Origine de la philosophie

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L'origine de la philosophie est encore mal connue en occident : beaucoup de civilisations anciennes ont comporté des écrits de type métaphysique, dont les contributions restent peu connues ou peu diffusées : Mésopotamie, Égypte, Inde, Chine...

On considère généralement que le premier philosophe grec est Thalès de Milet. Mais ce philosophe de la nature était peut-être d'origine phénicienne, et son savoir laisserait donc supposer une tradition de pensée plus ancienne [réf. nécessaire]. Il reste que la philosophie occidentale trouve beaucoup de ses traits fondamentaux des présocratiques à Aristote.

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Sommaire

[modifier] La pensée orientale et extrême-orientale

Un survol des pensées orientales est nécessaire pour se décentrer des approches qui considèrent qu'il n'y a de philosophie qu'occidentale. Même s'il est dans l'ensemble très difficile de faire la part des choses (entre autres parce que cela dépend des définitions que l'ont donne aux mots philosophies, pensées, spiritualités, religions...), il faut convenir modestement que, dans l'antiquité, de nombreux foyers de pensées de nature philosophique existaient en extrême-orient, dans d'autres zones que la Grèce antique[1].

[Cependant, très tôt la pensée extrême-orientale s'est plutôt orientée vers une réflexion sur le néant (le vide ou encore la vacuité), là où la pensée occidentale s'est plutôt orientée vers une réflexion sur l'être.]

De manière très schématique, on peut définir grosso modo trois positions théoriques dans la littérature[2] concernant la extrême-orientale :

  • (a) ce n'est pas de la philosophie parce qu'il n'y a de philosophie qu'occidentale (définition restrictive de la philosophie);
  • (b) il y a une philosophie orientale et extrême-orientale, mais elle ne fait que dire la même chose que la philosophie occidentale avec d'autres mots (il n'y a pas une spécificité propre à la pensée orientale et extrême-orientale);
  • (c) et enfin certains auteurs tel que Kitarō Nishida, François Jullien ou encore Bernard Stevens défendent une véritable altérité de la pensée orientale et extrême-orientale (on y pense des choses qui ne seraient pas pensables dans le cadre de la philosophie occidentale).

[modifier] Inde

Les références des présocratiques aux gymnosophistes donnent à penser que ceux-ci ont été influencés par la pensée indienne.

Dans la religion du Véda (terme qui signifie le savoir ou la science), qui remonte aux environs de 1500 av. J.-C., l'idée philosophique fondamentale est celle de l'Un, principe unique, échappant à toute naissance et remontant au-delà de l'Être. Les Védas sont les livres sacrés de l'hindouisme.

Les Védas ont évolué vers la pensée philosophique, à travers la somme philosophique des Upanishads, dont le thème est l'idée d'atman (souffle, soi), âme universelle présente en tout être vivant, substrat métaphysique de tout individu.

L'enseignement oral de Siddhārtha Gautama, le bouddha historique, qui remonte au VIe siècle avant l'ère chrétienne (et donc temporellement avant les présocratiques), contient de nombreux éléments de nature philosophique (la nature de la souffrance, l'origine de la souffrance, etc.). La pensée du bouddha historique s'apparente à une anthropologie philosophique.

Roger-Pol Droit, dans L'oubli de L'Inde[3], se demande pourquoi dans l'histoire de la philosophie on fait comme si la pensée Indienne n'existait pas. Il parle à ce sujet d'amnésie philosophique, parce que ce n'était pas le cas au XIXe siècle, durant lequel l'intérêt philosophique pour l'Inde était important. On peut y voir une sorte d'occidentocentrisme philosophique, généré en partie par l'importance de la lecture de l'histoire proposée par Hegel dans sa Phénoménologie de l'Esprit. Dans cet ouvrage, Hegel nous dit en effet que si l'Esprit n'est pas apparu du tout en Afrique, la flamme s'est brièvement allumée en orient, mais c'est ensuite très rapidement éteinte...

[modifier] Chine

Confucius

Confucius (551-479 av. J.-C.) est contemporain des présocratiques. Dans le climat de décadence du pouvoir central de la Chine, les Entretiens proposent un idéal éthique de l'homme où la vertu est centrale, ainsi qu'un idéal politique.

Le ren ou jen est la vertu d'humanité, de dignité de l'homme, sens de l'humain et de la sagesse. La Voie Dao est, à côté du ren, le chemin des anciens.

Les taoïstes et la Voie (Dao ou Tao)

Le terme dao, « chemin » ou « voie », employé par de nombreux courants philosophiques, fait l'objet d'une réflexion spéciale de la part de certains auteurs comme Lao-Tseu (vers 570-490 av. J.-C. ?) et Zhuang Zi (370-300 av. J.-C.), donnant naissance au concept taoïste de Dao, aussi transcrit Tao.

Lao-Tseu aurait connu Confucius. Il écrivit probablement le Tao-te-king, Livre de la Voie et de la Vertu.

Le Tao est la Voie, la grande communion, la route, le chemin, le principe originel impossible à définir. C'est la cause primordiale de toute action, l'origine vide.

[modifier] Moyen Orient (Égypte, Mésopotamie, Israël)

Mésopotamie

Les anciens Mésopotamiens n'ont jamais développé de spéculations de type philosophiques. Il n'y a jamais eu dans leurs productions intellectuelles d'esprit de recherche d'une quelconque "vérité". Le Monde était issu de la volonté des dieux, et les Hommes avaient été créés pour servir ceux-ci.

Dès les premiers textes sumériens, cette conception est présente. De la même manière, la pensée cosmogonique mésopotamienne est déjà tracée dans ses grandes lignes dès ce moment. Il n'y a jamais eu à spéculer là-dessus. La réflexion des penseurs mésopotamiens s'est donc plutôt orientée sur l'attitude morale idéale que devaient avoir les Hommes.

Cela les a amenés dès les premiers temps de l'écriture a élaborer des textes de sagesses. Des préceptes moraux étaient aussi dispensés dans des ouvrages n'ayant pas uniquement une vocation moralisatrice, comme des récits épiques, ou des hymnes, ou bien les codes de lois proférant l'idéal du roi juste.

Égypte

En Égypte, la philosophie naît sous l'influence de la science égyptienne, en particulier de la géométrie.

Phénicie

Le savoir phénicien en arithmétique, engendre aussi une réflexion philosophique.

Israël et la Bible

Deux cents ans après l'affirmation du caractère unique de Dieu dans l' Hymne à Amon-Ra, l'Ancien Testament donne de l'unicité de Dieu un caractère transcendant, révélé à travers les figures d'Abraham, de Moïse,... ou de prophètes.

Les idées sont celles de liberté, de souci de la personne, d'histoire de l'humanité, de nature dissociée de Dieu, mais fournie à l'homme pour qu'il la domestique.

[modifier] Les présocratiques (Grèce)

Les tous premiers philosophes grecs vivent en Ionie (Turquie), dans des cités maritimes. Le commerce, les échanges économiques et la mer ont suscité les premières réflexions de la culture grecque.

Les premiers philosophes grecs sont par convention nommés Présocratiques, car ils vivaient avant Socrate. (on les appelle parfois Préplatoniciens, mais la référence à Socrate est importante). Ils vivent entre la fin du VIIe siècle et le milieu du Ve siècle av. J.-C.

Les premiers philosophes réfléchissent sur un principe originaire.

Thalès et Pythagore nous ont laissé des concepts essentiellement scientifiques.

On peut noter que Parménide fut le père de l'ontologie. Parménide connut Socrate, et vécut à Athènes. L'un des dialogues de Platon est consacré à Parménide.

[modifier] Débuts de la philosophie classique

[modifier] Les Sophistes

Aux échanges économiques s'ajoute la naissance de la cité, unité politique où se définit un espace public d'exercice de la parole, de l'argumentation et de la persuasion.

Les Sophistes, etc. certains sont contemporains de Socrate.

Ce dernier aspect (Michel Meyer, dans son introduction à la Rhétorique d'Aristote) renvoie à la rhétorique : Corax, ministre du tyran de Syracuse, doit s'expliquer à la chute de celui-ci, puis enseigne la rhétorique qui lui a servi (460). Ses disciples sont Tisias, puis Gorgias. Cependant, cette étiologie n'a rien d'assuré et l'existence de Corax et de Tisias pourrait avoir été imaginée a posteriori, car la rhétorique a certainement été formée à une époque bien antérieure, comme on peut en voir la preuve chez Homère.

[modifier] Socrate

  • Voir aussi l'article Socrate pour plus de détails

Socrate représente un tournant dans l'histoire de la pensée.

Son comportement dans la cité tranche avec l'attitude de ses prédécesseurs qui vivaient en sages citoyens ou se tenaient à l'écart. Mais Socrate interroge tout ceux qu'il rencontre dans la rue, pratiquant le dialogue et l'ironie qui dévoilent les prétentions des savants et des nobles Athéniens imbus de leurs connaissances et de leur tradition. « Je sais que je ne sais rien », voilà la machine de guerre de ce dialecticien habile, que l'on a pu considérer comme un sophiste (cf. Aristophane, Les Nuées).

Socrate, délaissant les recherches physiques des Présocratiques, est l'inventeur de la philosophie morale.

L'épisode bien connu de Socrate contraint de boire la cigüe (399 av. J.-C.), montre qu'il était la cible de ses contemporains, les sophistes.

Socrate n'a pas laissé d'écrits. Il a malgré tout marqué les mémoires par sa formule : « connais toi toi-même ». Devise de socrate provenant du fronton du temple de delphes ou elle etait inscrite. (Ce temple était lié au serpent python ou officiait la pythie; une devineresse.)

Ainsi, Socrate est surtout connu par l'interpellation que produisit sa mort tragique auprès des philosophes ultérieurs : Platon, Aristote, et la philosophie grecque parvenue à maturité.

Socrate fut ainsi à l'origine de nombreux courants de pensée, et a influencé de nombreux philosophes grecs de premier ordre :

  • Platon d'abord, et le beau Alcibiade dont il était amoureux (voir le Banquet). Le Socrate de Platon ne ressemble pas au véritable Socrate : Platon le met parfois en scène dans des polémiques qu'il ne connaissait peut-être pas (dans le Philèbe entre autres exemples).
  • Mais aussi indirectement Aristote, fondateur du Lycée, qui fut le disciple de Platon.

[modifier] Platon

Si Platon a élaboré sa pensée à partir du cas de Socrate (au point de vue dialectique et morale), il semble par la suite s'opposer ouvertement à son maître qui finit par disparaître dans ses œuvres de vieillesse, en particulier dans les Lois.

L'importance du type du philosophe chez Platon semble en effet peu compatible avec l'ironie socratique. Retenons pour cette brève histoire des origines, que l'on peut considérer Platon comme le premier grand philosophe de l'histoire, dans la mesure où il s'efforce de faire du philosophe une autorité surhumaine qui tient sa légitimité de sa connaissance des Idées. Le philosophe platonicien prend ainsi une dimension considérable, puisqu'il prétend s'élever au-dessus des contingences de l'histoire et déjouer les illusions de l'expérience humaine, du trop humain. À ce titre, le philosophe devient un véritable maître et un roi légitime, législateur de la cité, assignant aux hommes leur fonction sociale en harmonie avec l'ordre divin du cosmos. Platon a ainsi inventé un nouveau type de philosophe, qui influencera toute l'histoire de la pensée jusqu'à nos jours.

En effet, dans ses grandes lignes, la philosophie ultérieure n'est souvent qu'un long développement de cette idée que le philosophe est un législateur. Cette idée est reprise avec des intentions et des justifications variées, en théologie ou par quelques intellectuels contemporains par exemple[réf. nécessaire].

[modifier] Aristote

Icône de détail Article détaillé : Aristote.

Avec Aristote, la philosophie grecque entre dans une période de maturité. Aristote est un penseur encyclopédique, inventeur de nouveaux concepts.

Aristote est né à Stagire, en Macédoine. D'abord disciple de Platon, il s'en écarte sur la question des Idées, trop éloignées pour lui des choses sensibles.

Aristote est précepteur du futur empereur Alexandre le Grand : la Grèce à cette époque va étendre son influence jusqu'en Perse, et on ressent les influences orientales. Aristote crée sa propre école philosophique, le Lycée, qui concurrence l'Académie de Platon.

L'œuvre d'Aristote est d'une grande ampleur :

  • La logique : règles du raisonnement, en prélude à l'activité scientifique : les six livres de l'Organon,
  • La théorie des 4 causes indique la finalité des actions humaines (par opposition à une acception plus scientifique du terme cause),
  • La biologie : Aristote est le plus grand des biologistes anciens, il a laissé de nombreux traités sur les animaux,...
  • L'anthropologie (âme végétative, sensitive),
  • La métaphysique : science de la réalité première, de l'Être,
  • L'éthique (Éthique à Nicomaque),
  • La politique.

Aristote qui, à l'époque d'Alexandre le Grand, a vécu l'ouverture de la Grèce sur l'environnement du monde antique et l'orient, a posé les fondements philosophiques de la pensée en Occident.

Son œuvre nous fut transmise par les Arabes entre le Xe et le XIIe siècle, particulièrement Avicenne et Averroès), qui en ont donné des commentaires.

Aristote fut critiqué en raison de la représentation de l'univers donnée dans la métaphysique. Cette représentation reposait sur le géocentrisme (reprise par Ptolémée au IIe siècle ap. J.-C.). On avait peu de raisons de penser à cette époque que la terre n'était pas fixe.

Il fut aussi critiqué pour sa théorie du mouvement qui ne donnait pas entière satisfaction : en effet, il mettait la force en rapport avec le mouvement (on précisa ultérieurement accélération, en la distinguant de la vitesse...).

Aristote vivait au IVe siècle av. J.-C., il ne pouvait donc prévoir les développements de la science 15 ou 20 siècles plus tard.

Descartes a de ce fait, dans les principes philosophiques (1644), bouleversé le découpage classique entre métaphysique, logique et éthique, ce qui fut lourd de conséquences. Ainsi le mécanisme de Descartes s'est-il opposé au finalisme d'autres écoles philosophiques.

Même si la cosmologie a encore considérablement évolué au XXe siècle, vu la petitesse de la planète terre, les astronomes (Hubert Reeves par exemple) en sont amenés à se poser des questions sur la finalité des actions humaines dans la mondialisation.

Dans ce contexte, la philosophie d'Aristote, en tant que démarche philosophique de recherche d'une finalité (et non comme méthode d'explication scientifique), garde sans doute une certaine actualité. C'est là son principal apport, et il est très important.

Pour une introduction philosophique à cette histoire, lisez le livre A de la Métaphysique d'Aristote, qui contient une belle réfutation du platonisme.

[modifier] Origines philosophiques

Telles sont schématiquement les origines historiques de la philosophie. On voit que ces origines dévoilent une partie de la nature de l'activité philosophique.

Il reste à comprendre les origines proprement philosophiques de la philosophie, i.e. la manière dont les philosophes ont compris eux-mêmes leur activité.

Pour cela, il faut se souvenir de l'importance de l'étonnement chez Platon et Aristote.

L'étonnement (qu'il faut prendre en un sens fort : admiration, stupeur, etc.) suscite la vocation de chercheur de la vérité, car la pensée reste inquiète tant qu'elle n'a pas trouvé les causes et les principes des choses.

La soif de connaître (philo-sophie) cherche un apaisement dans la science. La science est de ce fait une disposition « psychique », un habitus où l'esprit qui connaît peut se reposer.

Pourtant, la définition antique de la philosophie est la connaissance des causes et des réalités divines. Cette connaissance du sage doit conduire au bonheur. Le vécu philosophique prend donc sa source dans l'inquiètude de l'homme face au monde, quand il se pose des questions sur son existence.

Dans le Phédon, Platon fait dire à Socrate que l'origine de cette inquiétude est la mort. La mort, parce qu'elle semble refuser que nous donnions une signification trop réelle à la vie, suscite tous les fantasmes et toutes les interrogations : peut-on savoir ce qui nous attend ? L'homme a-t-il une destination particulière dans l'au-delà ? Par exemple, pour Platon, il est nécessaire de supposer l'existence de réalités divines, car de telles réalités sont seules susceptibles de donner un fondement à la connaissance, à la morale et à l'espérance humaine.

Ainsi la vie serait-elle privée de sens et de valeur si nous ne pouvions nous faire de telles réflexions.

[modifier] Traditions orale

A ces origines quasi certaines, puisque basé sur des philosophies écrite, viennent naturellement s'ajouter les transmissions orales non disernables. Par exemple la tradition celtique et notamment druidique considèrent que la sagesse se doit de rester orale pour ne pas être corrompue[réf. nécessaire], mais on peut malgré tout en remarquer les effets, comme par exemple la séparation des pouvoirs effectué par les éduens près de 2000 ans avant que le principe ne soit énoncé par Montesquieu.

[modifier] Bibliographie

[modifier] Notes et références

  1. Cette position est entre autre défendue dans l'ouvrage: Droit, R.-P. (2004). L'oubli de l'Inde. Une amnésie philosophique. Paris: Seuil.
  2. Stevens, Bernard (2005). Invitation à la philosophie japonaise – Autour de Nishida. Paris : CNRS.
  3. Droit, R.-P. (2004). L'oubli de l'Inde. Une amnésie philosophique. Paris: Seuil.

[modifier] Textes fondamentaux de l'orient

[modifier] Textes représentatifs de la philosophie grecque

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes