Piémontais

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  piémontais
(piemontèis, piemontese)
 
Parlé en Italie
Région Piémont
Nombre de locuteurs ~2.000.000
Typologie SVO
Syllabique
Classification par famille

 -  Langues indo-européennes
    -  Langues italiques
       -  Langues romanes
          -  Langues gallo-romanes
             -  piémontais

(Dérivée de la classification SIL)
Statut officiel et codes de langue
Officielle
en
ISO 639-1
ISO 639-2 roa
ISO/DIS
639-3
(en) pms
SIL PMS
Voir aussi : langue, liste de langues, code couleur

Le piémontais (piemontèis en piémontais, piemontese en italien) est une langue avec plus de 2 millions de locuteurs en Piémont, dans le nord-ouest de l'Italie. Le piémontais fait partie de l'ensemble linguistique italien septentrional (avec le lombard, l'émilien-romagnol, le ligure, le vénitien et l'istriote) et il fait partie du groupe occidental des langues romanes, comme le français, l'occitan et le catalan. De nombreux linguistes (par exemple, Einar Haugen, Hans Göbl, Helmut Lüdtke, George Bossong, Klaus Bochmann, Karl Gebhardt, Guiu Sobiela Caanitz, Gianrenzo P. Clivio) reconnaissent le piémontais comme une langue indépendante, bien qu'en Italie il soit souvent considéré, même aujourd'hui, comme un dialecte italien. Actuellement, le piémontais n'est pas reconnu comme langue officielle. Le piémontais était la langue primaire des émigrés qui ont laissé le Piémont, dans la période 1850-1950, pour s'établir à l'étranger en France, Argentine et Uruguay.

Sommaire

[modifier] Origines

Les premiers documents en langue piémontaise, les sermones subalpini, furent écrits au XIIe siècle, quand la langue était encore très proche de l'occitan. Le piémontais littéraire se développa aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le piémontais n'a pas eu le succès littéraire du français ou de l'italien, autres langues utilisées au Piémont. Cependant, la littérature en piémontais n'a jamais cessé d'être produite : elle comprend plusieurs genres, de la poésie au théâtre et des romans aux œuvres scientifiques.

[modifier] Caractéristiques

Entre les caractéristiques les plus notables de la langue piémontaise on peut citer:

  1. La présence de pronoms verbaux, qui donnent à la phrase piémontaise la forme suivante: (sujet) + pronom verbal + verbe, comme en mi i von [moi, je vais]. Les pronoms verbaux sont absents uniquement dans la forme impérative et dans la "forme interrogative piémontaise".
  2. La forme agglutinante des pronoms verbaux, qui peuvent se lier aux particules datives et locatives (a-i é [il y a], i-j diso [je lui dis])
  3. La forme interrogative, qui ajoute une particule enclitique interrogative à la fin de la forme verbale (Veus-to? [Veux-tu?…])
  4. L' absence de numéros ordinaux, à partir du numéro sept (donc, pour "septième" on dit Col che a fà set [Celui qui fait sept])
  5. La co-présence de trois interjections affirmatives (c'est-à-dire, de trois façons pour dire "oui"): Si, sè (de la forme latine sic est, comme en italien); É (de la forme latine est, comme en portugais selon l'usage brésilien; Òj (de la forme latine hoc est, comme en Occitan, ou peut-être illud est, comme en francoprovençal et en français)
  6. L' absence du son "ch" (comme en "champ", ou comme "sh" en anglais), qui est remplacé normalement par S (comme en "soleil")
  7. La présence de la combinaison graphique S-C (prononcée comme en presse tchèque)
  8. La présence du son N- (prononcé comme la terminaison du gérondif anglais "going"), qui normalement précède une voyelle, comme en lun-a [lune]
  9. La présence de la sixième voyelle piémontaise Ë, qui correspond à "e" en français
  10. L' absence de l'alternance phonologique qui existe en italien entre les consonnes courtes (simples) et les consonnes longues (doubles), par exemple, it. fata [fée] et fatta [faite].
  11. La présence du son Ë prosthétique, qui est interposé quand deux consonnes se rencontrent donnant lieu à une combinaison difficile à prononcer. Donc, stèila [étoile] devient set ēstèile [sept étoiles].

Le piémontais a divers dialectes qui peuvent différer assez de la "koiné" régionale. Les variations comprennent non seulement des variations par rapport à la grammaire littéraire, mais aussi une grande variété lexicale, étant donné que des zones diverses conservent des mots d'origine germanique hérités des langues des Francs ou des Lombards. Il y a aussi des apports lexicaux de plusieurs langues, y compris les langues maghrébines, mais la plupart des apports plus récents proviennent de France.

[modifier] Situation actuelle

Comme ailleurs en Italie, l'italien standard, choisi comme langue officielle par les États de Savoie dès 1563, domine dans la communication quotidienne et est parlé par la population bien plus que le piémontais. L'usage de la langue piémontaise a été découragé d'abord par le Royaume d'Italie et, à partir de la Seconde Guerre mondiale, officiellement pour éviter la discrimination contre les immigrés du Sud de l'Italie, qui sont arrivés nombreux, surtout à Turin.

En 2004, le piémontais a été reconnu comme langue régionale du Piémont par le conseil régional (assemblée législative régionale élue), mais sans aucune reconnaissance de la part du gouvernement central italien. En principe, le piémontais peut être enseigné aux enfants à l'école, mais en pratique cela est peu fréquent.

Dans cette dernière décennie on a assisté à la publication de matériel d'enseignement pour les élèves de l'école, aussi bien que de revues destinées au grand public. Aussi, des cours pour les adultes qui sont déjà sortis du système scolaire ont été organisés pour rattraper le temps perdu. Malgré ces progrès, la situation actuelle du piémontais est plutôt grave, étant donné que, selon une enquête récente[1], dans les derniers 150 ans le pourcentage des personnes qui peuvent écrire en piémontais a diminué jusqu'à environ 2% de la population. Par contre, la même enquête a montré que le piémontais continue à être parlé par plus de la moitié de la population, à côté de l'italien. Ce résultat est confirmé par des sources prestigieuses, qui indiquent le numéro des locuteurs entre 2 millions (Assimil[2]) et 3 millions (Ethnologue.com [3]), sur une population de 4,2 millions d'habitants. Les efforts entrepris pour obtenir la reconnaissance du piémontais comme une des langues officielles des Jeux Olympiques d'hiver 2006 de Turin ont échoué.

[modifier] Liens et Références

  1. Connaissance et usage de la langue piémontaise dans la ville et la province de Turin: une enquête conduite par Euromarket, une société de recherches de Turin pour le parti politique Riformisti per l'Ulivo au sein du Parlement régional piémontais en 2003 (en italien).
  2. Il Piemontese in Tasca, un cours élémentaire et guide à la conversation en langue piémontaise, publié par Assimil Italia (la succursale italienne d'Assimil, la maison édition française phare pour les cours de langue) en 2006. ISBN 88-86968-54-X. http://www.assimil.it
  3. Ethnologue report for Piemontese

F.RUBAT BOREL, M.TOSCO, V. BERTOLINO, Il Piemontese in Tasca, un cours élémentaire et guide à la conversation en langue piémontaise, publié par Assimil Italia (la succursale italienne d'Assimil, la maison édition française phare pour les cours de langue) en 2006. ISBN 88-86968-54-X. http://www.assimil.it

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes