volonté, ni l'activité ne peuvent lui être imputées, car cela impliquerait également une distinction entre un « agent » de volonté ou d'agissement et son objet.

C'est cet « Un » qui est la source du monde, non par un acte de création, volontaire ou non, car l'activité ne peut être appliquée à cet « Un » immuable, donc immobile.
Plotin fait ici appel à un principe de logique, savoir que le « moins parfait » doit, nécessairement, émaner d'un « parfait » ou d'un « plus parfait ». Donc, toute « création » émane de l'Un en étapes successives (sans notion de temporalité) de moins en moins parfaites

Plotin offrait donc une alternative à la notion de création ex nihilo, soutenue par les Juifs et les premiers Chrétiens, qui selon lui « affligeraient » Dieu des délibérations d'un esprit et des actions de la volonté. Au contraire, l'Emanatio ex Deo, confirme Son absolue transcendance, faisant du déploiement cosmique une coïncidence de Son existence. Ces émanations ne L'affectent en aucune manière, pas plus qu'elles ne Le diminuent. Il ne Se divise pas en une multitude d'êtres inférieurs, ni ne Se morcelle. Plotin établit l'analogie avec le soleil dont émane la lumière sans qu'il n'en soit diminué, ou avec un reflet, qui ne diminue en rien l'objet reflété.

La première émanation est le Noüs (la « Pensée »), que Plotin identifie avec le démiurge platonicien, évoqué dans Timée. Du Noüs émane l'« Âme du monde », que Plotin divise en niveaux « inférieur » (la « Nature »), et « supérieur ». De l'Âme du monde émanent les âmes humaines, et enfin la matière, degré le plus bas d'être et de perfection.
Cependant, bien que le monde matériel soit au plus bas de cette « procession », Plotin critique le dédain professé par les gnostiques pour la matière. Au contraire, elle est de nature divine, puisqu'émanant du Noüs et de l'Âme du monde.

La nature religieuse de la philosophie de Plotin est également illustrée par le concept d'union avec l'Un dans l'« extase », à laquelle Plotin serait parvenu plusieurs fois sur le temps que Porphyre étudia avec lui, aux dires de ce dernier.
La parenté avec l'illumination, la libération, l'union mystique est évidente.

Le néoplatonisme fut quelquefois utilisé comme support philosophique du paganisme, comme moyen de défense contre le christianisme. Pourtant, c'est dans le christianisme qu'il obtint la plus grande audience, influençant Augustin d'Hippone, l'un des premiers Pères de l'Église, et d'autres. Le Néoplatonisme est à ce point rattaché à la chrétienté que l'auteur du Fons Vitae, Avicebron fut pris pour un Chrétien alors qu'il s'agissait d'un Juif, Salomon ibn Gabirol. La place du néoplatonisme dans le christianisme est centrale : le pseudo-Denys, fondateur de la théologie négative, reprend indirectement Plotin via Proclus. Du Pseudo-Denys, on peut alors remonter à Thomas d'Aquin qui le cite comme référence mystique la plus autorisée, mais aussi, quoiqu'indirectement, à la mystique rhénane (Maître Eckard, Tauler, Suso)

[modifier] La procession

La procession, en grec : proodos ou cathodos, évoque l'émanation par laquelle l'« Un » produit l'Intellect puis l'Âme, le monde, les êtres.

  • L'Un
  • L'Intellect
  • L'Âme
  • La matière

[modifier] La conversion

La conversion, épistrophe en grec, est le mouvement inverse de la procession, le retournement des êtres vers leur principe. Ainsi, intermédiaire entre le monde intelligible et le monde sensible, l'Âme peut se retourner vers sa source pour la contempler et en jouir. En se détournant du monde matériel et à travers l'expérience esthétique, puis la conversion philosophique, elle peut s'élever jusqu'à la contemplation de l'Un.

[modifier] Œuvres

s:Accueil

Voir sur Wikisource : Plotin.

  • Première Ennéade
    • Qu'est-ce que l'animal ? Qu'est-ce que l'homme ?
    • Des vertus
    • De la dialectique
    • Du bonheur
    • Le bonheur s'accroît-il avec le temps ?
    • Du beau
    • Du premier bien et des autres biens
    • Qu'est-ce que les maux et d'où viennent-ils ?
    • Du suicide raisonnable
  • Deuxième Ennéade
    • Du monde ou du ciel
    • Du mouvement du ciel
    • De l'influence des astres
    • Des deux matières
    • Que veut dire en puissance et en acte ?
    • De la qualité et de la forme
    • Du mélange total
    • Pourquoi les objets vus de loin paraissent-ils petits ?
    • Contre les Gnostiques, ceux qui disent que le démiurge du monde est méchant et que le monde est mauvais
  • Troisième Ennéade
    • Du destin
    • De la Providence (I)
    • De la Providence (II)
    • Du démon qui nous a reçus en partage
    • De l'Amour
    • De l'impassibilité des choses incorporelles
    • De l'éternité et du temps
    • De la nature, de la contemplation et de l'Un
    • Considérations diverses
  • Quatrième Ennéade
  • Cinquième Ennéade
  • Sixième Ennéade

[modifier] Néo-platoniciens

[modifier] Essais sur Plotin

  • Émile Bréhier, La philosophie de Plotin, Paris, 1928.
  • Maurice de Gandillac, La sagesse de Plotin, Paris, 1952.
  • Jean Trouillard :
    • La purification plotinienne, PUF, 1955.
    • La procession plotinienne, id.
  • Stefan Leclercq, Plotin et l'expression de l'image, Editions Sils Maria, 2005, 134 pages.
  • Michel Fattal , Logos et image chez Plotin, Plotin chez Augustin, suivi de Plotin face aux Gnostiques, Paris, L'Harmattan, "Ouverture philosophique", 2006, 184 pages.
  • M. Bilolo: La notion de « l’Un » dans les Ennéades de Plotin et dans les Hymnes thébains. Contribution à l’étude des sources égyptiennes du néo-platonisme. In : D. Kessler, R. Schulz (Hrsg.), "Gedenkschrift für Winfried Barta Htp dj n Hzj", (Münchner Ägyptologische Untersuchungen, Bd. 4), Frankfurt; Berlin; Bern; New York; Paris; Wien: Peter Lang, 1995, pp. 67-91.
  • Pierre Hadot, "Plotin ou la simplicité du regard", Paris, Gallimard "Folio essais",1997,201 pages.
  • Arielle Castellan, "Plotin. L'ascension intérieure.", Paris, éditions Michel Houdiard, 2007, 130 pages.
  • Vladimir Jankélévitch "Ennéades" , Paris - Editions du Cerf, 1998.

[modifier] Liens externes

[modifier] Textes en ligne

[modifier] Articles

[modifier] Bibliographie


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