Nettoyage ethnique

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Le nettoyage ou épuration ethnique est un terme désignant diverses politiques envers un groupe ethnique. Il peut aussi bien désigner l'émigration forcée, le transfert de population que la déportation voire le génocide d'un groupe ethnique pour des raisons discriminatoires religieuses, idéologiques, stratégiques ou une combinaison de celles-ci.

[modifier] Origine de l'expression

L'expression est la traduction littérale du Serbe/Croate/Bosnien etničko čišćenje apparu en occident dans les années 1990 lors des guerres de Yougoslavie mais la première trace écrite remonte au 16 mai 1941 dans un article du journal Hrvatska Krajina citant Viktor Gutić : « Chaque Croate qui sympathise avec nos ennemis n'est non seulement pas un bon Croate mais est également un adversaire et opposant du projet planifié et calculé du nettoyage [čišćenje] des éléments indésirables de notre Croatie ... »

Il est probable que le regain de nationalisme des années 1980 réintroduisit l'expression dans la langue et le débat politique de Yougoslavie.

Une expression similaire fut utilisée par l'administration nazie d'Adolf Hitler pour qualifier la déportation puis le génocide des populations juives dans les camps de concentration : judenrein (littéralement purifié de juifs).

[modifier] Histoire

Les déplacements forcés de population ont été beaucoup pratiqués dans l'Antiquité. On en trouve des relations dans l'Ancien Testament. Les grands Empires, Assyrien, Babylonien, Romain, pratiquèrent la déportation des peuples conquis.

En Europe, les Juifs furent expulsés d'Angleterre (1290), de France (1306, 1322 et 1394), de Hongrie (1349–1360), d'Occitanie (1394 et 1490), d'Autriche (1421), d'Espagne après la Reconquête (1492), du Portugal (1497), de Russie en 1724, et de régions d'Allemagne à différentes périodes. L'Espagne expulsa sa communauté musulmane en 1502, puis les musulmans qui s'étaient converti au catholicisme à partir de 1609. La France expulsa des protestants.

La colonisation eut son lot de nettoyages ethniques en Amérique (Indiens d'Amérique, Acadiens), Australie, Afrique du Sud (voir également le "grand dérangement" des Acadiens en 1755).

Les années 1920 voient l'expulsion des Grecs d'Asie mineure et, de façon symétrique, des Turcs ou musulmans des îles grecques. Le phénomène se répète à Chypre après 1974.

L'époque moderne est marquée par des nettoyages ethniques tel que le génocide arménien, la Shoah, le génocide rwandais, les guerres de Yougoslavie, la guerre civile au Darfour, les massacres au Congo...

De 1935 à 1938, Staline déporte les Polonais de Volhynie orientale. C’est la première déportation ethnique dans l’histoire de l’URSS, bien que de telles actions aient déjà été réalisées à plusieurs reprises à l'époque des tsars. D'autres peuples suivront, des Allemands de la Volga aux Tchétchènes en passant par les Tatars de Crimée et les Meskhètes, qui furent déportés vers le Kazakhstan et ne furent autorisés à revenir dans leurs régions d'origine qu'après la mort de Staline (voir en).

En 1945 les Alliés décidèrent de transporter massivement les populations de langue et de culture allemandes vivant en Europe centrale et orientale à l'intérieur des frontières de l'Allemagne post-hitlérienne, réduite aux quatre zones d'occupation, arguant que l'existence de ces minorités avait servi de prétexte à l'Allemagne nazie pour justifier sa politique d'expansion.

En 1962, les Européens d'Algérie, en butte à l'extrême violence du FLN, quittèrent définitivement leur terre natale. Cet exode massif s'apparente à du nettoyage ethnique dans la mesure où la menace qui pesait sur ces populations était réelle (cf le massacre du 5 juillet à Oran) et le mot d'ordre du FLN était des plus clair : "La valise ou le cercueil".

Une variante en est l'"échange de population", par exemple en 1923 entre la Grèce, la Turquie et la Bulgarie (Traité de Lausanne), avec l'approbation des grandes puissances de l'époque et de la Société des Nations.

[modifier] Voir aussi