Oscar Wilde

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Oscar Wilde
Oscar Wilde à New York, 1882, par Napoleon Sarony.
Naissance 16 octobre 1854
Décès 30 novembre 1900
Activité écrivain
Nationalité Irlande Irlandaise
Œuvres principales Le Fantôme de Canterville, Le Portrait de Dorian Gray, L'Importance d'être Constant, Un mari idéal

Oscar Wilde, de son nom complet Oscar Fingal O'Flahertie Wills Wilde, est un écrivain irlandais, né à Dublin, Irlande le 16 octobre 1854, 21 de la rue Westland Row et mort à Paris d'une méningite (bien que les scientifiques soient toujours dubitatifs sur ce sujet), le 30 novembre 1900.

Sommaire

[modifier] Biographie

Oscar Wilde est le fils du chevalier Sir William Robert Wills Wilde, chirurgien irlandais, et de Jane Francesca Elgee ("Speranza"), poétesse et nationaliste irlandaise.

Oscar fait d'abord de brillantes études au Trinity College de Dublin, puis au collège Magdalen d'Oxford ; il s'y distingue par son goût pour la discussion, le raffinement, ce qui lui vaudra d'être raillé par ses camarades. Cela ne l'empêcha pas de défendre avec les poings sa réputation (son frère était boxeur), ce qui est quelque peu paradoxal et contredit l'image de dandy qu'il laissera à la postérité.

Lord Alfred Douglas, surnommé « Bosie », et Oscar Wilde.
Lord Alfred Douglas, surnommé « Bosie », et Oscar Wilde.

En 1878, il reçoit le Newdigate Prize pour son poème sur Ravenne. Il en profite pour créer le mouvement de l'Art pour l'Art.

Après l'obtention de son diplôme à Magdalen, Wilde retourne à Dublin, où il rencontre Florence Balcombe, dont il s'amourache. Quand il apprend ses fiançailles avec Bram Stoker, Wilde lui annonce son intention de quitter définitivement l'Irlande.

Wilde s'installe à Londres en 1879 : séduisant, raffiné et subtil, il est fêté dans toute l'Angleterre. Il développe rapidement sa théorie de l'esthétisme et donne des conférences sur ce thème aux États-Unis. Il devient rédacteur en chef de The Womans' World. Il s'installe quelque temps à Paris.

En 1884, Oscar Wilde épouse Constance Lloyd avec qui il aura deux fils, Cyril et Vyvyan.

En 1886, il rencontre Robert Ross qui devient son amant et futur exécuteur testamentaire. La parution en 1890 du Portrait de Dorian Gray marque le début d'une célébrité littéraire.

En 1891, il rencontre Lord Alfred Douglas de Queensberry, s'en éprend et tous deux mènent une vie débridée en affichant en public leur homosexualité. Le père d'Alfred, John Sholto Douglas, marquis de Queensberry, désapprouve cette relation et provoque Wilde à plusieurs reprises. Cela entraînera le scandale Queensberry et un procès.

[modifier] Le scandale Queensberry

Le marquis de Queensberry, père de Lord Alfred Douglas, avait demandé à Wilde de s'éloigner de son fils. Début 1895, il remet au portier du club Albermarle, l’un des clubs d’Oscar Wilde, sa carte de visite où il écrit :

« For Oscar Wilde posing as Somdomite »
« Pour Oscar Wilde, s’affichant comme So(m)domite. » (la mauvaise écriture du mot sodomite créa en anglais le mot somdomite)

Wilde décide alors de lui intenter un procès pour diffamation, qu'il perd ; le marquis se retourne contre Wilde, qui est condamné, en vertu d'une loi datant de 1885 interdisant l'homosexualité, à la peine maximale de deux ans de travaux forcés en 1895. Il séjourne dans différentes prisons dont la geôle de Reading où il écrit sa Ballade en 1898. Ses biens sont confisqués pour payer les frais de justice. Constance Lloyd, sa femme, se réfugie en Allemagne avec ses fils qui changent de nom (Holland). Durant son incarcération, il continue de recevoir la visite de Robert Ross, mais Alfred Douglas, pourtant en partie la cause de ses malheurs, s'exile en France et en Italie pendant plus de trois ans.

[modifier] Après sa libération de prison

En 1897, libéré, il quitte l'Angleterre pour la France, où il demeure quelque temps à Berneval, près de Dieppe en Normandie, sous le nom de Sébastien Melmoth, en référence au roman Melmoth the Wanderer (1820) de Charles Robert Maturin, un des romans fondateurs du courant gothique en littérature. Maturin était par ailleurs le grand-oncle de Wilde.

Commence alors une période de déchéance dont il ne sortira pas et, malgré l'aide de ses amis, notamment André Gide, il finit ses jours dans la solitude et la misère. Oscar Wilde meurt d'une méningite, âgé de 46 ans, en exil volontaire à Paris, le 30 novembre 1900. Le 28 octobre 1900, il s'était converti au catholicisme[1]. A cet effet, la tradition voulant que l'on offre une coupe de champagne à un adulte qui se convertissait, il aurait eu ce mot " je meurs comme j'ai vécu, largement au dessus de mes moyens". Ses derniers mots auraient étés: "Ou ce papier peint disparaît, ou c'est moi."

Après une inhumation à Bagneux, ses restes sont transférés en 1909 au cimetière du Père-Lachaise, division 89, à Paris. Son tombeau a été sculpté par Sir Jacob Epstein.

[modifier] Conceptions esthétiques

En ces dernières décennies du XIXe siècle, Wilde incarne une nouvelle sensibilité qui apparaît en réaction contre le positivisme et le naturalisme.

Dans sa préface au Portrait de Dorian Gray, il défend la séparation de l'esthétique et de l'éthique, du beau et du moral :

« The artist is the creator of beautiful things. [...] There is no such thing as a moral or an immoral book. Books are well written, or badly written. That is all. [...] No artist desires to prove anything. Even things that are true can be proved. [...] All art is quite useless. »

« L'artiste est le créateur de belles choses. [...] Il n'y a pas de livre moral ou immoral. Les livres sont bien ou mal écrits. Voilà tout. [...] Aucun artiste ne désire prouver quoi que ce soit. Même ce qui est vrai peut être prouvé. [...] Tout art est totalement inutile. »

Vivian, le porte-parole de Wilde dans Le déclin du mensonge, s'oppose clairement au mimétisme en littérature qu'implique le réalisme. Selon lui, « la vérité est entièrement et absolument une affaire de style »; en aucun cas l'art ne doit se faire le reflet de « l'humeur du temps, de l'esprit de l'époque, des conditions morales et sociales qui l'entourent ».

Statue à Dublin
Statue à Dublin

Wilde s'oppose dans The Critic as Artist (Le critique en tant qu'artiste) à une critique littéraire positiviste, qui voit dans l'objectivité le seul salut de la critique. Le critique, selon Wilde, ne doit considérer l'œuvre littéraire que comme « un point de départ pour une nouvelle création », et non pas tenter d'en révéler, par l'analyse, un hypothétique sens caché. Selon lui, la critique n'est pas affaire d'objectivité, bien au contraire: « le vrai critique n'est ni impartial, ni sincère, ni rationnel » . La critique elle-même doit se faire œuvre d'art, et ne peut dès lors se réaliser que dans le subjectif; à cet égard, dit Wilde, la critique est la « forme la plus pure de l'expression personnelle ». La critique ne peut caractériser l'art aux moyens de canons prétendument objectifs; elle doit bien plutôt en montrer la singularité.

La théorie critique de Wilde a été très influencée par les œuvres de Walter Pater. Il reconnaîtra dans De profundis que le livre de Pater Studies in the History of the Renaissance a eu « une si étrange influence sur [sa] vie ».

Dans Le portrait de Mr. W.H., Wilde raconte l'histoire d'un jeune homme qui, en vue de faire triompher sa théorie sur les sonnets de Shakespeare, va se servir d'un faux, puis décrit la fascination qu'exerce cette démarche sur d'autres personnages. Le fait que la théorie ne soit pas d'office disqualifiée, dans l'esprit du narrateur, par l'usage d'un faux, va de pair avec l'idée qu'il n'y a pas de vérité en soi de l'œuvre de l'art, et que toute lecture, car subjective, peut ou doit donner lieu à une nouvelle interprétation.

Nonobstant, on pourrait distinguer deux esthétiques correspondant aux deux périodes marquantes, bien qu'inégalement longues, de la vie littéraire de Wilde. La première, décrite ci-dessus, pourrait se résumer à l'éloge de la superficie. L'intuition de Wilde, fortement influencée par les écrivains français de son temps qu'il lisait dans le texte, était que dans la forme même gît le sens et le secret de tout art. Dans Le portrait de Dorian Gray, il fait dire à Lord Henry : « seuls les gens superficiels ne jugent pas sur les apparences ». Son écriture d'ailleurs correspond exactement à ses conceptions : se refusant aux descriptions naturalistes, il se contente de poser une ambiance en égrénant quelques détails : la couleur d'un rideau, la présence d'un vase, le passage d'une abeille près d'une orchidée. La deuxième période, celle de la prison et de la déchéance prend l'exact contre-pied théorique : dans son De profundis, Wilde répète comme une litanie pénitentielle ce refrain : le crime, c'est d'être superficiel. On assiste dans cette œuvre, ainsi que dans l'autre production de cette période de la vie de Wilde, La ballade de la geôle de Reading, à la reprise de formes d'écriture, comme la ballade, qui sont plus traditionnelles, jouant plus sur la répétition et l'approfondissement que sur la légèreté et l'effet de contraste.

On aurait tendance à croire que la deuxième esthétique réfute ou s'inscrit en faux envers la première : l'œil averti trouvera plutôt qu'elle la révèle. En effet, le masque du Dandy et l'affectation de superficialité, chez un esprit aussi puissant et cultivé que Wilde, n'étaient-ils pas la marque d'une volonté de dissimuler des conflits sous-jacents ? Que l'on repense tout de même à l'effroyable fin du Portrait de Dorian Gray, et l'on comprendra que l'éloge wildien de la superficie n'était pas un éloge de la superficialité, ce qu'il révèlera lui-même lorsqu'il déchut de son statut de « lion » (au XIXe siècle, on appelait lion les personnes en vue dans les salons anglais) pour tomber en celui de réprouvé.

Caricature par Keller lors de la visite d'Oscar Wilde à San Francisco.
Caricature par Keller lors de la visite d'Oscar Wilde à San Francisco.

[modifier] Œuvres

s:Accueil

Voir sur Wikisource : Oscar Wilde.

[modifier] Poésie

  • Ravenna (1878) : poème pour lequel lui est attribué le prix Newdigate
  • Poems (1881)
  • Poèmes en prose (1894) : publié dans The Fortnightly Review
  • The Sphnige (1894): court texte lyrique généralement associé avec poèmes en prose
  • The Ballad of Reading Gaol, long poème écrit en 1897 après sa libération et décrivant les derniers moments d'un condamné à mort.

[modifier] Pièces de théâtre

  • Véra ou Les Nihilistes (1880) : pièce de théâtre retirée de l'affiche la veille de la première
  • La Duchesse de Padoue (The Duchess of Padua) (1883) : première pièce de théâtre tirée à douze exemplaire en 1883, elle ne fut connue qu'après la mort d'Oscar Wilde
  • Salomé (1893) : pièce écrite pour Sarah Bernhardt en français; traduite en anglais par Lord Alfred Douglas, illustrée par Aubrey Beardsley (1894)
  • L'Importance d'être Constant (The Importance of Being Earnest) (1895)
  • La Sainte Courtisane, pièce de théâtre qui ne fut publiée qu'en 1908 mais dont on pense qu'elle a été réalisée en 1893
  • Une tragédie florentine (A Florentine Tragedy), pièce de théâtre parue après la mort de Wilde en 1908
  • Un mari idéal (An Ideal Husband) (1895)
  • Une femme sans importance (A Woman of No Importance) (1894)
  • L'éventail de Lady Windermere (Lady Windermere's Fan), jouée pour la première fois en février 1892, publiée en 1893.

[modifier] Romans et nouvelles

  • Le Fantôme de Canterville (The Canterville Ghost) (1887) : publié dans The Court And Society Review
  • Le Crime de Lord Arthur Savile (Lord Arthur Savile's Crime) (1887): publié dans The Court And Society Review
  • The Model Millionaire (1887) : publié dans The World
  • Le prince heureux et autres contes (The Happy Prince and Other Stories) (1888)
  • Le portrait de Mr. W.H. (The Portrait of Mr. W.H.) (1889)
  • Le Portrait de Dorian Gray (The Picture of Dorian Gray) (1891) [lire en ligne]
  • A House of Pomegranates (1891) : second recueil de contes

[modifier] Essais

Ces trois volumes constituent son œuvre critique intégrale

et aussi

  • Intentions (1891, trad. 1905) : recueil d'essais contenant Le Déclin du mensonge, Le Critique comme artiste et La Vérité des masques.
  • L'Âme de l'homme sous le socialisme (The Soul of Man under Socialism), court essai publié en 1891 et défendant une vision individualiste dans un monde socialiste.
    • voir différentes éditions sur Gallica

[modifier] Autres

  • De Profundis écrit en prison (1897), version expurgée (1905), version intégrale corrigée (1962)
  • The Letters of Oscar Wilde (1960)
  • Epistola in Carcere et Vinculis ~ De Profundis (1905)
  • Teleny or The Reverse of the Medal (Paris,1893)

[modifier] Recueils

  • Aristote à l'heure du thé et autres essais, traduction de Charles Dantzig, éditions 10/18 (1999)
  • Le prince heureux, recueil de contes, première parution en 1888, traduction par Léo Lack.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Le Procès d'Oscar Wilde (Irish Peacock and Scarlet Marquess : The Rreal Trial of Oscar Wilde), transcription intégrale des comptes rendus d'audience réunis par Merlin Holland, traduit de l'anglais par Bernard Cohen, préface de Merlin Holland, Paris, Stock, coll. « La cosmopolite », 2005 (ISBN 2-234-05822-8)
  • Oscar Wilde, Les mots et les songes, biographie, par Pascal Aquien, Collection Le Cercle des poètes disparus, éditions Aden (2006)
  • Merle Robert, Oscar Wilde, librairie académique Perrin, Paris, 1984
  • The Cambridge companion to Oscar Wilde, Cambridge University Press, 1997
  • Queirolo Bravo, Jorge (2006), Antología Cultural, Viña del Mar, Chile. ISBN 956-8271-20-1.

[modifier] Filmographie

  • Oscar Wilde (Wilde), film de Brian Gilbert (1997).
  • Oscar Wilde (Wilde), film de Gregory Ratoff (1959). Il est intéressant de noter que ce film de 1959 est aujourd'hui encore interdit aux moins de 16 ans en France, alors qu'il ne contient ni propos ni image explicites sexuelles ou violentes.


[modifier] Photos

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Oscar Wilde.

[modifier] Actualité

Les Archives Karéline viennent de rééditer l'oeuvre poétique de Wilde

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. MCCracken A, The Long Conversion of Oscar Wilde sur le site du Catholic Education Resource Center