Necronomicon

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Une version "de fan" du Necronomicon.
Une version "de fan" du Necronomicon.

Le Necronomicon est un ouvrage fictif inventé par l'écrivain américain H.P. Lovecraft, vraisemblablement à l'occasion de la rédaction de la nouvelle la cité sans nom, achevée en 1921. Bien que le texte en lui-même ne donne pas le nom de « Necronomicon », il présente en revanche pour la première fois l'auteur de fiction Abdul Al-Hazred, ainsi que les vers : N'est pas mort ce qui à jamais dort, Et au cours des siècles peut mourir même la Mort.

Sommaire

[modifier] Histoire Fictive

Le Necronomicon, originellement nommé Kitab al Azif (littéralement « Livre du musicien ») aurait été écrit vers 730 à Damas par le poète Abdul al-Hazred, souvent surnommé « l'Arabe fou » par Lovecraft. En arabe, al azif fait référence au bruit que produisent les insectes la nuit, ce qui dans cette culture se rapporte aux cris des djinns. Le manuscrit original en arabe aurait disparu.

Théodore Philetas de Constantinople aurait par la suite traduit l'ouvrage en grec ancien vers 950, et c'est lui qui attribua à l'œuvre le titre par lequel elle est la plus connue : Necronomicon, « l'image de la loi des morts », du grec nekros « cadavre », nomos « loi » et eikon « image ». Le patriarche de Constantinople Michel Cérulaire fit brûler toutes les copies grecques en 1050.

En 1228, Olaus Wormius (« le Ver ») en rédigea une traduction en latin. Les versions grecque et latine furent interdites par le pape Grégoire IX en 1232. Wormius fût mis au bûcher par la Sainte Inquisition avec tous les exemplaires. Seules quelques copies auraient subsisté, notamment dans les Caves du Vatican. Une version en caractères gothiques apparut en Allemagne vers 1440, et le texte grec ressurgit en Italie au cours de la première moitié du XVIe siècle, suivi d'une traduction en espagnol vers 1600. Entre temps, en 1583, John Dee et Edward Kelley, deux occultistes britanniques qui travaillaient pour le compte de l'empereur Rodolphe II, se seraient procuré un exemplaire du livre. John Dee en publia une version anglaise, au préalable cryptée, en 1586.

L'histoire du Necronomicon, telle que présentée ici, est établie par Lovecraft lui-même, dans une lettre à Willis Connover, rédacteur d'un fanzine américain, en septembre 1936, et qui sera publiée la même année par Rebel Press.

[modifier] Citations et extraits

  • « N'est pas mort ce qui semble à jamais dormir et en d'étranges éternités la Mort même peut mourir. »
    • Également traduit en « N'est pas mort ce qui à jamais dort, et au long des siècles peut mourir même la mort. »
  • « Il ne faut point croire que l'homme est le plus vieux ou le dernier des maîtres de la terre, ou que la masse commune de vie ou de substance soit seule à y marcher. Les Anciens ont été, les Anciens sont, et les Anciens seront. Non dans les espaces que nous connaissons, mais entre eux. Ils vont sereins et primordiaux, sans dimensions et invisibles à nos yeux. Yog-Sothoth connaît la porte. Yog-Sothoth est la porte. Yog-Sothoth est la clé et le gardien de la porte. Le passé, le présent, le futur, tous sont un en Yog-Sothoth. Il sait où les Anciens ont forcé le passage jadis, et où Ils le forceront de nouveau. Il sait où Ils ont foulé les champs et la terre, et où Ils les foulent encore, et pourquoi nul ne peut les voir quand Ils le font. À leur odeur, les hommes peuvent parfois connaître qu'Ils sont proches, mais de leur apparence aucun homme ne peut rien savoir, si ce n'est sous les traits de ceux qu'Ils ont engendrés chez les hommes ; et de ceux-ci sont plusieurs espèces, différentes par leur figure, depuis la plus véridique eidolon de l'homme à cette forme invisible et sans substance qui est Eux. Ils passent, nauséabonds et inaperçus dans les lieux solitaires où les Paroles ont été prononcées et les Rites ont été hurlés tout au long en leurs Temps. Leurs voix jargonnent dans le vent, et Leur conscience marmonne dans la terre. Ils courbent la forêt et écrasent la ville, pourtant ni forêt ni ville ne peuvent apercevoir la main qui frappe. Kadath Les a connus dans le désert glacé, et quel homme connaît Kadath ? Le désert de glace du Sud et les îles englouties de l'Océan renferment des pierres où Leur sceau est gravé, mais qui a jamais vu la ville au fond des glaces et la tour scellée festonnée d'algues et de bernacles ? Le Grand Cthulhu est Leur cousin, encore ne les discerne-t-il qu'obscurément. Ïa ! Shub-Niggurath ! Vous les connaîtrez comme une abomination. Leur main est sur votre gorge, bien que vous ne Les voyiez pas ; et Leur demeure ne fait qu'un avec votre seuil bien gardé. Yog-Sothoth est la clé de la porte, par où les sphères communiquent. L'homme règne à présent où ils régnaient jadis ; Ils régneront bientôt où l'homme règne à présent. Après l'été l'hiver, et après l'hiver l'été. Ils attendent, patients et terribles, car Ils régneront de nouveau ici-bas. »
  • « Et bien qu'il existe des gens ayant osé jeter un regard par-delà le Voile et accepter l'Entité comme guide, ils eussent été plus prudents en évitant tout commerce avec elle. Il est écrit dans le Livre de Thoth de quel terrible prix se paie le moindre regard. Ceux qui vont de l'autre côté du Voile ne peuvent jamais revenir car, dans ces espaces infinis qui dépassent notre monde, il y a des ténèbres qui saisissent et qui lient. L'être qui, pas à pas, avance au hasard dans la nuit, le Mal qui défie les Anciens Signes, le Troupeau qui monte la garde dont on connaît l'existence dans chaque tombeau et vit de ce qui pousse des morts - tous ces êtres du monde des ténèbres sont de loin inférieurs de Celui qui garde la porte ; de Celui qui guidera l'imprudent par-delà l'univers dans l'abîme où gîtent des formes innommables toujours prêtes à dévorer. Celui-là, le très ancien, c'est UMR-AT-TAWILL, nom que le scribe a traduit par "Celui dont la vie a été prolongée". »
  • « Nombreuses et multiformes sont les horreurs insoupçonnées qui infestent la Terre depuis la nuit des temps. Elles sommeillent sous la pierre que le pied ou la main n'ont pas dérangée ; elles hantent les océans et les lieux souterrains ; elles dorment au cœur des sanctuaires oubliés ; elles sortent à l'aube en sortant de riches sépulcres d'airain ou de modestes tombes scellées dans l'argile. Certaines sont depuis longtemps connues de l'homme, tandis que d'autres lui sont encore inconnues, attendant le chaos des derniers jours pour se révéler. Les plus terribles sont malheureusement encore à venir. Mais parmi celles qui se sont déjà montrées par le passé et sont apparues au grand jour, il en est une qui ne peut être nommée ouvertement en raison de son infamie particulière, celui qui hante le mystère et l'obscurité des tombeaux et n'apportant en effet que la mort et la folie. »
  • « Les cavernes les plus profondes ne peuvent pas être aperçues par les yeux qui voient, car elles recèlent d'étranges et terrifiantes merveilles. Maudite soit la terre où les pensées mortes revivent sous des formes étranges, et damné soit l'esprit que ne contient aucun cerveau. Ibn Schacabao a dit, très justement, que heureuse est la tombe où n'a reposé aucun sorcier, que heureuse est la ville dont les sorciers ont été réduits en cendres. Car il est notoire que l'âme de celui qui a été acheté par le diable ne sort pas de son charnier d'argile mais nourrit et instruit le ver qui ronge jusqu'à que de la décomposition jaillisse la vie, et que les nécrophages de la terre croissent et deviennent assez puissants pour la tourmenter, et s'enflent monstrueusement pour la dévaster. De grands trous sont creusés en secret là où les pores de la terre devraient suffire, et les choses qui devraient ramper ont appris à marcher. »
  • « A l'époque des derniers troubles, même les grands serpents reviendront, sortant en rampant où ils se reposent sous la terre. »
  • « N'gai, n'gha'ghaa, bugg-shoggog, y'hah ; Yog-Sothoth, Yog-Sothoth... »

[modifier] Croyances et mythes populaires

Cet ouvrage de fiction a inspiré un certain nombre de légendes.

  • Diverses rumeurs circulent qui en font un ouvrage réel, dont quelques rares exemplaires subsisteraient dans les Caves du Vatican ou dans les réserves secrètes du British Museum, dans la bibliothèque de la Miskatonic University d'Arkham (Massachusetts), à l'Université de Lima au Pérou, à la Bibliothèque Widener d'Harvard ou à la Bibliothèque nationale de France.
  • Plusieurs personnes supposées avoir lu le Necronomicon seraient devenues folles ou auraient simplement disparu.
  • Le titre et le contenu supposé du Necronomicon auraient en fait été inspirés à Lovecraft par Sonia Greene, qui fut sa femme pendant deux ans lorsqu'il vivait à New York. Sonia Greene aurait elle-même obtenu des informations d'Aleister Crowley, célèbre occultiste qui vivait aussi à New York à la même époque.
  • Il existerait, ou aurait existé, un exemplaire du Necronomicon écrit avec du sang sur de la peau humaine.
  • Durant la deuxième guerre mondiale, Adolf Hitler, qui aurait été proche de la Société Thulé, se serait procuré un exemplaire.

[modifier] Le Necronomicon dans l'œuvre de Lovecraft

Le Necronomicon apparaît dans les textes suivants de Lovecraft, par ordre chronologique de rédaction :

Après la parution de L'Appel de Cthulhu dans Weird Tales dans le numéro de février 1928 et l'apparition des premiers pastiches lovecraftiens, le grimoire est utilisé par les amis de Lovecraft et ses continuateurs, si bien qu'on le trouve aujourd'hui cité dans une centaine de textes.

  • Dans sa lettre du 14 août 1934 à W.F. Anger, Lovecraft confesse que ni le Necronomicon, ni Abdul al-Hazred, n'ont existé.
  • C'est l'élève de Lovecraft qui prétend que Lovecraft aurait confesse que le Necronomicon n'existe pas.
  • Abdul al-Hazred serait en fait un surnom que Lovecraft s'était attribué dans sa prime jeunesse. Il le reprit simplement plus tard pour l'attribuer à l'auteur du Nécronomicon.
  • D'après Christophe Thill, si l'origine étymologique grecque du Necronomicon ne tient pas la route, elle semble correcte pour l'origine arabe.
  • Lovecraft cite dans L'histoire du Necronomicon un auteur arabe du XIIe siècle, Ibn Khallikan, bien réel lui, auquel on attribue l'écriture du Dictionnaire biographique.

[modifier] Le Necronomicon dans la culture populaire

  • Le peintre suisse H.R. Giger a publié un recueil de peintures intitulé Necronomicon. C'est après avoir pris connaissance de cet ouvrage que Ridley Scott a contacté l'artiste et lui a confié le design original des décors et de la créature extra-terrestres de son film Alien - Le huitième passager.
  • En 1967, le réalisateur Jesus Franco a réalisé un film érotique intitulé Necronomicon.
  • Le jeu vidéo Alone in the Dark permet, à un moment, de lire le Necronomicon pour en apprendre davantage sur les évènements antérieurs à l'aventure (on peut y voir le couplet de 'N'est pas mort...'). Mais cela tuera le héros s'il ne se tient pas à un endroit précis du niveau au moment de la lecture.
  • Le réalisateur américain Sam Raimi a fait de l'ouvrage intitulé Necrononicon Ex Mortis un élément central de sa trilogie Evil Dead, sortie entre 1981 et 1993. Une édition spéciale regroupant les trois films est disponible dans un coffret en forme du Necronomicon que l'on peut voir dans les films. Pour les besoins des films le dessinateur américain Tom Sullivan, qui a également signé des illustrations pour le jeu de rôle L'Appel de Cthulhu, a conçu un ouvrage dont les pages regorgent de dessins inspirés des comic books américains.
  • Il existe une édition française du Necronomicon publié chez Belfond en 1985 (ISBN 2714412521)
  • En 1994, les réalisateurs Christophe Gans, Shusuke Kaneko et Brian Yuzna ont réalisé un film composé de trois sketchs intitulé Necronomicon. L'acteur américain Jeffrey Combs y tient le rôle de l'écrivain H.P. Lovecraft.
  • Le Necronomicon est le thème central du film américain Détective Philip Lovecraft (titre original : Cast a Deadly Spell), réalisé par Martin Campbell en 1991.
  • Un jeu vidéo sorti en 2000 porte le nom de Necronomicon.
  • Une "réédition" du Necronomicon en français est disponible chez Belfond, sortie en 1996 (ISBN 2714434436). Il s'agit en fait d'une compilation d'extraits tirés de l'œuvre de Lovecraft, agrémentés de dessins d'artistes présentés comme authentiques, le tout visant à laisser croire à l'existence du livre. À cause de l'apparence de sérieux de l'ouvrage, certains lecteurs se sont laissé persuader de la véracité de cette "théorie" et considèrent cette édition comme une source fiable.
  • Necronomicon est le titre d'une chanson du groupe de Death metal Hypocrisy, tirée de l'album Osculum Obscenum.
  • Dans le RPG Tales of Symphonia, la quête des armes maudites s'achève sur une scène où l'adversaire utilise le Necronomicon pour se transformer en démon.
  • Il est possible d'équiper ses personnages du Necronomicon dans le RPG Golden Sun : L'Âge Perdu pour les faire changer de classe.
  • Un épisode du dessin animé Ghostbusters mettait en scéne le Necronomicon. Il est volé par un avatar de Cthulhu dans la bibliothéque de New York.
  • Sur la pochette du Live After Death d'Iron Maiden, on peut lire sur la tombe de laquelle Eddie sort une citation de cette nouvelle de Lovecraft.
  • Dans le jeu de rôle Donjons et dragons, le Draconomicon, un ouvrage entièrement consacré aux dragons, est inspiré par le Necronomicon pour son titre.
  • Dans l'univers de Warhammer existe un "Liber Mortis", traité de nécromancie rédigé par Fredrick van Hal, sur base des Neuf Livres de Nagash, et dont l'histoire et le parcours (rédigé en ancienne Nehekhara, plusieurs censures puis réapparitions, dernières copies mises au secret, etc.) sont très semblables à celui du Nécronomicon.
  • Necronomicon est le titre du deuxième album de Nox Arcana, paru le 10 octobre 2004.
  • Stephen King a également cité ce livre dans une nouvelle, Celui qui garde le Ver, dans le recueil Danse Macabre
  • Le manga Demonbane est basé sur le Necronomicon, incarné en tant que Grimoire Humain.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes