Openfield

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L'openfield est un terme de géographie qui désigne un paysage agraire à champs ouverts. Les géographes francophones ont décidé de recourir à ce vocable anglais pour éviter le mot français correspondant (campagne ou champagne) que les multiples sens et l'usage toponymique rendaient trop ambigu.

Il ne faut pas confondre le paysage d'openfield (toujours existant) et l'organisation sociale qui engendre ce paysage (notamment l'organisation en commun de certaines tâches agricoles, qui a aujourd'hui disparu en France). Ainsi le paysage d'openfield actuel est le témoin d'une organisation sociale passée.

Sommaire

[modifier] Définition simple :

Un paysage d'openfield est un paysage de champs ouvert à un habitat groupé.

[modifier] Les caractéristiques de l'openfield

Paysage d'Artois
Paysage d'Artois

Les grandes caractéristiques de ce paysage sont l'uniformité des parcelles - en lanières par exemple -et l'absence de clôtures autour des champs ou d'arbres dans les champs. Ce paysage implique souvent un habitat groupé en village-tas ou en village-rue.

En régions de plaines, comme en Alsace, cette absence d'arbre est tellement marquée qu'on peut voir le clocher du village voisin.

La volonté d'organisation et de centralisation du territoire est forte dans ce type de structure, soit les routes partant du village sont disposées en étoile et atteignent chaque extrémité du finage soit il n'existe qu'une rue autour de laquelle toutes les habitations s'agglutinent (en vallées et rives principalement). Cette centralisation villageoise sera expliquée plus loin.

Les villages eux-mêmes sont très reserrés, ils décrivent une organisation nucléaire, ce qui permettait la mise en commun de certaines ressources, comme les chaumes des céréales laissées au troupeau du village.

[modifier] L'origine de ces paysages

Rare aujourd'hui, l'assolement était un trait principal des openfields, le finage était divisé en 3 parties: les soles. L'assolement consistait alors en une rotation des soles, biennal dans les régions méditerranéennes, triennal dans les régions plus tempérées. On cultivait par exemple sur une sole du blé, sur une autre de l'avoine et la troisième était laissée un an en jachère. L'année d'après on faisait tourner les cultures. Ce système avait trois avantages :

  • La terre ne s'appauvrissait pas.
  • Le travail agricole pouvait être organisé de façon collective : toutes les parcelles de blé étaient moissonnées en même temps.
  • Les paysans pauvres et sans terre avaient le droit de glaner les champs moissonnés sans qu'on puisse redouter qu'ils se servent dans les champs non moissonnés. Ils avaient aussi le droit d'amener paître leurs animaux dans les soles moissonnées, c'était ce qu'on appelait la « vaine pâture ».

Les premiers openfields seraient apparus vers Mayence autour de l’an 800. Ils se répandront en Europe jusqu’au XVe siècle.

Le système fut remis en cause au XVIIIe siècle, d'abord en Angleterre par le droit d'enclosure, puis en France par la Révolution qui déclara sacrée la propriété privée et libéra les propriétaires de terre des contraintes collectives héritées de l'Ancien régime.

Mais l'openfield ne s'altéra pas. Au XXe siècle il s'avéra être un paysage agraire tout à fait adapté à l'intense mécanisation agricole.

Cela dit, des formes proches d'organisation agraire existent encore dans de nombreux pays du Tiers-Monde.

[modifier] Le domaine d'openfield de l'Europe du Nord

Ce type de structure agraire est le plus commun en Europe. Il occupe la majeure partie de l'Allemagne, la Belgique, la Bohème, la Hongrie, la Pologne.

  • En France, il caractérise les régions de l'est et du nord. On le trouve particulièrement en Artois, en Picardie, en Beauce, en Brie et en Champagne où il a donné son nom à l'ancienne province. On le trouve aussi en Normandie, dans la campagne du Neubourg et dans la campagne de Caen, et dans le Berry dans la champagne berrichonne.
  • En Belgique, il caractérise les paysages de la Hesbaye.

[modifier] Liens externes

  • Champs ouverts, habitudes communautaires et villages en alignements dans le nord de la Loire-Atlantique : des micro-sociétés fossilisées dans l’Ouest bocager [1]
  • Les bâtiments ruraux dans leur environnement en pays de bocage et en pays d’openfield [2]

[modifier] Bibliographie

BLOCH M., Les caractères originaux de l’histoire rurale française, Paris, Armand Colin, 1988, 316 p.

DIRY J.-P., Les espaces ruraux, Paris, SEDES, 1999, 192 p.

MAROCHINI E.," Les remembrements en Moselle entre économie, environnement et société. Essai de géographie rurale et appliquée", Metz, Thèse UFR Sciences humaines et Arts de Metz, 1999, 601 p.

MEYNIER A., Les Paysages agraires, Paris, 1958, A. Collin, 192 p.

MOINDROT C., Les systèmes agraires, Encyclopédie de Géographie, Paris, Economica, 1992, 1132 p, pp 445-470.

PITTE J-R, Histoire du paysage français, Paris, Taillandier, 2003, 444 p.

REBOUR Th., « Openfield et bocage : étude du contact entre le Vexin normand et le pays de Bray », Cahiers de Géographie du Québec, volume 44 n° 121, avril 2000, Laval, département de Géographie de l’Université de Laval, 2000, pp 27-42.